Une surprenante guérison

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- Toi ! m'écrié-je sur un ton de rage et d'indignation.

J'ai d'abord un mouvement instinctif de recul, mon cerveau revisionnant en un éclair la boule de feu qui a tué maman, puis je me ravise : je dois le tuer ! Je ne pourrais pas le faire si je le fuis.

J'appuie donc de toutes mes forces sur mes jambes pour me propuser dans sa direction, poing en avant, mais ce dernier l'intercepte dans sa paume en un simple geste, sans bouger autre chose que sa main.

- Qu'est-ce que tu crois faire ? demande-t-il en levant un sourcil. Moi qui pensais que tu m'avais reconnu. . . ajoute-t-il en reprenant son sourire amusé.

- Je te reconnais ! répliqué-je.

- Oh. . . vraiment ? dit-il en feignant l'étonnement. Dans ce cas, tu dois savoir qui je suis. . . poursuit-il en arborant un fier sourire.

- Un démon, mais quoique tu sois, tu ne le resteras pas pour longtemps, car bientôt, tu ne seras plus rien !

- Je vois. . . mais penses-tu pouvoir détruire un démon avec un simple coup de poing ?

Il rejette la tête en arrière pour éclater d'un rire maléfique, comme celui que l'on entend à tous les méchants dans les films, à la seule différence que celui-ci est le premier à me procurer un réel frisson de terreur. Je sens mon sang se glacer dans mes veines, mais je ne scille pas. Il est hors de question de lui montrer un quelconque autre sentiment que la haine que je lui voue !

Quand son rire s'éteint enfin, il plonge son regard dans le mien pour déclarer avec un large sourire moqueur :

- Tu ne tuerais même pas un être humain avec une pareille attaque !

Je remarque qu'il parle de nous comme si nous n'étions que d'insignifiants insectes sans force ni pouvoir, mais ce qui me marque le plus sont ses yeux : ils brillent, me donnant l'impression de fixer deux flammes.

Bien que je me sois jurée de ne pas lui montrer ma peur, je ne peux contrôler le tremblement qui me parcourt. Ma main étant toujours en contact avec la sienne, il me demande sur un ton satisfait :

- Tu as peur ?

Je ne réponds rien, me contentant de serrer les dents. Son large sourire, son expression, son regard. . . Tous m'indiquent combien il se délecte de l'effet qu'il a sur moi, comme s'il s'en nourrissait.

Il ouvre à nouveau la bouche, mais s'interrompt soudainement pour bondir en arrière, m'entraînant avec lui. Je lâche un cri de surprise et de protestation mêlées. Il lâche ensuite ma main aussi vite qu'il l'avait attrapée et j'ai juste le temps de voir une balle passer entre nous avant de tomber sur le sol goudronné.

Gwenn se place aussitôt devant moi, pistolet tendu en direction du démon, pendant que ses deux subordonnés l'encadrent pour l'encercler. Notre ennemi leur lance d'abord le même regard noir que je lui ai vu le soir de notre rencontre, puis tourne sur lui-même en tendant la paume, d'où sort un feu ardent !

Mes trois escortes sortent de leur poche ce qui ressemble à un poing américian, mais de chacun d'entre eux se déploie un bouclier contre lequel les flammes viennent s'écraser.

- Nous nous retrouverons, Jessica, me promet-il ensuite.

Il produit un autre tourbillon de flammes, mais cette fois-ci, quand le feu se dissipe, plus personne ne se trouve au centre du cercle formé par mes protecteurs.

- Le lâche s'est encore enfui, constate la capitaine de l'ASC.

- Le principal est que nous ayons pu récupérer Jessica saine et sauve, dit Noëmie.

- En parlant d'elle. . . reprend sa supérieure.

Elle m'attrape par le col pour plonger un regard noir dans le mien en me grondant :

- Je t'interdis de t'éloigner encore de nous ! Sais-tu ce qui serait arrivé si nous n'étions pas arrivés à temps ?

Je ne l'avais encore jamais entendu hausser autant la voix.

- Si je puis me permettre, capitaine, intervient Enzo, nous ferions mieux de repartir sans perdre de temps. Plus vite nous arriverons à Rome, mieux ce sera.

- Tu as raison, admet-elle en me relâchant avec douceur. Partons.

Sur ces mots, elle s'éloigne en direction de la voiture et le jeune homme vient m'aider à me relever en murmurant :

- Excuse-la pour. . . son approche quelque peu brusque, mais elle a raison. Tu ne dois pas sous-estimer cet ennemi. Nos vies en dépendent.

- Est-ce que ça va ? me demande la jeune blonde en arrivant à notre hauteur. Tu n'es pas blessée ?

Ces mots me font remarquer une chose. Je baisse lentement le regard sur la main avec laquelle j'ai frappé le démon. C'est la même avec laquelle j'ai cassé le nez du soldat protestant. Mes os avaient aussi subi lors de cet impact, mais je ne ressens plus aucune douleur. J'aurais pourtant dû avoir mal en frappant de toutes mes forces un puissant adversaire avec des phalanges cassées, alors comment se fait-il que je n'en souffre plus ? Ça n'a pas pu se réparer aussi rapidement, surtout sans soins. . .

Je demande à la thaumaturge :

- Est-ce que tu aurais utilisé ton don sur moi sans que je ne m'en rende compte ?

- Non, je ne m'en suis servie sur toi que le soir de notre rencontre, pourquoi ? Tu es blessée quelque part ?

- Au contraire, je vais étonnemment bien. . .

Face à leurs expressions intriguées, je me contente de prendre le chemin de la voiture en leur lançant :

- Dépêchons-nous de rejoindre votre capitaine avant qu'elle ne s'énerve encore.

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