Lucie

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Je suis réveillée par des coups contre mon cercueil. La voix de Luc me parvient :

- Allons, debout là-dedans !

J'ouvre les yeux pour constater qu'il est penché sur moi, le couvercle sombre de ma boîte entre les mains. Je grogne :

- J'étais bien. . .

- Je sais, dit-il en riant, mais nous n'avons pas de temps à perdre. Le vol est déjà réservé, nous ne devons pas arriver en retard.

Je m'extirpe du cercueil avec l'aide du blond, qui m'offre sa main et nous nous dirigeons vers les portes grandes ouvertes du camion. L'homme m'explique :

- Ils sont partis déposer deux des cercueils. Partons vite avant qu'ils ne reviennent décharger les autres.

Sur ces mots, il jette un rapide coup d'oeil à l'extérieur pour s'assurer que personne ne nous voit, puis descend d'un bond et se retourne pour me prendre dans ses bras. Surprise, je lâche un petit cri, tandis qu'il me fait tournoyer en l'air avant de me déposer.

- En route ! s'exclame-t-il avec un grand sourire.

Je lui emboîte le pas et il se dirige vers un chauffeur de taxi adossé à son véhicule pour lui parler en italien. Ne connaissant pas cette langue, je ne comprends ce qui s'est dit que lorsque l'homme nous ouvre la portière de sa voiture. Nous nous glissons dedans et il se met au volant. L'homme semble bavard et sociable, car il ne cesse d'échanger dans sa langue avec Luc, qui lui répond avec un sourire amical.

Ce n'est que lorsque j'aperçois l'aéroport au loin que je réalise une chose à laquelle je n'avais même pas pensé jusque là, tant mon compagnon semblait sûr de son plan et avait l'air d'en maîtriser les moindres détails :

- Je n'ai pas de carte d'identité ! m'exclamé-je, horrifiée. Comment vais-je faire pour monter dans l'avion, Luc ? lui demandé-je.

Ce dernier se contente d'esquisser un sourire assuré, tout en sortant de sa poche deux cartes, me soulageant d'un poids, puis il me reprend :

- Ne t'avais-je pas demandé de ne plus m'appeler ainsi ?

- Pardon, papa. . .

Il est bientôt temps de partir. Luc déclare :

- Pendant ce voyage, tu devras changer d'idendité afin de ne pas te faire repérer par nos poursuivants. Te faire passer pour ma fille est la meilleure solution. Personne n'accordera d'attention à un homme se rendant à Paris avec sa fille. Ceci dit, pour cela, il te faudra aussi changer d'apparence. . .

Il sort de sa poche des lentilles de contact vertes, qu'il désinfecte, puis place sur mes globes oculaires. Pendant que je cligne des yeux pour m'adapter à elles, je le sens glisser ses mains dans mes cheveux.

- Hé ! protesté-je en tentant de reculer.

- Chut. . . murmure-t-il en me retenant fermement. Laisse-moi faire. Tes cheveux roux sont bien trop voyants, ils te feraient tout de suite repérer.

Quelques secondes plus tard, il me lâche enfin et me désigne le miroir du menton. Je me dirige vers ce dernier pour constater qu'au lieu de mes longues boucles rousses, j'ai désormais de courts cheveux blonds ondulés. Ils sont de l'exacte même couleur que ceux de Luc et semblent si réalistes. . . J'approche un doigt d'eux pour les toucher, mais l'homme m'en empêche en l'attrapant :

- Ta ta ta ! Je t'interdis de toucher ce déguisement. Il est parfait, alors ne va pas tout gâcher en le dérangeant, d'accord ?

- Oui. Je comprends.

- Bien. Jusqu'à ce que nous arrivions à destination, ton nom est Lucie. . .

Nous passons tous les contrôles sans souci. Les agents ne voient que du feu à mon déguisement et mes faux-papiers. J'ignore d'où Luc a eu cette fameuse carte, d'ailleurs, mais qu'il l'ai faite lui-même ou qu'il ait des contacts, c'est bien la preuve qu'il ne traîne pas tous les jours dans la légalité. . . Certes, l'idée d'enfreindre la loi est aussi excitante que terrifiante, mais puis-je faire confiance à un homme frauduleux, même s'il agit dans le but de m'aider (du moins selon ses dires) ?

Je me fais cette réflexion assise à ma place dans l'avion, le regard tourné vers le hublot. Ce dernier faisant face aux immenses vitres du bâtiment, je peux voir tout ce qui se passe à l'intérieur. J'ai vue sur la salle d'attente, où la plupart des voyageurs attendent patiemment leur vol. Je les observe tout en continuant de m'interroger sur mon mystérieux compagnon, lorsque l'un d'eux attire mon attention, car je le reconnais : il s'agit d'Enzo ! Au moment où mes yeux s'écarquillent sous le choc et la surprise, ce dernier tourne la tête dans ma direction et nos regards se croisent. Je devine aussitôt à son expression qu'il m'a aussi reconnue, malgré mon déguisement. . .

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