A la recherche d’indices.
Les enquêtes préliminaires pour retrouver les disparus sont habituellement lancées sur décision du procureur et notre cas ne faisait pas exception à la règle. Renouf l’avait contacté, et il nous avait immédiatement accordé son feu vert.
Cet après-midi-là, la 403 nous amena de nouveau au domaine de Beaumanoir, sous un soleil radieux, suivi de deux fourgons de police, remplis d’agents en uniforme. Par ailleurs, des gendarmes étaient déployés dans la région pour explorer les bois, les étangs et le bord de la Seine. L’inspecteur Bertier coordonnait les recherches.
Arrivé au bout d’une large allée bordée de tilleuls, j'avais pu enfin contempler, de jour, ce petit manoir du XVIème siècle, de style normand. Cet édifice comportait deux à trois étages, selon les endroits.
J’admirai ses hautes fenêtres de bois à petits carreaux, sa toiture recouverte de tuiles de pays et sa façade agrémentée de colombages. Il était flanqué d’une petite chapelle sur le côté et une cour, encerclée de rosiers, ornait la façade principale.
Une pelouse bien entretenue agrémentait l’ensemble, bordée de cèdres des deux côtés.
Dès que nous fûmes arrivés, Bertier fit le point sur ce que nous avions à faire.
— Gilbert, tu vas aller voir la châtelaine et réunir tous les domestiques et les interroger. Moi, je vais explorer autour de la maison, avec trois autres agents et les autres vont fouiller tout le jardin.
J’allai trouver la maîtresse de maison. A ma demande, elle réunit tous les domestiques : la femme de chambre, la cuisinière, le majordome et le jardinier. Malandain n'avait pas de chauffeur, il conduisait sa rutilante Mercedes lui-même.
Je leur demandai quand ils avaient vu le maître de maison pour la dernière fois. La femme de chambre l’avait croisé dans le couloir, le majordome l’avait rencontré lorsqu’il se dirigeait vers la salle à manger et la cuisinière lui avait servi son petit déjeuner à huit heures. Il l’avait pris seul, les autres membres de la famille n’étant descendus qu’à neuf heures. Quant au jardinier, il l’avait vu dans le parc et lui avait parlé. Personne ne l’avait revu depuis.
Je demandai à visiter le manoir dans sa totalité. Le majordome me guida à travers les pièces. Il me montra le grand salon, que je connaissais déjà. Je retrouvai ses canapés capitonnés se massant autour de la table basse, sa belle cheminée, un piano à queue tout au fond, ainsi qu’un billard. Puis, il me mena à la salle à manger à l’imposante table en chêne et aux murs blanchis à la chaux, recouverts de tapisseries anciennes. Tous les plafonds étaient garnis de poutres apparentes.
Puis, j’inspectai la cuisine, ouvrant tous les placards, sous le regard étonné d’Honorine.
Enfin, je visitai les chambres. Leurs lits étaient blottis dans une alcôve fermée de rideaux et elles étaient meublées d'une commode et d'une armoire normande. Le mobilier en chêne était simple, mais de bonne qualité. Le maître de maison dormait dans une chambre, et sa femme dans une autre. D'autres étaient destinées aux membres de la famille lorsqu'ils venaient. Il y avait celle de Pierre et de son épouse, Marie, celle d'André, le fils cadet et une chambre d'amis. Le majordome, Hubert Delattre, précisa, d’un air dédaigneux, alors que j’ouvrais les placards, que la maitresse de maison avait déjà fouillé tout le manoir de fond en comble avec ses deux fils et les domestiques, et que, bien entendu, ils n’avaient rien trouvé.
Les chambres des serviteurs, au dernier étage, n’échappèrent pas à mon examen, mais en vain. Je fis le tour du grenier sous le regard sceptique du maître d'hôtel, mais je n'y trouvai que quelques vieux meubles couverts de poussière.
J’avais fait le tour du propriétaire et je redescendis l’escalier.
En arrivant, j’avais aperçu une petite chapelle et je demandai à la visiter. Delattre m’y conduisit. Je la parcourus sans y trouver quoi que ce soit.
Je revins au jardin. Des policiers le parcouraient consciencieusement et en fouillaient tous les recoins. Soudain, un agent aperçut, émergeant d'un bosquet encore inexploré, le bout d'une branche d’arbre coupée. Il nous alerta. Il y avait des taches brunes sur l’une de ses extrémités. Un indice, peut-être ?
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