Je n'ai pas grandi avec le père le plus aimant de la planète, je me suis toujours demandée pourquoi du jour au lendemain il avait cessé de passer du temps avec moi, pourquoi il me rejetait,et pourquoi il voulait toujours m'obliger à l’écouter par les menaces de violence, sans m’avoir éduquée, il aurait dû se douter que je n’avais pas le même respect pour lui que pour ma mère. J’avais jamais pensé que le manque de mon père était en très grande partie ce qui causait beaucoup de problèmes dans ma vie de jeune femme.

Alors oui, je l'ai toujours dans ma vie et je dois être reconnaissante qu'à ce jour encore il paie ma nourriture et mes vêtements et me laisse vivre sous son toit mais outre ce fait, il ne s'est jamais vraiment occupé de moi, ne m'a jamais éduqué comme un père devrait le faire. Ma mère remplissait comme elle pouvait ce rôle, et malgré tout quelque chose manquait. Il n'a jamais été câlin ou parlant non plus, alors j'ai développé un blocage au fil des années, et il m'est plus que difficile de complimenter quelqu'un, d'être câline ou de pouvoir parler aisément de ce que je ressens même si j’en ai envie. Il n'a jamais su communiquer avec moi, rien n'est facile avec lui, la communication se fait difficile, souvent dans les conflits, les disputes et les reproches, rarement dans la positivité et le calme. C'est une grande source de stress, et ça me pose problème de me dire et de penser que mon propre père ne me connaît pas, ne me comprend pas et ne cherche pas à me connaître ni me comprendre ou à passer du bon temps avec moi mais plutôt chercher le conflit et faire pression sur ma situation actuelle. Beaucoup de personnes ne comprennent pas la façon dont je parle de mon père au quotidien, avec une certaine rage qui peut paraître comme de l'irrespect alors qu'en vérité c'est juste une profonde tristesse et colère. Je ne dis pas que rien est positif en lui,il est quelqu’un de très gentil mais le montre avec les autres personnes, autre que ma famille. Il y a plus de négatif que de positif, et le négatif pèse toujours plus lourd que le positif. Il ne pourra jamais effacer tout l'impact de son attitude. C'est ancré en moi et ça sera très dur de passer outre les petits traumatismes pour devenir une femme, forte et confiante.

À ce jour, le 21 août 2020, cela fait presque deux mois que la relation avec mon père s’est améliorée et ça fait énormément de bien. Je pense qu’il a compris grâce à la lettre de la dernière chance que je lui ai écrite, que s’il ne faisait pas d’effort pour arranger notre relation, il me perdrait définitivement et que j’aurais d’autant plus de mal à guérir ou à savoir comment me construire, et développer des relations saines avec les gens, et les hommes en particulier.

Je n’aurais jamais cru qu’il allait se bouger, et même si c’est assez déstabilisant de passer d’un père “absent” et qui s’en fiche de sa propre fille, à un père toujours aussi maladroit mais beaucoup plus attentif, mon âme est momentanément apaisée d’un poids lourd. J’espère que ça n’est pas qu’une période et que mon père sera toujours là pour moi (à sa façon certes) comme moi je serai toujours là pour lui malgré tout le mal qui a été fait volontairement ou involontairement venant de lui, comme de moi.