La salle de musique est vide quand j’arrive.

J’ai le cœur qui cogne comme s’il avait oublié le rythme.

Je me demande si je peux encore reculer. Trouver une excuse. Dire que j’ai mal à la gorge. Ou à l’âme.

Mais Noah est déjà là. Assis sur le tabouret du piano. Il joue doucement quelques notes. Pas de façon brillante, juste… sincère.

Quand il me voit, il lève la tête.

— Salut, souffle-t-il.

Je murmure :
— Salut.

Il ne me pose pas de questions. Il ne me regarde pas trop. Il recule d’un pas, me laisse de l’espace.

— On peut commencer doucement, si tu veux. Je fais juste la mélodie au piano. Tu dis stop quand tu veux.

Je hoche la tête. Encore ce geste. Mais aujourd’hui, je m’assois.

Il pose les doigts sur les touches. Do, sol, fa, la.

Et la musique commence.

Say something, I’m giving up on you…

Sa voix est basse, presque chuchotée.

Il chante sans trop me regarder, mais il est là. Présent. Authentique.

Et quelque chose en moi se serre.
Je ferme les yeux. Je respire.

Ma voix sort, presque malgré moi.

I’m sorry that I couldn’t get to you…

Ma gorge tremble. Mes mains aussi.
Mais je continue.

Quand le couplet se termine, il me regarde. Pas pour me juger. Pas pour analyser.

Juste pour être avec moi dans ce moment-là.

— Ta voix… elle est vraie, dit-il doucement.

Je baisse les yeux.

— Elle est cassée, je réponds.

Il hésite, puis sourit à peine.

— Peut-être. Mais même les voix cassées peuvent toucher juste.

Et là, sans prévenir, une larme me glisse sur la joue.

Il ne dit rien.
Il ne bouge pas.

Il me laisse pleurer en paix.

Pour la première fois, quelqu’un m’entend vraiment.