Chapitre 8 — Juste un peu plus fort
— Tu respires trop vite.
Je lève les yeux vers Noah. Il me regarde, calmement, les doigts posés sur le piano.
— Quoi ?
— Tu respires trop vite quand tu vas commencer le refrain. Et du coup ta voix tremble.
Je soupire.
— Je suis pas à l’aise, ok ? Je chante pas pour être parfaite.
Il sourit, doucement.
— Je sais. C’est pour ça que ça me touche. Mais si tu veux que ça sonne juste, il faut que tu laisses ton corps respirer… pas seulement ta gorge.
Je le regarde. Il n’a pas dit ça pour m’humilier. Il a dit ça… pour m’aider.
Je ferme les yeux. Je inspire. Longuement.
La salle de musique est vide, baignée d’une lumière jaune pâle. Il est 17h, tout le monde est déjà parti.
On est seuls.
Il recommence l’intro. Lentement.
Je fredonne les premières notes. Ma voix est fragile, mais elle tient.
Et puis il chante avec moi.
I’ll be the one, if you want me to...
Nos voix s’emmêlent.
Je ne le regarde pas. Pas directement. Mais je sens sa présence. Stable. Présente.
À la fin de la chanson, je reste immobile.
Le silence est plus fort que les notes.
— C’était… bien, dit-il.
Je hoche la tête.
— J’ai eu moins peur, je murmure.
Il me regarde.
— C’est parce que tu chantes pour de vrai. Pas pour impressionner.
Il se tait un moment.
Puis il ajoute :
— Et moi, j’aime les gens qui chantent comme ça. Même si leur voix tremble.
Mon cœur fait un battement étrange.
Je ne réponds pas. Mais mes joues chauffent.
Il se lève du tabouret. Ramasse son sac.
— T’as faim ?
Je fronce les sourcils.
— Quoi ?
— J’vais me prendre une part de pizza en sortant. T’en veux une ?
Je le regarde, étonnée.
Une invitation. Simple. Sans pression.
J’hésite. Puis je réponds :
— Ouais… pourquoi pas.
Il sourit. Un vrai sourire, pas ceux qu’on sert aux profs.
Et au fond de moi, une certitude commence à s’écrire :
Peut-être que je ne suis pas en train de tomber amoureuse.
Peut-être que je suis en train de réapprendre à vivre.
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