Préparer le champ de bataille.

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Fin du mois de Février.

- « Bonne route à toi, ma chère Elda.»

- « Merci. Puisse Poséidon veiller sur ses loyaux sujets de la mer. »


Tante Doris me baise tendrement les joues avant de me laisser monter dans le carrosse à destination de Babel, la capitale de l’Empire de Schinéar. Une fois les bagages bien installés dans un autre carrosse, le cocher ordonne le départ aux chevaux et c’est ainsi que je quitte le domaine d’oncle Atlas avec tristesse.

J’ignore si je reviendrais un jour ici mais je l’espère bien, je n’ai plus jamais revu ni le château ni mon oncle ni ma tante une fois mariée dans mon ancienne vie, Thurian m’ayant interdisant de visiter ma famille. Les souvenirs que j’ai ici sont nombreux, joyeux et paisibles, j’y ai passé toute mon enfance de mes huit à quinze ans… Quand oncle Atlas et Aryon, mon charmant demi-frère aîné, m’ont fait venir à la capitale à la demande de Madame l’Impératrice. Prenant mon carnet de notes et une plume pour écrire, j’annote les principaux évènements qui vont survenir :

- L’arrivée à Babel peu avant le grand tournoi qui va célébrer le début de la saison des récoltes contrairement à ma précédente vie où je n’ai pas pu venir.

- Mes menstruations qui vont se déclencher d’ici quelques semaines voire quelques mois tout au plus.

Pour ce petit souci, je peux toujours faire en sorte qu’on le découvre le plus tard possible pour gagner du temps quant à la possibilité de parler de mariage, pour les créatures aquatiques comme moi, il est recommandé d’attendre au moins un an pour s’assurer que le cycle s’établisse correctement pour parer à la question d’avoir des enfants. S’il est admis que c’est aux alentours de treize ans pour les filles, je ne me rappelle que trop bien le jour où mon corps a mûri dans un bain matinal l’année de mes quinze ans.

À cette pensée, je regarde la bague à ma main droite, unique souvenir de ma terre natale, et plus particulièrement la pierre de lune qui l’orne, pierre de la maternité. Pauvre pierre, tu ne m’as pas rendu fertile quand j’étais mariée et même si tu m’avais aidé… Les dégâts qu’il a fait à mon corps comme à mon esprit font qu’il m’est désormais impossible de connaître les joies d’être mère. Je ne pourrais pas supporter de faire subir à un innocent enfant ce que j’ai enduré moi-même.


- Après le tournoi, il me faudra organiser mon bal des débutantes pour être considérée comme potentielle prétendante à marier.

J’ai bien fait dès les premiers jours de mon retour d’apprendre à gérer financièrement le domaine avec tante Doris, elle a été une très bonne préceptrice… Faut dire qu’étant originaire d’une thalassocratie, cela aide beaucoup. Pour m’assurer que Thurian ne puisse pas prétendre à ma main, il va me falloir augmenter ma valeur de sorte que je sois digne d’un homme de plus haut rang que lui, éviter le mariage est mon but principal… Surtout avec lui ou un homme similaire.

Plus le temps passe, plus la distance entre moi et Babel se réduit et j’ai une boule au ventre, je vais enfin revoir Madame bien vivante ainsi que ma tendre amie. J’ai peur de comment je vais réagir en les voyant et surtout à leurs réactions car elles ignorent le destin funeste dont j’ai été témoin avant… Madame qui meurt en accouchant ainsi que son bébé à peine sorti de son ventre quelques minutes plus tard, la cérémonie de ses funérailles, le silence de mort qui régnait dans la pièce quand on a compris qu’elle n’était plus… Et Safiye, la joyeuse Safiye. Tu étais venue me rendre visite après quinze ans de séparations, aux côtés de l’Impératrice à ma demande. Tu as découvert l’enfer que je vivais, tu as failli devenir la maîtresse de Thurian, non seulement tu ne t’es pas laissé faire et en voulant me sauver, tu l’as payée de ta vie malgré mes supplications.

« Nous nous reverrons, ma… Sœur. » Tels étaient tes derniers mots, mots que j’aurais tellement voulu entendre bien plus tôt, avant d’expirer ton dernier souffle… Quand cet ordure t’a utilisé comme cible d’arbalète. Jamais je ne pourrais effacer cette image de ma mémoire mais dans cette vie, je vais empêcher cette mort et m’assurer qu’il ne te fera jamais le moindre mal.

Je vous protégerais… Toutes les deux, celle qui m’a toujours protégée à la cour, qui a été une seconde mère avec Doris et celle qui était à la fois une amie et une sœur à mes yeux.


- Faire venir Sofia à Babel avant le début du printemps ; Réussi.

A l’origine, elle s’appelait Sofia et vient de l’empire thalassocrate d’où je suis originaire, au-delà des célèbres Colonnes d’Héraclès, mais elle s’est retrouvée impliquée dans un scandale avec le fils d’un éminent membre du conseil et a été banni par Laura, l’épouse de mon père. Elle a donc trouvé refuge dans les rues de Babel et je l’ai recueilli lorsque j’ai visité pour la première fois l’hospice qui venait d’ouvrir. Cette fois, tu es arrivée à Babel bien avant ta liaison, en tant que dame de compagnie et j’entends bien jouer les entremetteuses quand la situation me le permettra.

- « Nous arrivons à Babel. »

Déjà, c’est fou comme le temps est vite passé. Je sors la tête par la fenêtre et voit les murs qui protègent la cité ainsi que la célèbre Tour qui symbolise la diversité des peuples et races. Le cocher s’annonce ainsi que sa destination et aussitôt les lourdes portes s’ouvrent pour laisser place à un marché des plus vivant, des troubadours qui chantent dans l’espoir de gagner quelques pièces et de divertir la foule, les marchands qui tentent d’attirer les passants. Humant une bonne odeur de pain en train de cuire, la faim me gagne et je toque au bois derrière le cocher.


- « Pouvons-nous nous arrêter, s’il vous plait ? » Dis-je en couvrant mes cheveux avec un châle bleu pâle pour ne pas attirer l’attention.


L’homme fait arrêter les chevaux sur le champ et m’ouvre la portière, m’aidant à descendre juste devant une boulangerie.

- « Cela sent bon, est-ce le pain qui cuit ? »

- « Oui, m’dame. »

- « Je voudrais volontiers des beignets de pomme, de raisin et des gaufres au miel, s’il vous plait. »

- « Ça vous fera trois écus, M’zelle. »

Je le paie avec les trois écus mais en rajoute sept de plus en complément avant de prendre les pâtisseries et de retourner au carrosse. Après les avoir poser à ma gauche, je retire le châle et remets ma robe vert sapin pour éviter trop de plis. J’ignore pourquoi mais en desserrant le nœud de mon corset à la taille , il me revient un détail qui pourrait bien m’être utile.


- « Serait-ce possible d’aller à la Tour de Babel, je vous prie ? »

- « Mais nous devons aller au palais. »

- « Il me semble que vous êtes capable de faire la différence entre une demande et un ordre, non ? »

- « Bien. »

Sur ce, le cocher traverse la cité et s’arrête devant le ziggourat. Une fois à l’arrêt, j’ouvre la portière et admire l’immensité et l’architecture du bâtiment de sept étages. Les gravures racontent du plus bas au plus haut la fondation de l’empire, de grands épisodes des différents peuples à travers le monde jusqu’à la création du monde. Il me tarde d’aller le visiter pour découvrir ce qu’il recèle à l’intérieur, petite je me rappelle que la simple vue de la tour me terrifiait par sa taille.

Soudain, on entend vaguement des rugissements lointains. En me tournant vers l’horizon, je crois distinguer deux grandes silhouettes qui s’approchent de Babel à grande vitesse. A ma connaissance, il n’existe qu’une seule race de cette taille… Les Dragons. Dispersés à travers le monde, ils sont les premiers-nés parmi les êtres-vivants et veillent à protéger la cohabitation avec les humains malgré quelques déconvenues. Ceux-ci sont bien particuliers, ils viennent d’Egypte et servent l’Empire de Schinéar depuis sa fondation, plus particulièrement la famille royale.

Le premier dragon à atterrir est très fin bien que de grande taille, de couleur bleu comme la glace, tout comme ses yeux tandis que le second est bien plus petit, d’un blanc immaculé avec des griffes d’argent et quelques touches de bleu au niveau du ventre, des ailes ainsi que ses yeux, similaires au premier.


- « Enfin arrivé ! » Dit une voix grave et masculine.

Un homme se laisse glisser le long du premier dragon et atterrit sur ses jambes. Dans un halo de lumière, les deux Dragons diminuent en taille et revêtent une forme humaine qui me permet de dire qui ils sont : le grand dragon n’est autre que la reine Tia, une des plus belles femmes qui existe du fait de son teint basané, ses cheveux bouclés et noirs ornés d’une couronne de vautour faite d’or et de lapis-lazuli et ses yeux de glace mais c’est surtout son tempérament de lionne qui fait sa notoriété. Le second dragon est son fils aîné, le prince Séthi, semblable en tout point à sa mère tant par l’esprit que dans ses traits si on fait abstraction de sa chevelure d’un blanc argenté, hérité de son père.

Quant à l’homme, d’une carrure ainsi qu’un taille imposante, des cheveux sombres comme la nuit et des yeux d’ambres, il ne fait aucun doute qu’il s’agit du prince Bjorn, le fils adoptif de la reine. À peine s’était-elle mariée que lors d’une visite à une famille éloignée dans le Nord, Tia a offert l’asile à une femme et un nourrisson berserker qui ont fui une des plus sanglantes guerres que le royaume de Muspellheim ait connu, le bébé n’était autre que le fils unique d’un grand jarl réputé pour sa sauvagerie. Elle l’a toujours considéré comme son fils et ce malgré le fait qu’elle ait accouché de deux princes jumeaux.

- « Et je vois qu’on nous a envoyé un carrosse. » Dit Bjorn. « Bien le bonjour à vous, gente damoiselle. »

- « Bien le bonjour à vous, monseigneur. Bien le bonjour à vous, reine Tia et prince Séthi. » Dis-je en faisant la révérence.

- « Ravie de voir que Madame l’Impératrice a fait envoyer quelqu’un pour nous escorter au palais. »

- « Je vous prie, Majesté. » Dis-je en m’écartant pour qu’ils entrent. « Cet autre carrosse se chargera d’apporter vos biens avec les miens au palais. »

Je jubile intérieurement, le prince Séthi ne m’a pas reconnu du tout. Ai-je tant changé que cela depuis notre dernière rencontre ? On ne s’est jamais entendus de toute façon donc le mêler à mes projets ne m’apportera rien… Du moins, pour le moment. Je leur propose des pâtisseries achetées plus tôt et tous se régalent tandis qu’on se rapproche du palais impérial.

En regardant par la glace, je vois une petite assemblée prête à l’accueil. J’y reconnais tout de suite sa Majesté l’Empereur Alaric par sa couronne ornée de pierres précieuses, sa grande cape en fourrure, la prestance qui se dégage de lui mais surtout… Ses yeux sournois qui me rappellent trop le jour où il a annoncé son remariage. Dès cet instant, je me souviens avoir éprouver une haine si passionnelle que le simple fait de repenser à ce moment fait bouillir mon sang.

Le cocher descend et ouvre la portière, tenant la main de la reine d’Egypte pour descendre. Suivie par ses fils, elle s’approche d’Alaric qui l’accueille par une accolade comme on le ferait avec un vieil ami tandis que Séthi et Bjorn font davantage preuve de formalité.

- « Bienvenue à Babel, princes d’Egypte. Je vous souhaite un bon séjour parmi nous. C’est dommage que votre époux ne nous fasse pas le plaisir de sa présence. » Dit une voix de femme, fluette.

- « Même si mon père vit toujours, mon tendre Ahmôsis est un consort de choix en qui je place toute ma confiance, ma vie s’il le faut. » Rassure Tia.

Je crois être pétrifiée par la Gorgone Méduse en entendant cette voix. À quand remonte la dernière fois que je l’ai entendu ? Toujours dans le carrosse, je n’ose ni bouger ni respirer. J’appréhende de sortir par peur que tout ceci ne soit qu’une illusion, un rêve… Tout sauf la réalité. En osant jeter un œil, je vois immédiatement la chevelure rousse et flamboyante de l’Impératrice Élaine, coiffée en demi-chignon, mise en valeur par une robe violette aux manches évasées aux lacets d’or, tout comme son col ainsi que son corset couvert de motifs floraux. Le dernier souvenir que j’ai d’elle est son corps froid, rigide et blanc dans un cercueil lorsqu’on a reçu l’ordre de la préparer à ses funérailles.

-« Je vous remercie en tout cas d’avoir envoyé une demoiselle de compagnie pour nous accueillir, le voyage n’en a été que plus agréables. » Ajoute Tia.

-« Je vous demande pardon ? Nous avons bien envoyés un carrosse mais personne. » S’étonne Élaine des dires de la reine.


- « Alors… Qui est la jeune pucelle qui nous a accueillis et avec qui on a fait le trajet ? »

A ces mots, je comprends qu’il va me falloir sortir et je m’exécute aussitôt. Mon regard croise celui de Madame et je manque de m’évanouir en la voyant bien vivante, à quelques pas de moi et aux côtés de ce mari dont milles pensées ne sauraient exprimer mon ressentiment. Si je réagis de la sorte face à l’Impératrice, qu’est-ce que ce sera quand je serais face à Safiye ?

- « Ma chère enfant ! Je suis si heureuse de te revoir. »S’exclame l’Impératrice avec joie en allant en ma direction pour m’enlacer. « Regarde-toi, tu deviens peu à peu une magnifique jeune femme. Je sens que tu vas faire tourner des têtes dans les mois à venir. »

Sentir ses bras autour de moi me donne des frissons dont je ne saurais dire si je dois être mal à l’aise ou heureuse ou les deux à la fois. A la cour, elle était ma seule protection, mon réconfort avec Safiye et une personne bien plus digne d'être ma mère que celle à laquelle je suis liée par le sang. Revenant à la réalité, je fais la révérence exigée par l'étiquette impériale et salue comme il se doit ses majestés. La famille royale d'Egypte n'ont pas l'air de se douter de qui je suis vu que Madame n'a pas prononcé mon nom une seule fois, peut-être est-elle rentrée dans mon jeu pour pouvoir voir leurs réactions plus tard quand tous les jeunes nobles à marier seront au palais.

- « Tu dois être épuisée par le trajet. Tes appartements sont presque prêts donc tu peux aller te reposer.»

- « Merci, Majesté. » Dis-je, me retirant donc.

Je regarde le palais et il est tel que je m'en rappelle : grand et majestueux. Je trace alors mon chemin à travers la cour, croisant plusieurs serviteurs que je salue, jusqu'à arriver à l'aile des Roses, ces appartements réservés aux favorites de l'Impératrice. Montant les escaliers, la nostalgie m'envahit peu à peu en même temps que les souvenirs du temps passé ici quand on m'amenait à la cour. A l'époque, je passais mon temps auprès des autres Roses qui servaient Madame à apprendre l'étiquette, à jouer dans les jardins, à étudier à la bibliothèque,...


- « Dame Elda ! Quelle joie de te retrouver après ces trois ans de séparation. » S'exclame une voix mélodieuse que je reconnais.

- « Dame Taiyo. Quelle surprise ! Je vois que tu fais toujours honneur à ton pays du soleil levant. »

Taiyo, une femme-renarde originaire d'un des continent les plus à l'Est, est connue pour sa vivacité, son côté ordonné et son goût prononcé pour les belles choses, peu importe de quoi il s'agit. Je crois me souvenir qu'elle s'était mariée peu après moi à un haut dignitaire de son continent natal et qu'elle lui a donné une dizaine d'enfants. La dernière fois qu'on s'est vues dans ma précédente vie, c'était aux funérailles de Madame. Une fois mariées, nous n'avons plus eu de contacts tout comme après la mort de Madame.

-« Nous sommes à Babel, il est naturel d'affirmer sa diversité. Je constate que vous avez changé de couleur favorite. Autrefois, c'était un doux bleu et maintenant, c'est du vert sombre.» S'exclame une voix féminine.


Mon sang se glace à l'écoute de cette voix que je ne peux pas ne pas reconnaître... S'il y a bien une personne en dehors de l'empereur et de Thurian que je hais, c'est bien elle. En tournant la tête, je vois les yeux améthyste et la chevelure blonde mielleuse de Blanche, la petite soeur de Madame. Comme toujours, elle porte une robe dans les tons rose à motifs floraux sur le haut dont les manches s'évasent à partir des coudes. Sa couronne tressée dégage son visage d'un ovale parfait et montre une paire de boucles d'oreille pendantes faite de rubis bien que ses cheveux soient lâchés.


- « Blanche... » Dis-je, étant blême.

-« Est-ce que tu vas bien ? Tu es blanche comme si la faucheuse était devant toi. » Demande la dite Blanche.

- « J-je... Je crois que je vais aller m’allonger jusqu’à ce soir. » Dis-je en pressant le pas.


Comment oublier ton silence quand Alaric a annoncé sa décision de remariage ? Comment oublier cette vision de toi à ses côtés, sur l'autel de la chapelle, prête à prononcer tes vœux de mariage alors qu'à peine un mois plus tôt on enterrait ta propre sœur ? N'as-tu donc aucune honte ? Cacherais-tu de la malice derrière ton visage de vertu ?

En arrivant à ma chambre, je suis prise d'hésitation, Safiye est-elle de l'autre côté ? J'ouvre la porte, y entre et vois que tout est prêt : des fleurs ont été déposées près de mon lit ainsi que de la fenêtre, l'armoire est encore ouverte bien que partiellement remplie de mes chemises, robes et autres habits et la boîte à bijoux est également proche de la fenêtre sur une table avec un miroir dessus. Une grande tapisserie décore un mur près d'une petite pièce où je pourrais prendre mon bain.

- « P-princesse ! Pardonnez mon intrusion, j-je... On m'a ordonné d'amener d'autres fleurs pour parfumer votre chambre alors j'ai amené des lavandes pour vous aider à dormir le soir. »

Je me retourne et vois une jeune fille de mon âge, habillé d'une robe jaune pâle qui dévoilent ses épaules. Ses cheveux blond sable sont tressés sur sa droite, révélant des perles pendantes à ses oreilles. Elle relève timidement sa tête pour me regarder avec ses yeux vert olive, semblables aux miens. Maintenant, je peux comprendre pourquoi elle m'a appelée soeur avant de mourir... Elle aurait pu me ressembler si elle avait été brune même si elle l'était pour moi spirituellement parlant.

- « Safiye... » Murmurai-je en ayant les larmes aux yeux

- « Princesse ? Est-ce que vous allez bien ? Dois-je appeler quelqu'un pour ... ? »

- « Nan, ça ira... Tu dois être Sofia, n'est-ce-pas ?» Dis-je, en essuyant mes larmes pour tenter de reprendre une certaine contenance.

- « Oui, princesse. »

- « Viens près de moi, je te prie. » Ordonnai-je en allant m'asseoir près de la fenêtre. « Comment te sens-tu à l'idée de me servir ? »

- « A la fois nerveuse... Et honorée, Altesse. » Balbutie-t-elle. « C'est un honneur de vous servir. Je tâcherais de ne pas vous décevoir.»

- « Je n'en doute pas une seconde que tu sauras me servir. » Dis-je. « Tu peux me tutoyer quand nous ne sommes que toutes les deux, Sofia . D'ailleurs, étant donné que nous avons le même âge et la même taille, je peux te prêter volontiers certaines de mes robes. »

- « S-son Altesse est bien trop bonne. »

- « De plus, j'ai un présent pour toi. Tu sais que lorsqu'on devient le vassal d'un membre de la famille royale, il est possible de changer de nom. »

- « O-oui, princesse. C'est même vous qui devez le choisir. »

- « Celui que j'ai en tête n'est pas si différent de ton nom initial. Désormais, tu seras Safiye à mes yeux. Dans une vieille langue étrangère, cela signifie celle qui est pure . »

- « Il est beau à entendre. Que signifie le vôt.. le tien ? »

- « Dans une langue du Nord, il signifie bataille. J'ai justement plusieurs batailles à mener à partir de maintenant. »

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