Adieu l'automne...

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Depuis l’enfance, j’ai été préparé à une vie toute tracée par mon noble sang et de ce fait il m’était tout naturel de voir le mariage comme un accomplissement en tant que fille de monarque ainsi que l’accès au bonheur.

Malheureusement, je n’ai rien eu de tout cela. À quinze ans, ma main a été offerte à un comte de l’Empire de Schinéar, Thurian de Mannheim, à la fois par l’Impératrice Élaine à la suite d’une suggestion de la reine de la plus puissante thalassocratie de la grande Mare Nostrum, celle dont j’aurais pû être l’héritière. Si Madame avait su… Pendant quinze longues années, la nuit le transformait en animal en plein période de reproduction. Notre union n’a porté aucun fruit malgré ses nombreuses tentatives de me faire porter un héritier, l’amenant à avoir de nombreuses maîtresses sans aucune discrétion.

Comme si ce malheur n’était pas suffisant, le destin m’a infligé une douleur qui a scellé mon destin: la mort de deux personnes qui étaient chères à mon cœur. La brutalité de la première tragédie était telle que la folie a pointé le bout de son nez sous forme fantomatique. Elle apparaissait où que j’aille, sa voix me murmurait des paroles à l’oreille de jour comme de nuit, mes pleurs étaient incontrôlables dès que je pensais à elle, ce qui rendait Thurian furieux et violent, et il m’était impossible de me séparer de ses effets personnels.

La seconde tragédie a frappé lors de ma dernière apparition à la cour impériale de Babel. Madame l’Impératrice était sur le point d’accoucher de l’héritier tant attendu et avait exigé ma présence à ses côtés, ayant été sa demoiselle de compagnie depuis l’enfance. Trois autres jeunes filles de races différentes étaient également présentes : bien évidemment Blanche, la petite sœur de Madame, Taiyo, une femme-renarde originaire du soleil levant, et Ameyalli, une Serpent-vision. Malgré son état, elle m’avait promis de faire en sorte de me protéger de cet époux indigne… Un temps de répit qui n’a guère duré.

Un grand banquet pour célébrer la naissance était organisé quand l’accouchement a commencé et malgré tous nos efforts pour que le bébé naisse, malgré toutes les précautions prises en cas de complications… Madame nous a quitté et le nourrisson l’a suivi de quelques minutes. Ce qui devait être un jour de fête et de joie s’est rapidement transformé en jour de larmes et de deuil à l’annonce du décès de Madame. Ses funérailles étaient des plus fastes et il m’était impossible de détourner le regard du cercueil où reposait désormais la seconde figure maternelle que j’ai eu et de retenir les larmes de chagrin. Mon époux ne m’a nullement apporté de réconfort, seulement des reproches de pleurer une morte qui ne reviendra jamais que cela soit en privé ou en public, prenant plaisir à me traiter de folle.

Mais le pire reste l’évènement suivant : à peine un mois s’est écoulé depuis la mort de l’Impératrice Élaine que l’empereur avait déjà choisi une nouvelle épouse. En soi, cela allait dans l’ordre des choses qu’ils se remarie pour perpétrer l’Empire de Schinéar mais c’est le choix qui a fait grand bruit. Il a porté son choix sur… Celle en qui Madame avait le plus confiance avec moi, sa propre sœur ! Blanche n’a émis aucune objection alors qu’elle aurait dû refuser cet offre au moins par respect envers Élaine. Il se murmurait à la cour que l’empereur a longtemps désiré sa belle-sœur, que cela était réciproque et que tous deux avaient sauté sur la mort de Madame pour un mariage d’amour. Le jour de la cérémonie de mariage, j’y suis allée vêtue comme pour un enterrement et a proféré des paroles blasphématoires envers ces traîtres qui salissent de façon éhontée la mémoire de l’Impératrice, les maudissant même de n’avoir aucune descendance même après ma mort.

Une fois de retour à Mannheim, Thurian n’a guère attendu longtemps avant de reprendre les violences domestiques et les incartades. Aucune de ses maîtresse ne lui a donné d’enfants et pour cause… Je les ai toutes éliminés de diverses manières : poison, assassinat, agression isolée,… Tous les moyens étaient bons pour le blesser autant qu’il l’a fait avec moi, même en sachant qu’elles n’étaient pas fautives. Il m’a privé de ma joie de vivre, de mes rêves, de la seule amie que j’ai eu… Alors, je lui prends en retour toute chance de descendance.

Aujourd’hui, je viens d’évincer une nouvelle amante de Thurian après avoir pressé un oreiller sur son visage. Je suis folle ? Très bien, voir toutes celles avec qui tu as rompu le vœu de fidélité disparaître les unes après les autres tout comme tes espoirs d’héritiers doit te mettre en rogne tandis que je jouis du plaisir de t’infliger une telle sentence sans que tu puisses me contrôler à ta guise. Une fois le méfait commis, je quitte la chambre dans un calme des plus olympiens et admire le paysage hivernal du haut des murailles du château.

-« Quelle beauté… Le temps est magnifique en ce moment. »Dis-je gaiement en levant ma main pour toucher les flocons de neige. « La vie est aussi fragile qu’un flocon, un seul contact avec la chaleur peut te réduire à néant. »

Une forte voix résonne non loin de moi, celle d’un homme furieux prêt à en découdre. En quoi ai-je peur après tout ce qu’il m’a fait ? Je n’en suis plus à une gifle près.

-« Comment avez-vous pu commettre un telle crime ?! Avez-vous perdu la raison ?! »

-« Oui, monseigneur. J’ai perdu la raison, comme vous l’avez si bien répété devant toute la cour impériale il y a peu… J’ai tout perdu, ma jeunesse, ma joie, le bonheur, ma liberté, ma tendre amie… Tout ! Mais vous voulez savoir le plus drôle ? » Hurlai-je avec fureur avant de me mettre à rire. « En me prenant tout cela, vous avez perdu toute chance de voir votre lignée continuer à force d’abuser de ma couche comme le chien sans race que vous êtes. C’est si jouissif d’avoir le contrôle sur une bourse aussi molle que la vôtre. »

-« Sale diablesse ! « Crie-t-il en me giflant avec une telle force que je suis poussée contre un créneau, finissant à genoux. « Tu es bien comme ta sorcière de mère, une meurtrière prête à tuer pour arriver à ses fins. »

-« Si la fin signifie te voir souffrir jusqu’à ce qu’il ne te reste plus rien à part prier pour mourir vite, alors je veux bien être une meurtrière. » Dis-je en me relevant, avec un grand sourire jusqu’aux oreilles

Hors de lui, Thurian me saisit les épaules pour me secouer. Il ne cesse de m’injurier, de me rabaisser à mon sexe faible avant de me pousser. Je ne sens aucun mur de pierre derrière moi hormis le vide. Par réflexe, je tends les main pour me rattraper aux créneaux mais le poids de ma robe d'hiver m'entraîne vers l'extérieur du château. Thurian saisit les manches évasés mais l’expression sur le visage de mon époux signifie clairement ses vils intentions qui ne tardent pas à se manifester. Avec un sourire des plus démoniaques, il lâche le tissu et me laisse tomber du haut des murs.

-« Pourquoi ? Pourquoi ai-je fini ainsi ? Malheureuse, seule, sans avoir eu la moindre once d'amour ni même de l'aide quand j'en avais besoin. Ceux que j'ai le plus aimé sont mortes dans d'atroces souffrances ou n'ont jamais su l'affection que je leur portais et ceux que je croyais être dignes de confiance se sont rélévés être des couards. Pourquoi suivre les règles et être un modèle d'épouse loyale et charitable ne m'a rien apporté ? Je n'ai presque jamais vu le visage de mon père, ma génitrice m'a condamné à mort par le mariage, les princes d'avant mon mariage me méprisaient à cause de celle qui m'a donné vie, mon demi-frère a consciemment ignoré mes lettres d'au secours, celle que j'ai servi est morte avec son bébé, ma seule amie a été exécutée pour m'avoir été fidèle et celle avec qui j'ai passé mon enfance a trahi sa soeur pour avoir son mari. J'aimerais tellement pouvoir tout recommencer à zéro, empêcher tout cela d'arriver et me donner les moyens de pouvoir être heureuse... S'il existe une quelconque volonté qui nous est supérieure dans ce monde, puisse-t-elle exaucer ce voeu. Puisse-t-elle me permettre de récompenser ceux qui ont été justes et de punir ceux qui veulent échapper à la justice divine...»

La chute est rapide, je n'entends rien et voit le haut des murs devenir de plus en plus petit. Je m'attends à entrer en collision avec le sol mais rien ne se passe, mon déclin semble sans fin comme s'il s'agissait du tonneau des Danaïdes. Ma lourde robe paraît plus légère d'un coup voire n'existe plus et tout n'est que lumière autour de moi, même ma main tendue vers le ciel est à peine visible. Je crois être dans l'immensité de l'océan puisque plus rien n'existe autour de moi, pas le moindre son n'est audible, aucune solidité n'est présente, pas la moindre odeur ne parvient à mes narines et je n'ai plus aucun goût. La seule chose qui m'attire est cette vive lueur au-dessus de moi, comme si elle m'invitait à aller la chercher. Agitant mes mebres, je nage en sa direction avec ma main toujours tendue vers elle comme pour l'attraper.

Quand je me trouve enfin à sa portée, j'entends un écho au loin, une voix masculine par sa gravité, qui semble familière sans que je n'arrive pourtant à la reconnaître. Il m'est impossible de savoir quelles paroles ont pu être prononcées tant la lumière m'obnubile et m'aveugle. Soudain, je saisis quelque chose entre mes mains, sort la tête de l'eau et lâche une grande inspiration comme si mon souffle avait été coupé trop longtemps.

Je tousse quelques instants avant d'ouvrir les yeux et de voir que je ne suis plus au palais du duché de Mannheim mais dans une pièce dont les murs sont richement ornée de mosaïques représentant des scènes aquatiques. Je regarde autour de moi pour constater que je suis dans un bassin d'eau chaude avec des roses pour parfumer avec une magnifique vue sur la mare Nostrum.

-« Dites-moi que je nage en plein rêve... » Dis-je en m'essuyant les yeux. « Attends une seconde, pourquoi mes mains sont plus fines ? Qu'est-ce que cela veut dire ? Pourquoi suis-je dans la salle de bain privée d'oncle Atlas à Byblos ? » Constatai-je en voyant mes mains.

Je touche alors mes cheveux et note qu'ils sont moins longs et mieux entretenus, tout comme ma peau plus soyeuse. En me levant, mon regard est attiré par un petit miroir sur le rebord du bassin ; aussitôt je le prends et voit mon reflet. J-je... J'ai rajeuni ?! Mes yeux vert olive semblent moins ternes tout comme mon teint, mes lèvres ne sont plus gercées, mes joues ne sont plus aussi creuses... Je retrouve tous les traits de la forme de coeur qu'avait mon visage quand j'étais entre l'enfance et la vie adulte. A en juger à la fois par ma taille et celle de mes seins, je n'ai pas encore eu mes premières règles et je dois être proche de quinze ans.

-« Princesse ? Princesse Elda, est-ce que tout va bien ? Je viens vous aider à vous vêtir.»

-« Euh... Oui, oui. » Dis-je, un peu prise au dépourvue. « Si cette voix est bien celle d'Iris,la domestique de Doris, comment suis-je arrivée ici ? » Pensai-je.

Iris entre dans la pièce et m'aide à me sécher, me demandant si ce bain m'avait fait du bien. C'est vrai que j'adorais prendre des bains pour me détendre, juste le bruit de l'eau que cela soit coulant ou juste en mouvement m'apaise. Chez Thurian, c'était presque mon seul instant de paix.

-« Dis-moi, Iris... Où est dame Doris ? »

-« Elle vous attend dans la grande salle, elle aimerait s'entetenir avec vous d'une affaire importante. » Dit-elle en me faisant enfiler une robe.

La robe est en lin, de couleur bleue avec des dorures sur le bas, le col du buste, les côtes et le bout des manches. La domestique me laisse les cheveux lâchés pour qu'ils puissent sécher et avoir leurs belles ondulations grâce à l'huile de ricin. En regardant sur une petite table, je vois une bague que je ne connais que trop bien pour la mettre : celle d'Arya, la grand-mère de mon père qui a eu un des plus long règnes de l'Histoire. Sa bague en cuivre ancienne, symbole d'une amitié entre l'Atlantide et l'Egypte, est sculptée comme une plante enlaçant le doigt et est ornée d'une pierre de lune associée à la maternité. Quand j'ai quitté ma terre natale, je n'ai emporté que ce bijou familial que sa propriétaire m'a offerte la seule fois où nous nous sommes rencontrées peu avant son décès.

Une fois prête, je me rends à la grande salle où je me fais annoncer par Iris. Doris est assise sur un siège près de la cheminée à lire un livre. Ses cheveux d'un vert algue des plus vifs sont placés sur son épaule gauche. Doris est une sirène qui ne semble pas connaître la vieillesse, selon les dires d'Atlas, puisqu'à ses yeux sa personnalité comme son apparence n'ont pas pris la moindre ride avec les années. Pour autant, elle dissimule derrière ses traits fins et délicats un acier aussi tranchant qu'une lame et un esprit pour le moins avant-gardiste. Avec l'Impératrice Elaine, elle est la mère que je n'ai jamais eu ; celle qui m'a appris à broder, à danser, à écrire, à compter, à lire et à m'embellir quand deux ans plus tôt, je lui ai demandé de m'aider à devenir belle.

-« Vous m'avez fait mander, madame. »

-« Elda, ma nièce préférée... Viens près de moi. » Me dit-elle

Sur ces mots, je m'approche d'elle et m'assoit à ses pieds. Posant le livre sur ses genoux, elle me fait part d'une nouvelle qui n'est pas surprenante. Oncle Atlas a reçu l'ordre de Madame l'Impératrice que je vienne à la capitale avant le début du printemps, ce qui est en accord avec mes souvenirs puisqu'à cette époque, je n'y suis allée qu'après à cause d'une vilaine grippe qui m'a fait garder le lit pendant les dernières semaines de l'hiver. Cette fois, je ne tomberais pas malade et irai dès les premiers réchauffements.

-« Il paraît qu'Aryon, échanson de sa Majesté l'Empereur, sera favorisé pour devenir le successeur de votre père. Après tout, il a la confiance de sa Majesté vu sa position, est souvent au palais impérial avec mon mari et sa réputation est des plus irréprochables. » M'explique Doris. « Je trouve cela triste que tu ne sois pas considérée pour la succession, tu es la fille de Léandre après tout et la loi est explicite quant au fait que ce sont les descendants directs du monarque qui sont premiers dans la ligne de succession. Arya a bien réussi à la fois par chance et par talent à avoir le trône car tous ceux qui l'ont précédés étaient soit trop manipulables soit incompétents. »

Aryon, mon aîné de deux ans, fils de mon père et d'une Dryade de haute lignée, Aglaé... Du peu que je sache, Aglaé et Laura étaient amies dans leur jeunesse et toutes deux seraient selon la rumeur tombées sous le charme de mon père quand il est venu à la capitale pour servir l'empereur de l'époque. Il aurait même été un compagnon pour Alaric, celui qui règne actuellement sur Schinéar, avec plusieurs autres grands rois comme Ahmosis et Ikal pour ne citer que les plus connus.

Léandre aurait eu une large préférence pour Aglaé qui bien que mariée n'était pas encore considérée comme souveraine tant qu'elle n'avait pas donné naissance à un enfant. Malgré ce choix, Laura n'en a pas fait grand cas et a conservé une bonne entente avec son amie de longue date qui a d'ailleurs insisté pour qu'elle vienne à la cour atlante. J'ai plusieurs fois ouïe dire qu'elle avait profité de la grossesse de son amie pour aller charmer le mari par divers subterfuges et quand l'accouchement est proche de son terme, elle était présente et aurait permis la naissance d'Aryon sans pour autant empêcher la mort d'Aglaé. Bien qu'heureux d'avoir un fils, père était endeuillé par la perte de celle qu'il voulait à ses côtés, chagrin qu'il a manifesté par des écrits poétiques qui sont des preuves de l'affection qu'il lui portait. Pourtant, il lui fallait se remarier rapidement pour éviter qu'une quelconque famille influente puisse avoir un semblant de contrôle sur le trône et c'est tout naturellement qu'il a choisi celle qui lui a apporté du réconfort et m'a donné vie, Laura.

Aryon... Je t'avais envoyé milles et unes lettres pour que tu interviennes dans mon mariage avec Thurian qui me violentait sans répit et tu n'as ni répondu à mes lettres ni agi d'une quelconque façon. Tu m'as laissée mourir en sachant consciemment quelle fin m'attendait alors je vais t'offrir une fin à la hauteur de la haine tu éprouves pour moi. Parce que je sais bien des choses sur toi, à commencer par des petits secrets qui pourraient bien remettre en question ta place d'héritier...

Héritier ?... En voilà une bonne idée de vengeance satisfaisante. Je vais hériter du trône atlante à ta place ainsi Thurian ne pourra jamais m'épouser puisque ma valeur sera bien trop grande pour lui. Cela me fera d'une pièce deux coups.

-« Chère tante, je pense qu'il serait grand temps de m'apprendre à lire les chiffres dans un registre. Ainsi, je pourrais apprendre à gérer le domaine à vos côtés et cela me permettrait de prouver mon sérieux en tant que fille de l'Atlantide. Nous sommes en plein hiver et le peuple a besoin de notre générosité pour tenir.»

-« Une idée fort bonne. En plus, tu viens d'un empire commercial conséquent, cela devrait être facile vu que tu es une élève des plus assidus.» Fit Doris, enjouée.

-« Ainsi, si vous le permettez, je pourrais soumettre à Madame l'idée d'ouvrir un hospice pour les nécessiteux de la capitale. Ainsi, je pourrais travailler ma réputation et être... Eligible à un bon mariage.»

-« Je sens que notre travail ensemble sera florissant. Que dirais-tu de commencer maintenant ? »

-« Bien sûr, il me tarde déjà de savoir jouer avec les chiffres. »

Me marier ? Avec l'enfer que j'ai vécu, je ne suis pas certaine que cela m'apportera une vie longue et heureuse. Pour l'instant, concentrons-nous sur la gestion du domaine ainsi je pourrais avoir mes premières armes pour débuter cette seconde chance.

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