Chapitre II – La Flamme et la Plume
Le lendemain matin, Lysandra se réveilla dans la salle commune de Gryffondor. L’âtre flamboyait d’un feu joyeux, mais elle resta debout, légèrement en retrait, observant les autres élèves s’échanger des rires et des histoires. Elle n’osait pas s’approcher. Pas encore.
Son regard se posa sur une jeune fille aux cheveux touffus et bruns, qui lisait un livre épais en fronçant les sourcils. À côté, un garçon roux parlait avec enthousiasme, et un autre, à lunettes rondes, l’écoutait en silence, le regard pensif. Lysandra sentit un pincement familier : cette impression d’être une étrangère dans un monde soudé.
À peine assise sur un fauteuil vide, elle remarqua que tous avaient leurs baguettes posées nonchalamment sur la table basse. Fines, polies, élégantes.
La sienne était neuve, encore étrangère à sa main. Elle se surprit à passer ses doigts dessus, comme on caresse une arme avant la chasse.
Un premier cours l’attendait ce matin : Sortilèges.
— Enchantée, dit une voix à ses côtés.
Lysandra sursauta. La jeune fille aux cheveux bruns, toujours son livre à la main, s’était approchée.
— Moi, c’est Hermione, poursuivit-elle, chaleureuse. Tu viens d’où ?
Lysandra hésita. Mentir n’était pas dans sa nature, mais dire la vérité était impossible.
— D’assez loin, répondit-elle prudemment. Là où les bois sont immenses et… où il faut se battre pour survivre.
Hermione la dévisagea un instant, intriguée, puis hocha la tête comme si elle rangeait l’information dans une de ses innombrables cases mentales.
Plus tard, en classe, le professeur Flitwick demanda aux élèves de pratiquer un premier sort simple : faire léviter une plume.
Lysandra observa. Tous s’agitaient, répétant la formule, agitant maladroitement leur baguette. Elle, au contraire, resta silencieuse, fixant sa plume comme si elle cherchait à l’apprivoiser.
Elle leva enfin sa baguette, d’un mouvement précis, comme on décoche une flèche.
— Wingardium Leviosa, dit-elle d’un ton sec.
La plume s’éleva aussitôt, nette, sans hésitation.
Des murmures d’étonnement parcoururent la salle. Flitwick applaudit, ravi :
— Excellent, mademoiselle Hawke ! Un talent inné, visiblement.
Mais au lieu d’en être fière, Lysandra sentit un poids sur sa poitrine. Être remarquée, encore… Exposée, comme sur une estrade où tout le monde la jugeait. Elle baissa la plume brusquement, presque brutalement, comme si elle refusait qu’on s’attarde trop sur elle.
Quand elle sortit du cours, elle remarqua que le garçon aux lunettes rondes la suivait du regard. Pas de moquerie, pas de curiosité déplacée. Seulement un air compatissant. Comme s’il comprenait ce que signifiait grandir trop vite.
Lysandra détourna les yeux, resserrant son manteau autour d’elle.
Elle avait déjà vécu assez de batailles pour savoir que les alliances, ici comme ailleurs, coûtaient cher.
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