Chapitre III – Instincts
Le soir même, après les cours, Lysandra décida de fuir l’agitation de la salle commune. Les rires, les bavardages, la chaleur des flammes… tout cela lui donnait l’impression d’étouffer. Elle s’éclipsa par un couloir sombre, laissant derrière elle le tumulte des Gryffondor.
Ses pas la menèrent vers les escaliers mouvants, puis plus bas encore, vers la cour intérieure. L’air frais de la nuit la saisit, et elle respira enfin, profondément.
Un bruissement attira soudain son attention. Ses sens s’éveillèrent aussitôt. Elle connaissait ce son : celui d’une créature qui rôde.
Elle se plaqua contre la pierre, observant l’ombre mobile sous l’arche. Une bête basse, trapue, aux yeux jaunes étincelants, avançait à pas feutrés. Pas d’arc, pas de flèche. Seulement sa baguette. Elle hésita : la magie répondait mal à son impatience.
La créature bondit.
— Stupefix ! cria-t-elle.
Le sort frappa de plein fouet, mais la bête ne fit que chanceler. Déjà, elle revenait à la charge. Lysandra se jeta de côté, roula sur le sol, et se redressa pour frapper à nouveau, lorsqu’une deuxième voix, derrière elle, lança :
— Protego !
Un éclat de lumière jaillit, éclipsant les ténèbres. Aveuglée, la créature recula, grogna, puis se dissipa dans une volute d’ombre.
Lysandra tourna brusquement la tête. Un garçon se tenait à quelques pas, haletant, une baguette encore tendue. Dans son regard clair brûlait une sincérité désarmante.
— Tu vas bien ? demanda-t-il, inquiet.
— J’aurais géré, répliqua-t-elle sèchement.
Il sourit doucement, sans se formaliser.
— Je n’en doute pas… mais à deux, c'est plus sûr.
Elle haussa un sourcil. Peu de gens osaient la contredire.
— Elias Rowan, dit-il en rangeant sa baguette. Toi, tu es… Lysandra, c’est ça ?
Elle acquiesça d’un bref mouvement de tête.
Il hésita un instant, puis ajouta d’une voix plus basse, comme une confidence :
— Si tu es perdue, je peux t'aider à retrouver ta salle commune...
Elle détourna le regard, déroutée par cette gentillesse spontanée, presque naïve.
— Je n’ai pas besoin d'aide, merci.
Elias hocha la tête, toujours calme.
— D'accord, fais attention à Rusard tout de même.
Puis il s’éloigna tranquillement, comme si tout était dit.
Lysandra resta seule dans la cour. Son cœur battait plus vite qu’elle ne l’aurait voulu. Elle connaissait ce genre de personnes : celles qui, malgré les épreuves, trouvaient toujours un moyen d’offrir chaleur et espoir. Et pour elle, c’était plus troublant qu’un duel.
Annotations
Versions