Dionysos fait la cour à Ariane

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Lors de ses errances, Dionysos s'arrête sur l'île de Naxos. C'est là qu'il découvre Ariane, la fille du roi de Crète Minos, abandonnée par Thésée.

L'histoire ne se rappelle pas exactement ce qu'il lui dit, mais le vent en chuchote encore la grâce :

Quand leurs yeux se rencontrèrent, l'on se mit à entendre des battements de leurs cœurs au zénith, les vagues devenaient pourpres, il se mit à pleuvoir du vin. Ariane, succombant déjà au charme de Dionysos, ne pût s'empêcher de détourner le regard timide.

Là, il approcha et lui dit :

"Regarde le ciel, c'est mon regard. 

Tout le vin de la terre est mon sang. 

Je veux t'offrir des bouquets de baisers, je veux te voir nue, couverte de nuit, libre et fertile. 

Je veux te montrer comment le temps coule dans le vin sans que l'on s'en rende compte. 

Je suis le plaisir déchaîné, les versants de collines et de montagnes.

Je te montrerai comment le soleil pleut dans sa chaleur et pourquoi il attire la lune. 

Aussi, laisse-moi toutes tes lèvres, laisse-moi ton cou, tu y prendrais goût, tu finirais par te toucher en pensant pour penser à moi. "

Ariane rougissait, ses seins nus au vent couverts de vin s'allégèrent et ses joues brillaient d'innocence. 

Il se mit à pousser du lierre qui s'enroulait autour de ses jambes, jusqu'à ses entrailles, et de la vigne tout autour d'eux.

 Plus Dionysos s'approchait d'elle, plus, il faisait sombre. 

D'un pas lent et sûr, il soutenait : 

"Je ne suis pas vivant, je suis plus que vivant, je suis divin, je suis essence utopique. 

Mes cheveux sont un étang de tulipes. 

Mon esprit est une orgie sacrée. 

Je suis le parfum de la foudre, demande à mon père. 

Le ton de la mer, c'est moi, l'esprit du vin, c'est moi. 

Je suis aussi le regard de la chaleur, le mystérieux des abysses, l'interminable au-delà des planètes."

Ariane perdue, le ciel s'était déchiré en deux, des rideaux grenat en recouvraient les bordures. Les dieux, voyant tout, étaient stupéfaits et Aphrodite et Héra n'en pouvaient plus.

" Je suis le vrai dieu des poètes, ceux qui écrivent le poids du vide, la sagesse du raisin, la débauche pure et excellente, le figé de l'éternité, ils peuvent appeler mon nom sans perdre leurs langues. 

Je veux me boire et me dissoudre depuis dedans dans tes bras. 

Je suis grave et circonflexe, mais aussi courbe que tes hanches. 

Je suis plat, mais profond sempiternel, au repos, mais vaincu d'activité. 

Je suis le chant de depuis le début du temps, qui rencontre une femme et qui l'emporte par la porte après le vent."

L'air se mit à valser, le soleil devint tout timide, rougit et se mit à flotter sur la mer qu'il désirait depuis si longtemps. 

Fixant du regard, Dionysos marqua :

" Sois ma femme, je suis noir et indélébile, sauvage et pénétrant, moulu et candide. Féminin d'une connaissance orgasmique, masculin d'une volonté impénétrable par les vicissitudes. J'entends les pas de l'obscurité dans la nuit, j'entends ton cœur. Je suis le caractère du ciel tombé sur terre, le dieu des rites, rythmes et danses autrefois enseignées au paradis. Le dieu du dessin et des portes qui s'ouvrent quand on pense trop. Je suis la main qui tend la folie au philosophe. Je n'ai pas vraiment de corps, je suis infini, trop libre. Emprisonne-moi si tu peux"

Il se saisit de ses seins et ses reins qu'il pressa contre lui dans tous les degrés de rouge dans l'atmosphère qui les entourait, les murmures d'Ariane faisaient rougir toutes les déesses et les dieux et le sable lié au vin qui montait jusqu'à leurs talons lui aussi s'enivrait. 

C'était un vrai plaisir comme Dionysos savait si bien les faire. Il l'embrassait et leurs langues murmurèrent des sons qu'après même des décennies, les ménades continuèrent de chanter dans leurs temples, une musique sacrée sirupeuse, une géométrie aphrodisiaque, une lubie mélodieuse et pure. 

Leurs respirations s'ébouillantaient, leurs langues s'émoussaient et leurs visages s'évanouissaient.

"Donne-moi ton corps pour que je t'enseigne l'exact nom du plaisir, pour que je te fasse ressentir tout ce qui existe en moi, en toi et partout. 

Que je ne sorte jamais et qu'on s'aime en dehors du cœur, avec nos âmes. Jeune femme, je suis amoureux de toi. 

Je ne te ferai aucun mal, tiens, tends mon vin jusque dans ton corps et touche-toi aussi longtemps que tu voudras ou que tu me voudras. 

Jusqu'à tes yeux blancs, ta gorge brûlante et tes cheveux dressés. Tes seins, ton sein, il est à moi".

Il faisait bientôt nuit, on n'y voyait presque plus rien, mais on pouvait entendre des gémissements. 

Dionysos chuchotait : " Si tu veux goûter au soleil, tire-moi jusqu'au fond de toi. Si tu veux toucher la température, regarde-moi dans les yeux. Laisse-moi te coucher, te donner la vie, ma musique vibrer dans tes chairs, touche-la, articule-la, insère-la en toi. Tiens, buvons le vin."

Tout était noir, mais on entendait un air rare, mais vieux comme le monde, l'amour, le vrai, des gémissements délicieux et un gouffre de plaisir sans fond, sans forme, que s'offraient un dieu et une humaine.

"Ariane, je t'aime."

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