Chapitre 4: Vive le Roi !

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Les couloirs habituellement éclairés de flambeaux se trouvaient désormais plongés dans une ombre noire. Les pas de l’héritier résonnaient contre les murs de pierre. Pour que l’endroit soit aussi vide, les ennemis devaient être en train de piller la salle du trésor. Mais ce ne serait là qu’une perte de temps, en effet, la famille Lir gardait les objets précieux dans les souterrains de la citadelle. Alors qu’il approchait des salles basses une légère odeur de fer se fit sentir. Setenta raffermit sa prise sur le pommeau de son épée. Ses yeux dorés fouillèrent les alentours à la recherche de ce qui causait cette odeur. Il finit par trouver des taches rouges au sol ainsi qu’une trace plus longue sur le mur. Le lycan tenta de calmer les battements trop rapides de son cœur et sa respiration sifflante. S’il ne se contrôlait pas, le Dogue sortirait et il ne pourrait pas l’empêcher d’agir.

“Cian ?” Appela-t-il, “Heddwyn ?”

S’il avait été un être humain normal, il n’aurait rien entendu. Mais on lui avait répondu. Pas une réponse formulée mais un simple gémissement de douleur éraillé. Seth suivit la direction et s’arrêta devant une lourde porte de bois. Au sol s’étendait une large flaque de sang. Le jeune homme tenta d’ouvrir la porte mais celle-ci résista. Il finit par la défoncer d’un puissant coup d’épaule.
La pièce était sombre, complètement vide. Les yeux du lycan repérèrent une forme adossée au mur. Il s’en approcha, craignant le pire.

“Cian ?”

Devant lui se trouvait le jeune chevalier, inanimé. Sa légère armure était enduite de sang, le même qui maculait son épée et son visage pâle. Ses yeux étaient à moitié fermés, comme s’il s’endormait. Seth lâcha son arme et s’agenouilla au côté de son amant et ami.

“Non, non, non, non… Dis-moi que tu n’es pas parti, dis-moi que tu es toujours là…” murmura-t-il d’une voix précipitée.

Ses mains secouée de tremblement commencèrent à détacher du mieux qu’elles pouvaient les lanières de l’armure. Une quinte de toux secoua le blond. Un pâle sourire étira ses lèvres :

“Serais-tu inquiet ?” Demanda-t-il faiblement.

“Espèce d’idiot.” Répliqua Setenta en se penchant pour l’embrasser.

Leurs lèvres se frôlèrent à peine. Celles du plus âgé avaient le goût du sang. Cian repoussa son cadet :

“Arrête ça. -il grimaça de douleur- Je suis couvert de sang.

-Difficile de ne pas le remarquer. Mais on s’en sortira.” Dit le brun avec un sourire qui se voulait rassurant.

Le chevalier secoua la tête.

“Je suis le plus compétent de nous deux en médecine Seth… Je sais très bien que…” commença-t-il.

“Tais-toi. On va trouver Heddwyn et on va s’en sortir.”

Voyant son regard de déni pur, Cian soupira. Il était gravement blessé. Il lui restait une demi-heure, une complète, tout au plus.

“Que sont devenu les autres ?” s’enquit-il.

“Mon père, la reine et Sir Bran sont mort. Le reste du conseil aussi.

-Le roi est mort, vive le roi…” murmura le blond avant d’être secoué d’une nouvelle quinte de toux.

Le plus jeune pâlit brusquement. Il venait tout juste de comprendre. Le massacre de sa famille lui avait donné un rôle dont-il n’avait jamais voulu… Celui de roi.

“Tu avais raison. Nous avions des traîtres parmi nous.” Reprit son amant sans se rendre compte de son trouble, “Ils se sont manifestés juste après ton départ.

-Qui ?

-Deux conseillers, des soldats, même des civils.” Répondit Cian.

“Et Heddwyn ? Que lui est-il arrivé ?”

Seth était déjà entrain de perdre son amant, il ne voulait pas en plus dire adieu à son frère. Un pâle sourire étira les lèvres du chevalier :

“Il est en sécurité. Je l’ai emmené dans la crypte et j’ai attiré les autres ici.

-Et ils t’ont laissé pour mort… ” supposa l’héritier.

Le plus âgé fut pris d’une nouvelle quinte de toux, bien plus violente. Le jeune roi avait beau compresser la plaie la plus profonde, le sang continuait de couler entre ses doigts.

“Tu devrais -Cian s’interrompit en toussant- y aller, je m’en sortirais.” Dit-il.

“C’est ça, et quand je reviendrais, c’est un cadavre que je trouverais.” Répliqua le lycanthrope

De son autre main, il commença à exécuter quelques mouvements pour créer un sort de soin. Il n’était pas très bon en magie humaine, cela en grande partie à cause de sa forme de dogue, et une simple incantation comme celle-ci le fatiguait considérablement. Cependant, il se devait d’essayer.

“Arrête ça.” Le coupa Cian avec un regard noir.

D’un mouvement brusque, il attrapa le poignet de son amant et le tordit pour annuler le sort. Il grimaça en sentant sa blessure s’agrandir encore. Il ne lui restait plus beaucoup de temps…

“Je ne veux pas te voir mourir, j’ai perdu trop de monde aujourd’hui !” Répliqua Setenta.

“On s’en fiche de moi ! Ton petit frère pourrait être découvert n’importe quand ! Et les dieux savent ce que le roi Dag pourrait lui faire subir !” l’interrompit le blond.

L’héritier était face à un dilemme. Sauver son meilleur ami et amant ? Ou sauver son frère ?

“Je te déteste… ” murmura Setenta, déchiré.

“Je sais. Maintenant, vas-t’en.” répliqua Cian avec un court rire.

Son amant l’embrassa avant de s’écarter, les larmes aux yeux:

“Je t’aime… ”

Le jeune roi n’attendit pas de réponse et partit.

“Menteur.” souffla le blond avec un pâle sourire

Le lycanthrope s’empressa de rejoindre la crypte, sans un regard en arrière. Il ne pouvait pas se permettre de penser à Cian, à son père ou à Adarah. Le brun chassa ses larmes d’un geste rageur. Pas maintenant. Il dévala les marches jusqu’à arriver devant la porte du caveau.
Mais deux gardes du Connaught se tenait là, essayant de forcer l’entrée. Setenta fit doucement glisser un poignard dans sa manche. En un instant, il était sur les soldats. Ces derniers n’eurent pas le temps de réagir et leur sang éclaboussa la porte. L’héritier repoussa les corps et s’approcha de l’ouverture. Celle-ci avait été barricadée de l’intérieur mais c’était loin d’être assez pour empêcher le lycan d’entrer.

Le battant finit par basculer à l’intérieur dans un bruit sourd. Les yeux du change forme prirent une teinte dorée tandis qu’il observait son environnement. Il reconnut rapidement les dalles noires et blanches indiquant l'emplacement des tombes des anciens rois et reines de sa famille. La pensée qu’il faudrait en ajouter deux autres traversa son esprit.

“Heddwyn ?” appela le jeune homme en s’avançant.

“Seth ?” s’enquit une voix, provenant de derrière l’un des piliers.

Ce surnom tira un demi-sourire au jeune roi. Il l’avait détesté pendant des années, mais ça lui semblait tellement lointain désormais…

“Oui, c’est moi, sors de là, nous n’avons pas beaucoup de temps.” Avertit l’aîné.

Son frère sortit de sa cachette et s’approcha rapidement pour enlacer le plus grand.

“Nous vous pension mort, les soldats nous l’ont assurés… ” murmura le prince alors que Seth refermait ses bras autour de lui.

Il finit toutefois par s’écarter et observa son cadet. Heureusement, ce dernier n’avait pas été blessé. Cian y avait veillé.

“Il en faut plus pour me tuer Heddwyn. Mais ne nous attardons pas. Le palais est pris, nous devons partir.” Poursuivit Setenta en entraînant le plus jeune à sa suite.

“Attendez! Qu’est-il arrivé à ma mère ?” l'interrompit celui-ci, s’attendant au pire.

À son grand dam, Seth comprit que son frère avait assisté à la mort de leur père.

“Je suis désolé Heddwyn, elle était déjà morte lorsque je suis arrivé… Il n’y a plus rien que nous puissions faire.” Répondit-il en continuant de marcher.

“Non! Nous ne pouvons pas partir!” s’exclama le prince, les yeux brûlants de larmes.

Il dégagea son poignet de l’emprise de son aîné. Son esprit était mis en pièce par la douleur de la perte mais aussi par une irrépressible et bouillante envie de vengeance…

“Si jamais le roi Dag récupère le trône et la couronne de père, il pourra se faire reconnaître comme roi légitime d’Eire ! Nous ne pouvons le laisser faire !” continua-t-il.

Le lycanthrope eut un léger rire et montra ce qu’il dissimulait dans les pans de sa tunique:

“Je suis ravi de voir que tu es aussi pressé que moi de prendre ta revanche mon cher frère, mais Dag n’est pas près de prendre notre place.”

Il tenait dans sa main un cercle de métal noir argenté orné de piques qui n’était autre que la couronne des rois Lir.

“Tu m’excuseras mais même pour moi, le trône est un peu lourd.” Ajouta Setenta avec un sourire en coin.

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