Epilogue

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Sur l'écran du téléphone d'Azylis, trois chiffres s'affichent.

Il est 7h22.

  • Bon, ben je crois qu’il est temps de rentrer à la maison, conclut la nouvelle aventurière avec un bâillement, je suis fatiguée. Mamie est matinale, j’espère qu’elle ne s’est rendu compte de rien.

Les deux adolescents s'engagent sur le chemin qui mène vers Kerpipiche-les-bois-de-Sapin. Azylis se remémore les moments marquants de leur aventure, quand soudain, elle s’arrête net.

  • Dis, Brévaël… comment pouvais-tu être si sûr, pour l’énigme des pommes ?
  • Je n’ai pas un grand mérite. C’est mon arrière-grand-père qui me l’a apprise. C’est à se demander s’il n’a pas déjà rencontré ces petits korrigans par le passé !

Après une bonne demi-heure de marche silencieuse, la maison des grands-parents d’Azylis se dessine à l'horizon. Une voiture de gendarmerie garée de travers, au beau milieu d'un parterre de fleurs, leur en bloque l'accès.

Le cœur d’Azylis cogne dans sa poitrine. Brévaël lui prend le bras.

  • On va tout expliquer, ne t’inquiète pas, la rassure-t-il. Tu n’es pas seule.

A peine la porte poussée, la grand-mère d’Azylis se rue vers sa petite-fille en criant son nom, un mélange de reproches et de déclarations d’amour, de jurons et de remerciements à Dieu. Des larmes de joie coulent le long de ses rides comme des petits ruisseaux. Elle la prend dans ses bras et l’étreint. En retrait, le grand-père tente comme il peut de masquer ses émotions. L’adjudant Navais débarque dans le couloir et lui assène une frappe virile sur l’épaule.

  • Je te l’avais bien dit, l’ancêtre ! s’exclame-t-il en postillonnant des biscuits. Ça servait à rien de vouloir lancer une alerte enlèvement ! Ces deux tourtereaux ont fait une petite fugue amoureuse, c’est de leur âge, ça valait pas la peine de venir me chercher à six heures du mat’ à la crêperie de garde ! Croyez-en mon expérience, j’ai tout de suite compris qu’ils ne couraient aucun danger. Bon allez, je me casse, mission accomplie.

L’adjudant disparaît dans le salon et revient avec la main pleine de petits gâteaux, qu’il fourre dans sa poche tout en enfilant sa veste, semant des miettes sur son passage.

  • Hé, mamie, s’exclame le gendarme avant de franchir le seuil de la porte. Vos biscuits sont pas dégueu, mais faudrait changer de café, c’est du jus de chaussette, et encore, je suis poli. Allez, salut la compagnie !

La porte claque derrière lui, faisant vaciller le phare miniature posé sur la commode. Au mur, le cadre représentant une scène de tempête semble s'animer.

Azylis lève des yeux piteux vers sa grand-mère.

  • Je suis désolé, Mamie. Nous avons rencontré des korrigans, ils ont voulu nous juger, mais nous avons répondu à leur énigme et nous avons affronté un métamorphe et…
  • Mon Azylis, ne me raconte pas de bobards, on a tous été jeunes, hein mon chéri ?

La vieille bretonne pivote vers son chéri de mari et lui adresse un clin d'œil.

  • Alors, qui est l’heureux élu ? Ce ne serait pas le petit-fils du vieux Guy ?
  • Arrière-petit-fils, oui. Je m’appelle Brévaël.
  • Drôle de prénom, mais bienvenue chez nous. En tout cas, j’espère que tu prendras soin de notre Azylis, sinon, gare à toi !
  • Mais Mamie, c'est pas mon crush ! C’est juste un ami.
  • Je suis contente que tu te sois fait un “ami”, répond-elle en mimant les guillemets avec ses doigts. Allez, ne restez pas plantés là, venez prendre le petit déjeuner avec nous.

Azylis et Brévaël les suivent. Il est inutile de vouloir leur expliquer quoi que ce soit. Ils ne sont prêts à comprendre ni leur récit, ni qu'ils sont seulement amis. Sur la table du salon traînent des vestiges de biscuits et une tasse renversée. Brévaël nettoie, Azylis va chercher les bols à oreille, tandis que le grand-père allume le téléviseur et que la grand-mère file préparer les cacaos.

Soudain, une exclamation arrive de la cuisine : “Ma balance ! Je l’ai retrouvée !”

Azylis sourit, elle est ravie que le korrigan ait tenu sa promesse. Elle finit d’installer la table et s’assoit à côté de Brévaël. Son grand-père s’est installé dans son fauteuil, à sa place favorite.

Au journal télévisé du matin, le journaliste déclare : “Incroyable nouvelle dans le monde scientifique, une équipe d’astronomes vient de découvrir une nouvelle étoile en plein milieu de la Grande Ourse et s’étonnent qu’elle n’ait pas été observée plus tôt. Ils l’ont baptisée “Gobel 1”.”

Brévaël et Azylis échangent un regard complice. La grand-mère revient avec les chocolats chauds et une fournée de croissants. Au moment de poser le plateau sur la table, des coups toquent à la porte.

La grand-mère fronce les sourcils et d'un pas chaloupé s'éclipse.

  • Brévaël, c’est ton arrière-grand-père ! s’exclame-t-elle depuis le couloir.

Surpris, Brévaël crache une gerbe de chocolat chaud. Il s'excuse, nettoie la tache avec sa manche et quitte la pièce.

Dans l’encadrement de la porte se tient son arrière-grand-père, son bras droit immobilisé dans une écharpe.

  • Tad-kuñv, qu’est-ce qui t’es arrivé ? demande Brévaël d’un ton inquiet.
  • Oh, une mauvaise rencontre, mais on s’est bien occupé de moi…

De son bras valide, il fouille dans sa poche et sort un petit coffret en bois.

  • Tu pourras donner ça à Azylis ? Je pense que ça lui fera plaisir.

Il sourit de toute sa mâchoire sans dents et disparaît aussi vite qu’il est arrivé.

Brévaël retourne auprès d’Azylis et lui offre le coffret. Discrètement, elle l’ouvre. A l’intérieur, un lot de sprays au poivre et un petit mot : “Tu en auras peut-être besoin un autre jour, qui sait ? Signé : un drôle d’oiseau

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