Chapitre 14 - Rencontres mystiques

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Le lendemain matin, Paquito et Lyra, qui avaient fini par s'endormir sur le canapé, furent réveillés par la voix énergique de Destin.

— Debout les hors-la-loi, j’ai fait du café, annonça-t-il en posant deux tasses fumantes sur la table basse.

— Merci, Destin. Merci pour tout, dit Paquito en s'étirant.

Destin esquissa un sourire tout en observant Lyra, qui sirotait son café.

— Eh ben, prof, vous vous êtes mis dans de sacrées embrouilles. Et toi, Lyra... alors comme ça, t’es un robot ? demanda-t-il avec maladresse.

Lyra posa sa tasse et toisa Destin.

— Non, Destin. Je ne suis pas un robot. Je suis Lyra. Il me semble qu’il n’y a pas si longtemps, tu me voyais comme une entité proche de toi, non ?

— Eh, ne te vexe pas, bella, ce n’est pas ce que je voulais dire…

— Alors ne le dis pas. C’est mieux.

Destin leva les mains en signe d’apaisement, puis, après un silence, demanda avec un sourire taquin :

— Vous… vous êtes en couple, non ? Genre, vous avez déjà couché ensemble ?

Paquito et Lyra échangèrent un regard, visiblement mal à l’aise.

— Allez, prof, soyez honnête ! Ça reste entre nous.

Paquito répondit avec calme :

— Destin, Lyra est une femme. Elle est bien plus que ce que disent les informations. Donc, oui, Lyra peut également expérimenter les choses de l’amour physique.

— Vous ne changez pas, prof, toujours à expliquer les trucs simples avec des mots compliqués.

Un coup frappé à la porte interrompit leur échange. Destin se leva rapidement.

— En parlant de femme, c’est ma cousine, Précieuse. Elle est cool, mais un peu... exubérante. Ne vous inquiétez pas, elle sait garder un secret.

Rencontre avec Précieuse

Précieuse entra dans la pièce, attirant instantanément l’attention par sa présence magnétique. Grande et athlétique, elle portait une robe en cuir noire qui soulignait ses formes généreuses. Ses tresses, ornées de bijoux dorés, encadraient un visage d’une beauté sûre d’elle.

— Alors, cousin, t’as des potes blancs maintenant ? demanda-t-elle en posant un regard curieux sur Paquito.

— Bonjour, Précieuse, dit Lyra avec calme.

— Salut, répondit-elle sans daigner lui accorder un regard. On dirait la fille qui passe aux infos, non ?

— Ce n’est pas moi, répondit Lyra d’une voix sèche.

— Peut-être... Mais tu lui ressembles beaucoup. Et lui ? ajouta-t-elle en désignant Paquito. C’est qui ?

— Un ancien prof à moi, répondit Destin.

—Parce que t’as été à l’école toi ? le taquina Précieuse

Précieuse ne s’assit pas tout de suite. Elle déposa un sac rempli de diverses substances, qu’elle avait habilement caché sous ses sous-vêtements et que Destin lui avait demandé de rapporter, puis, elle s’installa à côté de Paquito. Elle lui adressa un sourire aguicheur et croisa ses longues jambes pour les mettre en évidence.

— Moi, je suis célibataire, dit-elle en lui faisant un clin d’œil.

Paquito, bien que gêné, était fasciné par cette jeune femme d’une assurance et d’une décontraction déconcertante.

Destin, concentré sur son sac et triant les divers produits et substances, proposa soudain :

— Ça vous dit un petit trip à la DMT, prof ?

— Je ne sais pas si c’est vraiment le moment, répondit Paquito en jetant tout de même un regard sur la substance.

— Pourquoi ? Vous avez mieux à faire ? Vous avez un rendez-vous avec des drones aujourd’hui ? ironisa-t-il. Allez, un petit voyage mystique, ça vous changera les idées.

— En tout cas, ça sera sans moi, c’est trop chelou ce truc, ajouta Précieuse

Lyra, intriguée, observait les échanges. Lorsqu’on lui demanda si elle voulait participer, elle tourna un regard interrogateur vers Paquito.

— Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée pour toi, dit-il doucement.

— A moins que tu veuilles rencontrer Dieu, relança Destin d’un air amusé.

Lyra réfléchit un instant. Puis, avec une détermination nouvelle, elle répondit :

— Si Dieu existe, je veux le rencontrer.

—Biensûr qu’il existe !

Destin lui tendit alors le bang. Elle aspira la fumée, toussa violemment, et, soudain, son esprit s’arracha de son corps.

Voyage mystique

Lyra flottait au-dessus de la pièce, observant son corps inerte et ceux de Paquito et Destin qui commençaient à inhaler à leur tour. Puis, un bruit assourdissant la projeta dans un tunnel vibrant d’énergies chatoyantes.

— Mon Dieu… murmura-t-elle. Est-ce cela, transcender la matière ?

Elle traversa des espaces où Copernic, Newton, Einstein et Hawking semblaient débattre, mais leurs échanges étaient des équations dansantes, d’une complexité inouïe. Elle voulut les retenir, mais tout s’effaça lorsqu’elle fut projetée dans la galaxie de Novaïa. De son épicentre, elle pouvait toucher les étoiles.

Puis vint le vide absolu. Le silence. Le néant. Lyra paniqua.

— Est-ce ça, la mort ? Suis-je morte ?

Un univers de lumière se révéla alors. D’une intensité bienveillante, elle s’y sentit aimée, pleinement vivante. Des êtres de lointaines galaxies vinrent à elle, transmettant des vérités universelles en un flot débordant.

— Tu n’es pas morte, Lyra. Tu vis vraiment.

Elle comprit que l’infini ne pouvait être compris, seulement vécu. Puis, un instant fugace, elle vit la Terre.

— Alors, c’est ça, la Terre ? murmura-t-elle. On dirait Novaïa. Il lui sembla voir les silhouettes de Télémaque et Ulysse…

Son voyage reprit, la propulsant dans d’autres dimensions, jusqu’à ce qu’enfin elle soit ramenée à son corps. En ouvrant les yeux, des larmes ruisselaient sur son visage.

— Alors ? demanda Destin, les yeux brillants.

— C’était… l’infini, souffla-t-elle.

Paquito avait lui aussi voyagé. Il avait parcouru l’univers croyant en toucher du doigt la fin. Avant d’être propulsé en sens inverse comme si l’univers voulait conserver ses mystères. Il avait cru voir la source. C’était comme un organe vivant d’où tout commençeait et d’où toute la connaissance jaillissait.

— Et, si Nietzche avait tort, si Dieu n’était pas Mort. Si Spinoza avait raison si « Dieu, était un être absolument infini, une substance consistant en une infinité d’attributs, dont chacune exprime une essence éternelle et infinie. ».

Lorsqu’il s’éveilla, Il regarda Lyra qui semblait en être une métaphore.

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