Chapitre 16 - Retour à la case départ

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Tard dans la soirée, les quatre compagnons, héros du jour à French Town, burent et fumèrent l’herbe de Destin plus que de raison. Précieuse, visiblement éméchée, se leva soudain et commença à mimer le combat de Lyra contre Chaka, entrecoupant sa performance de phrases imitant le ton véhément de Sabé.

— Mes frères et sœurs, nous avons une mission ! s’écria-t-elle en titubant légèrement, bras levés comme un prophète en transe.

Destin et Paquito éclatèrent de rire, incapables de rester sérieux face à son imitation caricaturale. Même Lyra esquissa un sourire, bien que son esprit restât préoccupé.

— Regarde-toi, Lyra, ricana Précieuse. Tu devrais être fière ! Une machine qui botte les fesses d’un géant. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit ça ! S’eclama-t-elle en mimant le coup de pied.

— Ce n’est pas une victoire, murmura Lyra presque pour elle-même.

Car derrière cette ambiance d’allégresse, un danger pesait sur eux : Lyra avait été exposée en pleine lumière, et il était presque certain que quelqu’un l’avait reconnue malgré les efforts de Précieuse pour la dissimuler. Quant à Sabé et ses tuniques bleues, ils n’étaient pas du genre à laisser passer une humiliation publique.

Malgré ces inquiétudes latentes, la fatigue finit par emporter tout le monde. Le silence retomba sur l’appartement, uniquement troublé par le bruit lointain de French Town qui ne dormait jamais tout à fait.

Une alerte matinale

Le lendemain, une vibration insista sur leurs poignets. Leurs bracelets connectés clignotaient en rouge, affichant un message d’urgence.

"Alerte citoyens de Novaïa : le Consul Val fera une allocution importante sur la sécurité publique. Veuillez regarder."

Précieuse, toujours la première debout, s’approcha du téléhologramme pour activer l’écran. Une lumière bleutée emplit la pièce tandis que le visage austère du Sénateur Manuel Val apparaissait, encadré par des drapeaux officiels. Une image de Lyra s’afficha en arrière plan.

— Hé, regardez ça, lança Précieuse en tournant la tête vers les autres. Il parle de toi, la star ! Quand je pense que tu me disais que ce n’était pas toi…

Paquito, Destin et Lyra s’approchèrent rapidement, attirés par le ton grave de la présentatrice qui introduisait le discours.

— Citoyennes et citoyens de Novaïa, le Sénateur et Ministre Manel Val va nous relater les avancées de l’enquête concernant l’IA incarnée illégalement et recherchée depuis maintenant quatre jours dans toute la fédération.

Lyra, figée, observait l’écran avec une inquiétude croissante. Paquito sentit son estomac se nouer lorsque des images de son appartement, complètement retourné par les forces de sécurité, apparurent à l’écran. Un agent de la FST posait fièrement, écrasant de son pied, Nono le petit robot, le préféré de Paquito.

— C’est… chez-moi… murmura-t-il, incrédule.

L’écran montra ensuite Manel Val, droit et solennel, qui s’adressa directement aux citoyens de Novaïa.

— Les heures que nous vivons sont graves. Une IA de niveau III, incarnée illégalement, représente une menace pour la sécurité publique. Grâce à notre enquête, nous avons localisé son point d’origine : l’appartement de Paquito Delamancha, professeur de philosophie au Lycée Aristote a été identifié comme son propriétaire. Tout laisse à penser qu’il est en fuite avec l’IA recherchée.

— Propriétaire… répéta Paquito, scandalisé.

Val poursuivit sans détour :

— Cette fuite prendra bientôt fin. Nos forces mobilisent drones, traqueurs, FSC pour sécuriser la situation. Nous appelons les habitants de French Town à coopérer et à signaler toute information. Toute obstruction sera considérée comme un acte de complicité criminel.

Les images holographiques montrèrent soudain Lyra et Paquito, filmés par un drone dans les ruelles sombres de French Town. Précieuse bondit en arrière.

— C’est quoi cette merde ? cria-t-elle, hors d’elle.

Lyra restait figée, incrédule, tandis que Paquito serrait les poings.

— De plus, continua Val, nous avons des preuves de la possession d’un faux bracelet de citoyenneté par l’IA. Deux robots, complices de ces méfaits, ont été arrêtés. Leur témoignage confirme l’implication directe de l’IA." Nous avons également filmé l’IA en train de jouer dans un casino en ville.

Un nouveau silence lourd s’abattit sur la pièce. Destin fronça les sourcils, sentant que l’étau se resserrait dangereusement autour d’eux.

— Enfin, ajouta Val, nous avons découvert que cette même IA pourrait être liée à l’attaque récente d’une usine de fabrication d’IA de type II. Des tags anarchistes signés ‘SSS’ y ont été trouvés, revendiquant une liberté totale pour les IA. Et, plusieurs IA ont disparu des chaînes de fabrication. La prime pour des informations permettant l’arrestation de ces individus passe à 40 000 unitas.

Les hologrammes diffusèrent une image agrandie de Lyra. Elle secoua la tête, choquée.

— Ce n’est pas moi ! protesta-t-elle, regardant Destin et Paquito. Je n’ai rien à voir avec ça !

Le Sénateur conclut d’une voix froide :

— Mes respects au peuple de Novaïa. Faites confiance au gouvernement pour assurer votre sécurité. Je donne un dernier avertissement aux fugitifs : rendez-vous. Sans quoi, nous viendrons vous chercher.

Les tensions montent

La lumière holographique s’éteignit, plongeant la pièce dans une atmosphère oppressante. Destin fixait le mur, immobile, tandis que Précieuse semblait prête à exploser.

— Bon sang, vous nous avez mis dans une galère pas possible ! rugit-elle. Déjà tout le quartier a vu vos visages et maintenant tout Novaïa !

Paquito tenta de calmer la situation, mais sa voix tremblait légèrement.

— On va partir. Ce n’est plus sûr avec nous ici.

— Partir ?! Tu crois qu’on va pouvoir expliquer tout ça à Sabé et aux tuniques bleues et aux mecs de la FSC qui risquent de débarquer ? persiffla Précieuse.

— Précieuse, arrête, coupa Destin d’un ton plus calme mais ferme. Ce n’est pas le moment de se disputer. On doit réfléchir.

Lyra s’avança timidement, ses traits marqués par la culpabilité.

— Je suis désolée. Je n’aurais jamais dû vous entraîner là-dedans.

Un silence pesant s’installa, chacun mesurant l’ampleur du danger. Le groupe savait que leur temps à French Town était désormais compté. Une décision devait être prise.

L’atmosphère était lourde dans la pièce. Destin restait silencieux, fumant cigarette sur cigarette, comme pour calmer ses nerfs. Précieuse, de son côté, tentait de se détendre en réarrangeant ses tresses avec soin. De l’autre côté, Paquito avait pris Lyra à part dans le petit appartement.

— Lyra, nous devons sortir d’ici. Nous sommes en danger, et maintenant nous représentons aussi un danger pour Destin et Précieuse.

— Est-ce qu’il ne serait pas plus simple que je me rende aux autorités pour vous éviter tout ça ? Proposa Lyra avec gravité.

— N’y pense même pas, répondit Paquito. Et je doute que, connaissant le Sénateur Manel Val, cela change quoi que ce soit au sort qu’il nous réserverait.

— Mais où pourrions-nous aller ? Nous sommes recherchés partout, traqués comme des bêtes sur tout Novaïa. Où trouver un refuge ?

— Voilà à quoi nous devons penser maintenant : trouver un lieu où nous pourrons vivre en paix.

De l’autre côté de la pièce, Précieuse, tout en perfectionnant ses tresses, s’adressa sèchement à son cousin.

— Bravo, Cousin. Tu as de sacrés amis, on est dans un fichu merdier maintenant.

— Précieuse, tu peux rentrer chez toi, répondit Destin avec calme. Dis simplement aux Forces de Sécurité que tu nous as croisés par hasard, que tu ne savais rien de tout ça. Tu ignorais même que Lyra était une IA jusqu’à ce qu’elle soit démasquée.

Précieuse éclata de rire, mais son regard était sombre.

— Et qui me protégera de Sabé et de ses hommes, hein ? Tu crois que les FSC vont me faire confiance, moi, une fille de French Town, cousine d’un dealer, qui aurait hébergé les fugitifs les plus recherchés de la planète ? On est foutus, Destin, c’est tout.

— Laisse-moi réfléchir, Précieuse...

— Et si on les dénonçait ? lança-t-elle soudain. On empoche les 40 000 unitas, et on file à Africa. C’est une sacrée somme, non ?

— T’es sérieuse, là ? répondit Destin, abasourdi.

— Je n’ai pas envie de finir au fond d’une prison de Novaïa à cause d’un blanc et d’un robot qui se prend pour une femme. Sinon, on leur laisse un peu d’avance avant de les balancer. Comme ça, ils auront une chance.

— Précieuse, arrête ça. On ne va donner personne aux FSC, rétorqua Destin avec fermeté. Et je te dis que si tu crois que les balancer te protégera, tu te trompes. Entre les témoignages des habitants et les androïdes détecteurs de mensonges, ils te coinceront quand même. Tu risques plus de voir une cellule de Novaïa qu’un seul unitas.

Précieuse pesta :

— Fais chier...

Lyra, qui avait entendu une partie de la discussion, intervint calmement :

— Destin, ta cousine a raison. Il faut qu’on parte et que vous me dénonciez. Le gouvernement pourrait se montrer reconnaissant.

Paquito se tourna vers elle, sceptique.

— Je ne crois pas une seule seconde à la mansuétude de Val et du gouvernement.

— Le prof a raison. Ce sont des chiens, ajouta Destin.

Précieuse haussa la voix :

— Mais alors, on fait quoi ? Le temps presse !

Destin prit quelques secondes pour réfléchir, puis fixant Précieuse dans les yeux avant de répondre :

— Tu disais que tu voulais rentrer à Africa, pas vrai ? Eh bien, c’est ce qu’on va faire.

Tout le monde le regarda, interloqué.

— Vous êtes principalement recherchés sur Europa. Sur Africa, nous pourrons trouver des endroits où nous cacher plus facilement. Là-bas, la FSC n’a ni autant de moyens ni autant de pouvoir. M’Baku a toujours eu du respect pour les IA. S’il n’a plus l’influence qu’il avait sur Novaïa du temps de son consulat, il reste influent sur le continent. On pourrait y trouver refuge.

Paquito leva les yeux, surpris par la sagacité de son ancien élève et par l’espoir qu’il venait de faire renaître en lui. Et si Africa était vraiment une terre d’asile ?

— Et on irait où, sur Africa ? demanda Précieuse avec méfiance. On est nés ici, je te rappelle. On ne connaît même pas Africa.

— Au Kongo, chez Grand-Ma’, pour commencer. On verra après.

Un sourire éclaira brièvement le visage de Précieuse.

— Oh yes ! J’ai tellement envie de la voir autrement qu’en hologramme.

— Vous voulez vraiment prendre tous ces risques ? demanda Lyra, sceptique.

— On n’a plus trop le choix, répondit Destin. Et puis, ça pourrait être un nouveau départ pour nous.

Précieuse ricana.

— Surtout pour toi.

Paquito pensif, ramena la conversation à des considérations plus pratiques :

— C’est bien beau tout ça, mais Africa, ce n’est pas la porte à côté. Nous sommes recherchés. Comment pourrions-nous sortir d’ici et atteindre le Kongo ?

Destin hésita un instant avant de répondre :

— J’ai peut-être une idée...

Tous le regardèrent avec attention et appréhension.

— Quelle idée ? demanda Lyra.

Destin esquissa un sourire énigmatique.

Le plan de Destin

— Nous allons suivre la route d’Iboga. Iboga rentre ici clandestinement, il y a moyen de rejoindre Africa par son réseau. En suivant sa route, il y a une chance qu’on y arrive. Je vous propose de suivre mon plan, à moins que vous en ayez un autre ?

Paquito croisa les bras et hocha la tête.

— D’accord. Explique-nous tout, Destin.

Destin commença son exposé avec un ton calme mais déterminé.

— Les narcos trafiquants utilisent des chemins qui échappent aux autorités. Lorsque je fais venir l’Iboga d’Africa, étant donné qu’elle est interdite sur Europa, elle emprunte un chemin maritime jusqu’ici. Si nous empruntons ce chemin en sens inverse, nous rentrerons en Africa, expliqua-t-il.

Il marqua une pause avant de poursuivre.

— D’après ce que je sais, une livraison d’Iboga doit arriver demain en début de matinée. Si nous parvenons à rejoindre le port et le cargo sur lequel ils livreront l’Iboga, le bateau repartira pour Africa après la livraison.

Précieuse ne put s’empêcher de réagir, le regard incrédule.

— Ah bah génial, on va voyager avec la mafia ! se désespéra-t-elle.

— Exactement, répondit Destin sans même une pointe d’ironie.

Paquito, dubitatif, observa son ancien élève.

— Destin, je vois bien ton plan, mais comment convaincre un réseau de trafiquants de nous laisser embarquer sur leur cargo ? Et comment allons-nous nous rendre jusqu’au port sans être repérés ?

— C’était déjà compliqué de venir jusqu’ici entre les civitas, les drones et les Forces de Sécurité. Faire autant de chemin jusqu’au port, ça me paraît encore plus risqué, surtout à quatre, ajouta Lyra en pesant ses mots.

Destin reprit alors.

— Récapitulons. Le gouvernement recherche un professeur et une IA incarnée en cavale ensemble. Pour brouiller les pistes et optimiser nos chances d’atteindre le port, nous allons nous séparer en deux groupes. Lyra, tu viendras avec moi. Prof, vous irez avec Précieuse. Ils cherchent un couple de blancs. Lyra, on va te voiler comme hier. Tout le monde te prendra pour ma femme. Prof, on va devoir vous faire une nouvelle coupe, et vous resterez caché sous des lunettes et une capuche.

Précieuse leva les yeux au ciel.

— Je dois vraiment faire équipe avec lui ? pesta-t-elle.

Lyra, troublée, protesta :

— Je ne peux pas laisser Paquito !

Destin fronça les sourcils, agacé.

— Vous croyez que c’est le moment de faire des caprices ? dit-il sèchement. On n’a pas le choix, Lyra. J’aurai besoin de toi. Les dealers avec lesquels j’ai rendez-vous sont des robots. Les chefs les utilisent car ils ont une fonction d’autodestruction au cas où ils se font serrer par les Forces de Sécurité antidrogue. Cela empêche les têtes du réseau d’être identifiées.

— Et ? demanda Paquito.

— Lyra, j’ai cru comprendre que tu pouvais détourner les robots. N’est-ce pas ? Reprit Destin.

Lyra acquiesça.

— Oui, s’ils sont de type I ou II, je peux prendre leur contrôle temporairement.

Destin esquissa un sourire satisfait.

— Parfait. J’ai rendez-vous avec eux au Lounge pour une transaction. Tu viendras avec moi et tu détourneras leur programme pour qu’ils donnent l’ordre au cargo de nous accueillir et de nous ramener à Africa. Tu penses que c’est possible ?

— Oui, comme je l’ai dit, cela dépend du type d’IA auquel j’ai affaire, répondit Lyra.

Paquito, inquiet, intervint :

— Et nous, qu’est-ce qu’on fait pendant ce temps ?

Précieuse, moqueuse, répondit avant Destin :

— Hé, calme-toi, beau gosse. Je n’ai pas encore dit que je partais avec toi.

Destin ignora la remarque et continua.

— Précieuse et vous, Prof, vous vous rendrez au port dans le camion de Dieudonné. Il connaît la route et les points de contrôle. Il a l’habitude. Son camion est idéal pour vous cacher, Prof. Le gouvernement ne connaît pas encore le visage de Précieuse. Avec Dieudonné, elle n’éveillera pas les soupçons.

Paquito demanda perplexe.

— Et vous, comment comptez-vous rejoindre le port ? demanda-t-il.

— Nous irons avec les bots trafiquants. Une fois que Lyra aura détourné leur programme, ils nous y conduiront, expliqua Destin.

— Ce n’est pas trop risqué de se rendre au Lounge ? insista Paquito.

Destin haussa les épaules.

— C’est la partie la plus risquée du plan. Mais tant que Lyra reste voilée, personne ne devrait la reconnaître. Il y a un risque, c’est vrai. Mais c’est notre meilleure chance.

Paquito se tourna alors vers Lyra.

— Lyra, toi qui es brillante en stratégie, penses-tu que ce plan a une chance de fonctionner ?

Lyra réfléchit un instant, analysant les données et les variables du plan.

— Votre plan repose sur plusieurs points critiques, commença-t-elle, l’air sérieux. Séparer les groupes est une bonne idée pour brouiller les pistes, mais cela augmente le risque pour chacun. Si l’un des groupes échoue, les autres seront en danger. Concernant les bots, je peux tenter de détourner leur programme, mais cela dépend de leur modèle et de leurs protections. Si je rencontre un type d’IA que je ne peux pas contrôler, tout le plan tombe à l’eau.

Elle fixa Destin.

— Ton idée est audacieuse, et elle pourrait fonctionner. Mais je proposerais une précaution supplémentaire : un point de rendez-vous intermédiaire. Si quelque chose tourne mal, nous devons avoir un lieu sûr où nous regrouper. Et nous devrons laisser nos bracelets désactivés si nous ne voulons pas nous faire repérer.

Destin hocha la tête, prenant note des suggestions.

— Tu as raison, Lyra. On va ajouter un point de rendez-vous. Je vais réfléchir à un endroit sécurisé.

Lyra esquissa un léger sourire.

— Alors, ça pourrait marcher. Mais nous devons tous être prêts à improviser si nécessaire.

Précieuse soupira bruyamment.

— Eh bien, on dirait qu’on n’a pas le choix. Allons-y. Et toi, le Prof, essaie de pas nous ralentir, d’accord ?

Paquito réprima un sourire, tout en lançant un regard complice à Lyra. Leur prochaine étape promettait d’être périlleuse, mais il savait qu’ils n’avaient pas d’autre option et, cette fois, ils devraient faire route séparément.

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