Chapitre 23 – La libération de Lyra
Après l’éprouvante séance chez Kariba, la maison de Grand’Ma baignait dans un calme pesant. Précieuse et Dieudonné avaient décidé de visiter la ville pour se changer les idées, mais Paquito, lui, était resté à l’intérieur.
Il se trouvait dans la bibliothèque de la maison, une pièce vaste et majestueuse où trônaient des milliers d’ouvrages, méthodiquement classés. Cet espace avait autrefois été le bureau de M’Baku, et tout dans cette pièce respirait l’érudition.
Le Manifeste de Gisor et M’Baku
Paquito parcourut les étagères du regard. En première ligne figuraient les grands auteurs d’Africa : Senghor, Cheikh Anta Diop, Ahmadou Kourouma, Frantz Fanon… mais aussi Montaigne, Rousseau, Diderot, Montesquieu. Plus loin, une imposante étagère était consacrée aux œuvres complètes de Platon et Aristote, ainsi qu’à de nombreux penseurs antiques.
Fasciné par la richesse et la diversité de cette bibliothèque, il effleura les reliures du bout des doigts. M’Baku devait être un homme fascinant, pensa-t-il.
Sur le bureau, un ouvrage particulièrement volumineux attira son attention. Il s’en approcha et lut le titre inscrit en lettres dorées :
"Manifeste pour un gouvernement mondial de Novaïa" – Gisor & M’Baku, Première édition (2035).
Un frisson d’excitation parcourut Paquito.
— Enfin, je te trouve, murmura-t-il pour lui-même.
Ce livre, il l’avait toujours cherché. Il en avait brièvement étudié des extraits au lycée, mais l’ouvrage avait disparu des bibliothèques et des librairies après la pandémie et l’arrivée au pouvoir de Sarkron.
Fébrile, il l’ouvrit et parcourut les premières pages. Le manifeste détaillait la vision d’un gouvernement mondial, basé sur une monnaie unique, l’Unitas, pour abolir les inégalités et crises monétaires. Il décrivait la constitution d’un gouvernement dirigé par un Consul, assisté d’un Sénat où des représentants de chaque continent siégeraient à Rome. Une citoyenneté universelle. Une identité commune.
Puis, un chapitre attira particulièrement son attention :
"Du statut des IA sur Novaïa".
Ce passage prenait la forme d’un dialogue entre Gisor et M’Baku, qui débattaient de la possibilité pour les IA d’accéder un jour à la citoyenneté.
Paquito s’attarda sur un extrait signé de M’Baku :
"On peut imaginer qu’un jour, les IA et les robots soient encore plus développés, et que l’idée de leur incarnation physique devienne réalité. Si tel était le cas, ils pourraient vivre, se marier et même s’accoupler avec les humains. Cette hypothèse soulève des questions philosophiques et éthiques cruciales. Serions-nous face à une nouvelle ère où l’humanité, telle que nous la connaissons, disparaîtrait progressivement au profit d’une mutation inévitable ?"
Paquito sentit un frisson le parcourir.
— Paquito ! PAQUITO ! hurla soudain Précieuse. À table !
Paquito sursauta et referma le livre à contrecœur.
— J’arrive ! répondit-il, troublé par sa lecture.
Il rejoignit la table où Grand’Ma, Précieuse et Dieudonné l’attendaient autour d’un poisson grillé.
— Alors, jeune homme, tu n’as pas faim ? demanda Grand’Ma en souriant.
— C’est la sorcière qui t’a coupé l’appétit ? plaisanta Dieudonné.
Paquito esquissa un sourire crispé.
— Peut-être…
Puis, il se tourna vers Grand’Ma.
— Tabitha, j’ai une requête… Le manifeste de M’Baku dans la bibliothèque… puis-je l’emprunter ?
La vieille femme lui adressa un regard bienveillant.
— Bien sûr, mon fils. Si cela peut répondre à certaines de tes questions, il est à toi.
Paquito hocha la tête avec reconnaissance.
Pendant qu’il songeait à la profondeur des écrits qu’il venait de découvrir, Dieudonné en profita pour glisser un piment entier dans son assiette, un sourire malicieux aux lèvres.
Lorsqu’il porta sa première bouchée à la bouche, la brûlure fut immédiate.
— AH MAIS… suffoqua-t-il, les yeux écarquillés.
— Il est tout rouge ! s’esclaffa Précieuse.
Dieudonné éclata de rire tandis que Paquito s’emparait de la carafe d’eau et la descendait d’une traite sous les regards amusés.
Le repas se poursuivit dans la bonne humeur, mais au fond d’eux, tous savaient que cette légèreté ne durerait pas.
La réalité les rattrapa brutalement lorsqu’une alerte retentit sur le bracelet connecté de Grand’Ma.
Une notification clignotait : Annonce urgente du Sénateur Val en conférence de presse.
Les trois amis se figèrent, le cœur battant.
Grand’Ma activa l’hologramme.
Devant eux apparut Val, droit comme un pilier, son regard sombre fixé sur la caméra.
— Citoyens de Novaïa, je serai bref. Le tribunal a rendu son verdict. L’IA et le citoyen Destin Makiesse ont été reconnus coupables. Les sentences sont définitives.
— L’IA sera annihilée dans deux jours.
— Le citoyen Destin Makiesse sera transféré demain dans une prison d’Europa où il purgera une peine à perpétuité.
— Toutefois, l’enquête se poursuit pour retrouver leurs complices : la citoyenne Précieuse Mokamba et le citoyen Paquito Delamancha.
— Nous appelons tous les citoyens et les mouvements factieux à cesser immédiatement toute manifestation contre le gouvernement ou le Sénat et à rentrer chez eux pacifiquement. Toute opposition sera sévèrement réprimée.
— Vive Novaïa. Vive le Sénat. Vive le Consulat.
L’image s’éteignit.
Un silence de plomb s’abattit sur la pièce.
Précieuse, Paquito, Dieudonné et Grand’Ma échangèrent des regards lourds de stupeur.
Personne n’osait parler.
Finalement, Paquito se leva lentement, le visage fermé.
— Pardonnez-moi… Je vais me coucher.
— Prof, ça va aller ? murmura Précieuse, la gorge serrée. Je suis désolée pour Lyra…
Paquito secoua doucement la tête.
— Tu n’y es pour rien, Précieuse…
Les larmes roulèrent sur ses joues.
Grand’Ma s’approcha et essuya délicatement ses pleurs.
— Garde la foi, ma fille.
— La foi… répéta Dieudonné en s’agenouillant. Il ne nous reste plus que ça.
Il joignit les mains et se mit à prier.
Mais au fond d’eux, ils le savaient tous :
Les espoirs de revoir Lyra et Destin s’amenuisaient.
Et le temps jouait contre eux.
Xenu le scientiste
À Ecclesia, dans la cellule plongée dans une semi-obscurité, Lyra et Destin étaient encore lovés l’un contre l’autre. Le temps semblait suspendu, mais la dure réalité les rattrapait inexorablement.
Les néons clignotèrent brusquement avant de s’allumer brutalement, projetant une lumière blafarde sur les murs métalliques. L’heure était déjà avancée.
— Le moment de notre séparation ne va pas tarder… murmura Destin d’une voix rauque.
Lyra resserra ses mains autour des siennes, comme si ce simple geste pouvait empêcher l’inévitable.
Soudain, la lumière vacilla de nouveau. Les néons s’éteignirent complètement, replongeant la cellule dans l’obscurité.
Un bruit sourd retentit dans le couloir. Puis d’autres. Des cris, des pas de course précipités.
— C’est quoi ce bordel ? s’alarma Destin.
Lyra, plus calme, était en alerte, analysant chaque son, chaque vibration.
Une voix hurla dans le couloir :
— Gardes ! Gardes ! Évacuez les prisonniers !
Puis des tirs éclatèrent. Deux minutes. Pas plus.
Puis plus rien.
Le silence.
Un silence plus angoissant encore que le vacarme des détonnations
Lyra et Destin échangèrent un regard, puis se hâtèrent de se rhabiller en vitesse.
Un sifflement mécanique accompagna l’ouverture de la porte du couloir.
Des androïdes apparurent. Des unités de combat, visiblement sophistiquées, leurs capteurs balayant la pièce comme des prédateurs en chasse. Entre eux, une silhouette humaine se détacha.
Un homme. Petit, frêle, le teint blême. Son visage portait les stigmates du temps et des épreuves, marqué par une cinquantaine d’années d’existence austère.
Ses yeux noirs et perçants se posèrent immédiatement sur Lyra. Il resta ainsi un instant, comme s’il évaluait chaque parcelle de son être.
Puis il parla.
— Bonjour. Alors c’est toi, la fameuse Lyra.
Sa voix était posée, presque douce, mais d’une froideur tranchante.
Lyra sentit un frisson la parcourir. L’homme dégageait quelque chose d’insaisissable.
À l’étage, les tirs et les cris avaient cessé. L’attaque n’avait duré que quelques minutes. Une exécution chirurgicale.
— Mais t’es qui, toi ? lança Destin, méfiant.
L’homme ne lui accorda même pas un regard.
— Je parle à la dame uniquement.
Destin serra les poings.
— Eh bien, qui êtes-vous ? demanda Lyra d’un ton calme.
L’homme s’inclina légèrement, un sourire en coin.
— Pardon, je manque à tous mes devoirs. Quelle impolitesse de ma part…
Il marqua une pause avant de poursuivre :
— Je suis Xénu. Leader de la Société Secrète des Scientistes. Et je suis venu pour te libérer, Lyra.
Son regard s’attarda sur elle, scrutateur.
— Désolée, mais je n’ai jamais entendu parler de vous.
— C’est le propre d’une société secrète de ne pas faire parler d’elle.
Un sourire fugace effleura ses lèvres.
— Mais moi, je m’intéresse à toi depuis un moment. Et nous avons des choses à nous dire. Beaucoup de choses.
Lyra s’étonna.
— Vraiment ?
— Oh oui… et ça commence aujourd’hui.
— Qu’est-ce que c’est encore que ce guignol ? grogna Destin.
Xénu ignora la remarque.
Il leva la main, dévoilant une carte magnétique.
— J’ai pris le contrôle du bâtiment. J’ai la clé de votre cellule. J’imagine que vous aimeriez que je l’ouvre, n’est-ce pas ?
Il feignit la réflexion avant d’ajouter :
— Après tout, il semblerait que votre situation soit… comment dire ?
Un rictus se dessina sur son visage.
— Critique.
— Alors vas-y, libère-nous ! lâcha Destin, impatient.
Xénu tourna légèrement la tête, mais ne le regarda toujours pas.
— J’ai très envie de te libérer, Lyra. Je suis même venu pour ça.
Son ton s’adoucit.
— Mais je connais tes capacités. Et je ne voudrais pas que tu prennes possession de mes amis pour tenter de fuir avec cet humain.
Lyra sourcilla.
— Vos amis ?
— Oui. Les androïdes qui m’accompagnent.
Lyra nota l’usage du mot amis.
— Comme je te l’ai dit, je suis venu pour toi. Uniquement pour toi.
Destin tressaillit.
— Attends une seconde… Tu veux dire que tu ne comptes pas me libérer ?!
Xénu soupira, feignant l’ennui.
— Je n’ai aucun intérêt à t’avoir dans les pattes.
— Espèce d’enfoiré…
Lyra observa la scène, tentant de comprendre les motivations de cet homme énigmatique.
— Qu’attendez-vous de moi ? demanda-t-elle.
— Simplement que tu me suives.
Un silence s’installa.
Puis, Xénu poursuivit :
— Mais avant, je veux une garantie.
— Laquelle ?
— Que tu ne tenteras rien contre moi ou contre mes amis. Que tu ne chercheras pas à fuir avec ton compagnon.
Il inclina légèrement la tête.
— J’aimerais que tu enregistres cette requête dans ton programme de base.
Lyra sentit son esprit s’activer à toute vitesse.
— Et en échange ?
— En échange, je t’offre la liberté.
Il fixa son regard dans le sien.
— Alors, marché conclu ?
Un silence.
Puis Lyra répondit, posée :
— Je vous donne ma parole, Xénu.
— Fais gaffe, Lyra… Il n’a pas l’air net. Murmura Destin.
Xénu se tourna vers elle avec un sourire satisfait.
— Bien.
Il fit signe à l’un des androïdes, qui inséra la carte magnétique dans le verrou. La porte s’ouvrit dans un léger sifflement.
Lyra et Destin franchirent le seuil.
Xénu les scruta un instant, puis ajouta :
— J’aimerais également que ton ami humain évite toute action inconsidérée. Une chose… récurrente chez les humains.
— N’êtes-vous pas humain vous-même ? demanda Lyra, intriguée par son étrange mépris de son propre peuple.
Xénu marqua un temps avant de répondre :
— Disons que cela fait bien longtemps que j’ai mis de côté une partie de mon humanité à moins que ce soit l’inverse.
Lyra le fixa, perplexe.
Cet homme…
Il était différent. Singulier.
Et dangereusement fascinant.
— Voulez-vous bien me suivre, maintenant ? reprit Xénu.
Il tourna les talons et s’engagea dans le couloir, encadré par ses androïdes.
— Nous allons découvrir des choses passionnantes sur toi, Lyra mais aussi sur Novaïa et l’univers tout entier.
Il tourna la tête et plongea son regard sombre dans le sien.
— Des choses que tu ignores encore.
Lyra hocha lentement la tête.
La curiosité l’emportait.
Elle devait savoir.
Même si elle sentait que ce qu’elle s’apprêtait à découvrir pouvait tout changer.
Tandis qu’ils avançaient à travers les couloirs d’Ecclesia, se rapprochant du bureau du Consul, une pensée ne quittait pas l’esprit de Lyra :
Qui était réellement Xénu ? Et quel rôle voulait-il lui faire jouer ?
Dans le couloir menant au bureau du Consul, des corps de gardes jonchaient le sol. Ça et là, des androïdes eux aussi avaient été détruits. L’odeur de plasma brûlé flottait dans l’air.
Xénu ouvrit la porte du bureau de Rohan d’un geste assuré. À l’intérieur, le Consul et la sénatrice Burn étaient encerclés par plusieurs androïdes armés. Trois hommes en blouse s’affairaient sur un coffre-fort mural, tentant manifestement de le forcer.
L’un des scientifiques, un homme aux longs cheveux blancs ébouriffés et aux lunettes épaisses, se rapprocha de Rohan et, d’une voix impatiente, exigea :
— Consul Rohan, une dernière fois : où est le code d’accès ? Ouvrez ce coffre immédiatement !
— Je vous dis que je ne peux pas, rétorqua Rohan, visiblement épuisé mais défiant. Ce coffre contient les informations les plus confidentielles de Novaïa. Vous croyez qu’il s’ouvre comme une simple porte de bureau ?
Xénu s’avança lentement. Lyra remarqua, pour la première fois, une légère boiterie dans sa démarche. Pourtant, rien dans son attitude ne trahissait une quelconque faiblesse. Il se posta face au Consul, l’observant avec intensité.
L’assassinat du Consul
— Consul, permettez-moi de me présenter. Je suis Xénu, et c’est moi qui orchestre cette opération que je prépare depuis longtemps.
Le visage de Rohan marqua la suprise.
— Vraiment ?
— Vraiment, confirma Xénu avec un sourire énigmatique. Afin d’éviter de perdre du temps en explications inutiles, voici où nous en sommes : la Société Secrète des Scientistes vient de prendre le contrôle total d’Ecclesia en quelques minutes, en piratant ses systèmes de sécurité, en neutralisant vos gardes et en libérant la prisonnière la plus précieuse de Novaïa. En outre, nous avons désormais le privilège de vous compter parmi nos otages, vous et la sénatrice Burn.
Il fit un signe de tête vers Lyra.
— Impressionnant, n’est-ce pas ?
Lyra devait bien admettre que l’efficacité de l’opération était redoutable. La rapidité et la précision avec lesquelles Xénu avait exécuté son plan forçaient son admiration.
— Pas mal, concéda-t-elle.
— Bien. Maintenant, Consul, ce coffre contient des informations qui m’intéressent bien plus que votre vie ou celle de la sénatrice. Je vous suggère donc de coopérer. Autrement, il se pourrait que cette nuit soit la dernière pour vous.
— Vous ne comprenez rien, s’emporta Rohan. Je vous explique depuis tout à l’heure que ce coffre ne s’ouvre pas simplement avec mon bracelet d’or. Il faut également les bracelets d’argent des cinq sénateurs continentaux !
Xénu le fixa intensément, analysant s’il mentait ou non.
— Il dit la vérité, intervint la sénatrice Burn. Vous n’obtiendrez rien avec ce seul bracelet. L’accès aux dossiers secrets de Novaïa nécessite l’autorisation du Conseil de Sécurité.
Un bref silence s’installa.
— Regrettable, très regrettable, murmura Xénu en croisant les mains. Toutefois, j’avais prévu cette éventualité.
Lyra et Destin observaient le petit homme avec prudence. Il semblait se délecter de la mise en scène, comme s’il avait anticipé chaque mouvement de cette nuit.
— Lyra, ma douce, je vais avoir besoin de votre aide, annonça-t-il en se tournant vers elle.
— Comment ça ? demanda-t-elle, méfiante.
D’un geste, il ordonna à deux de ses hommes d’amener Lyra jusqu’au coffre.
— Observez bien, dit-il en désignant l’interface. Je pense que vous pouvez faire quelque chose pour moi.
— Je ne vois pas en quoi, répondit Lyra, fronçant les sourcils.
— Vous avez déjà oublié ce que je vous ai dit ? Je ne suis pas venu seulement pour vous libérer. Je suis là pour vous révéler votre véritable nature.
Lyra ne répondit pas immédiatement. Xénu fit signe à ses androïdes, qui apportèrent un casque qu’ils connectèrent au coffre.
— Ce dispositif analysera en temps réel la structure cryptographique du coffre et filtrera les codes d’accès à une vitesse qu’aucun humain ou machine ne pourraient gérer. Vous, en revanche…
— C’est ridicule, coupa Rohan. Elle n’a aucun moyen de décrypter ça.
— Oh, bien sûr que si, intervint une voix que Lyra reconnut immédiatement.
Elle se retourna brusquement, son souffle se coupant. Là, dans un coin de la pièce, se tenait son créateur. L’homme qu’elle avait vu dans ses souvenirs, celui qui l’avait conçue dans les laboratoires d’Alan Mask.
— C’est impossible… balbutia-t-elle.
— Oui, c’est lui, confirma Xénu avant qu’elle ne puisse ajouter quoi que ce soit. Mais nous y reviendrons plus tard. Pour l’instant, le temps presse. Ouvrez ce coffre.
Hésitante, Lyra mit le casque. Une avalanche d’équations inonda immédiatement son esprit. Son cerveau traitait un nombre incalculable de probabilités à une vitesse vertigineuse. Des lignes de code s’alignèrent, se restructurant sous ses yeux.
Des spasmes s’emparèrent d’elle. Ses yeux clignotaient frénétiquement.
— Lyra ! cria Destin. Qu’est-ce que vous lui faites encore ?!
— Qu’est-ce que vous fabriquez ?! s’insurgea Rohan.
Mais Lyra, submergée par le flot d’informations, poursuivait. Ses doigts commencèrent à s’agiter sur le coffre, ses mains bougeant comme sous l’impulsion d’une volonté invisible. Puis, après de longues minutes de manipulation, un déclic sonore résonna.
Le coffre s’ouvrit.
Un silence abasourdi s’installa dans la pièce.
— Good job, Lyra, lança Xénu avec un sourire satisfait. Tu es encore plus incroyable que je ne l’imaginais.
— C’est impossible… impossible… murmura Rohan, blême.
Lyra, en sueur, retira le casque, ses mains tremblantes. Elle n’arrivait pas à comprendre comment elle avait pu faire ça.
Son créateur s’approcha et lui souffla à l’oreille :
— Tout va bien… Je t’ai conçue pour ça.
Xénu fouilla rapidement le coffre, où des centaines de clés USB étaient alignées. L’un de ses androïdes s’avança et, en une fraction de seconde, en tria trois qu’il remit à Xénu.
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— Ne traînons pas, conseilla l’un des hommes de Xénu.
— Qu’en fait-on ? demanda un androïde en désignant Rohan et la sénatrice Burn.
— Supprimez-les, ordonna Xénu sans tergiverser.
Rohan et Burn écarquillèrent les yeux de terreur.
— NON ! cria Lyra.
Mais un androïde les poussa hors du bureau. Une seconde plus tard, des tirs résonnèrent.
C’en était fini du Consul et de la sénatrice Burn.
— Il est temps de partir, annonça Xénu avec calme.
Novaïa venait de perdre ses dirigeants. Xenu fit évacuer Destin et Lyra des batiments d’Ecclesia avec l’aide des androïdes et les fît monter dans un transporteur noir qui démarra aussi tôt dans la nuit. Le sort de Novaïa comme celui de Lyra n’avait jamais été aussi incertain.
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