Chapitre 31 : Actions communes
Pendant les dix jours qui suivirent, sous la douceur naissante du mois de mars, la Commune de French’Town s’organisa et prit forme. Le centre de santé, dirigé par Précieuse, accueillait gratuitement les malades du quartier. Installé dans un bâtiment désaffecté, il comptait désormais des centaines de lits, gérés par une dizaine de médecins et d’anciens soignants ayant spontanément répondu à l’appel de la jeune femme. Des droïdes médicaux complétaient le personnel, assurant une efficacité optimale.
La Commune en oeuvres
L’hôpital de French’Town, comme l’appelaient les habitants, devint rapidement un symbole de la nouvelle liberté du quartier. Longtemps privés de soins en raison de la fermeture des services médicaux ou du coût prohibitif des consultations, les citoyens venaient en nombre. Précieuse passait plus de quinze heures par jour à coordonner les équipes, superviser les soins et accueillir les patients. Elle se découvrait des talents d’administratrice insoupçonnés et prenait conscience, pour la première fois, de l’importance de son rôle dans cette révolution naissante.
Un jour, un homme se précipita dans l’établissement, soutenant sa femme qui haletait, le visage crispé par la douleur.
— Ma femme va accoucher ! Elle n’a pas l’air bien !
— On s’en occupe, répondit Précieuse avec assurance.
Elle envoya deux infirmières conduire la future mère en salle de naissance. Le bébé se présentait mal, et l’accouchement s’annonçait difficile. Précieuse resta aux côtés de la femme, lui tenant la main et l’encourageant d’une voix douce pendant que le médecin s’affairait.
— Tout va bien se passer, souffla-t-elle.
Lorsque l’enfant vint au monde, Précieuse le saisit délicatement avant de le remettre à sa mère. À cet instant précis, elle comprit à quel point ce métier était fabuleux, et combien elle était fière d’avoir suivi cette voie.
À quelques centaines de mètres de là, l’école Averroès, que Paquito venait de fonder, ne désemplissait pas. Chaque matin, des dizaines d’enfants y apprenaient à lire, écrire et compter, encadrés par des enseignants du quartier et assistés par des androïdes et des IA éducatives.
Mais l’enseignement ne s’arrêtait pas aux enfants. L’après-midi, des cours pour adultes étaient proposés. Paquito fut surpris par l’affluence : des hommes et des femmes venaient apprendre les langues, les sciences, ou tout simplement, pour certains, découvrir la lecture. Une bibliothèque numérique avait été installée et était continuellement fréquentée.
Chaque soir, Paquito donnait des cours de philosophie aux habitants et leur enseignait les principes de la République sociale de la Commune de French’Town. Les androïdes et les IA, avides de connaissance, lui rappelaient la curiosité insatiable de Lyra lorsqu’elle était encore sous sa forme immatérielle.
— Notre République sera-t-elle plutôt platonicienne ou aristotélicienne ? demanda un jour un androïde.
— Elle sera universelle, mes amis, elle empruntera à chacun et donnera à tous, répondit Paquito.
Souvent, les débats débordaient de l’école et envahissaient les rues. French’Town devenait alors une immense agora où chacun pouvait s’exprimer, partager ses idées et esquisser les contours de la République naissante.
— Les IA seront-elles considérées comme des citoyens ou resteront-elles assujetties aux humains ? interrogea un autre androïde.
Un habitant lui répondit sans hésiter :
— Vous êtes des nôtres aujourd’hui, vous le serez demain !
Tandis que l’on débattait des principes de justice et de liberté, Mercos organisait la défense du quartier. Il nomma Chaka capitaine des résistants.
— J’ai besoin d’un combattant redoutable pour diriger nos troupes, lui dit-il.
— Je sais me battre, mais je ne suis pas un stratège, répondit Chaka.
— Chaka, si Lyra a pu te vaincre, ce n’est pas parce qu’elle était plus forte que toi, mais parce qu’elle a réfléchi et agi en conséquence. Si tu veux devenir un grand guerrier, tu dois être à la fois David et Goliath.
Chaka hésita.
— Je ne suis pas assez intelligent pour ça…
— Alors je t’enseignerai la stratégie militaire, et toi, tu m’enseigneras vos techniques de guérilla urbaine, qui m’impressionnent.
Chaka, touché, redressa la tête tel un homme touché par les plus grands des honneurs.
— Tu crois vraiment que je peux commander ?
— La bataille qui nous attend sera terrible. Pour inspirer nos combattants, il faut quelqu’un de fort et de courageux. C’est toi, Chaka.
— À vos ordres, Sous-Commandant ! répondit-il, fier.
Mercos organisa minutieusement la défense de la ville. Il transforma les caves en refuges anti-drones, sécurisa les tunnels pour assurer l’approvisionnement en vivres et dispersa des caches d’armes à travers le quartier. Avec l’aide des habitants et des droïdes les plus ingénieux, il mit au point un système de défense anti-aérienne rudimentaire mais prometteur.
Un jour, alors qu’il formait des Tuniques Bleues aux tactiques militaires, Keny Sabé passa près de lui et lâcha avec mépris :
— Alors, bande de traîtres, vous en êtes là ? À obéir aux Blancs ?
Mercos le fixa d’un air défiant.
— Celui qui a le courage de changer sera toujours un traître aux yeux de ceux qui refusent d’évoluer.
Sabé cracha au sol et s’éloigna en éructant :
— J’espère que vous crèverez tous…
Communication et Résistance
De son côté, M’Baku travaillait avec le jeune Chen à décrypter les messages de Sorales. Grâce à des fréquences secrètes, ils interceptaient des communications gouvernementales et envoyaient des messages de soutien aux autres communes insurgées. Mais l’optimisme était fragile.
— Ici M’Baku, chef de la Commune de French’Town. Vous me recevez ?
Une voix féminine et résignée lui répondit.
— Ici la Sénatrice Nella Mattei, de Massilia. Nous avons suivi votre appel et proclamé la Commune. Mais nous tomberons bientôt. Les divisions Civitas de Sorales sont sans pitié. Trop peu de communes ont suivi le mouvement, et la plupart de nos camarades Universalistes ont été arrêtés dès la dissolution du Sénat, nous manquons de leaders.
Un bruit d’explosion se fit entendre.
— Je dois vous laisser. Ils arrivent.
— Force et courage à vous, Sénatrice.
M’Baku coupa la communication, le visage sombre.
Tout le quartier était en ébulition. French’Town savait que l’assaut était proche. Mais, paradoxalement, la ville n’avait jamais semblé aussi vivante. On chantait dans les rues, on accueillait avec ferveur ceux qui étaient parvenus à rejoindre la Commune avant le siège. Chaque soir, les habitants se rassemblaient pour écouter M’Baku parler de l’avenir et de la République Novaïenne.
La Commune allait peut-être périr, mais elle n’avait jamais été aussi vibrante.
A quelques centaines de mètres de French’Town, le siège s’était désormais entièrement mis en place. Sorales supervisait personnellement l’organisation des troupes. L’armée d’America, initialement prévue en renfort, avait dû être déployée en urgence sur le front de l’Est pour contenir l’offensive des forces d’Asia. Mais une seconde vague de renforts commençait déjà à arriver, et Sorales savourait ce qu’il considérait comme une inévitable victoire.
Les divisions Civitas, envoyées réprimer les autres foyers de rébellion qui avaient répondu à l’appel d’M’Baku, étaient revenues. Désormais, chaque faction était en ordre de bataille. Sorales ne voyait plus qu’une chose à faire : préparer l’assaut qui écraserait une bonne fois pour toutes, les communards de French’Town comme des mouches.
Mais avant cela, il lui restait un dernier acte stratégique à jouer. Une dernière carte, son jocker.
Il se rendit à la prison de haute sécurité installée en périphérie du quartier et fit extraire Destin de sa cellule sous bonne escorte.
— Bonjour, Destin, lança Sorales d’un ton sarcastique. Que dirais-tu d’une petite balade à French’Town ?
Destin le dévisagea avec suspicion.
— French’Town ?
— Oui, ton cher quartier de racailles. J’ai pensé que tu aimerais assister au spectacle. Je vais m’assurer personnellement que chaque chien de ce taudis périsse sous mes bombes.
— Espèce de taré. Qu’est-ce qu’ils t’ont fait, au juste ?
— Oh, trois fois rien… Ils ont simplement eu l’audace de se déclarer libres, de prendre M’Baku pour chef et de mettre Novaïa à feu et à sang. Alors crois-moi, aucun d’eux ne sortira vivant.
Il ordonna qu’on le fasse monter à bord d’un véhicule blindé, direction le camp de siège.
En traversant Lutèce, Destin découvrit une ville métamorphosée. Des robots étaient parqués dans des enclos de fortune, attendant d’être envoyés vers les centres de destruction. Les rues étaient désertes sous l’effet du couvre-feu, et les rares passants marchaient d’un pas pressé, tête baissée, comme s’ils craignaient d’être arrêtés à chaque instant. Lutèce n’avait jamais paru aussi glaciale, aussi étrangère.
Sur le trajet, il vit un groupe de soldats ricaner en poussant brutalement des droïdes vers des camions de déportation. Plus loin, il aperçut des traqueurs patrouillant librement dans les rues. Il ne put s’empêcher de poser la question à Sorales :
— Et eux, tu ne les enfermes pas ? Ce sont les plus dangereux pourtant.
Sorales répondit froidement.
— Je ne détruis que ce qui ne m’est pas utile. Eux, en revanche, vont m’être très utiles pour mater la rebellion.
Destin comprit alors pourquoi Sorales l’avait fait sortir. Il n’était pas là par simple cruauté, mais parce qu’il représentait une pièce essentielle dans son jeu.
Arrivé au campement de siège, il fut mené face à Val, qui plissa les yeux en le voyant.
— Qu’est-ce qu’il fout là, celui-là ? demanda-t-il à Sorales.
— Il pourrait servir de monnaie d’échange.
— Je croyais que nous allions écraser French’Town en une journée…
— C’est toujours le plan, mais au cas où, il est bon d’avoir une prise.
Val opina du chef, puis appuya sur une console mobile. Un hologramme projeté au-dessus du quartier livra un message menaçant, un ultimatum :
« Habitants de French’Town, un assaut sera donné demain contre votre quartier, entré en mutinerie contre le gouvernement mondial de Novaïa. Nos forces sont supérieures et vous serez écrasés. Vous avez jusqu’à minuit pour vous rendre. Après cette heure, vous serez considérés comme des rebelles et éliminés. »
Dans le quartier, l’effet fut immédiat. Certains hésitèrent, tiraillés entre la peur et leur loyauté. D’autres hurlèrent :
— Vive la Commune ! À bas Sarkron !
Peu de gens quittèrent French’Town, mais parmi eux, on remarqua une silhouette imposante bien connue du quartier : Keny Sabé.
Pendant ce temps, dans le quartier général de Xénu, Lyra assistait aux événements depuis la salle de commandement. Xénu, observant les écrans, exulta :
— Enfin ! Dix jours qu’on attend ! Il était temps que tout commence.
Il s’assit et fronça les sourcils.
— Au fait… quelqu’un a-t-il vu Stefen Job ? Pourquoi ne l’ai-je pas croisé depuis une semaine ?
Son regard se tourna vers Lyra.
— Sais-tu où il est ?
Lyra haussa les épaules et secoua la tête, cachant soigneusement son trouble.
— Quelqu’un sait-il où est passé Stefen ? insista Xénu.
Mais personne ne répondit.
Robby, l’androïde assistant de Xénu, exprima ce que tous redoutaient :
— S’il nous a trahis et qu’il révèle l’emplacement de notre base dans les catacombes…
— Impossible, rétorqua Xénu. Mais par précaution, activez tous nos espions droïdes. Je veux savoir où il est. Quoi qu’il en soit, notre victoire est inéluctable. N’est-ce pas, Lyra ?
Il plongea ses yeux dans les siens, cherchant une approbation.
Lyra acquiesça d’un léger mouvement de tête, jouant son rôle à la perfection.
À French’Town, la clameur était retombée après l’annonce de l’attaque imminente. L’école Averroès, habituellement animée par les discussions philosophiques, se vida rapidement.
Paquito regarda ses élèves.
— Le cours est terminé. Rentrez chez vous, profitez de votre famille et des derniers instants de paix.
Les étudiants rassemblèrent leurs affaires. L’un d’eux, un jeune homme blond, assidu, demanda timidement :
— Il y aura cours demain, Prof ?
Paquito hésita, puis murmura pensivement :
— Nous vous le ferons savoir.
Alors qu’il allait quitter la salle, il remarqua un élève qu’il n’avait jamais remarqué, restait assis, figé.
— Eh bien ? demanda-t-il. Le cours est fini, tu ne rentres pas chez toi ?
L’homme releva les yeux.
— Il faut que je vous parle. C’est vital.
— Ce n’est pas le meilleur moment…
— Je vous cherche depuis des jours. Ça concerne Lyra.
Paquito sentit son cœur battre plus vite.
— Que dis-tu ?
— Je suis son concepteur. Je m’appelle Stefen Job.
Le professeur s’immobilisa, fixant son interlocuteur avec une curiosité nouvelle.
— Parle.
— D’abord, j’ai voulu l’emmener avec moi… mais elle a refusé. J’ai eu du mal à rejoindre French’Town à cause du siège. Je suis arrivé depuis deux jours et je vous cherchais. Elle m’a demandé de vous dire qu’elle veille sur vous, même depuis là-bas. Mais elle est en danger. Xénu la manipule pour ses projets de conquête. Si jamais il découvre qu’elle est enceinte, ses plans pourraient devenir encore plus sombres. Vous devez m’aider à la récupérer.
Paquito s’effondra sur une chaise, sous le choc.
— Lyra… enceinte… ?
Les mots lui paraissaient irréels.
Puis, rassemblant son esprit, il releva la tête.
— Où est-elle ?
— Dans une base secrète à Lutèce, dans les catacombes. Je peux vous y conduire.
Paquito réfléchit un instant, puis se leva d’un bond.
— Suivez-moi. Nous allons prévenir M’Baku.
Partie de Beijing, l'armée d’Asia avançait à un rythme effréné. Dieudonné roulait avec son camion blindé au cœur du convoi, escorté par les troupes du commandant Messoud et sous la direction stricte de la générale Yuenü. La traversée des steppes enneigées fut éprouvante, le froid mordant rongeant les visages et engourdissant les corps, mais personne n’osait ralentir sous le regard impérieux de Yuenü.
— Plus vite ! French’Town n’a pas votre temps, et l’histoire de Novaïa encore moins ! criait-elle à ceux qui peinaient à suivre.
Dieudonné l’éclaireur
Grâce à cette discipline de fer, l’armée se rapprocha en seulement cinq jours des abords de Lutèce. Mais à l’approche des Ardennes du Nord, une salve de tirs plasma éclata, déchirant le ciel. Les troupes furent stoppées net. L’armée gouvernementale, sous les ordres du général Navarrin, avait pris position sur les hauteurs et pilonnait l’avancée des forces asiatiques. Privée de couverture aérienne après la destruction de ses drones, l’armée d’Asia se retrouva paralysée.
Dans la tente de commandement, Messoud achevait sa prière, impassible malgré l’impatience de Yuenü, qui faisait les cent pas.
— J’espère que tu as prié pour qu’on sorte de ce bourbier, lança-t-elle.
Messoud esquissa un sourire chargé de quiétude.
— J’ai prié pour remercier Allah de la grâce qu’Il nous fait, pour la paix sur Novaïa, pour nos frères tombés ces derniers jours, et pour ceux qui luttent à French’Town. Et, bien sûr, pour qu’Il nous guide.
— J’admire ta foi, Messoud, mais elle ne nous sort pas de cette impasse. Si j’envoie toutes nos forces à l’assaut, avons-nous une chance de passer ?
— Un assaut frontal serait un massacre. Nos drones sont hors service, et ils tiennent une position stratégique avec un armement supérieur.
Yuenü serra les poings. Elle le savait, mais chaque instant perdu jouait contre eux.
— Que proposes-tu alors ?
Messoud inclina légèrement la tête.
— As-tu joué cette bataille avec tous tes atouts ?
— Explique-toi.
— Pourquoi as-tu emmené un homme qui n’avait jamais combattu avec toi ?
— Tu parles de Dieudonné ? C’est mon éclaireur.
Messoud acquiesça. Il savait que ce laron pouvait être providentiel.
— Et il a fait ce que tu attendais de lui, n’est-ce pas ? Mais l’ennemi s’y attendait aussi. Navarrin savait que nous devions prendre la route la plus rapide vers French’Town et a placé ses troupes en conséquence. Peut-être que ton éclaireur, qui était un contrebandier avant d’être un soldat, connaît un chemin que l’ennemi ne surveille pas.
Un éclair traversa le regard de Yuenü.
— Messoud, tu es un génie !
Elle quitta précipitamment la tente et se dirigea vers le camion blindé où Dieudonné s’était assoupi. Elle ouvrit brusquement la portière passager. Dieudonné chuta dans la neige, se relevant en frissonnant.
— Wouah, c’est froid ! râla-t-il avant de croiser le regard inflexible de Yuenü.
— Debout, soldat !
— Quoi encore ? J’ai fait quoi cette fois ?
— J’ai besoin de toi.
— Ah, ne commencez pas à me draguer, Générale.
Yuenü dégaina son sabre et le plaça sous sa gorge.
— Sois sérieux deux minutes. Si tu veux revoir tes amis, trouve-moi un moyen de contourner ces montagnes.
Dieudonné se frotta le menton, réfléchissant intensément.
— Les chemins de la vie sont parfois sinueux, mais j’en ai peut-être un en tête.
— Tu deviens philosophe maintenant ?
— À force de traîner avec le prof, ça m’contamine… Suivez-moi.
Il leur montra une route oubliée, qu’il empruntait autrefois pour transporter de la drogue en évitant les patrouilles douanières et les FSC. Ce passage n’existait sur aucune carte et menait directement à l’arrière du campement de Navarrin.
Yuenü hésita un instant. Puis elle appela son second.
— Rassemblez cent des meilleurs soldats. Nous allons tenter une percée.
Messoud écouta son plan et l’approuva.
— Si tu réussis, je mènerai l’assaut dès que tu donneras le signal. Si tu échoues, nous ferons retraite.
— Alors prie pour moi, Messoud.
Sous le couvert de la nuit, Yuenü et ses hommes suivirent Dieudonné à travers des sentiers escarpés. Ils atteignirent l’arrière du camp ennemi sans être détectés. Les canons plasma et les drones, garés en attente, représentaient leur cible prioritaire.
— Allez-y, murmura Yuenü.
Les soldats se dispersèrent dans l’obscurité, éliminant silencieusement les sentinelles. Mais un droïde repéra leur avancée. Une alerte fut donnée et un garde tira sur un des leurs, qui s’effondra aux pieds de Dieudonné.
— Merde !
Sans attendre, Dieudonné arracha une grenade et la lança en direction du dépôt de munitions. L’explosion fit trembler le sol.
— Détruisez les canons ! hurla-t-il.
À l’aide de grenades démagnétiseurs, les soldats mirent hors service les canons plasma et les drones. Pris au dépourvu, Navarrin se réveilla en sursaut et hurla :
— Tuez-moi ces niakoués !
Mais l’arrière-garde de l’armée gouvernementale, désorganisée, fut surprise par l’attaque éclair. Yuenü ordonna la retraite reprenant le chemin de Dieudonné en sens inverse pour rejoindre le gros des troupes.
— Messoud, c’est à toi ! cria, Yuenü dans son transmetteur tandis qu’elle et ses hommes étaient poursuivis dans les sentiers.
Messoud lança aussitôt l’assaut frontal. Privée de son artillerie et en sous-effectif, l’armée de Navarrin ne put tenir. Après une lutte sanglante, elle sonna la retraite.
Le lendemain, sous le regard solennel de ses soldats, Yuenü se tint devant Dieudonné.
— À genoux.
Il obéit, inquiet.
— Je te nomme capitaine des éclaireurs.
Dieudonné se redressa avec fierté.
— Merci, ma Générale. C’est un honneur.
Yuenü monta à cheval et brandit son sabre.
— En avant pour French’Town !
L’armée reprit sa marche. La route était dégagée, mais le temps pressait et les pertes avaient été lourdes.
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