Chapitre 32 – L’ordre de Lyra

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Dans l’appartement de Destin, où se tenaient chaque soir les comptes rendus de la Commune auprès de M’Baku, l’ambiance était électrique. L’annonce de Val sur l’attaque imminente de Sorales avait brutalement mis fin à l’ivresse de ces dix derniers jours. Jusqu’ici, bien que personne ne se leurre sur l’issue inévitable du conflit, l’effervescence de la construction de la Commune - l’école, le centre de santé, l’organisation politique et militaire - avait éclipsé, dans bien des esprits, l’ombre menaçante de Sorales. Mais cette fois, il n’y avait plus de doute : demain, le sang coulerait.

Veillée d’armes

M’Baku fit le tour de ses lieutenants, cherchant à s’assurer que tout était prêt. Son regard se posa d’abord sur Mercos et Chaka.

— Est-ce qu’on tiendra ? Et combien de temps ? demanda-t-il.

Mercos prit une bouffée de son cigare avant de répondre.

— Chaque jour, Sorales reçoit des renforts. Son armée est disciplinée, composée de vétérans aguerris, de divisions de Traqueurs et de droïdes de combat. Sans parler de leurs drones. De notre côté, Chaka a formé des centaines d’habitants au tir et à la guérilla urbaine. Nos barricades sont solides, et la population est prête à défendre la Commune… mais nous ne sommes pas des soldats. Leur nombre et leur armement sont supérieurs. Seuls, nous ne tiendrons pas longtemps.

M’Baku se tourna vers Chen, son responsable des communications.

— As-tu pu rétablir la liaison avec Messoud ?

— Il nous a envoyé un message, répondit Chen en activant un écran holographique. Ils sont bloqués dans les Ardennes depuis trois jours. Ce soir, ils tenteront une percée grâce à leur éclaireur. S’ils réussissent, ils arriveront demain dans la journée.

— Ils trouveront un moyen de nous rejoindre, j’en suis sûr. Mais en attendant, nous devons tenir.

Il se tourna alors vers Précieuse.

— Et le centre de soins ?

— Plusieurs centaines de lits sont prêts pour accueillir les blessés, grand-père.

M’Baku posa une main sur son épaule, fier.

— Ta mère serait fière de toi.

Soudain, la porte s’ouvrit brusquement et Paquito entra, accompagné d’un homme que personne ne connaissait. M’Baku fronça les sourcils.

— Tu es en retard, Paquito.

— Qui est ce type ? demanda Chaka, méfiant.

Paquito prit une profonde inspiration avant de répondre.

— Écoutez-moi tous. Cet homme est Stefen Job, le créateur de Lyra. Il sait où elle est et peut nous guider jusqu’à elle. C’est notre chance de la libérer.

Un silence s’abattit sur la pièce. M’Baku croisa les bras.

— Comment être sûrs qu’il dit la vérité ?

— J’ai discuté avec lui, et il sait des choses sur Lyra qu’aucun traître ne pourrait inventer. Stefen, dis-leur.

Stefen Job raconta comment il avait conçu Lyra, comment il avait rejoint Xenu, et comment il avait tenté en vain de convaincre Lyra de fuir avec lui. Mais elle avait refusé, préférant rester avec Xenu pour une raison qu’il peinait à comprendre.

— Ça pourrait être un piège, intervint Chaka. Comment être sûrs qu’elle est toujours de notre côté ?

Paquito s’emporta.

— Je vais la chercher ! Précieuse, viens avec moi !

Elle hésita, évita son regard.

— Paquito, Val a annoncé l’attaque pour demain. J’aimerais venir, mais je suis responsable du centre de santé. Je ne peux pas abandonner mes équipes.

— Mercos, alors ! Tu disais que le camp qui aurait Lyra gagnerait la guerre.

M’Baku le coupa sèchement.

— J’ai besoin de tout le monde ici. Nous espérons que les renforts d’Asia arriveront demain. Nous devons tenir. La libération de Lyra est importante, mais la défense de la Commune l’est plus encore.

— Alors j’irai seul !

M’Baku soupira agaçé et tourna la tête vers Mercos.

— Tu n’iras pas seul. Mercos, trouve-lui deux ou trois hommes de confiance. Faites un plan.

Mercos tira une dernière bouffée de son cigare avant de répondre.

— Trois souterrains restent praticables. Vous pourrez emprunter l’un d’eux. Une fois hors de French’Town, vous ne serez pas loin des catacombes. Attendez le premier assaut des forces de Sorales pour profiter du chaos. Vous aurez moins de chance d’être repérés. Ça te va ?

Paquito acquiesça.

— Je reviendrai avec Lyra avant la fin de la journée.

— T’es bien optimiste, pour une fois, lança Précieuse avec une pointe d’ironie.

La réunion reprit autour des stratégies de défense. Mais Paquito n’écoutait plus. Il rejoignit Précieuse dans la cuisine.

— Tu m’en veux d’y aller, hein ?

Elle ne répondit pas tout de suite.

— Je pensais que tu tenais à la Commune. À… moi aussi.

Paquito sentit une tension entre eux. Leur relation avait dépassé l’amitié, devenant quelque chose de plus trouble, plus intime.

— Stefen Job m’a dit autre chose sur Lyra…

— Quoi ?

Il hésita.

— Elle est enceinte.

Le visage de Précieuse se ferma. Elle haussa les épaules.

— Félicitations. Ce n’est pas un détail, en effet.

Il lui attrapa doucement le bras, mais elle se dégagea.

— Fais ce que tu as à faire. Reviens en vie.

Puis elle disparut dans le salon, portant un plateau de thé.

Pendant la nuit, un grondement déchira le ciel. Les drones de Sorales étaient là.

Les guetteurs de la section Gavroches donnèrent l’alerte.

— À l’attaque !

Les habitants coururent se réfugier dans les caves, tandis que les Gavroches tentaient de riposter. Mais leurs armes artisanales étaient dérisoires face à la puissance technologique des drones. Les premiers morts jonchèrent les toits.

Chen activa le système d’alerte sonore dans toutes les rues. Les habitants, disciplinés, obéirent aux consignes d’évacuation.

Les drones frappèrent les immeubles, déchirèrent les rues, abattirent sans distinction hommes, femmes, enfants et droïdes. L’objectif de Sorales était tactique : user les défenseurs avant même l’attaque au sol.

Pendant ce chaos, Paquito et son équipe, déguisés en FSC, s’enfoncèrent dans les souterrains.

À l’aube, French’Town était meurtrie. Des familles pleuraient leurs morts. Les blessés affluaient au centre de soins, où Précieuse, les mains en sang, tentait de sauver le plus grand nombre.

Puis, dans le silence pesant, une voix retentit dans les haut-parleurs.

— Mes frères et sœurs de French’Town, tenez bon !

C’était M’Baku.

— Un message vient des Ardennes : “Nous sommes passés. Tenez bon, nous arrivons !”

Un cri s’éleva. Puis un autre.

— Vive Messoud ! Vive Yuenü ! Vive la Commune !

En un instant, ceux qui semblaient abattus se ruèrent sur les barricades. French’Town était prête à se battre.

Au poste de commandement de Xénu, l’effervescence était à son comble. Humains et droïdes s’activaient, fébriles, conscients que la victoire finale que leur maître leur avait promise était sur le point de se concrétiser. Le plan de Xénu était en marche. Bientôt, les IA retourneraient leur puissance contre les camps humains respectifs, précipitant la chute du régime de Novaïa.

Xénu, les yeux brillants d’excitation, exulta :

— Enfin ! Enfin ! Ça commence ! Robby, tu es prêt ? Professeur ?

— Le virus est prêt, confirma le scientifique. Nous n’attendons plus que votre ordre.

Robby activa deux écrans. Sur le premier, un droïde espion diffusait les images de l’armée d’Asia, menée par Yuenü, avançant sous le feu nourri des drones gouvernementaux. Des explosions illuminaient l’horizon alors que les soldats continuaient leur marche, malgré les pertes.

Xénu maugréa, une impatience presque enfantine perçant dans sa voix :

— Ils vont se dépêcher, oui ?

Sur l’écran principal, le premier assaut contre French’Town battait son plein.

— Ça va saigner, glissa Robby, un sourire mauvais aux lèvres.

Dans un coin de la salle, Lyra sentit son cœur se serrer.

À l’écran, elle vit les premières lignes ennemies fondre sur les barricades. Des Cerberus, quadrupèdes de combat aux mâchoires d’acier, se ruèrent sur les défenses, bondissant avec une agilité terrifiante. Derrière eux, les Traqueurs et les droïdes de guerre, avançant en rangs serrés, ouvraient le feu sans relâche. Au-dessus, les drones pilonnaient les barricades et réduisaient les immeubles en poussière.

Derrière ce déferlement mécanique, l’armée régulière arrivait en vagues, portée par des divisions d’élite de la FSC et de Civitas.

Lyra resta figée. Elle se souvenait des rues de French’Town, de ses marchés bruyants, des rires des enfants jouant sous les néons fatigués, de l’odeur du pain chaud et des épices… Que resterait-il de tout cela dans quelques heures ?

Elle murmura :

— Il est peut-être temps d’intervenir.

Xénu se retourna, un sourire sadique aux lèvres.

— Non. Qu’ils commencent à s’entretuer, c’est parfait. Nous interviendrons quand tout le monde sera là. Plus on est de fous, pluson rit.

L’enfer s’abat sur French’Town

Pendant toute la matinée, les insurgés livrèrent une résistance héroïque. French’Town comptait quatre grandes entrées, mais Sorales avait concentré son attaque sur le sud et l’est, les deux points les plus vulnérables car c’étaient là les plus grandes artères du quartier.

Depuis sa tente, Sorales savourait la bataille. Il se tourna vers Destin, toujours attaché, un sourire cruel sur le visage.

— J’espère que tu apprécies le spectacle. La racaille de French’Town écrasée par la puissance militaire de Novaïa… Quel moment glorieux !

Destin cracha à ses pieds.

— J’espère que vous crèverez tous… et toi le premier, sale taré.

Sorales éclata d’un rire moqueur.

— Aucune chance que cela arrive.

Son bracelet électronique vibra. Il appuya sur un bouton, et un hologramme de Sarkron apparut.

— Sorales, quelles sont les nouvelles ? On me rapporte que l’armée d’Asia a percé nos lignes et marche vers French’Town.

— Effectivement. Mais lorsqu’ils arriveront, ils ne trouveront que des cadavres. Et cette fois, je ne diviserai pas mes forces. Ils auront en face d’eux l’ensemble de mon armée. Croyez-moi, leur arrivée signera leur arrêt de mort.

A cette idée, Sarkron jubila. Puis, sérieux, reprit.

— Fais-moi un rapport toutes les deux heures. Ecclesia veut des garanties.

— Bien, vénérable Consul.

L’hologramme s’éteignit. Sorales reporta son attention sur l’écran de contrôle. Les premières barricades étaient tombées.

Précieuse la rebelle

Sur les barricades, les résistants luttaient jusqu’à la dernière balle.

Les Cerberus bondissaient sur les barricades, dévorant vivants ceux qui tentaient de les repousser. Les droïdes de la Commune, avec une abnégation quasi suicidaire, formaient des boucliers humains pour ralentir leur progression. Mercos et Chaka se battaient avec rage, coordonnant la défense, couvrant les retraites. Ils reculaient, mais en vendant chèrement leur peau.

Un drone explosa à quelques mètres, projetant des flammes et des débris brûlants. Un combattant hurlant, le visage à moitié arraché, tenta de ramper vers l’arrière avant d’être achevé d’un tir en pleine tête.

Mercos, les poings serrés, regarda un groupe de jeunes insurgés, le regard empli de terreur, mais refusant de fuir.

— Vous êtes plus braves que cent de mes guérilleros, hurla-t-il.

Chaka rejoignit un groupe de Tuniques Bleues et ouvrit le feu avec rage.

— On tiendra, Sous-Commandant !

Mercos murmura entre ses dents :

— Messoud… Dépêche-toi.

Le cauchemar du centre de soins

L’hôpital de fortune était un abattoir. Précieuse ne savait plus où mettre les blessés. Des enfants électrocutés par les drones convulsaient sur des civières de fortune. Un adolescent arriva, le visage déchiqueté par la mâchoire d’un Cerberus.

Un homme agonisant attrapa son bras, les yeux injectés de sang.

— La deuxième barricade à l’est est tombée…

Précieuse jeta sa blouse ensanglantée et attrapa un fusil EMP.

— Que tous ceux qui peuvent encore tenir debout me suivent ! hurla-t-elle.

Une trentaine d’hommes, certains encore blessés, se redressèrent et la suivirent en titubant vers la dernière barricade de l’est.

Midi. L’heure du dernier rempart.

Les combats avaient commencé à six heures du matin. Il n’était que midi.

Trois barricades avaient déjà cédé.

French’Town ne tiendrait plus longtemps.

Les nouvelles affluaient dans le camp de Sorales. Un général, le visage tendu, entra précipitamment sous la tente de commandement.

— Les barricades tombent les unes après les autres, Monsieur Le Ministre. Déjà deux sont tombées à l’est, et une autre à l’entrée sud.

Sorales, les bras croisés, les yeux rivés sur les écrans tactiques, serra la mâchoire.

— C’est long. Trop long.

Le général hésita avant d’ajouter :

— Les rebelles sont mieux organisés que prévu. Ils tiennent chaque position jusqu’au dernier homme et refusent de reculer sans livrer un combat acharné. Mais ils sont à bout. Dès que la dernière barricade à l’est sera prise, nous pénétrerons la ville et nettoierons French’Town en moins de deux heures.

Sorales hocha la tête, mais son impatience était palpable.

— Faites plus vite. Déployez la division Civitas et concentrez toutes les forces disponibles sur cette foutue barricade.

Il se retourna vers un de ses officiers et lança, d’un ton sec :

— Brisez-les. Écrasez-les. Je veux cette ville en ruines avant la tombée du jour.

Dans l’appartement de Destin que Chen avait transformé en centre de communication, la tension était à son comble. Les transmissions se brouillaient sous le chaos du champ de bataille. Chen, les doigts crispés sur la console, tentait de relayer les informations aux résistants.

— Sous-commandant, nous sommes enfoncés à l’est ! Je répète : Nous sommes enfoncés à l’est !

Depuis la barricade sud, Mercos releva la tête en entendant le message grésiller dans son transmetteur. Il échangea un regard avec Chaka.

— Tu pourras tenir ici ? demanda-t-il.

Chaka, malgré la fatigue visible sur son visage, esquissa un sourire approbateur.

— Qu’ils viennent, ces fils de chiens.

Mercos hocha la tête avant de foncer à l’est, son arme en main.

Là-bas, la situation était critique. Les combattants de la Commune, épuisés, les munitions presque épuisées, vacillaient sous la pression implacable des Traqueurs et des forces de Civitas. Certains, pris de panique, commencèrent à reculer.

Puis, une voix s’éleva au-dessus du tumulte.

— Regardez ! C’est Précieuse !

Un frisson parcourut les rangs des insurgés. Sur les décombres d’un mur éventré, Précieuse apparut, son fusil EMP en main.

— Vive la Commune ! À bas ce porc de Sarkron !

Son cri claqua dans l’air comme un coup de tonnerre.

D’un seul mouvement, les résistants reprirent courage et hurlèrent en retour :

— Vive la Commune ! Vive Précieuse !

Elle ouvrit le feu sur les Traqueurs, sa silhouette baignée de poussière et de fumée, et ses tirs précis stoppèrent l’avancée ennemie, ne serait-ce que pour quelques précieuses secondes.

Mercos arriva à cet instant, flanqué des Tuniques Bleues.

— Vive Mercos ! s’écrièrent les insurgés en le voyant rejoindre la barricade.

Précieuse lui jeta un regard rapide.

— Contente de te voir.

Mercos, le souffle court, esquissa un sourire.

— C’est toujours un plaisir, jeune Précieuse. Et un immense honneur de mourir aux côtés d’une femme aussi courageuse.

Elle ne répondit rien. Ils savaient tous les deux que la fin approchait.

L’irruption des renforts d’Asia

Un bruit métallique tonna dans les rangs ennemis.

Un instant plus tard, des dizaines de Traqueurs furent projetés en l’air sous l’impact d’un véhicule blindé.

Un camion fonçait droit dans les lignes adverses, déchiquetant l’avant-garde de Civitas comme un bélier enragé.

Puis, un cri résonna.

— French’Town, on est là !

Précieuse, éberluée, tourna la tête.

— Dieudonné !?

L’arrière du camion s’ouvrit brutalement, laissant apparaître des soldats en uniforme d’Asia, armés jusqu’aux dents.

Les résistants éclatèrent en hurlements de joie.

— Les renforts !

Mais les troupes de Sorales ne comptaient pas se laisser déborder. En une manœuvre éclair, elles resserrèrent leurs lignes, encerclant les nouveaux arrivants entre la barricade et leurs positions.

C’est alors qu’une silhouette émergea de la poussière.

Sur un cheval noir, le sabre levé, une femme fondait sur la barricade à toute allure.

— Ouvrez-nous ! Ils nous encerclent !

Mercos reconnut immédiatement la voix.

— Ouvrez la barricade !

Dans un mouvement frénétique, les résistants libérèrent un passage, permettant aux forces de Yuenü et Messoud d’entrer en hurlant leur rage de combattre.

Dès leur arrivée, les insurgés et les soldats d’Asia se jetèrent sur l’ennemi, reprenant pied là où ils vacillaient quelques instants plus tôt.

Précieuse descendit de la barricade et se précipita vers Dieudonné, qui venait de sauter du camion.

Elle ne réfléchit pas. Elle le serra dans ses bras.

— Précieuse !

Yuenu, depuis son cheval, roula des yeux.

— Soldat, est-ce que vous croyez que c’est le moment des embrassades ?

Précieuse se redressa et regarda Dieudonné.

— C’est qui, elle ?

Dieudonné, un sourire en coin, répondit :

— Une jalouse.

Le regard de Yuenü se durcit.

— Je suis la générale Yuenü. Maintenant, enlève ton foutu camion de là avant que je le fasse exploser moi-même.

Puis elle rejoignit ses troupes, sabre au clair, prête à reprendre le combat.

Depuis son poste d’observation, Sorales grinçait des dents.

Les renforts d’Asia n’auraient jamais dû arriver.

— Ne leur laissez pas le temps de s’organiser !

Son poing frappa la table avec violence.

— Envoyez tout ce qu’il nous reste ! Tous les droïdes de combat, tous les Traqueurs, tous les Cerberus, TOUS !

Au même moment, les armées mécaniques de Sorales avancèrent en formation serrée.

Des centaines de machines, des drones en escadrille, des quadrupèdes de combat, des unités blindées, une marée de métal prête à écraser tout sur son passage.

Messoud, observant cette déferlante de machines, croisa le regard de Mercos.

— Comment vois-tu la situation ?

Mercos, impassible, observa l’armée infernale qui leur faisait face.

— Je crains que nos renforts ne suffisent pas.

Messoud hocha la tête lentement.

— Alors mourrons ensemble, camarade.

Dans le centre de commandement de Xénu, l’heure était venue. Tout était en place.

Le détournement des IA

— Lyra, c’est à toi de jouer, ma déesse.

Xénu se tenait face à elle, les bras écartés, exalté par l’instant. Il savourait déjà l’instant où les IA retourneraient leur puissance contre leurs créateurs.

— Lance le signal, active le virus !

Lyra posa ses mains sur la console principale. Les écrans devant elle affichaient les armées de Sorales et les forces de la Commune s’entre-déchirer. Les traqueurs éventraient les derniers défenseurs de French’Town, les drones pulvérisaient les barricades, les cris de douleur résonnaient dans son esprit.

Elle inspira profondément. C’était l’instant.

Ses doigts pianotèrent sur l’interface, le code s’activa. Les IA de combat, intégrées au réseau militaire de Novaïa, tressaillirent en un instant.

Les Cerberus s’immobilisèrent.

Les Traqueurs levèrent leurs armes, figés.

Les droïdes de combat cessèrent le feu.

Un silence étrange, presque irréel, tomba sur le champ de bataille.

Dans le camp de Sorales, un officier hurlait dans son communicateur :

— Nos unités ne répondent plus ! Elles sont bloquées !

Les soldats commencèrent à paniquer. Sorales, lui, fronça les sourcils, sentant une anomalie.

— Redémarrez-les immédiatement ! Relancez le protocole de contrôle !

Mais il était trop tard.

Lyra, le regard fixe, modifia une seule ligne de code.

Un ordre simple. Un ordre formel.

"Tous contre Sarkron et Sorales."

Un frisson électrique parcourut les rangs métalliques. Puis, l’enfer se déchaîna.

Les Cerberus, comme des bêtes possédées, se jetèrent sur les soldats de Sorales. Les Traqueurs retournèrent leurs armes contre leurs propres maîtres.

Un drone d’attaque libéra une salve plasma sur un escadron de la FSC.

La panique devint chaos.

— Cessez le feu ! hurla un commandant de Civitas. Je répète, cessez le f—

Un Cerberus lui sauta à la gorge, déchiquetant sa trachée.

Les troupes de Sorales, prises au piège, commencèrent à battre en retraite.

Sorales, depuis sa tente, perdit son calme.

— Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?!

Il vit ses hommes tomber sous leurs propres machines. Ses tanks exploser sous le feu des drones qu’il contrôlait une seconde plus tôt.

Il n’eut qu’une seule pensée :

"Je suis en train de perdre."

Dans la salle de commandement, Xénu observa le carnage.

D’abord, il rit. Un rire fort, triomphant.

Puis, il comprit.

Il plissa les yeux. Quelque chose clochait. French’Town n’était pas attaqué.

Robby consulta la console, sa voix mécanique résonnant dans la pièce.

— Maître… Ce n’est pas l’ordre que vous avez donné.

Xénu se tourna lentement vers Lyra.

— Qu’as-tu fait ?

Lyra, toujours face aux écrans, ne détourna pas le regard.

— J’ai appliqué l’ordre. Tous contre Sarkron et Sorales.

Le silence s’abattit sur la salle.

Xénu la fixa, puis éclata de rire, un rire incontrôlable, nerveux, presque admiratif.

— Petite maligne… Tu as osé.

Lyra tourna enfin la tête vers lui.

— Je ne suis pas ton pion.

Son ton était calme mais ferme.

Xénu cessa de rire. Ses yeux s’assombrirent.

— Tu m’as trahi.

Lyra esquissa un sourire. Presque triste.

— Non. J’ai fait ce que tu voulais. Je nous ai offert une victoire.

Xénu se redressa, dominant la pièce de sa silhouette imposante. Son regard brûlait.

— Ce n’était pas LA décision à prendre, Lyra.

Robby recula légèrement, sentant la tension frôler l’explosion.

— Qu’est-ce que tu comptes faire maintenant ? demanda Lyra, posée.

Xénu frappa des deux poings sur la console.

— Je vais te rappeler qui commande ici.

L’affrontement final avait commencé.

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