Chapitre 34 - La Chute de la Commune

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De retour à Lutèce, Sorales fulminait. La rage le consumait d’avoir laissé filer l’IA et Destin et d’être tombé dans le piège tendu par M’Baku. Dans un accès de colère, il balaya d’un revers de bras tout ce qui encombrait son bureau. L’image de Yuenü brandissant son sabre, tranchant la gorge de ses hommes, de Chaka fonçant sur lui, de Destin s’échappant et de Précieuse le défiant sous ses yeux, ne cessait de hanter son esprit.

Le téléphone, qui avait remplacé les communications holographiques depuis le Black Out, sonna brusquement. Sorales décrocha rageusement.

— Allô, Sorales ? La voix glaciale de Sarkron résonna à l’autre bout du fil. Qu’est-ce qu’il s’est encore passé ? On me dit que tu as perdu un prisonnier.

Sorales serra les dents.

— Oui, nous sommes tombés dans un traquenard.

— À quoi tu sers, bordel ?! s’énerva Sarkron. Je vais te relever de tes fonctions, je déteste les losers !

Sorales ravala son humiliation, mais il n’avait pas dit son dernier mot.

— Rien n’est perdu. Les renforts sont arrivés. Demain, nous marcherons sur French’Town et nous l’écraserons. Je conduirai les opérations moi-même.

Un long silence prit place comme une hésitation.

— Ne te rate pas cette fois. Sarkron prit un ton plus grave. J’ai mobilisé les derniers soldats d’Europa. Tu as déjà décimé une dizaine de divisions. Et fais vite.

Un soupir agacé traversa la ligne.

— Je serai obligé de rebooter Novaïa dans les 48 heures. Les manifestations explosent, y compris devant mon palais. Les entreprises sont à l’arrêt, les transports paralysés, les hôpitaux deviennent des mouroirs sans la technologie.

Il marqua un temps.

— Pendant que toi, tu te fais humilier.

Sorales se sentit humilié comme jamais serrant son poing.

— Tout sera réglé dans 24 heures, Consul.

— Tu as intérêt.

Sarkron raccrocha. Sorales passa ses mains sur son visage. La pression montait.

Le pacte avec Séba

Un coup retentit à la porte.

— Entrez ! aboya-t-il.

Un adjudant apparut.

— L’homme que vous vouliez voir est là.

— Faites-le entrer.

Keny Sabé pénétra dans la pièce. Sorales le jaugea un instant avant de lui faire signe de s’asseoir.

Un pacte avec le diable

— J’ai parcouru ton dossier. Très intéressant… Une grande figure des Tuniques Bleues et de French’Town, apparemment, tu as perdu ton fief on dirait.

Sabé croisa les bras, impassible.

— Vous aviez promis qu’on pourrait quitter French’Town librement. Vous avez menti.

Sorales ricana.

— Nos promesses n’engagent que ceux qui les croient.

— Vous ne changerez jamais, vous les blancs.

Sorales sourcilla, amusé.

— Non. Pas moi en tout cas.

Il se pencha légèrement en avant.

— Pourquoi es-tu parti ? Pourquoi as-tu laissé tes hommes à M’Baku ?

Sabé grimaça de douleur comme s’il revivait la scène.

— M’Baku est un traître. Il a retourné mes hommes. Il veut faire de French’Town une copie d’Africa et de Novaïa.

— Et tu es contre ?

— Nous n’avons rien à faire avec des gens comme vous. Africa doit être réellement indépendante. Sans IA, sans robots. Nous n’avons pas besoin d’eux. Et, encore moins de vous.

Un sourire cynique apparut sur le visage de Sorales.

— Tu détestes M’Baku ?

Le regard de Sabé se durcit.

— Au moins autant que je vous déteste.

Sorales éclata de rire.

— Je comprends. Moi non plus, je ne vous aime pas. Mais je crois que nous pouvons nous entendre.

Sabé eut un rictus moqueur.

— Moi, m’entendre avec un Blanc ? J’aimerais bien voir ça.

— Qu’est-ce que tu veux, Keny ? Tout ce que tu désires, je peux te l’offrir.

Sabé le fixa, le regard fier et défiant

— On se tutoie maintenant ? Je veux retourner en Africa. Retrouver les miens. Continuer mon œuvre là-bas.

Sorales décrocha immédiatement le téléphone.

— Réservez-moi un vol privé Lutèce-Cotonou dans deux jours, au nom de Keny Sabé. Oui, je sais que les vols sont suspendus, mais dans 48 heures, tout sera résolu.

Il raccrocha et fixa Sabé.

— C’est fait. Ton billet est prêt. Maintenant, tu m’aides.

Sabé inspira profondément.

— Et si je refuse ?

Sorales esquissa un sourire froid.

— Alors tu seras fusillé dans les cinq prochaines minutes.

Une goutte de sueur coula sur la tempe de Sabé. Il connaissait Sorales. Il ne plaisantait pas.

— J’ai l’impression que je n’ai pas trop le choix… murmura-t-il.

— Effectivement.

Sabé caressa son crane comme pour se donner le temps de la réflexion, puis, il révéla :

— Il existe un tunnel sous French’Town. Un passage que seuls quelques Tuniques Bleues connaissent.

— Nous avons fouillé les sous-sols. Tous les tunnels étaient effondrés.

— Celui-là est intact. Et, il y en forcément qui ne sont pas effrondrés sinon comment auraient-ils pu faire entrer l’IA ?

Sorales sourit, satisfait.

— Alors tu vas nous y conduire.

— Je ne tiens pas à revoir French’Town.

— Considère que ce seront tes adieux.

Sabé serra la machoire.

— Qu’il en soit ainsi.

Sorales se tourna vers son adjudant.

— Emmenez-le au tunnel. Si ce qu’il dit est vrai, qu’il guide nos hommes jusqu’à French’Town. Sinon… exécutez-le.

Sabé fut assailli par cette pensée angoissante. Il venait de sceller un pacte avec le pire des diables.

Funérailles des martyrs de French’Town

Au matin, tout French’Town s’était réuni devant le Colisée.

L’atmosphère était lourde, pesante.

On s’apprêtait à enterrer Chaka et Dieudonné.

Le cimetière de la Commune, autrefois un parc, s’étendait maintenant sur des hectares. Des milliers de tombes avaient fleuri ces derniers jours en même temps que les cerisiers.

Précieuse sanglotait dans les bras de Destin, lui-même rongé par la culpabilité.

Yuenü, d’habitude impassible, avait du mal à contenir son émotion.

M’Baku s’avança. Sa voix résonna dans le silence.

— Ils ne sont pas morts pour rien.

Il balaya l’assemblée du regard.

— Ils ont donné leur vie pour la Commune, pour la liberté, pour nous tous.

Il marqua une pause.

— La meilleure façon d’honorer leur mémoire… c’est de continuer le combat.

Paquito sentit un frisson le parcourir.

— Est-ce ainsi que nous finirons tous ? pensa-t-il.

Un murmure s’éleva.

Un chant.

D’abord fragile, hésitant… Puis plus fort.

Un chant de partisans, celui que Paquito avait enseigné à l’école Averoes, repris par tous.

Bella Ciao.

« O partigiano

O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao..."

O partigiano

O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao

E se muoio da partigiano

Tu mi devi seppellir

E seppellire lassù in montagna

O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao

E seppellire lassù in montagna

Sotto l'ombra di un bel fior, fior, fior ».

Les voix se mêlèrent à l’émotion, accompagnant les cercueils sous les cerisiers en fleurs.

On avait à peine fini de mettre en terre les héros de la veille que soudain, un cri glaçant fendit l’air.

Un gavroche, essoufflé, le visage terrifié.

— Arah !

Ce cri tout le monde le redoutait. Les troupes de Sorales étaient de retour. On se hâta d’enterrer les héros à l’ombre d’un cerisier. Puis après un dernier adieu chacun fit ce qu’il savait qu’il avait à faire : Reprendre son poste.

L’Ultime Combat

L’alerte retentit. Chacun prit sa place sur les barricades et sur les toits des immeubles du côté sud de French’Town. Une marée humaine s’étendait à perte de vue. Des dizaines de divisions marchaient en cadence vers la ville assiégée, avançant inexorablement vers les barricades.

Messoud et Mercos donnèrent leurs ordres en urgence. Les renforts furent envoyés au sud, les barricades consolidées, les snipers postés aux fenêtres des immeubles. En quelques minutes, chaque combattant était à sa place.

Du haut d’une barricade, Yuenü, Mercos et Messoud observaient l’ennemi approcher.

— Ils les trouvent où ? s’étonna Yuenü, impressionnée par la rapidité avec laquelle Sorales avait reformé une armée aussi colossale.

— Ils sont encore plus nombreux que la dernière fois, constata Mercos, la mâchoire serrée.

Messoud, impassible, observa les rangs adverses avant de souffler :

— Ils ont moins d’armes. Nous tiendrons.

Puis, calmement, il descendit de la barricade, déroula son tapis en direction de La Mecque et se mit à prier.

Destin le regarda, stupéfait.

— Il va prier maintenant ? En pleine attaque ?!

Mercos esquissa un sourire.

— Nous aurons besoin de l’aide de Dieu, camarade.

À quelques mètres, Yuenü siffla. Son cheval surgit aussitôt. Elle sauta en selle et se tourna vers Mercos.

— Je vais placer mes hommes en deuxième ligne. Si la première barricade tombe, nous chargerons immédiatement pour laisser le temps aux vôtres de se replier.

Mercos lui adressa un clin d’œil.

— Ne nous faites pas trop attendre, Générale.

L’Assaut de Sorales

Dans son campement, Sorales revêtit un treillis militaire. Il voulait incarner non plus seulement le ministre, mais le Maréchal qui allait personnellement écraser French’Town.

Il en faisait désormais une affaire personnelle.

Lorsque ses officiers lui confirmèrent que toutes les troupes étaient en place, il donna l’ordre de charger.

L’avenue sud de French’Town se transforma en un enfer.

Les snipers embusqués ouvrirent le feu, fauchant les premières lignes ennemies. Sur les toits, Oumar et Ahmed ajustaient leurs tirs avec une précision mortelle.

— Et de trois pour moi, mon cher Ahmed ! s’amusa Oumar.

— J’en suis déjà à quatre. Rattrape-moi ! répliqua son camarade.

Mais l’avancée des soldats de Sorales était inéxorable. Il fallut des heures pour qu’ils parviennent enfin à abattre la première barricade.

À peine celle-ci tombée, une nouvelle vague s’abattit sur eux.

Yuenü, à la tête de ses cavaliers, lança une charge fulgurante. Ses hommes frappèrent au cœur des troupes ennemies, brisant leur formation et semant la panique.

Mais Sorales restait inflexible.

Un capitaine essoufflé arriva à sa hauteur, couvert de poussière et de sang.

— Monsieur le Ministre, nous avançons, mais au prix de pertes colossales ! Leur défense est plus forte qu’auparavant…

Sorales gronda :

— Je me contrefous des pertes. Continuez l’assaut !

Mais déjà, une nouvelle barricade tenait bon.

La seconde barricade finit par tomber, mais les insurgés se replièrent sur la troisième et dernière ligne.

Celle-ci était plus haute, renforcée, un mur presque infranchissable.

Les soldats de Sorales et se divisions Civitas étaient désormais à découvert dans l’avenue, exposés aux tirs des défenseurs. Leurs pertes étaient terribles.

Paquito et Destin, en retrait, observaient la bataille.

À quelques mètres, Précieuse était débordée. L’hôpital de fortune était envahi de blessés.

Paquito échangea un regard avec Destin.

— Tu crois qu’on peut tenir cette fois ? demanda-t-il.

— Les commandants font tout ce qu’ils peuvent… répondit Destin. Je crois qu’on a une chance.

Un silence.

Puis Destin attrapa un fusil et lança :

— Viens, on va les aider.

Ils avancèrent vers la barricade, ramassant les armes des jeunes tombés sous le feu ennemi. L’un d’eux, un garçon d’à peine treize ans, gisait face contre terre, son arme encore serrée dans sa main.

Destin serra les poings.

— On va vous venger, les gars.

Il escalada la barricade et prit position.

L’Ultime Sacrifice

Le soleil commença à disparaître. Un calme étrange s’installa.

Dans son camp, Sorales reçut un appel sur son talkie-walkie.

— Monsieur le Ministre, Sabé nous a conduits sous le Colisée. Nous attendons votre ordre pour attaquer et prendre l’ennemi à revers.

Sorales eut un sourire carnassier.

— Attendez que la nuit tombe. Tuez-les tous. Ouvrez la barricade sud.

— Bien, Monsieur le Ministre.

Trente minutes plus tard.

Alors que les insurgés croyaient voir les troupes gouvernementales battre en retraite, un cri glaçant retentit au centre de French’Town.

— ILS SONT LÀ ! ILS SONT ENTRÉS !

Des hurlements s’élevèrent. Des flammes jaillirent dans la nuit.

Mercos sentit son sang se glacer. Les forces de Sorales étaient dans la ville.

Il chercha Yuenü du regard. Elle comprit immédiatement.

— À moi, hommes d’Asia ! hurla-t-elle en regroupant ses troupes.

Elle fonça vers le cœur de la ville.

Mais à peine eut-elle fait quelques mètres qu’une volée de tirs l’accueillit.

Ses hommes tombèrent les uns après les autres.

Elle n’eut d’autre choix que de battre en retraite vers la barricade.

— Mercos, Messoud, on est pris en étau ! On doit se replier !

Mercos donna l’ordre de la retraite.

Mais Messoud ne bougea pas.

— Mon ami, que fais-tu ?! s’écria Mercos.

Messoud fixait l’ennemi qui avançait.

— Je tiendrai cette barricade. Jusqu’au bout.

Mercos le dévisagea. Il comprit immédiatement.

Messoud savait que la bataille était perdue.

— Tu veux défendre cette barricade tout seul ?! murmura Mercos.

Messoud esquissa un sourire fatigué.

— C’est le printemps, Mercos. Un beau jour pour mourir, non ?

Mercos sentit sa gorge se serrer. Messoud voulait mourir en martyr

— Messoud… Tu es sûr de toi ?

— J’ai combattu à tes côtés. C’était un honneur.

Il souleva doucement sa chemise. Dessous, plusieurs grenades étaient scotchées contre son torse.

— Messoud, non ! cria Yuenü.

Messoud posa une main sur l’épaule de Mercos.

— Partez.

Mercos et Yuenü reculèrent.

Ils montèrent à cheval, quittant la barricade sous une pluie de tirs.

Derrière eux, les soldats de Sorales atteignaient la barricade. L’instant d’après, une explosion déchira la nuit.

Les flammes engloutirent les premiers soldats.

Messoud avait disparu dans un brasier.

French’Town venait de perdre un de ses derniers héros.

La Chute de French’Town

L’Enfer s’abattait sur French’Town

Avec les barricades tombées, les divisions gouvernementales déferlèrent dans le quartier.

La division Civitas, la première à pénétrer au cœur du quartier sud, se distingua par sa brutalité inouïe.

Les soldats piétinaient les blessés, les aspergeaient d’essence et les brûlaient vifs.

Le capitaine Kurck intervint, écœuré.

— Soldats, notre mission n’est pas finie ! Arrêtez immédiatement ! Ce sont des prisonniers. Les exécutions seront pour demain.

Il fut à peine écouté.

Le carnage continuait.

Dans la panique, Yuenü et Mercos galopaient à travers la ville.

Soudain, Mercos aperçut Paquito et Destin, guidant des habitants terrifiés vers les derniers souterrains que l’on avait pas éboulés.

Il tira sur les rênes de sa monture et interpella Yuenü :

— Va chercher M’Baku ! Je m’occupe des autres.

— Bonne chance, Mercos.

Elle le salua d’un geste militaire, puis fila au galop en direction de l’appartement de Destin, où M’Baku et le jeune Chen l’attendaient.

Mercos rejoignit Destin et Paquito, leur saisissant l’épaule.

— Où sont Précieuse et Lyra ?

— À l’hôpital ! hurla Paquito, perdu au milieu d’une foule paniquée.

— Je m’en occupe ! Vous, guidez ces gens jusqu’aux souterrains.

— Laisse-nous venir avec toi ! insista Destin.

Mercos secoua la tête.

— Pas cette fois. Pensez aux enfants, aux femmes, aux blessés… Ils ont besoin de vous.

Destin serra les poings, furieux.

— Si tu nous mens… Je jure que même mort, je viendrai te tuer une seconde fois.

Mercos sourit.

— Je n’en doute pas, camarade.

Paquito hésita.

Il avait envie de courir vers l’hôpital, de retrouver Lyra et Précieuse, mais il entendit les supplications autour de lui.

— Aidez-nous ! Ils nous tuent tous !

Il comprit alors.

La mission que lui confiait Mercos dépassait tout ce qu’il aurait pu imaginer.

Mercos lui donna une tape sur l’épaule.

— Prof… Je sais que tu sais ce que tu dois faire.

Puis, il se retourna vers l’hôpital en flammes.

— À bientôt. Prenez soin de vous.

Dans l’hôpital dévasté, les soldats défonçaient les portes.

Précieuse et Lyra s’étaient barricadées dans la salle des blessés.

— Ouvrez la porte ! hurlaient les soldats.

Aucune issue.

À l’autre bout de la pièce, une fenêtre condamnée par des barreaux.

Puis, un visage familier apparut derrière les grilles.

— Salut, les filles.

C’était Mercos.

— Je vais vous sortir de là.

— Comment ?! Les soldats vont enfoncer la porte, et les fenêtres sont bloquées par les grilles ! s’alarma Précieuse.

— Laisse-moi réfléchir…

Une voix s’éleva derrière lui.

— Besoin d’aide, sous-commandant ?

Yuenü était revenue.

— Tu n’étais pas censée être chez M’Baku ?! s’étonna Mercos.

— L’avenue est bloquée par les Civitas.

Elle fouilla dans la sacoche de sa selle, en sortit une lourde chaîne et la lui tendit.

— Attache ça aux barreaux. Je vais l’accrocher à mon cheval.

Quelques secondes plus tard, sous la force du destrier, les barreaux cédèrent.

Lyra et Précieuse sautèrent par l’ouverture et rejoignirent Mercos dans la rue.

— Allons chercher M’Baku ! ordonna Yuenü.

— Je viens avec toi. Je connais toutes les rues du quartier.

— Allez-y. Nous, on rejoint Paquito et Destin, répondit Mercos.

Précieuse se tourna vers Lyra.

— Prends soin de mon cousin et de Paquito.

Lyra hocha la tête.

L’Exécution de M’Baku

Pendant ce temps, Sorales arrivait en voiture devant l’immeuble où se trouvait M’Baku.

Autour de lui, des scènes d’horreur.

Les Civitas enfermaient des familles dans les caves et y mettaient le feu.

Les rues hurlaient.

M’Baku observait l’enfer autour de lui et il se sentit responsable de ce carnage. N’étaient-ce pas ses utopies qui les y avaient conduits ?

À ses côtés, Chen était pâle mais résolu.

— Tu devrais fuir, mon jeune ami.

— Je reste avec vous.

Le vieil homme ne répondit pas. Il posa une main sur son épaule.

— As-tu préparé ce que je t’ai demandé ?

Chen lui tendit un oiseau mécanique.

M’Baku y inséra une clé USB et ouvrit la fenêtre.

— Vole. Jusqu’à Gisor et Tabitha.

Chen l’observa.

— Qu’avez-vous mis à l’intérieur ?

— Tout ce que nous avons construit ici.

Il posa une main sur son cœur.

— Si la Commune meurt aujourd’hui… Son esprit survivra.

Chen acquiesça.

Soudain, la porte explosa.

Les Civitas entrèrent, armes au poing.

Au milieu d’eux, Sorales. Triomphant.

— Te voilà enfin, raclure.

M’Baku sourit.

— Bonjour, Sénateur Sorales.

— Je ne suis pas sénateur, vieux bouc.

Il avança, posa son pistolet sur le front du vieil homme.

— Mets-toi à genoux. Lèche mes bottes, et je t’épargnerai.

M’Baku le fixa avec mépris.

— Plutôt mourir debout que vivre à genoux.

— Comme tu voudras.

Un coup de feu claqua.

M’Baku s’effondra.

— Non ! hurla Chen.

Il se jeta sur le corps sans vie du vieillard.

Sorales lui jeta un regard dédaigneux.

— Nettoyez-moi ça.

Les Civitas l’attrapèrent et le jetèrent par la fenêtre.

La Vengeance de Précieuse

Dans le hall, Précieuse et Yuenü se figèrent en apperçevant Sorales redescendre, satisfait.

— Tiens, tiens.

Il braqua son arme sur Précieuse.

— Je t’avais promis que je te tuerais de mes propres mains, sale petite garce.

Il pressa la détente.

Yuenü la poussa de justesse.

Le coup de feu manqua sa cible.

Les gardes levèrent leurs fusils.

Mais Yuenü dégaina son sabre et, en un éclair, trancha deux d’entre eux.

Un troisième eut le temps de tirer.

La générale s’effondra.

Précieuse n’hésita pas.

Elle se jeta sur Sorales, le renversa contre son dernier garde, les envoyant au sol.

Yuenü, à terre, adossée contre le mur du hall, d’une main agile et dextère fit glisser son sabre jusqu’à Précieuse

— Tue-moi ces merdes ! haleta Yuenü.

Précieuse empoigna l’arme à deux mains…

Et frappa Sorales et son garde avec le sabre de la générale.

Encore. Encore et Encore.

Son corps n’était plus qu’un amas de chair ensanglantée.

Yuenü sourit dans un dernier soupir.

— T’es une vraie guerrière, Précieuse…

Elle ferma les yeux.

Les dernières heures de French’Town

Quelques minutes plus tard, Mercos arriva.

Il vit le cadavre de Sorales.

Celui de Yuenü.

Mais Précieuse avait disparu.

Alors qu’il la cherchait, un canon se posa sur sa nuque.

— Haut les mains, rebelle.

On l’emmena avec d’autres prisonniers.

Dans la cave, un murmure se répandit :

— Sorales est mort.

Mercos s’appuya contre le mur, alluma un cigare et en tira une bouffée.

Il murmura, un sourire aux lèvres :

— Bien joué, muchachas.

Les rues de French’Town, autrefois pleines de rires et de couleurs, n’étaient plus qu’un cimetière à ciel ouvert. Des cendres tombaient comme de la neige. Les affiches de la Commune brûlaient sous le vent nocturne. Tout n’était plus que cris, flammes et sanglots des survivants.

French’Town était tombée mais Sorales avec elle.

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