Je suis née d’une mère moldue et d’un père sorcier (sang-mêlé, comme on dit). Mon enfance a donc baigné dans un mélange bizarre de petites habitudes moldues (marché bio le dimanche matin, cours de piano et chasses aux vide-greniers) et de magie discrète (tasses qui se remplissent toutes seules de thé, livres qui reviennent d’eux-mêmes sur leur étagère).
Je crois que la première fois que j’ai vraiment « vu » la magie, c’était un jour d’orage, j’avais 7 ans. J’étais seule dans ma chambre, j’écoutais un vieux vinyle des Beatles, et pour une raison qui m’échappe, j’ai fait léviter ma lampe à lave en rythme avec la musique. Ma mère a failli s’évanouir !
La lettre de Poudlard est arrivée un matin de juillet, glissée entre The Times et un prospectus pour un cours de yoga aérien. Mon père a souri, comme s’il attendait ce moment depuis toujours. Maman, elle, a eu ce regard fier mais inquiet, en mode : « D’accord, mais pas de bêtises avec les dragons ».
Le trajet jusqu’au quai 9¾ reste l’un de mes souvenirs préférés : la foule de la gare de King’s Cross, le parfum de café brûlé et de croissants anglais trop sucrés, et moi… avec ma valise en cuir et un chat noir qui avait cette tête hautement blasée propre aux félins. Quand le train a démarré, j’ai ouvert la fenêtre et laissé le vent me décoiffer, comme si j’étais déjà dans un autre monde. Et en voyant Poudlard se dessiner dans la brume, j’ai su que ma vie allait se scinder en deux : l’avant et l’après.
Le Choixpeau m’a envoyée à Serdaigle. J’imagine que mon addiction à la littérature classique a joué pour beaucoup. Premier soir : dans la salle commune au sommet de la tour, avec vue sur la mer de nuages, j’ai bu une tisane aux orties (offerte par une préfète) en recopiant un poème de Whitman dans mon journal.
Scolairement parlant, ma matière préférée était… Sortilèges. Je voyais ça comme de l’art appliqué : sculpter le quotidien avec la baguette. Je détestais par contre Botanique ! Trop de boue, trop de terre sous les ongles, et des plantes qui mordent (le comble pour quelqu’un qui adore avoir des bouquets séchés dans sa chambre).
Mes amis ?
- Charlotte, une Gryffondor excentrique qui faisait toujours exploser ses potions mais qui avait un cœur immense.
- Erwan, Poufsouffle discret, passionné de jazz moldu.
On se disputait souvent avec deux Serpentards snobs, frère et sœur, qui me trouvaient « trop moldue ». Ça en devenait presque un running gag.
L’événement le plus marquant reste la fois où j’ai raté un devoir de Métamorphose à cause… d’un concert improvisé dans la salle sur demande. On avait transformé la pièce en café parisien, avec lumières tamisées et vin chaud flottant dans les airs. On s’est fait coller, mais ça valait chaque minute de punition.
Après Poudlard, je suis rentrée quelques années dans ma ville natale. Je travaille aujourd’hui comme journaliste indépendante pour La Gazette du Sorcier et quelques magazines moldus sur la culture urbaine. Je fais souvent des allers-retours entre notre monde et le leur, avec le sentiment d’avoir la chance de vivre dans un entre-deux fabuleux.