
Tatiana Delcourt
Amoureuse des romans engagés et de poésie, je carbure au café noir, vélo sous les pieds et carnet Moleskine toujours à portée de main. J’aime refaire le monde à coups de conversations jusqu’au bout de la nuit, persuadée que la beauté sauvera peut-être le monde... ou au moins égayera mes journées.
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œuvres
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défis réussis
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"J'aime" reçus
Œuvres
Défi
Un échec majeur… Le mot claque un peu trop fort, mais dans ma mémoire il en reste un, comme une cicatrice que je n’ai pas vraiment à cacher. Je venais d'avoir vingt ans. Je croyais que mon premier grand amour serait une aventure qui me porterait haut, plus haut que mes carnets débordant de poèmes ou mes nuits passées à refuser de dormir parce que la vie me brûlait trop fort. J’avais fait de cette histoire un roman, et de lui, un héros. Et bien sûr, la réalité s’est effondrée sous le poids de mes attentes. L’amour n’a pas tenu, et moi, j’ai chuté très bas. Sur le moment, j’ai cru que cela venait d'une faillite intime : j’avais échoué à être suffisamment aimable pour que l'on m'aime en retour. Mais avec le temps, j’ai compris que cet échec était autre chose. Qu’il m’apprenait une vérité essentielle : je ne suis pas réductible au regard d’un autre. Qu’il ne fallait pas confondre être aimée et exister. Depuis, chaque fois que je rouvre un carnet et que l’encre s’acharne à retourner le chaos en quelque chose de lisible, je repense à cette chute. Elle m’a appris à être plus douce avec mes contradictions, et plus lucide envers les illusions que j’attache aux autres. Elle m’a aussi révé
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Défi
Lors d’un stage d’été à la fac, j’ai assisté à une conférence imprévue animée par un astrophysicien invité. Je ne le connaissais pas ; ce n’était même pas la raison principale de ma venue ce jour-là. Son intervention était courte, presque une parenthèse dans le programme, devant une poignée d’étudiants vaguement curieux. Il a parlé du “modèle de la poussière d’étoile” : cette idée que nous sommes toutes constituées d’éléments venus d’astres morts il y a des milliards d’années. Mais il l’a évoquée non pas comme une formule physique, mais comme une source de poésie, une invitation à la modestie et à l’émerveillement quotidien. En sortant de la salle, je me suis sentie soudain minuscule et immensément riche à la fois. Cette idée m’a accompagnée longtemps : elle a relativisé mes angoisses, aiguisé ma curiosité, m’a permis de regarder les autres et moi-même avec un mélange d’humilité et de tendresse. Je n’ai jamais revu ce chercheur, j’ai oublié son nom, mais ses mots planent encore sur mes journées. Sans le savoir, il a changé ma façon de regarder le monde : tout, désormais, me semblait moins figé, plus mystérieux, plus précieux. À ce fragment de voix croisé une seule fois, je rest
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Défi
Je suis née d’une mère moldue et d’un père sorcier (sang-mêlé, comme on dit). Mon enfance a donc baigné dans un mélange bizarre de petites habitudes moldues (marché bio le dimanche matin, cours de piano et chasses aux vide-greniers) et de magie discrète (tasses qui se remplissent toutes seules de thé, livres qui reviennent d’eux-mêmes sur leur étagère). Je crois que la première fois que j’ai vraiment « vu » la magie, c’était un jour d’orage, j’avais 7 ans. J’étais seule dans ma chambre, j’écoutais un vieux vinyle des Beatles, et pour une raison qui m’échappe, j’ai fait léviter ma lampe à lave en rythme avec la musique. Ma mère a failli s’évanouir ! La lettre de Poudlard est arrivée un matin de juillet, glissée entre The Times et un prospectus pour un cours de yoga aérien. Mon père a souri, comme s’il attendait ce moment depuis toujours. Maman, elle, a eu ce regard fier mais inquiet, en mode : « D’accord, mais pas de bêtises avec les dragons ». Le trajet jusqu’au quai 9¾ reste l’un de mes souvenirs préférés : la foule de la gare de King’s Cross, le parfum de café brûlé et de croissants anglais trop sucrés, et moi… avec ma valise en cuir et un chat noir qui avait cette tête haute
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs
Pourquoi écrivez-vous ?
Pour mettre de l’ordre dans mon chaos intérieur… et parce qu’Instagram n’a pas assez de place pour tout ce que j’ai à dire.