Chapitre 4

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C'est le soir. La nuit est tombée.

La ville, chaotique, est éclairée par la lumière faible et tremblotant de quelques lampadaires.

Il n'y a aucun bruit, tout est absolument silencieux. Et c'est ça, le pire. Parce qu'une ville n'est jamais, au grand jamais, silencieuse, normalement.

Il y a toujours cet étudiant qui rentre chez lui après une fête, ces gens qui finissent de travailler tard, ces autres personnes qui ont décidé de se faire une promenade nocturne, ou même le chien de la voisine qui hurle à la mort lorsqu'il voit la lune. C'est toute cette diversité de gens, d'être vivants ou même d'objets bruyants qui fait qu'une ville n'est jamais, au grand jamais, silencieuse.

Je suis caché derrière une poubelle, à l'angle d'un petite rue, et, d'ailleurs, l'odeur qui s'en dégage commence à être désagréable.

Mon arme tenue à deux mains, accroupi, attentif au moindre signe de vie, j'avoue que je me sens un peu stupide.

Je commence à avoir des fourmis dans les pieds, quand j'entends des bruits de pas. Je tends l'oreille d'avantage : j'entends le cliquetis d'une arme.

Je me crispe. Je dois tirer avant lui !

Je me relève, tout doucement pour ne pas que mes articulations ne craquent, jette un coup d’œil de l'autre côté de la poubelle et vois la cible

C'est un homme qui porte un pantalon kaki couvert ici et là de taches brunes. Du sang.

Je sens ma respiration se couper immédiatement : cet individu a déjà tué de nombreuses personnes, à moins que ce ne soit son propre sang ?

Je sais que je devrais tirer, mais pour le moment je ne suis pas en état. Mes mains tremblent tant que même en faisant un effort je raterai ma cible.

L'homme se penche en avant. Curieux, je fais de même. Soudain, je perds l'équilibre et me rattrape, de justesse, à la poignée de la poubelle.

Mais c'est déjà trop tard, l'homme m'a entendu, et il se tourne vers moi, me montrant son visage couverts d'égratignures et de cicatrices.

Je n'ai pas le temps de faire attention aux autres détails car l'homme a saisi son arme.

Paniqué, je ne vois qu'une seule solution : la fuite. Alors je prends le tournant de la rue, m'engouffrant dans une autre. Je n'ai pas le temps de regarder derrière moi, j'entends le pas lent de l'homme qui me suit.

- C'est pas la peine de fuir, mon petit, murmure mon poursuivant d'une voix grave. C'est un cul-de-sac.

Je ne vois qu'une seule chose qui pourrait me cacher : une voiture. Je me précipite derrière et, essoufflé, tente de reprendre ma respiration tant bien que mal, assis contre la portière avant.

Le pas lent de l'homme se rapproche, et je songe de plus en plus à disparaître.

- Je sais que tu es caché derrière cette voiture, mon petit, c'est la seule de la rue, reprend t-il.

Je ferme les yeux, je ne veux pas que la dernière chose que je vois ce soit le visage défiguré de cet homme.

Le pas s'arrête. Je sais qu'il se tient devant moi, le vent léger m'apporte une forte odeur d'alcool et de tabac.

Je me tiens droit, je veux mourir digne.

Quitte à mourir, autant le faire avec valeur.

- Hé, petit ! s'exclame l'homme.

Je ne bouge pas.

- PETIT ! 'Tain, il a fait un malaise ?

Les personnes qui ont trop bu ne réfléchissent pas toujours de manière logique, j'en ai déjà fait l'expérience avec mon oncle.

Je sens quelque chose me tapoter le bras, et je me laisse glisser contre la voiture puis tomber contre le bitume froid et sale de la rue.

Mais laissons-lui croire que j'ai fait un malaise, c'est mieux comme ça.

J'entends les pas s'éloigner, puis, quand je ne les entends plus, je rouvre les yeux, lentement, prudemment.

Il n'y a plus personne.

Je m'autorise à respirer à nouveau, tentant de calmer mon rythme cardiaque.

Doucement, je me relève.

BANG !

Je me baisse immédiatement, la balle n'étant pas passé loin de ma tête. Je récupère le pistolet, à deux mains.

Qu'est-ce que je fais ? Dans tous les cas, je dois mourir. Alors que ce soit maintenant ou dans six jours, quelle différence ?

Je prends une grande respiration, l'homme m'attend sûrement au coin de la rue, en embuscade.

Je vais tenter une sortie, comme dans les westewn. Peut-être en ai-je trop vus ?

C'est en tous cas la seule option qui me vient à l'esprit.

Je respire, profondément, puis me précipite hors de ma cachette, en cherchant du regard un pantalon kaki.

A peine ai-je couru que les balles fusent, je ne peux pas les éviter, je ne fais pas le poids face à cet homme, certes complétement cinglé, mais qui doit avoir l'habitude de tirer sur des cibles en mouvement.

Alors, je reste immobile et je vise la poitrine.

La balle part, je suis surpris par la force avec laquelle le pistolet me projette en arrière, je comprends mieux pourquoi Jane voulait que je le tienne à deux mains.

Décidément, je n'ai pas envie que mon sang vienne s'ajouter à celui des autres sur le pantalon de celui qui va sûrement me tuer.

Je n'ai pas le temps de savoir si j'ai touché ma cible, car je ressens soudain une douleur sourde dans le ventre.

Je n'entends plus rien, à part mon cœur, qui bat.

Ma vision se trouble.

Tout devient noir.

Je suis vivant.

Enfin... Je crois.

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