Franchement, comment une chevelure pareille peut exister ? Quand on rencontre ce type pour la première fois, ça saute aux yeux : il est fâché avec son peigne. Et même avec les ciseaux, tiens ! Je suis sûr qu’il est impossible de trouver deux cheveux de la même taille sur l’étendue de son crâne. Pour trouver une comparaison, je parlerais de touffe d’herbe fraichement arrachée.

C’est vrai que j’ai l’air un peu hargneux là, mais vous devez comprendre que ce gars tente de transformer ma douce et paradisiaque vie en cauchemar.

Ça fait quand même quelques semaines qu’il tourne autour de ma Louisa : et je te passe mon bras autour de la taille, et je te caresse des yeux, et je m’enferme des heures avec... Non mais ça va s’arrêter, oui ?!

Parce que ce qu’il faut savoir, c’est que je partage ma vie avec Louisa depuis trois ans déjà.

Entre nous c’est l’amour fou, la fusion, l’union parfaite : on passe notre temps collés l’un à l’autre, on se câline, on partage nos nuits. Chaque journée, j’attends patiemment qu’elle rentre du travail et quand la clé tourne dans la serrure, je me précipite dans ses jambes et je me frotte...

Parfois, elle me rapporte une friandise ou une délicieuse pâtée. L’autre soir, elle m’a même apporté une super petite souris mécanique.

Elle est merveilleuse ma Louisa, tous les chats rêveraient d’avoir une humaine comme elle !

Mais ce Gabriel ou Gaëtan (je ne me rappelle jamais de son prénom à celui-là) est arrivé, et je ne peux que constater que Louisa passe moins de temps avec moi.

Mais qu’il ne s’en fasse pas le bonhomme, je ne vais pas me laisser faire comme ça. Il veut de la concurrence ? Il va en avoir !

Alors c’est sûr qu’il y a la solution que je qualifierais de basique : je fais un bon gros pipi dans ses chaussures et ceci de façon répétée. Mais ça présente deux inconvénients majeurs :

1 : Il faudrait que je mette mes pattes là où ont transpiré ses pieds et ça, je ne peux pas m’y résoudre, c’est vraiment dégoûtant !

2 : On saura directement que c’est moi qui l’ai fait parce que Gaëtan ou Gérard (je ne sais jamais son prénom) ne ferait pas lui-même pipi dans ses chaussures. Et ma douce Louisa ne pourrait jamais faire une chose aussi affreuse, je crois qu’elle ne fait jamais pipi d’ailleurs, ce n’est pas son genre.

Bref, une fois que l’on découvrirait que c’est moi, je risquerais des répercussions, donc je ne retiens pas cette solution.

Moi, je suis plus finaud que ça. La guerre, je vais la faire... mais en mode furtif, comme un agent double en infiltration ! Il va falloir que je lui fasse prendre ses distances malgré lui...

Pour le moment, je vais aller me détendre un peu. Louisa vient de partir au travail, Gérard ou Gaël (je ne sais toujours pas son prénom) est parti avant elle (sûrement pour lui acheter des fleurs ou un autre truc inutile de ce genre).

C’est le matin : je sors. Je vais aller voir mes potes du quartier. Je rentre mon ventre, je rentre mes fesses et je passe par la fenêtre entrouverte de la cuisine.

À ce propos, je préfère être clair tout de suite, Louisa ne sait pas que je sors (je crois qu’elle me juge trop musclé pour passer), donc “motus et bouche cousue”.

Elle ne sait pas, elle ne s’inquiète pas, je fais mon p’tit tour, je rentre à l’heure, tout va bien pour tout le monde.

Je disais donc... je serre tous mes muscles et me voilà dehors.