LE RESTAURANT CHINOIS

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De retour au coin des poubelles, on aperçoit Strudel et Scarlett avec des têtes de stars. Le toiletteur ne les a pas ratés, ils sont prêts pour le tapis rouge !

Le temps de les mettre au parfum et on s’organise. On suppose que dans l’après-midi, les propriétaires du resto sont sur place, ils doivent ranger et nettoyer les repas du midi et préparer ceux du soir. Donc, il va falloir aller jeter un œil mais de façon très discrète parce que, là, on risque notre peau... ou plutôt notre viande !

Séb et moi nous portons volontaires pour espionner de l’intérieur, quant à Scarlett et Strudel, ils guetteront à l’extérieur, surtout pour vérifier qu’on en ressort bien, et pour appeler du renfort au cas où ça dégénère. Nous voilà tous les quatre en approche militaire, les oreilles aux aguets, les moustaches en alerte. Strudel m’indique une porte du bout du museau et chuchote :

- Che pense gue cette porte donne sur les guisines à l’arrière du restaurant. C’est sûrement le seul agcès à cette heure-ci. Afant de s’y afenturer, il faut férifier les allers et fenues des humains.

- Affirmatif Strudel, guettons !

Notre poste de guet est placé derrière les poubelles du restaurant (décidément, on aime ces endroits).

Au bout de cinq minutes, une femme apparait, elle se tourne vers la porte et crie :

- Bon alors, tu viens ? J’ai besoin de toi pour décharger la caisse qu’il y a dans le coffre de la camionnette.

Un humain, homme cette fois-ci, sort alors et la suit vers le petit parking à quelques dizaines de mètres.

- J’arrive, j’arrive.

Scarlett nous jette alors :

- Sébastien, Popeye, go, go, go1 ! On reste ici, on veille sur vos arrières.

Sébastien et moi, plus vifs que l’éclair et plus discrets qu’une ombre, entrons par la porte et courons nous faufiler à l’intérieur.

- Ça va être long pour tout fouiller, tu as vu tous ces placards ? me glisse Sébastien.

- Commençons par là avant qu’ils n’arrivent !

Je me précipite vers un recoin à gauche où se trouvent différentes caisses. On jette un œil en haut, au milieu, et on n’a pas le temps de regarder dans celles du bas qu’on entend nos deux humains qui reviennent.

La femme a l’air fâchée tandis que l’homme semble plutôt renfrogné. Elle ouvre un grand placard à droite de la porte et l’homme y place un gros carton.

La femme s’énerve alors :

- Il faut que tu comprennes que c’est une nécessité si tu veux qu’on garde le restaurant. Je sais que tu n’aimes pas ça ! Tu crois que j’aime ça, moi ? Non, mais je le fais quand même ! Je m’occupe d’approvisionner, tu n’as qu’à exécuter. Tu le fais, c’est tout ! Tu ne te poses pas de questions !

Sébastien et moi, imperceptiblement, nous collons l’un à l’autre. On n’ose pas se regarder. Grabouilla avait raison, ce sont des tueurs de chats ; ils utilisent notre viande pour faire fonctionner leur resto. J’ai l’estomac au bord des lèvres.

Mais l’humaine poursuit :

- Tout est là, dans ce placard, et dès qu’on manque de quelque chose, tu me demandes et je vais chercher ce qu’il faut. Et arrête de râler, ce n’est pas la mer à boire.

Je crois que cette humaine est le pire monstre que j’ai rencontré. Je trouve même le chevelu de Louisa aimable à ses côtés. Séb et moi sommes devenus si petits qu’on pourrait passer sous la porte, nos cœurs battent la chamade !

Comment va-t-on sortir de là ? Et pour Idéfix et Minette, c’est déjà fini ?

La cheffe humaine entre dans la salle du restaurant et se retourne enragée :

- Alors, qu’est-ce que tu attends ? Suis-moi !

Sébastien me serre la patte et chuchote :

- Sauvons-nous...

On part lentement sur la pointe des coussinets, on s’apprête à passer la porte et là, je m’arrête.

- Attends Séb, il faut qu’on sache. Qu’est-ce qu’il y a dans ce placard ?

Les yeux de mon pote reflètent tour à tour l’effroi et la résolution :

- Tu as raison, il faut en avoir le cœur net !

Comme la porte est restée entrouverte, ce n’est pas compliqué. On tire doucement…Dedans, on aperçoit des balais, des pelles : sûrement des armes pour chasser et assommer les chats.

Les pupilles dilatées, le sang battant dans mes tempes, j’ouvre délicatement le carton et là, la découverte : des chiffons, des produits de vaisselle, des nettoyants ménagers, des éponges, des brosses à récurer.

Mon cerveau fait une vrille, puis une deuxième : quel soulagement ! Je suis tellement abasourdi que je n’entends pas les pas derrière moi. C’est l’homme qui est de retour.

Il nous avertit gentiment :

- Mais qu’est-ce que vous faites là, vous deux ? Ne restez pas là sinon la patronne, elle va aussi vous embaucher pour le ménage puisque, apparemment, je ne suis pas assez efficace. Allez zou, dehors, c’est pas un endroit pour les chats !

Séb et moi, on ne se fait pas prier, on sort rapidement.

Strudel et Scarlett nous rejoignent aussitôt :

- Alors, explain 2 ! On les a vus entrer avec un carton. Dans le véhicule, il y a encore des balais et des serpillères. What does it mean 3 ?

Sébastien leur raconte tout, sans oublier de me faire quasiment passer pour un héros parce que j’ai voulu vérifier le carton.

1: allez, allez, allez

2 : explique

3 : Qu’est-ce que ça signifie ?

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