UNE SURPRISE INQUIÉTANTE

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Enguerrand, revenant de la garde nocturne, fut invité à se présenter au logis de Samira. Il la salua avec respect.

— Alors, jeune homme, la garde s'est bien passée ?

— Oui, tout est calme.

— Tu rentres chez toi ?

— Oui, pourquoi ?

— J'ai quelque chose à vous remettre. Dans la soirée, quelqu'un est venu nous amener les instruments de musique que vous aviez perdu lors de votre arrestation...

— Qui ? demanda Enguerrand, soudain inquiet. Qui sait que nous sommes ici ?

— Pas de panique. C'est l'aubergiste qui m'a fait porter vos affaires par son cousin. Ce sont de bonnes personnes.

— Samira, s'il a été suivi, nous allons devoir partir et mon frère n'est pas encore en état de crapahuter à travers les collines !

— Enguerrand, nous ne laisserons personne vous approcher ! J'ai fait doubler les sentinelles depuis votre arrivée, tu le sais. Je te sens très inquiet, mais pour le moment, vous n'avez rien à craindre.

— Je ne suis qu'à demi rassuré. J'aurais préféré récupérer tout ça plus tard, une fois cette histoire avec Saphira terminée.

— Je comprends, mais ton frère va avoir besoin de son luth pour occuper sa convalescence. Et je ne t'ai pas tout dit à son sujet. Son bras gauche était très abîmé et il a perdu une partie de sa mobilité. Je ne suis même pas sûre qu'il puisse rejouer, en fait.

Enguerrand était consterné. La musique avait fait partie intégrante de leur existence à tous deux. Ils allaient devoir s'adapter... à cette perte... s'ils survivaient à cette guerre. Samira reprit :

— Mais au niveau de l'esprit il aura besoin d'aide.

— Je sais, il fait des cauchemars chaque nuit...

— Vous avez subi quelque chose de terrible et il vous faudra du temps pour « oublier ». Comment te sens-tu, toi ?

— Plutôt bien, soulagé d'avoir échappé à Saphira.

— Tu dors bien ?

— Moyennement. Quelques cauchemars, mais j'ai surtout du mal à trouver le sommeil, à faire taire mon esprit.

— Tu as peur ?

— Oui, et je suis tout à fait conscient de la chance que j'ai eu de n'être que le second sur la liste noire de Saphira. On nous a sortis de ce piège avant qu'elle n'ait eu le temps de s'occuper de moi...

— Apprécie ta chance, et essaie de te détendre, tant que tout est calme.

— Merci, Samira.

Durant sa convalescence, Arkan dut réapprendre à manier son luth, mais les séquelles de son séjour chez Saphira ne lui permettaient plus de jouer du festif. Sa main gauche avait perdu la rapidité et la précision du geste. Sa voix brisée ne lui permettait pas non plus d'accéder au chant, à son grand désespoir.

Dans la solitude de ses journées, il insista, alternant musique, nage et exercices physiques. Cependant, au fond de lui-même, il savait qu'il ne retrouverait pas complètement toutes ses capacités.

Alors, il jouait pour les yeux noisette qui l'avaient sauvé, ces yeux qu'il ne pouvait oublier, si forts et doux.

Il pria les Forces-Bonnes, chaque jour et il maudit Saphira à la même cadence.

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