PREMIERS ENTRAÎNEMENTS (à recopier)

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Les premiers temps d'entraînement furent consacrés à la répétition de gestes afin qu'ils deviennent des automatismes absolus.
Après un certain temps, Salomon et Martin passèrent aux premiers vrais échanges avec Mickaël. Et Martin qui s'était bien débrouillé jusqu'alors, eut une réaction qui les surprit tous, y compris Guilhem présent ce jour là.
Au lieu de parer l'attaque, comme il l'avait déjà fait plusieurs fois, il ferma les yeux, se protégeant le visage du bras, se laissa tomber au sol pour se rouler en boule. Salomon se tourna vers les deux hommes avec un air interrogateur en murmurant qu'il ne l'avait même pas frappé.
Guilhem s'accroupit à côté du jeune homme, lui demandant ce qu'il lui arrivait. Martin se releva alors, écarlate et s'éloigna rapidement. Quand il fut hors de vue, il l'entendirent hurler, de rage, de frustration. Il y avait aussi une part d'angoisse dans ses cris.
Les autres poursuivirent l’entraînement laissant Guilhem le rejoindre.

— Qu'est-ce qu'il se passe, Martin ?

— Je ne peux pas. C'est tout !

— Tu ne peux pas...

— Non. C'est juste pas possible !

Silence.

— Pourquoi tu pleures ?

— Guilhem, je suis incapable de faire ces exercices. Et ça me fout les boules.

— Je le vois...

Silence.

— C'est quoi le problème ? La raison ?

Nouvelle explosion de colère. Des « Fait chier », des « putain » et des « bordel » etc.

Quand il fut à bout de souffle et la gorge en feu, Guilhem lui tendit sa gourde. Il s'aspergea le visage avant de boire de longues gorgées.
Toujours très calme, son aîné reprit :

— Tu étais motivé pour ces cours, ça se sentait, et c'est toi qui les a demandés. Pourquoi cette réaction alors que tu avais bien commencé ?

— Parce que je ne peux pas, je suis un trouillard, voilà, c'est tout !

Nouveau silence. Guilhem ne voulait pas lâcher, il sentait qu'il pouvait aider son élève. Il attendit encore un instant et reprit :

— La vraie raison, s'il te plaît.

— Je suis une fiotte, rien d'autre.

— C'est pas une raison, ça. Personne n'a peur à ce point sans raison. Regarde-moi, Martin, Pourquoi ?

Et là, Martin craqua, vraiment. Sa carapace se fendit laissant passer un flot de larmes qui lui inonda le visage. Gabriel, venu voir si tout allait bien, lui tendit un carré de tissu, ( fini les mouchoirs jetables ) et ajouta, prenant le relai :

— Faut que tu lâches ça, mec, ça te ronge. Si tu étais une fiotte, tu ne serais pas resté seul dans la forêt pendant tout ce temps.

— Qu'est-ce qu'il t'est arrivé pour que tu ais ces réactions ? insista Guilhem.

— Je ne voulais pas en parler... mais je peux plus me taire... alors ce que j'ai vécu ce sont six années de sévices corporels et psychologiques, et d'abus physiques de la part de mon beau-père. Et à douze ans, j'ai volé une carabine et je l'ai abattu. Après ça a été foyers, suivi psy etc. Ma mère s'est suicidée et je ne m'en suis jamais remis.

J'ai dégringolé, j'ai plongé dans les drogues, l'alcool, la délinquance...

Silence.

— Je te remercie de ta confiance, Martin. Tu as fait un grand pas en nous ouvrant ton âme.

— Oh, c'est un peu grâce à toi, Guilhem, tu m'as fait craquer.

— Oui, mais le vieux singe le sait, un fruit ne tombe que quand il est mûr, conclut Gabriel.

— Je ne suis pas si vieux que ça, quand même.

— Tu as l'âge d'être mon père, murmura Matin.

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