Chapitre 9

4 minutes de lecture

Elle est restée là, sans bouger.

À genoux.

Les bras posés sur ses cuisses, le souffle court, le front perlé de sueur salée.

Le vent a tourné. Un peu. Juste assez pour faire glisser un frisson sur la peau nue de son cou.

Son avant-bras gauche est couvert de poussière et de sang séché. Une douleur puissante bat lourdement à l’intérieur.

Elle baisse les yeux. Regarde sans bouger.

Sous la croûte brun-gris, trois plaies aux contours inexacts tranchent dans le muscle tuméfié.

Et là, un détail la frappe : l’angle de chaque entaille. L’écartement. Le dessin général.

Un triangle équilatéral presque parfait.

Elle ne s’attendait pas à cette géométrie. Pas à cette précision, née d’un geste brutal, fait à genoux, dans la poussière, avec un éclat de roche.

Dans sa main droite, elle tient la dague rituelle. Elle n’a rien à voir avec son poignard de fortune mais elle devine que les deux objets ne font qu’un.

Elle la regarde à présent. Réellement. Pour la première fois depuis qu’elle l’a ramassée, là, au seuil de l’abri, après qu’Élidie a disparu.

Elle est étrange.

Le manche est un prisme hexagonal d’environ 12 cm de haut, avec des moulures simples à la base et à la garde. Il est rugueux, en granit poivré. Sculpté avec un outil laissant un motif de petites encoches rendant la prise plus ferme. La lame a trois faces égales et polies d’aspect, aux arrêtes saillantes, d’une longueur de 15 cm. Elle est taillée dans un gneiss à striures nettes et ondulées, blanches grises et noires. Rien ne brille. Et pourtant, rien n’est terne. C’est un objet simple et chaque détail est juste.

Mais Glaçant.

C’est avec cet objet qu’une malédiction a été scellée en elle.

Sa description s’affiche à nouveau :

DAGUE RITUELLE TAFERKANT - Unique

Inflige à sa porteuse : Malédiction du Gneiss Lunaire

Permet à sa porteuse d'accéder aux compétences des classes Sorcières.

Lié à Nahla Taferkant

Elle relit les mots, les mâche intérieurement.

Malédiction.
Elle n’en ressent rien. Pas encore. Mais le mot ne part pas.

Il reste là. Comme un noyau.

Est-ce que c’est déjà en moi ? Est-ce que quelque chose va changer ? Est-ce que je vais le sentir — ou pas du tout ?

Elle n’a pas de réponse.

Alors elle se concentre sur l’autre ligne. Celle qu’elle comprend mieux.

Permet d’accéder aux compétences des classes de type Sorcière.

Et à cet instant précis, sans frisson, sans lumière, un nouvel écran s’ouvre.

Accepter la compétence de classe Sorcière Sylvestre :

Croissance Végétale

O/N

Nahla fixe l’écran. Aucun doute. Elle accepte.

Un flux discret se déploie à partir de son bras gauche, comme si une nappe de sève tiède cherchait un chemin sous sa peau. Elle s’agenouille sans un mot, pose les doigts contre la touffe d’origan la plus proche. Le soleil tape encore doucement sur les hauteurs, et les pierres dégagent une chaleur sèche.

Elle signe :

— Pousser.

Croissance végétale — activée
Zone : 50 cm²
Drain : -10 mana/sec

Le flux commence. Au départ, rien ne bouge. Puis la tige frémit. Une feuille se déploie. Une autre se tend. La hampe perce lentement, avec une sorte de résistance. Comme si la plante refusait de grandir à une telle vitesse.

Nahla serre les dents. Sa paume chauffe. Son bras tremble.

Mana : 475 → 465 → 455...

Le sol pulse sous ses genoux. L’air devient plus sec. Le parfum monte enfin : piquant, chaud, exact.

Elle continue. Vingt secondes. Vingt-cinq.

La dernière feuille se déploie.

Une hampe florale complète s’élève.

Elle coupe.

Temps écoulé : 30 secondes
Mana restant : 175 / 475

Elle halète. L’impression d’avoir vidé quelque chose en elle. Comme si son souffle s’était perdu dans la plante.

Elle s’écroule contre le muret. Étourdie.

Et surtout : rien ne remonte.

Mana : 175... 175...

Puis au bout d’une longue minute

Mana : 176

Trop long. Beaucoup trop long, à ce rythme il lui faudrait 5 heures pour régénérer 300 mana…

Ses doigts cherchent une solution dans le vide.

Alors elle signe. Faiblement. D’abord un geste réflexe :

— Calme…

Rien ne vient. Pas assez.

Elle recommence. Deux fois. Trois. Se recentre. S’installe au sol. Respire profondément.

Et là, un frisson plus profond s’enroule dans sa nuque.

Un encart :

Compétence améliorée : Calme majeur
Effets :
— stabilité mentale +5
— régénération de mana : +1 mana/sec

Elle ferme les yeux.

Le soulagement est lent, mais réel.

Mana : 176… 177… 178…

Elle ne bouge plus.

Elle attend. Le Mana emplit son corps.

Puis Nahla reprend la croissance d’origan.

Chaque cycle lui prend 5 à 6 minutes : 30 secondes pour faire pousser une plante, 5 minutes à se détendre et recharger assez pour recommencer.

Un rythme dur. Régulier.

Elle ne pense plus. Elle alterne.

Le jour baisse. Les ombres des pierres s’allongent.

Ses efforts ne sont pas vains, d’abord elle récolte enfin de l’origan en tout début de floraison et dans l’intervalle elle fait aussi de grand progrès :

Croissance végétale Niv. 4
Zone : 200 cm²
Drain : -10 mana/sec

Grace à l’augmentation de la surface d’action elle peut récolter bien plus qu’elle ne l’espérait.

Aussi grâce à sa pratique répétée de calme majeur elle débloque :

Méditation :

Votre corps est immobile.
Vos sens sont tournés vers l’intérieur.

En contrepartie de l’abandon du monde extérieur, votre régénération augmente.

+2 santé/sec
+2 endurance/sec
+5 mana/sec

Même son herboristerie prend 2 niveaux, lui octroyant au passage +2 en sagesse.

Et enfin Nahla monte de 1 niveau

Nom : Nahla

Race : Humaine Niv. 5

Classe : N/A

Métier : N/A

Vie : 350 / 350

Endurance : 325 / 325

Mana : 550 / 550

Stats

Vitalité : 14

Endurance : 13

Sagesse : 22

Force : 14

Résistance : 14

Volonté : 17

Dextérité : 17

Acuité sensorielle : 20

Points à répartir : 6

Classes accessibles : en attente de validation

La lumière devient rouge sur les pierres.

Elle reste là, le dos contre la pente, le souffle court.

La brassée est complète, son sac est rempli. Elle a peut-être récolté 1kg d’origan frais en début de floraison, l’idéal pour la distillation selon le carnet de Claudine.

Son choix de classe attendra.

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