Chapitre I : Shino

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Shino avait toujours été précoce. Il était né avec un mois d’avance et faisait cinq ans de plus. Le jeune homme avait toujours été plus mature que les autres mais aussi, à l’insu de ses parents, plus effronté encore. Le 23 octobre 1663, Shino, âgé de 10 ans, entendit un bruit sourd venant de l’entrée. Ses parents étaient partis quelque heure plus tôt à une manifestation, il était seul chez lui. Il se leva de son lit et jeta un coup d’œil par la fenêtre qui donnait sur l’entrée. Caché derrière le fin rideau de soie, il vit devant la porte trois soldats impériaux. L’un d’eux toqua, trois coups retentirent. Shino se rassit sur son lit et attendit. Les soldats étaient encore devant l’entrée. Ils toquèrent une dernière fois puis enfoncèrent la porte. L’un des hommes, qui semblait plus haut gradé que les autres, cria :

- Je cherche Shino. Shino de Sloris. Je ne veux de mal à personne. Malgré tout, si vous refusez de coopérer…

- Mes parents sont absents. répliqua la voix froide du jeune homme qui sortait de sa chambre.

- Venez. L’Empereur veut vous voir.

- Et pourquoi ?

- L’Empereur veut vous voir. répéta l’autre.

- A qui ais-je l’honneur de parler ?

- Général Travers, monsieur.

- Et pourquoi, monsieur le Général, entrez-vous par effraction dans un domicile légalement habité ?

- L’…l’Empereur a eu une vision… murmura un sous-fifre du Général.

- Tais-toi, Maurice !

- Il a raison, larbin. Tais-toi. Laisse parler les grands. répliqua Shino, amusé.

- Vous êtes plus jeune que moi !

- En maturité c’est moi qui gagne. Et si tu as un tel complexe de supériorité, pourquoi me vouvoies-tu ? susurra Shino, moqueur.

- Là n’est pas la question ! coupa le Général.

- Revenons-en à notre affaire. affirma Shino.

- Acceptez-vous de nous suivre jusqu’à l’Empereur ?

- Je crois bien que vous me le demandez par politesse…mais tant que mes parents ne risquent rien, cela me va.

Le Général Travers confirma l’absence de danger et s’en alla en sa compagnie, laissant au dénommé Maurice le soin d’écrire un mot aux parents du jeune homme.

Une calèche attendait devant la maison et les quatre personnes y prirent place. Le trajet dura deux heures et rien ne se produisit jusqu’à l’arrivée du convoi devant la porte du palais impérial. C’était une immense porte entourée de remparts surdimensionnés. Les quatre passagers de la calèche descendirent et la porte s’ouvrit sur les jardins endormis parsemés d’arbres nus et de mares. Le reflet de la lune vint se poser à la surface plane de l’eau qui fut alors troublé par un vent froid et hivernal. Le petit groupe traversa un pont en bois qui passait au-dessus d’un court d’eau et arriva devant le bâtiment principal du palais. C’était une immense demeure blanche aux toits rouges et bleus, aux murs tapissés de fresques de l’Age d’Or et aux fenêtres gargantuesques et closes dont les volets en bois beiges étaient sertis de quelques diamants bleus. Le Général Travers assigna à Shino une chambre isolée au sud du palais. Il allait y être enfermé jusqu’à la venue de l’empereur, deux jours plus tard.

Durant la nuit, seul le souffle du vent venait troubler le silence pesant du palais. Le matin, aux alentours de huit heures et demie, un cri strident retenti dans les jardins. Shino, bien qu’éveillé depuis une heure, n’ouvrit pas les yeux.

Sa chambre était modestement composée d’un lit à baldaquin rouge, d’un bureau et d’une unique fenêtre close qui ne pouvait être ouverte. C’était pourtant la seule source de lumière dans la pièce car le volet était percé d’un unique trou.

Au bout d’un long moment, Shino ouvrit les yeux et alla s’assoir à son bureau, le regard fixé sur la porte. Cette dernière s’ouvrit soudainement, laissant paraitre un petit homme courbé et au teint pâle dont les yeux traduisaient la peur.

- M…monsieur ? Le…le Général Travers vous…vous demande…

- Pour quelle raison ?

- La dauphine est morte cette nuit…son cri n’a pas dû vous échapper…

Shino suivit le petit homme dans un bureau lumineux où se trouvaient le Général et ses deux sous-fifres, Maurice et Jean. Les trois individus avaient une mine épouvantable. Le petit homme s’en alla. Un silence plus pesant que celui de la nuit passée s’installa parmi les convives. Silence qui fut interrompu par Shino :

- Pourquoi m’avez-vous fait venir ?

- Pierre –c’est le nom de l’homme qui est venu vous voir- a dû vous le dire.

- Oui, Général, en effet...or, il n’a pas été très précis.

- La dauphine Hyrèl est morte, assassinée, ce matin même. Il s’agissait de la seule descendance de l’Empereur…

- En quoi cela me concerne-t-il ? Suis-je dans la liste des suspects ?

- Non. Le meurtrier a été retrouvé. Il s’agit de Louison, une amie de la défunte. Jalousie je suppose. Mais là n’est pas la question.

- En effet.

- Bon…c’est délicat…l’Empereur est devenu eunuque et donc stérile il y a cinq ans de cela, comme le voulait la coutume.

- Et ? En quoi cela me concerne-t-il ? répéta Shino, inquiet.

- Nous avons étudié les archives et s’avère que vous êtes le seul parent proche de notre Empereur. De par votre mère bien sûr. Bien que cette branche de la famille ait été reniée, c’est un cas d’extrême urgence car l’Empereur est au plus mal.

- Et ?

- A la mort de Christopher le Grand, vous deviendrez Empereur.

- J’ai une question.

- Oui ?

- Pourquoi m’avoir enlevé à ma famille ?

- L’Empereur vous l’expliquera lui-même demain.

- Je veux le savoir aujourd’hui et maintenant.

- Je ne sais rien.

- Et cette histoire de…vision ?

- Je ne sais rien.

Shino sourit, amusé, puis s’en alla dans les jardins. Bien sûr, il avait compris pourquoi, mais il voulait être sûr de sa théorie. Il était de notoriété publique que les Empereurs possédaient le don de vision, ils pouvaient en effet voir non seulement le futur proche mais aussi le passé le plus lointain, jusqu’à la création même de la vie. Christopher le Grand devait avoir prédit la mort de sa fille et le fait que Shino soit son seul héritier légitime.

Le jeune garçon s’assit au pied d’un arbre au tronc roulé et beige au bord d’une mare puis se mit à chanter dans la langue de l’Age d’or : l’Aetherine. Cette époque révolue était celle de la création de l’Empire plus de mille six cent ans au paravent. Seule la famille de l’Empereur de Caski connaissait ce langage.

« Lïa saèorü ânnoîrüâ

Nésa fïèrümaâsa shahaâtïvôsa,

Juâ nâ tïa shaénnuosa pausa

Mauosa tïèo tïî maâ shaénnuosa… »

Ce chant faisait partie d’un texte ancien qui racontait la relation amoureuse qu’aurait eu la déesse Fréïa et l’Empereur Ptome –avec qui la déesse aurait eu un fils- en l’an cent.

« …Lïu vôoâ sao sharüâlïlïâ

Quôî’âlïlïâ saèotï,

Maèntïrüâ tïu voéoâ

Atï lïu maoânnâ…. »

- T’es qui toi ? demanda une voix féminine et autoritaire.

- A qui ais-je l’honneur ? répliqua Shino.

- Lina Travers.

- Travers ? Comme le Général ?

- Oui, exactement. Alors si tu ne veux pas de problème avec mon frère…

- Il ne me fera rien, c’est lui qui m’a amené sur demande de l’Empereur.

- C’est insensé ! pesta l’autre. Et c’est quoi cette horrible marque sur ton visage ? Tu t’es battu ? Tu te crois Empereur de Caski ? Nan mais parce qu’il a la même. T’es un mage ? Ou tu n’es juste pas humain ?

- Oui, c’est ça, et je vais te transformer en grenouille ! Odoètïa ! (idiote)

- C’est faux !

Lina partit le nez en l’air, indignée, bien qu’elle n’eût pas compris la phrase de Shino. Ce dernier étouffa un rire et se remit à chanter. Sa voix était mélodieuse et entrainante, bien que son chant parle de tromperie.

En effet, selon la légende, Ptome était marié à l’impératrice Cécilïa depuis seulement un mois au début de sa relation avec la déesse Fréïa. Cette dernière lui imposait un choix : elle et sa bénédiction ou Cécilïa et le peuple. Ptome ayant choisi la déesse, il fut assassiné par son fils sur les ordres de son amante. Fils qui devint Empereur à son tour en assassinant le descendant de Cécilïa. Une autre version de la légende voudrait que Cécilïa et Fréïa aient fait un accord à propos de Ptome, un pari pour s’assurer la fidélité de l’Empereur. Fréïa ayant gagné, son fils devint le nouveau souverain ; dans le cas contraire, le fils de Cécilïa aurait été placé sur le trône comme si rien ne s’était produit.

Le second jour d’attente se passa sans encombre, sauf lorsque le soir vint. Shino était étendu sur son lit, prêt à fermer les yeux, quand la porte s’ouvrit avec violence. Lina, la jeune fille qu’il avait vu le jour précédent, entra, le fusillant du regard. Shino ne bougea pas. Il ne releva pas la tête, ne tenta pas de la voir ni de lui parler, il attendit.

Lina s’approcha doucement de son lit et pesta d’une voix forte

- Comment ça se fait que tu saches parler l’Aetherine ?

- Comment ça se fait que tu rentres comme ça le soir dans la chambre d’un garçon et que tu lui hurles dessus ? Et pourquoi t’es là en vrai ?

- Mon frère veut te voir.

- Alors vas-t-en.

- Non, je veux savoir pourquoi tu parles l’Aetherine.

- Eh bah je ne te le dirais pas.

- Alors tu ne dormiras pas de la nuit.

- Mais bien sûr.

Shino se leva, et fusilla Lina du regard. Cette dernière avait les cheveux mi- longs, d’un blond flamboyant, les yeux d’un bleu profond et la peau mate. Elle le regardait d’un air méchant comme un chien déchaîné.

Shino regagna le bureau du frère de la jeune fille –qui le suivait- et entra sans toquer. Le Général Travers était seul à son bureau et regardait fixement la porte.

- Bonsoir, Shino. Excusez-moi de vous faire déplacer si tard…

- Pourquoi tu vouvoies cet imbécile ? demanda Lina en le rejoignant derrière le bureau.

- Lina, tais-toi et sors d’ici tout de suite ! pesta Travers.

- Mais Gustave…

- Vas-t-en !

- Pff…

- Bien.

La jeune fille sortit.

- C’est votre sœur ? demanda Shino.

- Oui…malheureusement…

- Pourquoi m’avez-vous convoqué ?

- En premier lieu, je tiens personnellement à m’excuser pour le comportement de ma sœur, hier...

- Je suis aussi en tort, je l’ai insultée, je m’en excuse.

- Ce n’est pas ce que j’avais compris ! s’exclama Travers, confus.

- Et qu’avez-vous compris ?

- Qu’elle vous avait abordé et que vous lui aviez parlé dans la Langue Ancienne…

- Et c’est là que je me suis un peu…amusé disons. murmura fièrement Shino.

- De toute manière, ce n’est pas le sujet : l’Empereur arrive demain aux alentours de midi.

- Il n’était pas censé arriver le soir ?

- Si, mais il a pu raccourcir le trajet. Il vous demande de bien vouloir l’attendre dans son salon demain, à partir de onze heures.

- Bien.

- Pour ce qui est de ma sœur, qu’elle sache ou non pour l’insulte, cela ne changera rien, elle ne porte personne dans son cœur, même si j’ai l’impression que vous lui faites de l’effet.

- Je ne suis pas le genre de personne qui aime…les femmes…comme elle. s’excusa Shino, esquivant son regard.

- Bonne nuit, Shino.

- Bonne nuit, Travers.

Shino quitta le bureau et regagna sa chambre où il s’endormit en quelques secondes.

Aux alentours de midi, le 26 octobre 1663, l’Empereur arriva dans le salon où se trouvait, comme il l’avait exigé, Shino. Ce dernier s’était installé sur un fauteuil en laine bleue et somnolait quelque peu. Lorsqu’il vit l’Empereur, il se leva et s’inclina en disant :

- Bien le bonjour, mon Seigneur.

- Bonjour, Shino.

Le jeune homme releva la tête. L’Empereur le regardait d’un air sombre ; il avait le teint pâle, ses cheveux étaient pareils sa moustache noire et soigneusement lissée, les yeux bruns et froids ; il était grand, vêtu d’une tunique noir assorti à une chapka bordée d’or, une de ses oreilles portait une obsidienne teintée de rouge. Il semblait las, fatigué d’avoir pleuré sa fille ; ses joues avaient un fond rosé, et, sur sa joue droite, se trouvait une marque bleue un peu plus petite que celle de Shino.

L’Empereur invita le jeune homme à s’assoir et s’installa sur un canapé vert face à lui.

- Je crois que le Général Travers t’a déjà transmis quelques informations ?

- Eîo (oui).

- Bien. Mais une seule manque et le Sous-Général Marcel a dû t’en parler vaguement…il ne sait pas garder les secrets…

- En effet, mon Seigneur. Il s’agit d’une vision ?

- C’est cela.

L’Empereur soupira, ferma les yeux et raconta :

- Il y a une semaine, alors que je me baladais dans les jardins du palais, je suis tombé en transe sur le pont qui passe près de la Source. C’est alors que ma vision commença. C’était la première depuis dix ans et je ne la vis que par bribes…cela commençait avec le souvenir de la mort tragique de l’Impératrice, suivit de celle de mon fils, il y a trois décennies. Après cela, il y eut l’image floue de ma fille qui criait, puis mon trône vide, qui laissa place au visage de ta mère. Il fut rapidement remplacé par une lame ensanglantée puis par une représentation de Fréïa aux côtés d’un masque blanc tracé d’une unique ligne noire. Et, enfin, la dernière chose que je vis, c’était toi pourtant la tenue du Saîovôuntï (Suivant).

Il avait rouvert les yeux. Ces derniers avaient abandonné leur lueur triste et lasse pour arborer une flamme d’espoir nouveau. L’Empereur se leva et se mit au plus près de Shino.

- Cette marque prouve que tu es destiné à faire de grandes choses. Tu te dois d’être mon Saîovôuntï.

- Sauf votre respect, mon Seigneur, je n’ai que dix ans et vous n’avez pas besoin de moi.

- Je le sais bien, mais s’il devait m’arriver…quelque chose, tu serais mon successeur.

- Vos ancêtres ont reniés ma famille. répliqua Shino.

- Et moi je la bénie !

- Pourquoi pas votre frère au lieu d’un enfant tel que moi ?

- Mon frère…a tenté de m’ôter la vie. Nous l’avons castré puis enfermé dans la Prison de l’Ecluse. Je ne me permettrais pas d’en faire mon Saîovôuntï.

- Je comprends.

- Alors, acceptes-tu ma proposition ?

- Qu’est-ce que j’y gagne ?

- Tu deviendras Empereur à ma mort. fit le souverain, surpris.

- Et vous, qu’y gagnez-vous ?

- L’assurance d’une descendance digne et fiable.

- Vous ne me connaissez pas, et je ne vous connais pas. Qui me dit que je peux vous faire confiance ?

- En effet. Disons…et si je te donnais un couteau que tu pourrais garder que ce soit ou non en ma présence ?

- Soit. Mais vous cessez également de me faire espionner par votre larbin à lunettes.

- Le larbin il s’appelle Lucida ! pesta un homme portant des lunettes qui était caché dans un coin de la pièce.

- Lucida, sortez d’ici, je vous prie.

- Bien, mon Seigneur.

L’homme sortit et l’Empereur reprit :

- Et qu’est-ce que j’y gagne, moi ?

- Un héritier digne de votre confiance.

L’Empereur lui sourit puis tourna les talons. Dans ce dernier regard, bien que camouflé, Shino crut voir une intense tristesse. Son sourire était crispé, amer. Lorsqu’il passa la porte, l’Empereur laissa tomber une larme qui roula le long de sa joue et de ses vêtements pour s’écraser sur le plancher sombre de la pièce.

Shino, après quelques minutes de réflexion, sortit à son tour de la salle et retourna flâner dans les jardins.

Quelques mois passèrent sans évènements particuliers, aucune visite de l’Empereur, aucun contacte extérieur, rien. Il était entre temps devenu ami avec le Général Travers et sa sœur. Le 29 mars 1664, alors que Shino lisait un ouvrage intitulé « Les Saîovôuntï et la déesse Fréïa », Lina, la sœur de Travers, vint s’assoir à ses côtés comme à son habitude.

- Encore ce livre ?

- Je ne l’ai pas fini. fit inutilement remarquer le jeune homme.

- Si mon frère apprend que tu l’as volé à la bibliothèque…

- Je l’ai emprunté, c’est différent.

Le soleil se couchait à présent, et la lune fut bien vite la seule source de lumière dans les jardins. Shino ferma son livre et le posa sur le sol. Ils restèrent un peu ainsi puis Lina se tourna vers lui et, tout en souriant, et lui dit :

- Ça fait un peu cliché, tu ne trouves pas ?

- Cliché ?

- Toi, moi, la lune, les jardins…

- Vas au fond de ta pensé, je te prie, viens en aux faits. il se leva.

- Eh bien, depuis que je te connais…

- T’embêtes pas, j’ai compris…

- Ah bon…

- Je dois malheureusement t’informer qu’en tant que Saîovôuntï je ne peux pas me le permettre…

- Mais ? demanda Lina avec espoir.

- Pourquoi diable veux-tu qu’il y ait un « mais » ?

- Laisses tomber.

Elle se leva, les yeux imprégnés de larmes, elle lança un dernier regard d’espoir à Shino puis partit en courant.

- Quel manque de tact !

- Travers…

- C’est Lina qui m’a demandé d’être là.

- Que pouvais-je lui dire ? Que je transgressais la loi ?

- Non, mais tu aurais pu y aller doucement.

- J’irais m’excuser demain.

- Ton secret en restera gardé… soupira Travers.

- Sais-tu si quelqu’un d’autre est au courant ?

- Personne à par moi, comme toutes les fois où tu me le demande. assura l’autre.

- Bien, parfais… marmonna Shino, peu convaincu.

- Je vais me coucher, à demain, Shino.

- Moi aussi ; à demain…

Le Général Travers s’en alla mais Shino resta là. Il s’allongea sur l’herbe humide des jardins et s’endormit. Il fit un rêve étrange, cette nuit-là. Le visage de son père portait des traces de coups, celui de sa mère était pâle comme un cadavre et tous deux le regardaient d’un air serein, bien qu’agité. Son père disparu, laissant place à un homme vêtu de bleu et de rouge portant un masque blanc tracé d’une unique ligne noire et tenant un poignard, tandis que l’image de sa mère se dissipa dans la pénombre.

Lorsque Shino se réveilla, son visage était mouillé de larmes. A ses côtés, l’Empereur l’observait. Il l’observait d’un regard vide, sans le voir. Lorsque le jeune homme leva la tête et sécha ses larmes, l’Empereur clignait des yeux et dit sur un ton de reproche :

- Tu n’aurais pas quelque chose à me dire à propos de Lina ?

- Lina ? Non, pourquoi ?

- Elle pleurait ce matin.

- Ah…ça…eh bien…euh…elle…elle m’aime… marmonna Shino.

- Et toi non ?

- Non.

- Je comprends. Ne va pas lui parler aujourd’hui.

- Mais j’ai promis à Travers que…

- Je sais. Mais laisse-lui du temps. Elle sait pertinemment que ce n’est pas ta faute.

- Travers a raison. J’ai manqué de tact… marmonna Shino, honteux.

- Oui. Mais ce n’est pas ta faute. Tu n’es pas en tort. Laisse-lui quelque jour, cela passera.

- Sans doute.

- Quel est ce livre ? demanda le souverain.

- Oh…euh…c’est un livre sur les Saîovôuntï et la déesse Fréïa…je l’ai emprunté à la bibliothèque.

- Si c’est pour t’instruire, ne vole pas. soupira l’Empereur.

- Mais je…

- Tu sais très bien comment tu l’as eu, gamin.

Shino se tue. L’Empereur ne l’avait jamais appelé ainsi.

- Au fait. De quoi as-tu rêvé pour pleurer ainsi ?

- De mes parents. Ma mère est morte. Mon père tuera, avec le masque que vous avez vu dans votre vision. souffla Shino sans une larme.

- …j’en suis désolé.

- Ce n’est pas votre faute.

- Si ; de toute façon, ton père était destiné à porter ce masque.

- Je sais.

- Tu n’es pas comme les autres, Shino. Je te l’ai déjà dit, tu es destiné à de grandes choses. A tes quatorze ans, tu iras étudier à l’Académie des Maugaâsa (Mages).

- Pourquoi ?

- Tu dois apprendre à canaliser tes pouvoirs.

- Je n’en ai pas.

- Si, mais ils ne sont pas éveillés.

Shino soupira, se leva, prit son livre, salua vaguement l’Empereur et s’en alla lentement. Il se dirigea vers la Source et s’assit sur une pierre non loin. Shino regarda sa main et murmura en ricanant bêtement :

- Moi, un mage ? N’importe quoi. Je serais incapable de lancer un simple sort.

Il ferma les yeux et se mit à rire. Son rire était mielleux, doux, mais sombre. Un corbeau croassa au loin, puis un autre, et Shino ouvrit les yeux et cessa de rire. Ses yeux avaient perdu leur noirceur habituelle, laissant place à un rouge vif. Ses pupilles le brûlaient et il se mit à hurler. Il s’évanouie. Durant sa transe, il entendit la voix de Lina qui appelait à l’aide, puis celle de L’Empereur qui semblait beaucoup plus calme. Quelque chose coula de ses yeux sur la joue de Shino. Ce n’était pas de l’eau, c’était un peu gluant, chaud et, lorsque le jeune homme ouvrit les yeux avec difficulté, il vit distinctement un liquide rouge qui tachait ses vêtements. Du sang. Lorsqu’elle le vit ouvrir les yeux, Lina s’en alla précipitamment. Shino s’essuya furtivement les yeux avec sa manche blanche puis tenta de rattraper Lina, mais il fut arrêté par l’Empereur.

- Tu viens d’éveiller ton pouvoir.

- Et alors ? Je dois aller lui parler !

- Non. Reste là.

- Mais lâchez-moi !

Shino fusilla l’Empereur du regard et il y eu une détonation, puis un écran de fumée, et le jeune homme se libéra pour partir à la poursuite de Lina. Il vira à droite, vers les jardins privés du Général Travers : personne ; il fouilla les écuries, l’hôpital, la bibliothèque pour finir devant les appartements de l’Empereur. Il entra et trouva Lina qui pleurait. Elle le regarda et dit méchamment :

- Qu’est-ce que tu fais là ?

- Je…je voulais m’excuser…j’ai…j’ai manqué de tact, pardon.

- J’ai compris que tu ne m’aimais pas, vas-t-en maintenant.

- Non, tu n’as rien compris du tout ! répliqua fermement Shino.

- Et qu’est-ce que je devrais savoir d’autre ? demanda Lina sur un ton froid.

- Il faut que tu gardes ça pour toi, promets-moi ça, s’il te plait.

- Soit. Et donc ?

- Ton frère est au courant, mais personne d’autre. Bon. Alors. Voilà…je…je n’aime pas les femmes…je ne suis pas attiré par elles...

- Pardon ? Alors toi et mon frère… ?!

- Non, non, lui c’est juste un ami. Mais c’est pour cela que je ne te considère que comme une amie, désolé.

- J’y crois pas, je suis amie avec un hors la loi !

- Ne dis rien à personne, s’il te plait…

- Ouais, c’est ça, ouais.

Shino soupira de soulagement, cette dernière phrase, venant de Lina, signifiait clairement un oui.

- Maârüshao…(Merci)

- Qu’est-ce que tu marmonnes encore ?

- Rien. Merci.

Lina et lui sortirent de la demeure et la jeune fille partit vers les remparts, tandis que Shino se rendit dans ses appartements. On l’avait changé de chambre un mois plus tôt et celle-ci comportait à présent un lit à baldaquin, deux bureaux, une bée-vitrée coulissante, un jardin intérieur et un placard.

Shino ouvrit la bée-vitrée et s’assit sur le sol. A cet instant, l’Empereur entra dans sa chambre. Shino sursauta.

- Qu’as-tu fais ?! pesta le souverain.

- Je…mais rien !

- Tu m’as attaqué !

- Je ne l’ai pas fait exprès ! Je ne sais pas comment faire puisque je viens à peine d’éveiller mon pouvoir !

- A partir de maintenant, tu resteras ici, interdiction de sortir.

- Vous n’avez pas le droit !

- Je suis l’Empereur, j’ai tous les droits !

L’Empereur baissa les stores de la bée-vitrée en un claquement de doigt et les bloquas afin qu’ils ne puissent plus être relevés. Il ferma la porte à clé derrière lui.

Shino fut pris d’une colère dévastatrice : ses yeux recommencèrent à saigner, sa tête lui faisait mal et un nuage noir en sortait, englobant bientôt toute la pièce. Des larmes se mêlèrent au sang, sa tête dans ses mains, Shino criait de toutes ses forces ; le nuage s’était transformé en un monstre sombre qui détruisait absolument tout ce qui lui passait sous la main : les bureaux furent envoyés à pleine vitesse sur un mur, puis furent rejoins par le lit. Epuisé, Shino cessa de crier, il ferma les yeux et sa créature noire l’entoura telle une louve pour le protéger. Un an passa, un an durant lequel Shino dû rester cloîtrer, sans autre visites que celles de l’Empereur et celles, furtives, de Lina, dans sa chambre.

Le 5 juin 1667, l’Empereur vint à la rencontre de Shino et lui fit par d’un évènement qui aurait lieu dans la soirée et qui n’était autre que son départ pour l’Académie des Maugaâsa.

On donna au jeune Saîovôuntï une valise où il mit quelques vêtements ainsi que le couteau que lui avait donné l’Empereur. Le soir venu, Shino, sans adresser un regard au souverain, s’installa dans le même carrosse que celui qui l’avait amené au palais, aux côtés du Général Travers. Lina le regarda partir jusqu’à ce que les portes se referment puis retourna dans ses appartements.

- Shino, sais-tu vraiment où tu vas ? demanda une énième fois Travers.

- Oui, malheureusement. Dans cette fichue Académie…

- Dans l’Académie des Maugaâsa, l’Académie la plus prestigieuse de Caski et même de l’Empire.

- Bien sûr… souffla Shino sans conviction.

- Arrêtes de faire l’enfant, s’il te plaît. L’Empereur a annoncé de manière officielle aux nobles que tu étais son Saîovôuntï, il n’y a plus de retour en arrière.

- L’Empereur peut faire ce qu’il veut, je m’en fiche. Le plus vite je serais libre le mieux cela sera.

- Fais au moins attention à ton image.

- J’n’ai pas demandé à être là, moi !

- Je sais.

- Au fait, y a qui d’autre là-bas vu qu’il n’y a que les familles proches de l’Empereur qui contrôle les Energies de l’Age d’Or ?

- Il y a également les familles des pays voisins. Par exemple, à Ohfsha, il y a la famille de leur Empereur, qui a pour marque une feuille verte, comme toi avec ta brûlure bleue.

- Au moins, eux, c’est stylé…

- Bon, t’arrête un peu ?

- On y est quand à ton Académie des Maugaâsa ?

- Dans deux jours ; on arrivera le sept au matin.

- Bon, je dors. Ne me réveille pas.

Quel gamin ! pensa Travers

Shino c’était endormit sur sa banquette en velours vert et ne semblait aucunement y prendre plaisir ; au bout d’une heure, son œil droit se mit à pleurer tandis que le gauche saignait. Travers ne s’en inquiéta pas car, selon l’Empereur, si un Mage ou futur Mage saignait d’un œil dans son sommeil, c’est qu’il avait une vision.

Lorsque le jeune Saîovôuntï se réveilla cinq heures plus tard, il s’essuya les yeux d’un air distrait et regarda dehors sans adresser la parole à Travers. Shino susurra la Comptine des métiers de l’Age d’ Or mais Travers, n’y comprenant pas un traitre mot, l’interrompit :

- Qu’as-tu fais comme vision ?

- Cela ne te regarde pas. murmura Shino d’un ton brute.

- J’aurais simplement voulut savoir…

- Si tu étais dedans ? Si Lina y était ? Eh bien oui, il y avait Lina, mais qu’est-ce que ça peut te faire ?

- Elle est en danger ?! s’exclama le Général.

- Je te le dirais si elle l’était. Elle a simplement lu ton journal de bord ! ricana Shino.

- Et, en vrai, c’était quoi ta vision ?

- Y ‘avait mon père et son costume. C’est tout.

- Plus jamais tu me refais ça, compris ? S’il arrive malheur à Lina, ce n’est pas drôle, ok ?

- Je sais, ce n’est pas la peine de t’inquiéter, s’il lui arrive quoi que ce soit et que je suis au courant je t’en informerais. Maintenant, fiche-moi la paix je regarde dehors.

Shino lui lança un regard amusé et se tourna vers la fenêtre. Le paysage défilait à toute allure, passant des champs aux forêts et des montagnes aux vallées. Shino, bien qu’il fasse chaud dans la carriole, avait froid. Ses mains étaient gelées et son œil gauche semblait obscurcir sa vue. Quand il ouvrait cet œil, la lumière y pénétrait et faisait couler une goutte de sang chaude et visqueuse sur sa joue moite.

Le soir arriva bien vite, puis, le lendemain, à six heures, Shino réveilla Travers : ils étaient arrivés à l’Académie des Maugaâsa. C’était un immense bâtiment beige qui avait l’apparence d’un manoir ; les deux grandes portes étaient en bois sombre, assortit aux cadres des fenêtres étroites. L’entrée était surmontée d’un blason blanc délavé comportant une croix rouge et une licorne grise. Il s’agissait là du blason de l’Alliance S.C.A.N.O qui regroupait l’Empire du Sioux, celui de Caski, de l’Arane, de Netu ainsi que celui d’Ohfsha. Ces cinq grands Empires s’étaient alliés suite à la fin de la guerre de 1651 entre le Sioux et Caski. L’Empereur de ce dernier Empire décida alors de créer l’Académie des Maugaâsa afin d’y former les Mages de l’Alliance. La famille de ce même Empereur était la seule de l’Alliance S.C.A.N.O à savoir vraiment parler l’Aetherine.

Les immenses portes de l’Académie des Maugaâsa s’ouvrirent et une jeune femme, à peine plus jeune que le Général Travers, sortit du bâtiment. Elle portait une longue robe blanche aux manches tracées de trois bandes rouges, signe de soumission. Elle se présenta tandis que Shino et Travers descendaient de la calèche.

- Bienvenu, Saîovôuntï de Caski. Vous êtes ici chez vous.

- Merci. A qui ais-je l’honneur ?

- Nérö Atouhr, ce sera ta suivante durant ton apprentissage. dit le Général.

- Je n’ai pas besoin d’une…

- Shino, fais un effort ! marmonna Travers en lui écrasant le pied.

- Oui, oui…

- Si monsieur veut bien me suivre, je vais lui montrer ses appartements.

- Au revoir, Shino.

- C’est ça, au revoir, Travers !

Le Général remonta dans le carrosse et pris la route pour Caski.

Nérö guida Shino dans ses appartements et l’y laissa. La valise du jeune homme arriva peu de temps après, volant au travers de sa fenêtre. Le logement de Shino comportait un grand lit double, un bureau, une salle d’eau, des toilettes et un salon. Plus tard, Shino averti Nérö qu’il n’aurait pas besoin d’elle durant son séjour en ces lieux.

La valise du Saîovôuntï s’ouvrit d’elle-même et déposa les vêtements sur le lit et l’arme sur le bureau. Le jeune homme s’allongea sur le lit et s’endormit. Lorsqu’il se réveilla, quelqu’un toquait à sa porte. Shino se leva, passa une main dans ses cheveux et revêtit la tenue de l’Académie des Maugaâsa puis ouvrit. Il devait être midi car, au loin, une cloche sonna douze coups.

C’était un jeune homme qui se tenait derrière la porte ; il était lui aussi vêtu de l’uniforme bleu nuit e l’école. Le jeune inconnu devait avoir son âge, il était un peu plus grand en taille que Shino, cheveux bruns, yeux noisettes, teint pâle, nez pointu et, sur sa joue droite, une brûlure verte en forme de feuille.

- Bonjour ! dit-il d’un ton joyeux.

- Euh…b…bonjour…

Shino éprouva alors une étrange sensation, son cœur se mis à battre à une vitesse folle, ses mains étaient moites, son regard troublé ; il tenta de se ressaisir mais il tremblait de la tête aux pieds.

- Ça va ? demanda l’autre.

- Ou…oui…

- Tu t’appels comment ? Tu viens de Caski toi, non ?

- Je m’appelle Shino…oui, c’est ça…

- Moi, c’est Karü, je suis le fils de l’Empereur d’Ohfsha. Viens, on va manger.

Sans mot dire, Shino le suivit dans le couloir sombre et froid par lequel il était arrivé. Karü et Shino traversèrent un petit jardin intérieur puis descendirent dans le hall d’entrée d’où ils sortirent pour longer le bâtiment et se rendre au réfectoire, dans l’aile est.

Karü entra, suivit de Shino. La pièce était immense et le plafond en bois claire était assortit aux murs et au parquet. Le réfectoire comportait deux immenses tables en bois sombre bordées de chaises blanches. Au milieu du réfectoire, il y avait une grande table ronde en pierre où des adultes étaient attablés. Une quinzaine d’enfants se tenait debout derrière leurs chaises blanches. Karü et Shino les imitèrent et se postèrent derrière deux chaises vides.

Un adulte de la table ronde se leva : c’était une femme rousse aux allures chevaleresques et à la voix empreint de sagesse.

- Chers élèves, ceci est votre dernier repas en tant qu’ignorants. Aujourd’hui, nous avons été rejoints par le Saîovôuntï de Caski : Shino. J’ose espérer de vous un comportement irréprochable à son égard. Demain, à neuf heures, ici même, vous recevrez vos emplois du temps. Bon appétit.

- Maârüshao. dirent les élèves en cœur.

Ils se déplacèrent ensuite vers un comptoir où se trouvaient de nombreux plats. Karü et Shino suivirent le mouvement. Une jeune fille de leur âge arriva près de Karü et lui marmonna quelque chose à l’oreille, ce à quoi le Saîovôuntï d’Ohfsha répondit :

- Navré, mais j’ai déjà une copine.

La fille s’en alla, déçue. Shino, gêné, se tourna vers son nouvel ami et dit d’un air aussi dégagé que possible :

- Ah bon ? Tu es en couple ?

- Non, mais c’est la cinquième fois en deux jours qu’une fille vient me voir à ce propos. Cela ne fait pas de mal à l’égo mais…j’ai d’autres projets.

- Ah bon…

Rassuré, Shino prit un plateau et se servit généreusement d’une côte de bœuf puis alla s’assoir. Karü le rejoignit quelques instants plus tard. Après le repas, Karü et Shino montèrent au premier étage de l’aile est de l’Académie et visitèrent le manoir. Karü montra à Shino les douze salles de classe, l’immense et monumentale bibliothèque, la cuisine et le parc.

Les quinze élèves créèrent deux groupes et Karü et Shino se retrouvèrent dans la même classe. Cette classe comportait les élèves suivants : Clarisse et Thomas de Netu, Jeanne et Kaï du Sioux, Isabelle d’Arane et, évidemment, Karü et Shino.

Leur premier cours eut lieu le lendemain, dans la plus petite salle de l’aile ouest : la SM221. Le professeur qui allait leur faire cours se nommait Augustus Nétukï. Il était vieux, le teint cireux, vêtu d’un ensemble rouge foncé, portant les traits de l’âge et, sur son crâne, une calvitie naissante. Lorsque Karü et Shino entrèrent dans la salle, ils s’installèrent côte à côte devant l’immense tableau noir.

- Vous pouvez vous assoir. chevrota le professeur.

Il écrivit son nom au tableau puis se tourna vers ses élèves :

- Aujourd’hui, je vais vous enseigner l’ACE, autrement dit, l’Art du Contrôle des Emotions qui vous permettra de mieux utiliser vos capacités. Mais avant de commencer, j’ai une question pour vous : qui dans cette classe sait parler l’Aetherine?

Shino leva la main, imité par Isabelle, une fille rousse à l’air hautain.

- Bien. Sachez que ce n’est pas une tare si vous ne savez pas la parler, de toutes façons vous n’aurez besoin que des quelques mots qui servent pour les sortilèges.

Karü sourit à Shino puis reporta son attention sur le professeur. Le jeune Saîovôuntï de Caski le dévisagea un instant avant de détourner le regard, les joues rouges. Au bout de cinq minutes, il releva la tête.

Le cours avait été fort intéressant et ils avaient traité du contrôle de la peur qui permettait, dans certaines conditions, de créer un clone de sois qui servait de bouclier en cas de besoin, bien qu’aucuns élèves n’eut pu le faire par manque d’expérience. A la fin du cours, les élèves se rendirent dans le parc où ils s’installèrent au bord du cours d’eau qui bordait l’Académie des Maugaâsa.

Karü et Shino s’assirent près d’un hêtre et commencèrent à discuter lorsque Clarisse de Netu, Isabelle d’Arane et Jeanne du Sioux arrivèrent.

- Karü, je peux te parler deux minutes ? demanda Clarisse d’un ton niais.

- Bah vas-y parle.

- Sans la présence de…lui là.

- Bah alors va-t’en.

Clarisse eu un haut le cœur et Isabelle cracha sur le sol.

Jeanne prit la parole d’un air hautain :

- Ecoute, c’est à toi qu’elle veut causer pas à cet imbécile, d’accord ?

- Je ne vois que trois imbéciles, et elles sont face à moi.

Clarisse et sa bande se retournèrent, visiblement indignées, et s’en allèrent.

- Tu les connais ces filles ? demanda Shino.

- Non. Mais elles ont tout l’air d’être des pestes.

Les jours passèrent, et on apprit qu’une nouvelle menace avait vu le jour dans la capitale : l’Ombre Rouge. Shino savait qu’il s’agissait de son père mais n’en dit rien à personne.

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