8. Une vie bien remplie et les étoiles dans l’espace
En thérapie, il faut ressortir toutes les facettes cachées de son histoire afin de les disséquer. Alors je cherche dans ma mémoire et je place délicatement sur le papier tous les petits et grands chocs psychologiques qui ont pu m’amener là où j’en suis aujourd’hui.
Un choc psychologique pendant l’enfance, environ entre trois et six ans, un voleur d’âme d’enfant. Pour mieux me connaître, j’ai dû ressortir de ma mémoire toutes les mésaventures que j’ai subies. Je me souviens d’un jeune fils de psychologue qui à ce moment-là ne devait pas avoir plus de 11 ans. J’avais, je pense, moins de cinq ans, pourtant je m’en souviens. Je pense que cet épisode de ma vie est entièrement digéré. Je vais souvent vous exposer des phases de ma vie qui paraissent choquantes. N’oubliez pas que je suis, enfin je crois, en partie schizophrène donc, peut-être que j’ai tout inventé.
À 17 ans, un divorce des parents détruisant la structure de la famille : nous étions cinq, une famille soudée. Petit choc, mais pas facile à accepter quand même. Cet épisode de ma vie est, je pense, aussi « digéré ». Je ne vis plus avec mes parents, je construis ma propre vie. J’espère ne pas avoir à expliquer à chaque psychologue ce que j’ai vécu vingt fois grâce à ce livre.
À 29 ans : la descente aux enfers sous forme de bouffées de folie.
J’ai 29 ans et je suis en période de convalescence, j’écris un livre pour sortir de ma dépression. Je suis actuellement contrôleur de gestion dans une filiale de la société Optronique appartenant au groupe SATRAN, ceci depuis 5 ans. Certaines personnes ont pensé que j’étais un drogué, lorsque j’ai eu ma deuxième crise de délire. Il est souvent dit que l’on ne peut pas être aimé par tout le monde, en effet, il existe toujours des jalousies ou incompréhensions... Je pense que je suis malgré tout un homme normal. En ce qui me concerne actuellement, je ne touche à rien d’autre qu’à des cigarettes. Je suis retourné au travail le 3 février 2014. J’ai négocié de recommencer à 50 %, qui se sont ensuite transformés en 70 puis 80 %. Je gagne assez bien ma vie et je suis en général un homme très préoccupé et impliqué par mes responsabilités, enfin tout cela, c’était avant ma dépression. J’ai appris à prendre de la distance par rapport aux choses qui m’entourent. La dernière chute date de décembre 2013, mon cerveau a fait un « redémarrage », je ne voyais plus la réalité comme tout le monde. Je me prenais soit pour le sauveur du monde soit pour un petit enfant. Ceci a sans doute inspiré le premier titre que je voulais pour intituler ce livre : « entre rêves et réalité ».
Je pense qu’être le dernier d’une famille de trois garçons n’aide pas à rentrer dans la réalité. Je n’étais pas préparé à prendre des responsabilités, de toute façon, comment être prêt dans la vie ? J’ai trop de dépendance aux autres. Le regard des autres m’importe beaucoup et la fierté que j’en tire aussi. J’ai besoin de me sentir utile et estimé. Je reste un grand rêveur et un grand idéaliste. Il est dur de rêver dans ce monde où chaque jour, les informations nous brassent avec des scandales et des nouvelles négatives. Grandir, voilà l’objectif que peut apporter ce livre. Dois-je renoncer à être un grand rêveur ? Ou dois-je avancer sur le chemin tout en gardant à l’esprit qu’il vaut mieux rêver et être heureux que de réaliser ses rêves et être malheureux. Beaucoup de personnes disent « vis tes rêves et non pas rêve ta vie ». Je pense que je fais les deux. Je rêve à voix haute et écris ce livre pour donner une réalité à mes rêves. Quelle idée d’écrire un livre… Après tout, pourquoi pas ? C’est si simple de commencer quelque chose et de s’arrêter au milieu. J’en suis un grand spécialiste, il faut se résoudre à persévérer. Des idées, j’en ai… Par contre, je réalise rarement l’ensemble. Je tire une fierté immense à voir les pages de ce livre s’accumuler. Comme un chemin vers la guérison. Une route où un jour, la lumière reviendra m’éclairer. Nous sommes le jeudi 23 janvier 2014, je suis seul assis sur un canapé à passer le temps en votre compagnie. Je n’aime pas cette odeur de « moi-je », voilà pourquoi j’espère qu’à travers ces lignes, j’arriverai à vous tirer ici et là un petit sourire. Que ce soit un sourire moqueur ou un sourire de compréhension ou bien même un sourire de folie.
La folie, parlons-en, oui je pense que le monde d’aujourd’hui est malade. Nous passons notre temps au travail pour payer des factures et nous sommes enchaînés à cette routine. Je parle du « peuple », c’est-à-dire la majorité des hommes enchaînés à un monde où il faut rapporter de l’argent à la maison, comme les hommes des cavernes rapportaient « la chasse » à la caverne. J’ai vu hier dans les médias que 85 hommes sur terre possédaient autant que trois milliards d’hommes (environ la moitié du monde à notre époque). Ceci est la richesse capitaliste. Mais ces 85 hommes sont-ils vraiment plus heureux ? Quelle est la vraie valeur dans ce monde ? Je travaille en finance et je raisonne en valeur. Nous avons tout traduit par dix chiffres, nous avons oublié quand bien même que les pyramides ont été construites. Les symboles véhiculent à eux seuls mille fois plus d’information que les chiffres (je suis très influencé par mon vécu, ma mère a un doctorat en paléographie), j’ai été bercé dans le monde des mythes grecs et de la légende du Roi Arthur et de ses chevaliers. Je préfère les images aux chiffres, cela véhicule beaucoup plus d’information, j’apprécie qu’on me donne une énigme à résoudre. Mes pensées et mes envies appartiennent à un monde ancien où la valeur des hommes est située dans les actes et non dans le compte bancaire. Il ne faut pas pour autant négliger la valeur actuelle et le pouvoir que donnent ces chiffres sur un compte bancaire. D’ici peu de temps (je dirai 50 ans), je pense que beaucoup d’hommes seront dans la rue, car la méthode d’asservissement aura fait ses preuves. Un système en place qui est aveugle et ne traite plus le cas par cas, mais la masse. Un système où les démarches administratives tuent.
« Ne fais rien contre ta conscience, même si c’est l’État qui te le demande. » Albert Einstein
Les systèmes de traitement des infractions sont là aussi pour nous rendre fous. Le système entier, avec sa lourdeur administrative, est chronophage. Ceci est bien, je pense, le plan des « maîtres du monde », comme le dit si bien Warren Buffet : « asservir un peuple et le réduire à l’esclavage ». Le monde moderne verra de plus en plus de peuples aller dans la rue. Mais tant que la masse, c’est-à-dire l’ensemble collectif, ne sera pas visée, les maîtres du monde garderont le pouvoir jusqu’à ce qu’on appelle la finale. Chaque enfant qui naît aujourd’hui a déjà une dette envers les marchés financiers. Les hommes d’aujourd’hui sont devenus des rêveurs, ils jouent de plus en plus aux jeux comme le « Loto » pour arriver à rentrer dans le monde des élites grâce à un gain futile, le système a créé ce rêve qui peut se transformer en cauchemar (il arrive souvent que les personnes qui gagnent au Loto par exemple finissent malheureuses). Seulement très peu d’entre elles auront accès à cette richesse. Les maîtres du monde dominent en divisant le peuple. Chaque scandale qui éclate aux informations n’est qu’un divertissement et on présente chaque jour un fait d’actualité sur lequel les hommes se divisent. Exemples pour la France : le mariage pour tous, la loi Travail. Je rêve du jour où tous les peuples s’uniront contre cette muselière que l’on nous met. Sera-t-il trop tard ? La résistance existera-t-elle ? Je rêve du jour où Dieu sera le seul vrai actionnaire de la planète et qu’il versera des dividendes aux bonnes personnes, nous avons tous besoin d’aimer. Pour moi, c’est ceci qu’on appelle l’utopie et qui a toujours existé. Je vis depuis toujours dans un conte de fées sauf que depuis quelque temps, j’ai perdu le livre. Je me suis retrouvé sur la terre ferme à voir le monde d’une manière adulte, cela fait très mal. J’ai dû réaliser que j’ai une maladie qui explique beaucoup mon comportement. Je commence en quelque sorte à avoir un schéma directeur de ma manière de fonctionner. Bien sûr, comme tout le monde, je reste unique avec un style propre et personnel, ce qui est positif, c’est que j’apprends à me connaître. Je conseille à tout le monde de faire un voyage intérieur pour y rectifier certaines choses. Il est essentiel de répondre à nos questionnements intérieurs et de transmuter des idées positives.
Il n’est pas évident de rester serein lorsque l’on sait que l’on peut devenir complètement décalé au cours de la vie. Je fais une recherche intérieure pour fuir ce système que nous subissons tous et qui nous aliène. Dans ce monde, les États nous font la chasse à tous, il faut sans cesse respecter des règles inventées par d’autres, le pire est qu’il est humainement impossible de toutes les connaître. En France, les choses changent et les personnes des classes moyennes sont attaquées. Aider les plus démunis, voilà un objectif valable, cela me travaille de vivre dans le confort pendant que d’autres errent dans les rues. J’ai beaucoup de chance et j’en profite autant que possible, même au-delà de ma maladie. Je me sens comme un singe qui ne sait pas pourquoi il est venu sur terre, je suis en perpétuelle recherche de sens. J’aimerais avoir à la fois le droit de savoir et le droit de choisir pour mon destin. Pour l’instant, je n’ai le droit que de choisir. Il est possible de donner sa vie pour un idéal. La réalité que je me crée est assez spéciale, je doute de tout, car je n’ai aucune certitude. Je cherche quelque part la foi. Des fois, je la trouve et pourtant, je la remets vite en question.
Nous ne vivons qu’une seule fois sur cette planète, semble-t-il. Que se passe-t-il après la mort ? Personne ne le sait vraiment. Si seulement on pouvait prouver que Dieu existe, alors peut-être que tout changerait, les hommes seraient plus croyants et j’espère ne feraient plus la guerre. Ils vivraient dans l’entraide et se souviendraient que la vie n’est qu’un chemin vers l’éternel. Je vis en ce moment une période de trouble très axée sur la question de l’objectif d’une vie. Mon premier instinct me dit que je suis bien vivant et j’ai enfin trouvé une quête digne de ce nom. Dieu me pardonnera-t-il de vouloir le bien pour cette humanité qui pour moi fonce tout droit vers la catastrophe ? Ou je me trompe et l’humanité va très bien ? Suis-je le seul utopiste qui veuille une autre planète, au point de vendre son âme ? La difficulté de la vie ne se résume pas en une journée passée sur notre belle planète, heureusement, il est quand même possible de s’émerveiller. Autrefois, dès que le soleil me touchait, si je me concentrais pour me relaxer, je pouvais sentir toute la lumière divine parcourir mon corps et me rendre la sérénité perdue dans l’ombre de mes doutes. Je ne suis qu’un pauvre artiste autiste en quête de vérité sur ce sentier de dédale romain. La vie nous offre souvent des possibilités infinies, l’ensemble se déroule dans notre tête, communément appelée « petit crâne » pour moi. Tous les voyages sont possibles. L’écriture m’apporte cette évasion, je me sens comme libéré de mes pensées, il est à travers l’écriture possible de se délester d’un grand nombre de pensées récurrentes afin de les retraiter plus tard lors de la relecture. Je ne cesse de rechercher un sens à ma vie, l’écriture est comme une drogue à laquelle on devient vite accro, dépendant. Le seul problème, c’est que je n’arrive pas à écrire aussi bien que des grands auteurs. Je ne fais qu’essayer de retranscrire mes pensées. On commence à épancher ses sentiments et l’on ne s’arrête plus. Je voudrais pouvoir exprimer ce que j’ai en moi, ce chaos en quête de délivrance. Pourtant, je n’arrive pas souvent à m’extasier de ce brouillon de mes pensées. Une fois de plus, je me répète, je suis à la recherche de la sérénité. Je pense que le chemin est encore long et qu’il faudra que je me relève plus d’une fois pour réussir à tenir debout. On dit souvent que ce qui compte dans la vie, ce n’est pas le nombre de fois où l’on tombe, mais le nombre de fois où l’on se relève. J’ai envie aujourd’hui d’écrire jusqu’à avoir vidé toutes mes pensées afin d’atteindre le vide absolu. Oublier tous ces soucis que mon système de réflexion concernant le monde qui nous entoure peut créer dans mon cerveau. Repartir en avant sans me soucier du « que va-t-on en penser ? » La sérénité, voilà, me semble-t-il, l’un des plus beaux mots de vocabulaire de ce livre. Grâce à ce livre, j’apprends à faire moins de fautes d’orthographe, ce point positif me motive dans ma démarche. Il faut savoir se motiver pour poursuivre un effort.
« Se sacrifier au service de la vie équivaut à une grâce. » Albert Einstein
J’aimerais de nouveau goûter au temps de la plus belle des manières, un seul problème semble se poser : il faut que je termine d’écrire ce livre. Si j’arrive trop rapidement à retrouver le sourire, alors je pense que je perdrai cette envie folle d’écrire tout ce qui me passe par la tête pour guérir. Voilà un curieux dilemme, voire une réflexion cornélienne. La nécessité pour moi d’achever cet ouvrage passe avant la guérison rapide. Finir ce que j’ai entrepris nécessite du temps. Je comprends aujourd’hui que tous mes délires ne sont qu’un moyen qu’a trouvé mon imaginaire pour fuir la réalité sur cette planète, j’ai eu à porter un peu trop de stress sur le cœur. Beaucoup de personnes doivent penser que j’en rajoute un peu. Pourtant, mes maux ne sont pas forcément bien compris par chacun. Comme ma maladie l’indique, je suis fragile mentalement, les chocs psychologiques ont réveillé en moi la fragilité qu’une partie de ma famille possède dans ses gènes. Une raison de plus pour moi d’aller de l’avant. Comme dirait un matelot : « entendu, mon capitaine ». Trois ans plus tard, je me retrouve assis devant cette réflexion et je me réjouis de ne plus être en dépression et encore plus de continuer la poursuite de cet ouvrage. J’apporte une nouvelle approche, je me remets en cause et me rends compte que la dépression apporte une vision et une créativité toute différente que l’état d’euphorie.
« N’importe quel imbécile peut savoir, mais comprendre est ce qui importe. » Albert Einstein
J’aime beaucoup enquêter, comprendre les choses et questionner. Une psychologue m’a donné deux indices pour éclairer mes deux « burn-out ». Le premier serait dû à une vidéo de Conny où je suis la cible de moqueries (voir mon talon d’Achille dans le livre « Godgift »). Les nuits qui ont suivi, je n’ai pas réussi à dormir pendant quatre jours. La deuxième fois, le stress au travail était à son paroxysme, je n’ai pas dormi pendant cinq jours. Ai-je utilisé ces deux « burn-out » pour m’inventer une histoire échappatoire d’empoisonnement ? Les coïncidences dans la vie nous jouent de sales tours. La meilleure chose à faire maintenant est de retrouver le sourire et de poursuivre ma quête d’idéal. Les histoires du futur donneront bien de la valeur à celles du passé. Je dois accepter d’être malade et travailler pour guérir. Je suis perdu entre la réalité et le rêve. Les médicaments ont-ils cet effet ? Dois-je arrêter de les prendre ? Il faut que je me fasse conseiller. J’ai rendez-vous jeudi 6 février 2014 au matin chez la psychologue. J’ai tendance à voir des signes partout, je n’arrive plus à guider ma vie de manière relaxée. Je dois rechercher l’harmonie en moi, le néant, voilà ce qui m’a bercé pendant trop d’années. La liberté, la vérité et la sérénité, voilà ce que chacun de nous, je pense, recherche. Elles passent tout d’abord par la liberté financière que nous impose le système. En fait, je pense que je dois chercher à atteindre dans un premier temps la liberté mentale.
Je me sens comme un enfant qui réapprend à marcher, mon cerveau a besoin de temps. Je suis moi-même mon propre problème, je dois combattre mes idées et savoir quel est mon vrai but. Résoudre les équations avec le bon chiffre comme à l’école, cela me demande beaucoup d’énergie. J’essaye de ne rien laisser au hasard, car je pense que le hasard lui-même n’existe pas. J’ai beaucoup de travail à faire pour me restructurer, j’ai en ce moment beaucoup trop de pensées où je lie chaque événement. Je dois sortir moi-même du jeu et être plus un spectateur qu’un acteur de la pièce écrite sans doute par un vieux Romain. De l’objectivité, voilà ce qui me manque, je vais donc travailler sur cela, il y a pas mal de questions en suspens au travail. Cela devrait moins me concerner, je dois essayer de faire mon travail tout simplement et oublier tout le jeu de politique qui se trame autour. Juste observer et ne pas interagir. Une vérité va d’elle-même se présenter. Qu’importe si c’est celle que j’espère ou non, il faut que je l’accepte. Je suis l’égal de tout le monde, personne ne peut vraiment me dicter ce que je pense. Il me suffit de ne rien provoquer, juste de laisser le fluide de mes pensées telle l’eau s’écouler et sortir à travers les barreaux de ma prison mentale. J’ai tendance à surréagir en situation de stress, il faudrait, je pense, que je devienne comme l’eau lorsqu’elle est calme et pacifique. Une belle prise de conscience que le manque de sérénité est le maître mot de mon mal. « À la quête de la sérénité », voilà comment j’aurais pu intituler ce livre qui symbolise des années de travail sur mon moi intérieur. La liberté de penser, j’ai de moins en moins peur de ce qui va se passer, car je sais que cette sérénité est là, cachée en moi, et qu’à force de me battre, je réussirai de nouveau à l’atteindre. J’en suis aussi sûr que du fait que je respire tous les jours le même air. Encore une fois, il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. Beaucoup de personnes en général oublient complètement d’où elles viennent, moi je ressors de deux mois de désordre mental. Tout a-t-il été organisé ? Fuite d’information, le stress, la pression volontaire sur les employés. Ma productivité au travail laisse actuellement à désirer. Mon travail se limite tout simplement aux tâches que l’on me donne. Je suis pourtant quelqu’un de créatif, peut-être dois-je simplement changer de travail.
« Trois idéaux ont éclairé ma route et m’ont souvent redonné le courage d’affronter la vie avec optimisme : la bonté, la beauté et la vérité. » Albert Einstein
Le 31 janvier 2014, annonce de changement de CEO, Efti devient le nouveau directeur. Nouvelles orientations sans doute intéressantes pour l’entreprise à venir. Encore plus extravagant, en février, annonce que l’actuel CFO va être remplacé. Il essaye quand même de rester, mais quel poste lui attribuer ? Pour l’instant, beaucoup de choses restent indéfinies. Les choses ont pas mal évolué dans l’entreprise, mais je suis toujours là-bas. Je m’efforce de survivre dans ce monde de requins. Si j’ai écrit toutes ces informations concernant mes expériences professionnelles, c’est qu’elles sont aussi une des causes du réveil de ma maladie. D’après l’analyse psychologique que je peux tirer de tout ce que j’écris, vous verrez que le travail semble être un générateur de stress non nécessaire chez moi. Car j’ai tendance à suralimenter mes réflexions et mon stress au contact d’autres personnes de l’entreprise. Je dois travailler à ne pas surévaluer les autres et retirer cette boule au ventre que j’ai trop longtemps portée en allant au « travail ». Les entreprises sont un rassemblement de personnes ayant chacune ses propres intérêts et sa propre vie. J’avais trop tendance à mélanger les deux. Je ne faisais pas de scission entre ma vie privée et le travail. J’étais impliqué à 120 % au travail et je n’en sortais pas pour me reposer mentalement. Les changements dans une entreprise affectent beaucoup les individus, car environ 40 % du temps de notre vie est passé au travail. Donc mon choc psychologique est en partie lié au stress généré par le travail. J’espère que vous trouvez aussi que le travail peut prendre une part trop importante dans notre vie. Une DRH m’a dit un jour que lorsqu’une personne avait une rupture sentimentale dans sa vie privée, elle n’était plus réellement productive qu’à 60 % au travail les mois qui suivaient.
Aujourd’hui, le 11 mars 2014, je me pose des questions sur les comptes de l’entreprise. Je n’ai pas fini de calculer, mais une certitude demeure, je suis encore en train de me rendre fou. La dernière évolution de mon analyse psychiatrique a abouti à une schizophrénie affective, enfin c’est mon propre diagnostic. En gros, j’ai tendance à beaucoup délirer, alors j’essaye de me détendre à travers l’écriture. Je ne suis pas sûr de mes calculs, donc si vous connaissez un peu la finance, n’hésitez pas, relisez ce passage. Quelque chose me tracasse. Suis-je encore « fou » ou ai-je bien trouvé une faille, je calcule en ce moment une consolidation groupe de mon entreprise. Il est encore difficile de savoir si je me fais un film ou si j’ai bien raison. Ma théorie est la suivante, en attendant confirmation de mon chef. Je calcule l’impact des marges en stock. Et le problème est dans le calcul transversal. Une fois la marge établie au niveau groupe avec l’élimination de la marge en stock inter compagnie, je ne devrais plus qu’éliminer les autres coûts pour tomber sur le bon « EBIT ». Le problème est qu’il manque des coûts. Sans doute l’équivalent de 2 millions d’euros. Soit je ne sais plus bien calculer, soit il y a un problème. Les indices ne manquent pas pour me faire un film… Qui tape dans la caisse ? J’en saurai plus d’ici la fin de semaine ou je tournerai vite la page sur cette histoire de cinglé encore une fois. Le 12 mars 2014, calcul résolu, plus de doute, le calcul transversal contenait une erreur. Fin de l’histoire. Conclusion : rester en dehors de tout ça et attendre les verdicts. J’ai bien un problème mental et cette équation vient de le prouver. Ceci est une déformation professionnelle, j’étais entre autres à cette période responsable du contrôle interne dans l’entreprise. Pour faire simple, on me demandait de vérifier à travers des points de contrôle des processus que personne ne fraude dans l’entreprise. Étant très rigoureux et auparavant très naïf, je faisais confiance à tout le monde, car je m’étais créé comme un blocage du mal que peuvent produire les hommes. Depuis que Jasmine m’a donné la leçon de ma vie, je pense que j’ai perdu ce blocage, je suis beaucoup plus méfiant, voire trop et j’en deviens parano. Je ne fais presque plus confiance à personne, j’ai trop souffert d’avoir pris un coup de couteau dans le dos. J’ai une cicatrice symbolique que je passe mon temps à gratter au lieu de la laisser se refermer d’elle-même. C’est comme si je n’arrivais pas à accepter la réalité que la vie peut nous apporter. Je ne cesse de tout remettre en cause et de me refaire le film de la tragédie avec Jasmine. À force de relecture de ce livre, je peux, le 13 juillet 2016, faire une bonne analyse rétrospective de mon personnage. Je ne suis qu’un humain racontant ses petits tracas de la vie, car j’ai subi des folies passagères. Je dois effrayer beaucoup de lecteurs, pourtant je suis aujourd’hui paradoxalement très heureux et reconnaissant à la vie de m’avoir apporté ces innombrables épreuves. Elles m’ont sans doute rendu plus fort, plus inspiré et plus passionné que jamais.
Petit délire : le 13 mars 2014, voilà une théorie intéressante. Pourquoi ne serais-je pas la réincarnation de mon oncle qui s’est suicidé aux alentours de ses 28 ans ? Je devrais vivre cette vie pour racheter le suicide qui est péché, « tué par accident », c’est ce que l’on m’avait dit dans le train fin novembre 2013. La réincarnation existe peut-être vraiment. On paye les fautes des vies antérieures, les chiffres ne veulent pas tout dire dans la vie, le côté spirituel est important. Le « Karma », comme je crois qu’on appelle cela, serait alors vrai. De plus, toutes les personnes qui nous entourent sont soit des anges soit des démons qui cherchent à faire pencher la balance du bien et du mal en influençant nos actions, un peu comme dans le film « Constantine ». Mon analyse sur cette pensée est que je suis complètement perdu dans mes convictions. Je cherche n’importe quelle idée pour trouver un sens à cette vie. Je ne vois plus le ciel bleu comme avant, car je n’arrive pas ou plus à digérer d’avoir un problème mental. J’ai l’impression que la vie s’est aussi acharnée sur moi. Garder le sourire et laisser le temps guérir les blessures. Je reste toujours un homme chanceux, il paraît. Je me torture l’esprit pour essayer de comprendre pourquoi la vie m’a fait comme ça et je presse cette bouillie d’idées issue de mon cerveau pour en faire un livre. Une amie m’a dit un jour : « ne sois pas trop dur avec toi-même », je pense qu’elle m’avait donné un précieux indice. Je me fais souffrir à être loin de ma famille, je suis parti pour quitter une famille brisée par un divorce, sans attache aux grands-parents. Mon grand-père du côté de mon père ne pouvait pas nous voir, car il s’était remarié avec une femme qui ne voulait pas nous approcher. J’ai dû le voir deux fois dans ma vie et en cachette. Mon grand-père du côté de mon père avait semble-t-il aussi des problèmes mentaux liés à cette maladie génétique que nous transportons à travers le temps, dans le cycle imperturbable de la reproduction. Une famille en or quoi, « sache d’où tu viens pour savoir où tu vas ».
« Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide ! » Albert Einstein
Voilà une idée fantaisiste, je pense que les troubles schizo-affectifs ont tendance à me faire très souvent divaguer. Je suis fatigué de vivre tout simplement, j’ai vu et ressenti la vie sous pas mal d’angles différents. J’arrive à comprendre les individus, leurs tristesses, leurs joies et leurs façons de voir le monde. Nous avons énormément de chance de vivre en Suisse allemande, ici la qualité de vie est incroyable, j’ai beaucoup de mal avec ce trop de modernité, les choses vont trop vite. Plus personne n’a le temps de traiter la multitude d’informations qui vient nous embrasser au travers de nos supports mécaniques. Nous allons tous avoir tôt ou tard une maladie mentale, le cerveau n’arrive plus à suivre. Mon cerveau me dit trop souvent qu’il est complet, je n’ai plus de place parfois pour retenir de nouvelles choses. Nous sommes occupés à communiquer sans cesse et nous sommes sans cesse interpellés par des messages. Nous avons oublié de communiquer avec notre moi intérieur. Je viens d’avoir 29 ans et je travaille sur ma psychanalyse. Je cherche sans cesse cette fontaine où je pourrais puiser la source de mon bonheur et retrouver un équilibre de vie à travers la joie. Je veux de nouveau me sentir bien en toute situation. Ce sentiment d’accomplissement, de certitude et de béatitude me manque profondément. Il m’a fallu plusieurs années pour atteindre un niveau de gratitude et être de nouveau en accord avec moi-même et la vie. Chaque être vivant doit passer par ces étapes de la vie pour avancer.
Au lieu d’avoir une attitude constructive, je passe mon temps à fumer des cigarettes alors que j’aimerais arrêter. Ma citation favorite devrait pourtant être « la prose s’impose », afin d’améliorer ces phrases que j’ose appeler un livre. J’en suis devenu littéralement dépendant, le Diable se joue bien de moi, je pense. Mon analyse psychologique me fait dire que je suis, que je cherche à être très rattaché à la religion à cause de cet épisode de maladie mentale qui me ronge et me fait douter de tout. Il n’est pas facile de se réveiller tous les matins et de porter les souvenirs de cet épisode psychiatrique plus loin. Je pense que j’ai besoin de quelque chose auquel me rattacher pour m’aider à traverser cette période difficile de ma vie. Je ne suis pourtant pas le plus pratiquant des croyants, mon second souhait est d’apprendre la pratique. Mais je m’efforce de prier, je ne prie pas un Dieu spécifique. Je suis assez loin des religions existantes, car toutes cherchent à être l’unique référence. Je pense que chacun a le droit de s’inventer sa propre religion. Bien entendu, la mienne est une religion qui est pour le bien de tous, même si cela peut paraître « niais ». « Ami des montagnes », voilà comment m’avait appelé le compagnon de la grand-mère de Jasmine.
Quand je réfléchis au but de ma vie, de nombreuses possibilités s’offrent à moi. Je ne pensais pas vouloir d’enfant, car le monde en a déjà bien assez et beaucoup vivent dans la misère, car notre système n’est plus orienté groupe. Notre système est orienté individualisme. Nous ne pensons plus beaucoup à notre prochain. Souvent, seul le profit non réparti compte. La terre sera bien obligée d’évoluer, sinon elle risque de sombrer dans une guerre généralisée pour les ressources. Serait-ce dans la nature de l’homme de ne penser qu’à sa petite vie bien tranquille ? Personnellement, je ne sais pas ce que je fais ici. Je cherche le bon chemin. Par miracle, j’ai quelques petites idées pour changer le monde à mon niveau (ces projets seront décrits plus loin dans la septième partie « un vent de renouveau, des projets plein la tête »). Une bonne clé contre la dépression, c’est de faire des projets, même aussi insignifiants qu’ils puissent paraître. Le monde est composé de suffisamment de richesses inspirantes à offrir à notre mère l’imagination. Toute personne a, je pense, le « devoir » de se créer son propre rêve et d’entreprendre de le réaliser afin de se libérer mentalement et, par-delà le bonheur, se réaliser.
« Le verre à moitié plein », aujourd’hui nous sommes le 24 mars 2014, j’ai l’impression d’avoir de nouvelles visions qui semblent bien réelles. Une fois de plus, j’ai l’impression que Dieu essaye de communiquer. J’interprète tous les messages que je lis ou entends. Je me retrouve encore dans le jeu que le Diable et Dieu ont décidé de mettre en place pour moi. Je dois arrêter de fumer et voir le verre à moitié plein. D’un autre côté, j’ai une envie extrême de fumer, je suis à deux doigts d’aller m’en griller une ou deux. J’ai passé une bonne partie de ma journée à me renseigner sur la schizophrénie et spécialement la paranoïde. Il me semble si choquant d’être conscient que je suis malade. Mon regard ne va pas dans le sens des sages, je me trouve trop faible. Il me manque des ailes pour voler au travers de mes désillusions. Je n’arrive pas à me convaincre que Dieu a vraiment un plan pour moi. Je trouve tout ça beaucoup trop égocentrique. Je me torture tout seul à travers des pensées contradictoires. Les schizophrènes entendent des voix qui leur indiquent quoi faire. Moi, des voix, j’en ai des milliers, je peux me parler de toutes les manières qui existent. Je pense que c’est le cas pour tout le monde, grâce au concept de l’enfant intérieur. L’adulte et l’enfant intérieurs sont des idées que m’ont développées des amis et qui sont utilisées en psychanalyse. Nous pouvons avoir toutes les discussions du monde en laissant faire notre imaginaire et en laissant s’exprimer tour à tour son adulte et son enfant intérieurs. Je me suis rendu compte que je me suis mis à cacher mon enfant intérieur pour le protéger des personnes que je ne connaissais pas. Jasmine avait toute ma confiance et elle l’a brisée d’une manière universelle, au moins, je peux lui pardonner, car j’espère au fond de moi qu’elle ne me connaissait pas donc qu’elle était amoureuse d’un autre que moi. C’est triste à dire, à penser et à mettre en lettres, mais nous aimons une image d’une personne. L’amour est bizarre, on perd pied, on ne comprend pas pourquoi notre cœur bat la chamade, par contre on adore ce sentiment de plénitude. Les souvenirs de l’amour sont souvent comme des toiles peintes que l’on admire de temps en temps.
Je ne sais pas si nous serons jugés à la fin pour ce que nous avons fait ou pas fait. Je me sens beaucoup plus utile lorsque j’aide quelqu’un. Par contre, le souci financier pour survivre ne me rend pas indifférent. Je suis un peu le mélange de mon père et de ma mère. Un côté très altruiste et un côté très soucieux d’avoir de l’argent pour vivre, alors que dans le fond, ce système d’argent me dégoûte. Je vivrais avec plaisir dans une cabane autant que je vis dans le confort. Je n’ai pas besoin de beaucoup de vêtements et j’ai encore moins de besoins matériels, mis à part de quoi écrire. Quel est le « bon » chemin à prendre ? Qu’est-ce que le péché ? Y a-t-il vraiment un concept de péché ? Nous ne sommes tous que des singes évolués jusqu’à une certaine limite. On met son doigt dans le nez et on se gratte les fesses. Le couronnement est de manger des cacahuètes avec des bananes. Les hommes se battent sans cesse contre les autres, qu’ont-ils à prouver ? Ils ne sont pourtant pas si forts que ça, le temps aura toujours raison de chacun d’entre eux. Je ne supporte pas d’être entouré de singes qui se battent, si ce n’est contre leur propre personne. Il faut que chacun apprivoise l’autre, comme dans le Petit Prince. Tout du moins se respecte mutuellement.
La recherche intérieure, ou l’art de creuser un puits pour se ressourcer, il s’agit ici d’une métaphore qui me guide. Comme si le besoin d’eau comme énergie pour avancer dans la vie était irremplaçable. Donc en période de dépression, je creuse au plus profond de moi jusqu’à trouver de l’eau. Je construis les nouvelles bases d’un puits qui m’apportera la force d’avancer sur la terre ferme. Connaissez-vous le sentiment d’amertume où rien ne vous apporte d’enchantement ? Voilà la période dans laquelle je suis plongé, je cherche sans fin la signification de ma maladie. Je pense me donner de nouveaux points d’ancrage pour diriger ma vie. Les meilleures pensées que je puisse imaginer qui guideront chaque jour mes sentiments et donc mes actes. C’est comme reconstruire les fondations de sa vie. Croyez-moi, écrire ce brouillon de livre est la meilleure chose que j’ai pu entreprendre pour guérir. Chaque personne en dépression devrait elle-même trouver sa propre occupation pour enlever son masque mortel de chagrin. La vie est magnifique, il suffit de changer sa perspective ou son regard sur les choses.
Voilà une leçon tirée d’une des phrases de ma psychologue : « les pensées guident les émotions qui elles, dirigent les actes ». Les premières idées qui me viennent à l’esprit sont la sérénité, l’occupation et la satisfaction. Il faut faire confiance à la vie. Tout a un sens sur la terre, tout est lié. Garder le sourire et beaucoup rire des choses, voilà ce qui me caractérise. Je suis en tout cas un grand rêveur. Je dois apprendre à laisser de la place au hasard et non penser que tout va se dérouler comme prévu. Le vrai rêve doit être de laisser la vie me guider vers une destination inconnue. Comme cela, on profite du panorama lorsque l’on voyage. À un moment, je pensais que mon rêve était de prouver que ma théorie de l’empoisonnement était vraie, ce livre aurait été au passage la preuve pour moi que Dieu existe. En vérité, mon rêve le plus profond est de construire de mes deux mains quelque chose d’utile pour les autres et d’atteindre la liberté. Pour le reste, le silence est d’or. Je dois accepter que Jasmine m’ait oublié et je dois accepter d’avoir eu des bouffées de folies. Le temps laisse place à une évolution des sentiments et de la destinée. Nous sommes en mai 2016, mon rêve passé a laissé place à une nouvelle destination encore plus heureuse. La réalité peut être plus haletante que le rêve. Mes souvenirs d’hallucinations ne me hantent plus, ils font partie de moi et me renforcent. Tout le monde connaît, je pense, cette idée que si une personne croit en un être imaginaire, on le considère comme fou et que si un grand nombre de personnes croient en un être imaginaire, on appelle cela la religion.
« Ce n’est pas la destination, mais la route qui compte ». Proverbe gitan
Nous sommes tous à la recherche de quelque chose de profond. Nous vivons une seule vie sur cette planète, ce que nous oublions trop souvent. Je travaille sur ma personne à travers ce livre, j’apprends à comprendre mon mode de fonctionnement et je me répète sans cesse bien entendu (au cas où vous ne l’auriez pas remarqué). J’essaye de sortir tout ce qu’il y a dans ma tête que je crois malade. La beauté des idées qui ruissellent de temps en temps entre les lignes. Ce sont comme des diamants qui s’échappent des couches de charbon. Il faut bien creuser profondément pour trouver une pépite de langage et d’idée. J’aime essayer de retravailler des phrases pour qu’elles raisonnent dans la tête telle une musique mélodieuse de fête.
En 2015, je me disais : « je suis plutôt perdu pour l’instant », car je me rendais bien compte que Dieu me laissait naviguer sans boussole. Je suis bien obligé d’accepter ma maladie et d’arrêter de m’imaginer des scénarios improbables au travail. Je ne vais pas réussir à prouver que l’on m’a empoisonné. Je suis le seul malade et chaque personne qui m’entoure ne cherche pas à me faire du mal. Il faut que j’apprenne à m’aimer de nouveau. J’ai eu une idée récemment, je pense aller voir une amie la semaine prochaine et lui demander ce qu’elle pense de moi depuis les quatre années qu’elle me connaît. L’idée est de savoir si elle s’est rendu compte que j’étais différent. J’aurais aussi besoin de lui faire noter que les êtres humains sont complexes et qu’il est très difficile de percer quelqu’un à jour. Chaque personne évolue avec le temps. Nos perceptions des choses et nos envies ne sont pas les mêmes chaque année. On se transforme à travers nos expériences souvent liées à nos rencontres. Je mets toujours beaucoup de temps à faire le deuil de mes amours. En moyenne, il me faut trois ans pour tourner la page sur une histoire d’amour. Elles me manquent toutes énormément. La première s’appelait Bettina, j’avais 7 ans, c’était à Lyon. La deuxième, Bérénice, était de Lille, très belle ville au nord de la France, j’avais 21 ans. La troisième s’appelait Jasmine, même si nous nous disputions souvent, j’ai tendance à penser que la barrière du langage, de la culture et du vécu y sont pour beaucoup. Une Autrichienne qui a percé le cœur d’un Français, cela aurait pu faire une belle histoire. Si seulement j’avais su pour ma maladie, j’ai eu peur des responsabilités que pouvait apporter un enfant qu’elle voulait, je crois. Elle m’avait même dit que ce n’était pas grave si on n’avait pas d’enfant. Je l’ai quand même quittée. J’étais dans cette période de manie où je pensais avoir encore beaucoup de choses à réaliser dans ma vie. J’étais très heureux avec elle et durant les six mois après notre séparation, j’étais avec un ami à jouer à l’ordinateur comme le jeune que je pensais encore être. Le positif, c’est que cet ami est toujours là, lui. La quatrième s’appelait Caroline, elle m’a quitté quand je lui ai annoncé que je l’avais trompée deux fois. Elle m’a beaucoup supporté pendant ma phase de maladie. Les raisonnements de ma propre personne ne valent pas mieux que ceux des penseurs. Ils en ont écrit bien avant moi et je les cite sans vergogne dans mon livre. De grands philosophes ont écrit des phrases souvent très connues, qui ont pour moi maintenant plus de sens à force de réflexion. « L’espoir » demeure chez moi que vous aussi chers lecteurs, puissiez trouver dans ces citations une voire des clés contre tous les problèmes que vous pourrez rencontrer dans votre vie actuelle ou future. Ainsi, mes écrits seront la base d’une thérapie commune et nous pourrons partager ensemble l’un des plus grands secrets qui « animent ».
« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » Blaise Pascal
La concentration et les souvenirs manquent, je n’arrive plus à être aussi dynamique au niveau de ma pensée. Je ne réfléchis plus comme avant. Je n’arrive plus à avoir la même force intellectuelle, je me sens usé par mes réflexions. Je n’arrive surtout plus à travailler de manière structurée, ma mère que j’aime beaucoup dit souvent que j’ai un petit vélo qui tourne dans la tête et ce n’est sans doute pas la dernière fois qu’on me le dira. J’avais tendance à faire beaucoup d’humour autrefois, lorsque je prenais la vie à bras le corps et que je ne doutais pas de mes capacités. Je sais que je ne suis pas exceptionnel et je sais que quand je l’accepte, je redécouvre la multiplicité des personnes. Nous sommes tous uniques et nous avons tous autant de valeur, autant que chaque mot qui forme une citation d’un grand auteur. Nous composons ensemble le tout et nous sommes nous-mêmes notre propre tout. Ce n’est rien de le dire, mais cela prend tout son sens lorsque nous ne sommes pas tous indifférents à tout.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » François Rabelais
Un vent de renouveau souffle dans mon dos. Peut-être que le printemps apporte avec lui le beau temps intérieur. Je commence enfin à reprendre forme, j’ai trouvé grâce à ma plume un engouement nouveau pour la vie. Je vois bien que mon esprit est occupé par les cocktails de bonheur qui m’attendent. Je me rends compte que le futur m’attend et m’ouvre ses bras en grand. Il faut parfois se jeter à l’eau, ouvrir ses yeux à l’espace de l’espoir pour y voir plus clair à travers les étoiles qui se peignent sur notre toile mentale céleste. Je sais que mon destin m’apportera ce que je cherche, une magnifique paix intérieure. Que j’en finisse avec ces réflexions mal placées. À toujours ressasser, on en finit par disparaître au fond de sa pensée, du moins, je ne suis pas le seul à le penser.
« À force de contempler l’abîme, l’abîme te contemple ». Nietzsche
Je veux me faire plaisir à écrire ce livre, je veux lâcher prise sur cette prison de réflexion immature qui me domine sans me laisser respirer. J’ai beaucoup à dire et si peu de moments où j’arrive à vraiment épancher tout mon art. Mon identité est partagée en deux personnes qui pourraient si bien se compléter si j’arrivais à associer leurs forces. Qu’il est mystérieux de renaître comme un phœnix des cendres de ses écrits. Après mûre réflexion, il semble logique d’accepter et même de prendre à bras le corps cette maladie qui me ronge. Ces écrits font que je me sens prêt à revivre et prendre le large loin de ce tourbillon d’écume de tristesse sur lequel j’essayais de voguer sans cesse. Se battre à la force des rames jusqu’à ce que le vent revienne, voilà une solution pour sortir de l’engrenage de la dépression. Il me faut maintenant retrouver ma boussole qui indique la bonne direction. En attendant, avançons sans soucis en nous aidant de la force de nos écrits et de la lumière des étoiles mentales. Finie ma vie de galérien terrestre, je pars à la mer nager sans bouée, j’ai fait une belle trouvaille. Les chefs d’œuvres d’idées ont toujours des réflexions initiales qui semblent pathétiques, voire brouillonnes. Toutes mes idées devraient vous apporter une aide dans ce labyrinthe de ma pensée.
Aujourd’hui, 26 mars 2014, retour à l’école si l’on peut s’exprimer ainsi, au travail s’est encore une fois déroulée une scène de théâtre. Les acteurs se sont encore comportés comme des enfants. Les disputes ne valaient pas plus le coup que l’achat de gants par un manchot. Mon collègue Ibrahim s’est plaint d’avoir eu de moins bonnes notes sur son carnet que moi. Il en a profité pour dire des commentaires dévalorisants concernant mon travail. Comme quoi, chacun a ses interprétations des choses, moi je n’ai rien à prouver à qui que ce soit d’autre qu’à moi-même maintenant. Je suis déçu, mais je ne rentre pas dans le jeu, moi qui n’ai eu de cesse d’aider les autres. Je reste loin de tout ça, car j’ai suffisamment vécu de mauvaises situations depuis plusieurs mois. J’ai appris à prendre beaucoup de recul par rapport à ce genre de situations. De plus, j’ai une maladie, il ne faut pas que je me laisse envahir par des théories fumeuses de conspiration. J’ai la tête en dehors de l’eau, autant qu’elle le reste. Le travail peut être le lieu des pires cruautés, le théâtre était un mot bien choisi par Danut (il m’a dit un jour que « le monde est une pièce de théâtre »).
« Tout dépend du point de vue où l’on se place, par rapport à l’idée que l’on s’en fait ».
Pour passer à un autre paragraphe de ma vie rocambolesque, voici un souvenir difficile à digérer. Nous sommes des millions à regarder sans cesse des films d’amour où toutes les histoires finissent bien. Je vis malheureusement depuis trop longtemps bercé par cette idée que mes rêves se réaliseront et que je finirai par vivre une vie unique avec celle qui saura me combler de bonheur tous les jours. En août 2013, je suis allé avec Caroline chez Markus, un ami, pour son anniversaire. Jasmine y était avec son nouveau compagnon. Je pense que j’ai rarement eu aussi mal au cœur. Quelques jours plus tard, le Roi m’a montré une photo de cette journée, j’avais la tête d’un homme à un enterrement. Je ne lui ai pas dit ce que j’en pensais dans le fond, j’aime à penser qu’il s’en doute. J’ai voulu me remettre avec Jasmine pendant une période, j’ai voulu réparer l’irréparable. Entre décembre 2011 et mars 2012, je me suis battu pour que Jasmine réalise que je l’aimais encore. Elle n’avait rien voulu entendre, mon cœur fut brisé en état de léthargie. Je l’ai prévenue que j’irai chercher une autre compagne pour la forcer à réfléchir, ça n’a pas marché. J’ai rencontré Caroline en avril 2012, je me suis aussitôt mis en couple avec elle. J’ai vécu plus d’un an à distance avec elle. En 2013, nous étions ensemble depuis un an. J’ai malheureusement peur de ne plus pouvoir faire du chemin avec elle, car mes sentiments s’estompent. Sans doute la dépression a son rôle à jouer dans ce fleuve de doutes dans lequel se noient mes racines. Où vais-je atterrir ? Sans doute seul abandonné à me morfondre, je vois déjà mon futur composé de tous les regrets qui me caractérisent. J’ai une sérieuse tendance à tirer ma vie vers le bas pour avoir encore plus de raisons de me plaindre. Je suis un peu sadomasochiste, je ne travaille pas l’ouverture du troisième œil, celui qui apporte plénitude. Caroline est venue me rejoindre en Suisse allemande, la plus belle preuve d’amour que l’on puisse recevoir. Sauf que moi, je n’avais toujours pas fait le deuil de mon ancienne compagne, Jasmine.
La brume de mes souvenirs s’estompe de temps en temps. J’arrive à voir de façon plus claire ce chemin que j’ai traversé et qui m’a mené là où j’en suis aujourd’hui. À chaque fois, je cristallise mon deuil en pensées négatives où la dépression fait son office. J’ai quoi qu’il en soit besoin de faire le deuil. J’ai discuté avec Caroline du fait que je reprendrai sans doute un appartement tout seul en août 2014. Elle m’a écouté sans se révolter, elle considère que je suis une victime à cause de ma maladie. Je ne trouve pas ça évident de vivre avec l’envie de mourir. J’ai souvent des vertiges, je ne sais pas bien comment guérir de tout ça. Il faut que je redémarre, mes réflexions sont embourbées. Le temps est-il de mon côté ? À la fin, seul le bonheur compte dans ce marécage d’incertitudes. D’autres personnes diraient qu’aimer est le seul vecteur fiable d’une vie réussie, pourtant beaucoup oublient qu’on attend toujours d’être aimé en retour et cela est sans doute essentiel. De quelle « aile » a le plus besoin un oiseau pour voler ? La gauche ou la droite ?
Je me sens si vide pour trouver des idées à développer dans ce livre. Personne ne veut me faire la conversation ? Mon âme crie à l’intérieur de moi-même, je sens que j’ai encore du chemin à faire pour me retrouver moi-même. J’ai quitté la seule femme que j’aimais profondément, du moins c’est ce dont j’ai essayé de me convaincre pendant longtemps. Je suis assez décidé à reprendre un appartement tout seul. Je pense en avoir besoin, il ne faut pas se leurrer, j’étais en dépression à cette époque-là. Il y a des périodes difficiles dans la vie et même souvent des périodes à rallonge. Je ne vis pas sur la même planète que tout le monde, je me cherche désespérément, il s’agit de grandir et de s’assagir. J’ai réussi à trouver du travail en Suisse et j’étais très fier. Aujourd’hui, je ne sais même plus qui je suis, je passe mon temps à me plaindre et à être malade. Je n’arrive plus à trouver ce sourire qui me caractérisait tant. Je suis triste que toutes mes théories soient fausses. Je suis horriblement déçu de ne pas être la cible des caméras, mais de mon propre moi-même. J’ai perdu toute confiance en moi. Je veux me retrouver tout seul pour méditer sur tout ça. J’aimerais tellement ne pas être fou. Je pense que je recherche à travers toutes ces histoires fantaisistes à m’échapper d’une réalité si ennuyeuse. Que ce soit le complot de l’empoisonnement ou le fait que « Danut », mon nouveau chef, soit un inspecteur ou enquêteur. Si seulement Jasmine m’avait aimé comme je l’ai aimée, au moins une de mes théories serait vraie. S’accrocher au passé n’aide pas à laisser le futur venir et encore moins à vivre au présent. Je suis très heureux en juillet 2016 d’avoir fait le deuil de toutes mes anciennes compagnes, cela me permet d’aller de l’avant.
Qu’attend Dieu de moi ? Que dois-je faire ? Je me souviens encore d’hallucinations, tout du moins ce que je pense être des hallucinations. Le cerveau humain est-il capable de formater à ce point ce que l’on entend et ce que l’on voit ? C’est comme si je rêvais éveillé. Je suis tellement choqué et impuissant face à la force de la réalité. J’ai toujours eu tendance à me nourrir de mon imagination. Aujourd’hui, je me rends compte qu’elle a même pris place dans la réalité de ma vie. Je crois que tout s’explique et s’exprime à travers notre système de croyances. Personne ne sait ce qu’il y a après la mort. Donc nous n’avons aucune idée de ce qu’il faut faire de notre propre vie, on appelle cela le libre arbitre. Je n’accepte pas le système dans lequel je vis tous les jours, il faut se lever pour gagner de l’argent afin de survivre. Je sais à peine planter des salades et des carottes, pourtant je suis mieux rémunéré que ces personnes qui nous nourrissent chaque jour. Je suis si fatigué de penser tous les jours pour essayer de comprendre le sens de la vie. Je voudrais que mes idées, mes rêves fleurissent dans la réalité. J’apprécie pourtant de pouvoir partager mes pensées les plus folles dans ce mémoire.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir fait des bons choix et je pense en faire un cet été, je veux vivre de nouveau seul. Un collègue de travail m’a parlé d’un autre qui a eu exactement le même problème. Il ne pouvait plus réaliser quoi que ce soit. Il était surchargé par la moindre tâche au travail, je dois arriver à me ressaisir. Aller chercher en moi cette force enfouie. Me libérer de ces chaînes qui me tiennent prisonnier de l’amertume. Où va-t-on après la mort, sans cesse cette question qui me rattrape. Je fais sans doute ma crise d’adolescence à 29 ans. Toujours chercher des explications, suis-je vraiment malade ? J’ai eu une si belle vie depuis que je suis né. Là, je rentre dans l’âge adulte, je dois apprendre à faire le vide en moi. Le temps s’écoule inexorablement, pourtant je ne le vis plus comme avant. Je le sens qui s´écoule à côté de moi et que je n’ai aucune emprise dessus. Le temps est un des mots les plus importants de ce livre, il peut cristalliser beaucoup de maux liés à l’ennui. Lorsque je perds patience, je ne trouve pas le bon mot à employer pour rendre cette phrase ludique. Je n’ai plus confiance en personne, sans doute car Jasmine a détruit cette confiance. J’aurais préféré écrire ce livre en anglais pour pouvoir le partager avec plus de personnes, cependant je ne suis déjà pas capable de me satisfaire avec mon vocabulaire français.
J’imagine tout plein de scénarios pour ma vie future, je sens que je ne suis pas au bon endroit. J’ai vu dans ma chambre à l’hôpital, au-dessus de mon lit, un cinq, qui pour moi en numérologie désigne la sagesse de Socrate. Je passe du temps à mettre en pratique la notion de destruction créatrice de Schumpeter. Je deviens fou, je n’arrive plus à sortir de ma réalité imaginaire. Je n’ai qu’une envie : que le temps avance et me donne raison. Il faut être profondément convaincu pour prendre ce chemin de vie. Toute ma vie est en chaos depuis qu’une de mes anciennes compagnes m’a psychologiquement assassiné. Comment peut-on en arriver là, par quel chemin suis-je passé ? Je suis profondément blessé dans mon orgueil. Je vais apprendre la patience, car elle est la mère du succès. Je ne vis pas dans le même système que beaucoup de personnes, j’aimerais avoir des croyances qui ne se feront jamais abattre. Je dois par exemple de nouveau dépasser ma vie de mortel et oublier la mort. Savoir que le chemin m’amènera à bonne destination, les pensées guident les émotions, les émotions guident les actes. Ce livre retrace toutes ces périodes où j’étais perdu, il me permet de suivre le cheminement que j’ai suivi jusqu’à la guérison. Épancher ses doutes et incertitudes sur la vie permet de mettre en avant ses propres rouages de fonctionnement. J’ai libéré mon esprit et je m’en remercie, je suis assis en juillet 2016 devant ces anciennes réflexions et je me comprends bien mieux. J’ai même des réponses positives à tous mes questionnements. La première étape est d’accepter ce que nous apporte la vie comme difficultés ou ce que l’on considère comme difficultés. La deuxième étape est de faire des projets qui nous donnent envie d’investir du temps. La troisième étape est de se satisfaire et de se réjouir de ses propres réalisations.
Aujourd’hui, 29 mars 2014, je me sens aussi mal que d’habitude. J’ai tellement l’impression d’avoir foiré ma vie. D’être passé à côté de l’amour de ma vie, de n’être plus que l’ombre de moi-même. Je me sens triste des pieds à la tête. Je voudrais changer de corps tellement celui-là m’exaspère. Je ne sais plus quoi penser de la vie et encore moins quoi en écrire. Je ne vis malheureusement pas dans un de ces rêves où tout va bien finir. Je risque de rester longtemps à me laisser aller et à fumer clope après clope comme un fumeur à la chaîne. Je comprends mieux les personnes dépressives qu’avant. Je sais ce qu’elles ressentent et ce qu’elles endurent. Je sais aussi ce qu’endurent les lecteurs de ce livre à me voir sans cesse répéter les mêmes mots négatifs. Je pense que j’ai besoin de beaucoup de temps seul pour méditer. Je m’imagine un futur dans lequel je serai heureux, sans savoir si ce futur va vraiment exister. Dans la vie, il faut savoir accepter. Accepter d’être malade, accepter de ne pas finir ses jours avec la personne que l’on pensait aimer du plus profond de son cœur.
J’ai besoin de changement dans ma vie, je n’arrive plus à avancer à deux. Je pense que me retrouver seul face à moi-même est la solution. Peut-être que non, mais qu’importe. Comme dirait un ami, la dépression, c’est comme une peluche qu’on met au sèche-linge à 1600 tours minute pendant trois heures. Le cercle vicieux ou le concept d’autodestruction. Ne sommes-nous pas tous égaux devant la mort ? Je n’attends que ça, mourir, car mon âme a déjà été volée par une personne que j’aimais. Je ne comprends pas pourquoi je devrais me battre pour une vie qui n’a plus de sens, je ne cherche pas à passer dans les journaux comme le font beaucoup qui se suicident et cherchent à être connus par leurs actes. Je voudrais tellement pouvoir revenir en arrière, sauf que la vie n’est pas un cercle. Mes écrits sont aussi noirs que mes ressentis. Il faut que je me reprenne en main, pourtant je n’ai qu’une seule envie : me plonger encore plus profond dans les limbes de la misère qui m’habite. Me baigner dedans autant que je le peux, jusqu’à ne même plus en sentir la douleur, que mon sang soit empli de venin de tristesse et que mon corps boursoufle. La peur d’entreprendre m’a longtemps habité. Pourtant aujourd’hui, je suis un entrepreneur à succès, j’essaye de me projeter dans mon futur idéaliste.
Une fois de plus, je pense que mon âme est brisée, je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Je cherche désespérément à retrouver l’amour de ma vie. Je veux vivre et ressentir tout le bonheur que cette vie peut me procurer. Je veux de nouveau rire sans me forcer, respirer l’air frais de la sérénité. Faire le deuil de Jasmine fut une des plus difficiles batailles que j’ai eu à relever depuis ma naissance. Je partirais bien aux États-Unis pour me changer les idées et voir les choses en plus grand. Ou plutôt partir sur une plage près des Caraïbes.
Au bureau du changement, mon collègue a démissionné le 14 avril 2014 et mon chef s’est fait licencier dans la foulée. En fait, nous vivons une époque pleine de transformations, il faut sans cesse se remettre en cause. Les énigmes sont nombreuses, tout le monde est en recherche de paix intérieure. Je m’efforce de comprendre ce qu’il m’est vraiment arrivé, moi, le pauvre Français ou Gaulois. Suis-je tombé malade à cause de mon vécu avec Jasmine ou suis-je par hasard tombé malade ? Je ne suis pas très doué intellectuellement, je n’arrive toujours pas à comprendre le but de ma vie, il faut que je me concentre sur le lâcher-prise et l’oubli. Le temps s’écoule et les battements de mon cœur rythment la galère de ma vie. Je me souviens des instants de bonheur passés en compagnie de Jasmine et pourtant, j’essaye de l’oublier. Suis-je aux portes des enfers pleins de larmes de regrets ? Pourquoi suis-je si triste de vivre, pourquoi ai-je tant de regrets ? Que se passe-t-il réellement dans ma tête pour que je sois de nouveau en quête de bonheur à l’état pur ? Dieu, laissez échapper le mal qui me ronge et qui m’empêche de vivre heureux, laissez le ruisseau de la vie me bercer et couler à nouveau dans mes veines. Donnez-moi la force d’oublier tout le malheur que j’ai vécu, qui s’attache à moi et m’empêche de respirer. Laissez-moi me convaincre que Jasmine ne m’a jamais vraiment aimé. Je puise de la force dans le mal qui me détruit, j’essaye de ne pas devenir fou. Je me bats chaque jour pour ne pas mettre fin à ce calvaire que je vis, j’ai envie de mourir pour me sentir enfin libre. Je pense qu’on ne pense que trop peu souvent aux personnes en dépression sur cette petite planète. Je pense à toutes ces personnes qui souffrent sur terre et je regrette d’avoir fait souffrir Jasmine. J’aimerais tellement qu’elle me pardonne de l’avoir quittée. Si seulement on pouvait se revoir, on parlerait elle et moi plus souvent. Ma maladie me contrôle et je ne peux rien faire d’autre qu’observer, explorer et subir. J’ai l’impression d’être contrôlé par une force supérieure qui me dicte mes actes et qui oriente ma vie. Je m’enfonce inexorablement dans une dépression qui dure et qui me fait mordre la poussière. L’homme est en quête de raison à travers son raisonnement. En ce qui me concerne, je cherche un point d’ancrage dans cette vie chaotique. J’aimerais qu’une lueur d’espoir apparaisse au travers des ténèbres que je traverse. Je puise de la force pour garder le sourire en pensant à tout ce qui pourrait aller plus mal, c’est malheureux à dire, mais beaucoup de personnes font ça. En fait, on aspire le mal pour en ressortir une overdose positive.
L’imagination peut aider dans cette quête contre la dépression, je peux m’imaginer que Jasmine est morte et que je ne la reverrai plus. Cette idée m’a traversé l’esprit embrouillé pour me donner de la force pour passer à autre chose. Le deuil de cette femme me demande tellement de patience et d’énergie. Elle ne veut plus me revoir, qu’il en soit ainsi. Si le destin est si tragique, il ne peut être qu’accepté ou subi. Je n’en peux plus de mourir chaque jour un peu plus. L’amour peut être à la fois le meilleur allié et la pire chose sur cette terre, car il véhicule le bonheur et la souffrance. Je n’arrive pas à cacher ce mal qui a pris le contrôle de mes pensées et donc de mes sentiments. Je pense à toutes les personnes qui aiment et qui n’ont pas eu la chance d’avoir la réciprocité. Je ne suis qu’un fantôme errant sur le bitume macabre de la terre, à la rencontre d’une réponse ouvrant les portes du paradis. J’ai décidé de rester avec Caroline pour honorer le cadeau de la vie et ne pas reproduire le geste destructeur de l’amour que j’ai déjà réalisé avec Jasmine. Peut-être que le gardien de la vérité m’a apporté cette idée de plus à porter au loin de ses fastidieux écrits. Pourtant au fond de moi, je ne peux m’empêcher de vouloir la quitter et de me retrouver seul avec mes souffrances intérieures. Je ne veux pas qu’elle passe son temps à me soutenir, je ne veux pas qu’elle ait une vie de souffrances. Personne ne doit subir autant de mal par amour, je ne la mérite pas, je ne mérite personne. Je suis las de me plaindre, las de ne plus sourire à la vie. Apprendre le lâcher-prise est extrêmement difficile. Il s’agit de ne plus chercher à contrôler son destin, mais de laisser les choses se faire naturellement avec du temps. Je ne vois bien qu’avec le cœur et celui-ci souffre de cécité, pardonne-moi Caroline de t’avoir entraînée dans cette horrible aventure de ma vie. Excuse-moi d’être aveuglé par la rancune envers Jasmine. J’ai pensé que lorsqu’elle me verrait avec quelqu’un d’autre, elle se rendrait compte qu’elle m’aime vraiment. Je voulais lui prouver que je pouvais malgré mon handicap ne pas finir seul. J’étais fou amoureux de Jasmine, elle a longtemps hanté mon esprit tous les jours. Je ne compte plus les moments que j’ai vécus avec elle où je pensais que mon cœur était comblé. Je ne suis pas assez bien pour Jasmine, elle ne m’aime pas, elle ne m’a jamais vraiment aimé. À cette époque, la seule conviction que j’avais trouvée était que je voulais passer ma vie avec Jasmine. Chaque jour un peu plus loin d’elle était comme mille lames qui se retiraient de la chair. Je comprends bien le message de mon cœur, pourtant ma raison me dicte de ne pas briser celui de Caroline. Quelle triste vérité de se rendre compte que l’on s’est égaré. Je prends la décision non égoïste de rester avec Caroline et d’essayer de la combler même si je l’aime différemment de Jasmine. Quel est le bon choix à faire ? Après que Caroline m’a quitté, j’ai réalisé que j’avais autant d’amour pour elle que pour Jasmine. Concernant mon analyse après dépression, je pense qu’en fin de compte, je suis un hypersensible. Après un quatrième regard sur tout ce que j’ai écrit, j’en tire aussi la conclusion qu’il n’est pas forcément très sain d’écrire en boucle les mêmes ressentis négatifs, pour vous lecteurs, ça doit être sûrement très barbant. Pourtant, j’ai appris que dans toute chose difficile se cache un trésor. En effet, pour lire mon livre, il faut savoir se motiver et se passionner pour en comprendre les tenants et aboutissants. Certains parleront de cet ouvrage en le qualifiant de torchon. D’autres seront motivés sans doute par autre chose. Peut-être qu’il s’agit des clés pour guérir de la dépression ou encore des informations concernant la schizophrénie. Je ne suis plus sûr, ça pourrait être encore autre chose de plus matérialiste. Ou bien l’envie soudaine de finir la lecture de ce livre en vacances, les doigts de pied en éventail.
J’erre sans autre envie que celle d’être de nouveau avec Jasmine, je ne comprends plus rien à rien. Je suis complètement déboussolé, j’ai envie de mourir, d’en terminer ici et maintenant avec cette vie qui n’a plus de sens sans elle. Donnez-moi une mort rapide et sans souffrance, je veux partir si je ne peux vivre avec le fantôme mental d’un amour passé, du moment qu’elle est heureuse le reste du temps sans moi. Elle m’a tout volé, ma fierté, mon sourire, mon cœur, mes espoirs, j’espère ne plus ajouter un seul mot à cette phrase. Elle a semé le doute profond en moi, elle s’est armée d’une carapace infranchissable et ne me donne plus signe de vie. Pourquoi les démons se sont-ils emparés de notre histoire, pourquoi mon cerveau a-t-il pris les devants sur mon cœur et m’a poussé à la quitter ? Sans cesse ces questions négatives qui reviennent et tournent en boucle comme un cyclone dans ma tête. Je peux juste dire au Diable que j’ai eu de la fierté à cette époque, en me qualifiant en finale contre la dépression. En effet, j’ai gagné, car j’avais plus de maux qu’elle. Libérez-moi mon Dieu, faites partir tous ces souvenirs de bonheur qui me font sans cesse penser à elle. On ne peut pas oublier le passé, on ne peut que vivre au présent avec nos blessures qui nous enracinent plus profondément dans cette terre du désespoir. Il ne me reste plus qu’à oublier. L’amour et le sexe sont complémentaires, mais on peut aimer sans avoir de sexe, il est possible d’aimer au-delà des blessures. La vie est une pièce de théâtre tragique, sans espoir de sourire plaisant. Laissons le monde à feu en attendant la fin, voilà ce que tu voulais me passer comme message. Je ne suis pas d’accord avec toi, tu m’as déçu et assassiné. Tu as trop de colère contre la vie profondément ancrée en toi. J’aurais aimé te libérer de toute cette colère en t’apportant ma croyance en un monde magique rempli de bonheur. À la place, tu m’as plongé dans ton monde de souffrances et de chaos où les rayons du soleil sont noirs et où l’ennui est la passion des morts-vivants qui le peuplent.
Je ne méritais pas cette maladie, je ne méritais pas un tel destin, Caroline va partir et je vais me retrouver tout seul dans mon concert de solitude. Je vais broyer du noir le restant de ma vie, partir me réfugier dans mon refuge, ma villa, ma forteresse, ma tour d’ivoire de dépressif. Je ne me sens pas la force de retomber amoureux. Je ne me sens pas la force de continuer cette vie perdue d’avance. Je n’ai qu’une envie : disparaître rapidement de la surface de cette terre obscure à mes rêves. Dieu, achevez-moi vite, je n’en peux plus d’attendre la fin avec ce goût amer en bouche. Ces épisodes d’une vie macabre sans espoir de bonheur. Par chance, je commence à oublier Jasmine, à force qu’elle ne me donne pas de nouvelles, je me fais une raison sur son amour inexistant pour moi. Je ne crois plus en rien, à part à une mort certaine qui me délivrera de tous mes soucis mentaux. Je n’ai plus besoin de parler à qui que ce soit, je n’ai plus besoin de vivre. Je dois accepter d’avoir tant de problèmes et continuer mon chemin telle une personne âgée dans le corps d’un jeune attendant la mort, les heures risquent d’être longues. Il faut croire que l’enfer sur terre existe. Je vais vivre une vie de repenti, tel un moine enfermé dans ses songes. Ou sinon partir loin, pourquoi pas vers Ibiza, lancer la fête des Morts en hommage aux Mexicains. Laissez-moi écrire tout ce qui me passe par la tête et me délivrer de tous les maux qui m’envahissent sans cesse. Pourquoi suis-je malade ? Pourquoi ne puis-je avoir une vie dans la normalité ? Que suis-je venu faire sur cette terre ? Pourquoi y a-t-il tant de personnes malades en ce monde ? Quel est le sens de tout cela ? Pas de réponse, tout à vivre. Des ruptures, des sutures et des dépassements. Pas de nouvelles de Jasmine, pas d’espoir d’une vie amoureuse comblée. Seulement de la tristesse et des aveux. Seulement de la solitude et une bibliothèque de réflexions. Un homme brisé par la vie et ses aléas, un homme totalement perdu au fond du gouffre. Je parle beaucoup à moi-même ces derniers temps, tel un soliloque. Il m’arrive très souvent de me relire, donc c’est comme si je me laissais des messages. En effet, mon cinquième passage de lecture est donc l’occasion pour moi de poursuivre ce que l’on peut appeler une profession de foi. J’admire ceux qui aident ce monde à devenir meilleur pour nos futurs enfants. Voire déjà actuellement pour tous les enfants en soif de savoir et d’énergie. C’est la même chose pour vous, chers lecteurs, je ne tarirais pas d’éloges pour vous si vous êtes à cette étape-clé dans mon livre (environ la moitié). J’espère que vous aurez maintenant le courage de poursuivre la deuxième moitié. N’oubliez jamais, voir toujours le verre à moitié plein.
Jasmine m’a répondu, je suis définitivement certain qu’elle m’a oublié. Elle a refait sa vie et est heureuse. Je pense que mon vrai deuil commence, j’ai la certitude qu’elle ne m’aime plus. Cela est très dur à accepter. La vie est parfois extrêmement difficile, je me sens vide. Et à la fois, je me dis que lorsqu’une porte se referme, une autre s’ouvre quelque part. Je suis un handicapé rejeté, dur d’accepter la réalité si cruelle parfois.
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