9. Le monde et les technologies du futur
Les actions sont les titres de propriété du monde. On se les échange sur le marché en fonction d’une valeur explicite que l’offre et la demande définissent. Elles sont censées refléter le flux futur actualisé d’un gain. Les marchés permettent également de spéculer à la hausse ou à la baisse de ces titres. Imaginons un monde où la transparence des marchés n’a pas vraiment lieu et où une poignée de personnes est capable de savoir à l’avance la valeur future de ces titres grâce à des systèmes d’analyse très poussés. Ces outils intègrent notamment les individus travaillant pour une entreprise. Si je connais la valeur des soldats des régiments et leurs capacités, j’ai de plus fortes chances de parier sur le bon étalon. Dans le monde, les États sont aussi des actionnaires. Ils ont donc tout intérêt à bien connaître les individus qui travaillent pour eux (surtout leurs capacités à créer de la valeur). Entre les États du monde, la guerre physique est devenue essentiellement une guerre économique. Bientôt viendra la guerre de l’image, la guerre de l’information et de la technologie, qui sont passionnantes tant qu’elles évitent la guerre physique. Après réflexion, il faut aussi éviter la pauvreté et la misère, synonymes pour moi de déresponsabilisation collective.
Les multinationales militaires, qui sont des ogres de l’information, ont des filiales dans chaque pays. Il en va de l’intérêt du pays concurrent de bien connaître les entreprises de son adversaire afin de bien évaluer sa valeur réelle, qui un jour ou l’autre sera reflétée en bourse (tôt ou tard, la vérité et les résultats ont raison des spéculateurs les plus chevronnés). Ainsi, si je prends un groupe coté au CAC 40 qui est dans le secteur militaire et dont l’État est un actionnaire principal, je suis sûr que chaque filiale à l’étranger ainsi que ses résultats sont suivis de très près. On pourra même imaginer que ses employés sont espionnés en secret. Le but est d’éviter toute implication directe, mais de garder le contrôle si possible sur la valeur de la filiale. De l’autre côté, l’État qui héberge sur son territoire la filiale cherche par tous les moyens possibles à diminuer sa valeur afin de ne pas perdre la course à la technologie. Nous avons vu que les USA espionnaient outre-Atlantique (les Allemands avaient été fortement choqués). En Suisse, on reste, je trouve, un maximum diplomate.
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