11. Les faits, les empoisonnements

22 minutes de lecture

Lorsque j’ai eu ma première bouffée de folie, j’étais allé prendre un café chez Dusan, un homme assez mystérieux. Il est sans cesse obnubilé par le temps, il a des horloges partout chez lui. C’est le directeur de la technologie dans l’ancienne entreprise où je travaillais. Cet homme est complexe, mes pensées délires étaient qu’il empoisonnait les autres personnes de l’entreprise. Je me suis même dit que si un jour, je n’ai plus de cerveau et que je finis sur un fauteuil roulant, alors ma théorie du rêve se sera accomplie. Et mon enquête aura toute sa valeur. Cet homme est peut-être mal dans sa peau, mal dans sa vie et dégage son ressenti, en réalité je ne le connais pas assez. Dans mon délire, j’avais avalé un produit qui me rendait complètement fou et je n’étais pas malade. Réaliser que l’on est malade mentalement, c’est la pire des choses que j’ai pu vivre. Je dois accepter que le film que je me suis mentalement joué est faux et que ma vie est simple et ennuyeuse. Chacun cherche à se réaliser sur cette terre, une fois qu’il peut survivre.

Je pense que début avril 2011, je fus victime de la première tentative d’empoisonnement : j’ai fini par ne pas dormir cinq jours de suite et avoir tout plein de problèmes. Mot de passe oublié, cerveau comme effacé. Il est possible que cet incident soit lié à la publication d’une vidéo sur « Facebook ». Dans cette vidéo, je me suis imaginé malmené, critiqué (je n’avais pas tout compris, c’était en dialecte suisse allemand). Je reviens de vacances après une dépression liée à mon histoire d’amour avec Jasmine. Dusan est venu dans mon bureau, fait rare. Je n’avais pas dormi depuis cinq jours. J’avais beaucoup de mal à me concentrer. Il en a profité pour se moquer de moi et me narguer. En montrant des rapports financiers complexes que j’ai créés et posant des questions, alors que je pense qu’il savait que je n’avais pas dormi de la nuit. J’ai fait des tests liés au cœur à Paris, les documents existent encore. Et un voyage à Zagreb, en Croatie, en prenant le premier billet d’avion qui venait à l’aéroport, pour faire un contre-choc psychologique. Mon meilleur ami l’Artiste est venu avec moi. Je me suis retrouvé comme par hasard dans le pays d’où est originaire Dusan. J’ai fait des tests à Paris : bilan enzymatique avec les CPK à 880 (la fourchette normale étant entre 0 et 195). J’ai refait le test quelques semaines plus tard, le taux était normal. Je me demande si un jour, on me dira que j’ai un sixième sens. Pour mieux comprendre ce qu’est le taux de CPK :

CPK (créatine phosphokinase) est une enzyme dont la présence dans le sang permet d’aider au diagnostic d’atteinte musculaire, cardiaque, cérébrale, essentiellement et indépendamment de son étiologie (de sa cause) y compris les myopathies, l’infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux s’accompagnant d’une destruction du tissu du cerveau (nécrose cérébrale).

Commentaire sur le net : « bonjour, les CPK sont un marqueur myocardique, en clair, quand le cœur souffre (comme un infarctus par exemple) ses cellules se détruisent et passent dans le sang, c’est ça que l’on dose ». Sa lecture en soi n’est pas très parlante, comme beaucoup de pathologies, il faut connaître l’ensemble des résultats des autres examens et replacer tout ceci dans son contexte. Peut-être que l’annonce de Jasmine m’a littéralement, physiquement, brisé le cœur.

J’ai tellement cru à mon histoire de CPK que je fais régulièrement des contrôles. J’ai refait un test le 28 janvier 2014. Les résultats de la prise de sang donnent des CPK (où CK ici en Suisse allemande) à 111 (avec une fourchette entre 40 et 200). Donc techniquement, si je puis m’exprimer ainsi, j’ai bien eu un souci de santé. Des prises de sang ont été réalisées pour prouver la véracité de ma thèse. Le poison aurait donc un effet sur le cœur et sur les enzymes. Sinon, j’ai une maladie rare au cerveau et/ou au cœur. Je connais encore un autre homme dans l’entreprise ayant déjà eu des problèmes cérébraux, il s’appelle Dieter.

Le train de la folie : je suis rentré en France en train en décembre 2013 : une vraie histoire de dingue comme mon livre, je ne me souviens pas comment j’ai réussi à me retrouver à la gare de Part-Dieu à Lyon. Je me rappelle encore dans le train fin novembre, lors de ma bouffée de folie, les trois rappels aux passagers pour prévenir que le train est équipé de défibrillateurs. Je me suis aussi senti connecté ce soir-là à une personne de l’extérieur, j’ai ensuite eu des discussions avec l’hôtesse qui tenait le bar. J’ai écrit sur un papier pas mal de choses importantes, le contenu était surtout des noms de personnes ayant marqué l’histoire. J’ai discuté avec des personnes et elles m’ont de temps en temps parlé bizarrement, comme si elles se moquaient de moi. Je pense que j’avais un trouble du langage. J’ai couru dans le wagon et dérangé certains passagers en leur demandant s’ils croyaient en Dieu. Un homme m’a répondu d’aller voir au wagon-bar. Sur le retour, je me suis arrêté dans la partie inférieure du wagon qui était vide de voyageurs, il n’y avait que les manteaux et les sacs de voyage sur les sièges. Seule était assise une femme avec son enfant, ils parlaient du fait que tout soit possible. L’éducation qui donne des chiffres pour les sièges des wagons n’est qu’une idée, nous aurions très bien pu utiliser d’autres symboles, comme au Japon par exemple. J’ai poursuivi mon parcours assis près des marches en haut de la sortie à discuter avec un jeune. Cette discussion m’aura marqué, en effet, cet étranger m’a parlé de manière familière. Il m’a dit qu’il avait tué par accident et que les prisons ne font pas de cadeau. Pour lui je crois, je ne devais pas boire de l’alcool et pas fumer, c’était pécher. Comment en si peu de temps arrive-t-on à en venir à ce type de sujets avec quelqu’un ? Je dois vite tourner cette page de mon histoire, voilà ce que j’ai longtemps pensé. Je ne sais pas comment j’ai ouvert cette boîte de « Pandore ». Vous connaissez l’histoire de la mythologie, j’espère. Sinon, je vous conseille de la relire, c’est une aventure intellectuelle très instructive, divertissante et qui pourrait même un jour devenir lucrative.

Certaines personnes dans ce train m’ont dit de ne pas les déranger pendant qu’elles travaillaient. Quelque part, je me suis reconnu en elles. Je suis aussi ou j’étais du genre toujours occupé au travail. D’autres personnes te parlent de Dieu et te disent qu’on se retrouvera. J’ai vécu aussi la difficulté d’un renouveau de sentiment. Je veux dire par là que je vois la vie totalement différemment d’avant. Une enquête positionnée par les ressources humaines de la société Satan dans le « bloc » de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu à Lyon. Il est sûr et certain pour moi que les ressources humaines étaient présentes sur le site. J’ai souvent eu pendant ma période de délire des hallucinations où j’avais l’impression de reconnaître des personnes que je connaissais. Je pensais que les ressources humaines du groupe faisaient une enquête sur Dusan pour savoir s’il m’empoisonnait. En réalité, je pense que Jasmine a réussi à me faire un choc mental, elle a réussi à réveiller en moi le gène de ma maladie. Cette distorsion et confusion avec la réalité est une des caractéristiques de la maladie.

« Si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse. » Woody Allen

À l’hôpital, je suis arrivé fin novembre 2013, un groupe de personnes soi-disant malades était là. Pourtant, j’avais le sentiment qu’ils m’observaient et qu’ils me connaissaient. J’ai eu l’impression que l’on cherchait à me guider dans mes choix. Je me souviens avoir vu le nom d’une des responsables dans un jeu de cartes. Cette responsable me rappelle une femme des ressources humaines de l’entreprise « Satan ». Pendant les repas, les autres membres du groupe me semblaient calmes et familiers. J’ai apprécié passer du temps en leur compagnie. Une femme m’a dit : « On ne voit bien qu’avec le cœur ». J’en déduis que chaque personne sur la terre est là pour passer un test et que lorsque l’on rencontre quelqu’un, on le sent tout simplement si la personne est bien intentionnée ou mal intentionnée. Peut-être même que le Diable se glisse en nous l’espace d’une minute pour nous faire réaliser des actes qui ne nous ressemblent pas et que l’on regrette après. Nous ne sommes peut-être que des marionnettes livrées à notre libre arbitre. Cette idée ne quitte jamais mon esprit. J’ai par contre une théorie selon laquelle Dieu serait égoïste. En effet, il ne nous laisse pas le choix de venir ou non sur la terre. Étant donné que nous n’avons ainsi pas choisi, il est seul responsable. Il ne nous offre que le libre arbitre de ce que nous faisons de cette vie. Nous ne choisissons pas non plus le milieu dans lequel nous naissons et les maladies que nous aurons. Ainsi je le répète, Dieu est responsable de tout ce qui se passe dans le monde, si c’est bien lui qui l’a créé. Et il est égoïste, car il aurait au moins pu nous laisser le droit de choisir de venir sur cette terre de bonheur et de souffrance. Mon avis personnel : j’aurais accepté de venir si j’avais l’assurance de ne pas mourir en souffrant (ceci est aussi égoïste de ma part). Or de tout ce que j’ai vu, il est très rare de mourir dans son sommeil. Certains disent que c’est une chance de venir sur terre pour vivre sa vie. Moi, je pense que c’est éphémère et même inutile, tellement l’humain est capable de cruauté. Je suis du côté négatif du pôle et je persiste. Je me demande si Dieu a créé le Diable pour se trouver une excuse de l’imperfection des hommes ou s’il ne se considère pas comme parfait lui-même, et alors avait besoin de devenir son propre avocat du Diable. Ces questions ne me quittent jamais. À force de réflexions, j’en suis parvenu au fait que Dieu, s’il existe, n’était pas parfait et a décidé de se séparer de son mal en créant le Diable. Je me demande aussi souvent si les deux existent vraiment. Quel serait aussi le but de leurs propres existences ? Gagner le plus d’âmes de leurs côtés ? Personne n’aura la réponse de son vivant. Chacun a le droit et la liberté de se créer sa propre philosophie de vie, ceci permet à chacun d’être libre de ses croyances. Voilà peut-être pourquoi Dieu ne nous informe pas à la naissance et n’a pas la possibilité de nous laisser le souvenir que nous avons choisi de venir ou non sur cette terre. Le souci qui se pose est d’avancer dans cette vie sans savoir si nous faisons les bons choix.

Revenons à mon vécu sur l’histoire de ma maladie. Les jours après à l’hôpital, il était simple de voir à quel point j’étais intoxiqué. Les médocs n’ont pas fait beaucoup d’effets tout de suite. Une longue période de délire, un matin de décembre entre Noël et le Nouvel An 2014, je suis parti courir pour relever un défi que je m’étais lancé, courir plus loin que les panneaux sur la route l’indiquaient, alors que j’étais encore convalescent. Durant cette période, les panneaux fonctionnaient avec mon cerveau comme des symboles qui me guidaient. On pourrait penser que Dieu essayait de m’envoyer des signes, sauf que non, je suis seulement atteint d´une maladie. Sur le chemin des panneaux de travaux, mon interprétation était que quelqu’un faisait un pari avec une autre personne sur l’endroit où j’allais m’arrêter. J’ai réussi à dépasser le panneau indiquant que je n’irai pas plus loin. Je suis alors tombé sur un homme qui semblait avoir besoin d’aide pour démarrer sa 4L au bord de la route. Derrière la 4L était garée une voiture avec une femme à l’intérieur. J’ai aussitôt proposé mon aide à cet homme. La femme de derrière, qui elle « fumait comme un pompier ou une pompière », est aussi descendue de sa voiture en me voyant arriver. J’ai cru que les personnes qui pariaient sur moi me lançaient de nouveau un défi. La femme était dans le camp contre moi et l’homme pour moi. La 4L a fini par démarrer au bout de la troisième tentative en la poussant, je crois que j’ai eu le sourire après ça. Mon actuelle interprétation est que j’ai besoin de me sentir utile pour mon prochain pour être heureux. J’ai bifurqué par les quais près du pont de l’île Barbe, au passage j’ai demandé à des touristes qui semblaient m’attendre la date de construction du pont. J’ai ensuite traversé le pont et je suis allé demander un verre d’eau chez « Jocteur », le boulanger de l’île barbe près de Lyon. Ayant dit bonjour au patron, j’ai eu la chance de ne pas payer le verre. De toute façon, je n’avais pas d’argent sur moi. Pour finir, j’ai recroisé un Japonais et j’ai fait un peu de chemin avec lui en discutant de Dieu. J’ai fini le tout en courant, comme si une voix me dictait ce que j’avais à faire. J´en déduis que lorsque nous sommes perdus, chacun d’entre nous se tourne souvent vers Dieu pour connaître la marche à suivre. Les schizophrènes ont tendance à entendre des voix leur dictant leurs conduites. Ce témoignage est en accord avec tout ce que j’ai pu lire à propos du trouble schizo-affectif et de la schizophrénie.

Un autre jour de décembre 2013, je suis parti le matin pour aller à Lourdes (car la veille, il m’a semblé voir écrit « le chemin passe par Lourdes » à l’arrière d’un véhicule), j’ai pris des « sandwiches » et de l’eau pour faire le voyage. Sur le chemin, je me suis imaginé que l’on me suivait par satellite à travers mon Smartphone. J’ai écrit en marchant « HELLO WORLD » en pensant que quelqu’un lirait de l’espace (en regardant le déplacement par satellite de mon Smartphone). Je me suis arrêté chez le coiffeur où j’ai demandé à me faire raser complètement les cheveux. Au final, la coiffeuse m’a convaincu de me faire une coupe normale. Pour moi, cette coiffeuse et son ami étaient envoyés par Dieu pour me parler, l’homme m’a dit qu’il était contrôleur de train, dans mon imagination, c´était Saint-Pierre. J’ai discuté avec lui, il m’a parlé du rassemblement des jeunes, les JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse). Je me suis promis d’y aller, je me suis renseigné, les prochaines ont lieu en 2016 à Cracovie. Après réflexion et analyse, tout ceci serait lié à ma maladie. Une maladie atypique qui toucherait mes neurones. J’ai besoin d’un plan à réaliser pour me sentir bien, je suis comme un chevalier qui attend sa quête. Cela me semble cohérent, je n’aime pas passer mon temps sur terre sans avoir un but bien défini. Je dois me redéfinir, et à travers cette redéfinition, me transcender. J’ai bientôt 30 ans et je pense ne pas avoir encore accompli la moitié de ce que j’ai à faire sur cette terre. Il faut que je me donne les moyens. Ce livre n’est qu’un passage obligé pour me redécouvrir. Mes forces existent, il faut juste que je les prenne à bras-le-corps, je suis capable de réflexion, comme tout être humain. Je ne suis pas plus nul qu’un autre, j’ai juste certains handicaps. Je crois que j’ai besoin de donner du temps de ma vie aux autres, par exemple aider à aller creuser un puits en Afrique ou écrire un livre pour les autres atteints d’une maladie similaire à la mienne. Je ne sais pas, il faut que je réfléchisse, le temps passe si vite que je ne verrai pas venir la mort. Donner un sens à ma vie et retrouver l’harmonie en moi. Voilà ce que je dois reconquérir : ma force intérieure. Je cherche sans fin de l’eau au fond de ce puits que je creuse sans relâche. Mon cerveau est comme partagé entre deux mondes, celui du réel et celui du fantastique. Je veux conduire ma vie vers un chemin où les deux hémisphères seront réunis et ne formeront plus qu’un tout. J’espère que Dieu m’entend quand j’écris, si c’est le cas, je lui passe bien le bonjour. Je ne suis que sa main, la main d’un enfant qui trace des lignes dans le sable en espérant un jour être illuminé par sa grâce.

Un jour au bureau, Ibrahim m’a raconté que parfois, dans certaines entreprises, une personne venait « incognito », sous couvert d’identité à un poste donné dans une équipe. Il observait les comportements de chacun et poussait tout le monde à bout grâce au stress jusqu’à ce qu’ait lieu une réunion où tous les protagonistes explosent psychologiquement et révèlent leur plus gros problème. Lorsque Danut est arrivé dans notre équipe, j’ai cru que c’était un de ces psychologues du travail (car je suis assez fantaisiste et j’imagine toujours trop, de plus en phase de délire, je crois à cette imagination). Danut se comportait de manière correspondant aux descriptions que m’avait données Ibrahim. Comme le stress était à son paroxysme, je suis rentré en phase de délire et j’ai imaginé que Danut était vraiment un psychologue du travail et un enquêteur en finance qui traque les fraudes. La veille de la réunion explosive, je ne dors pas et échafaude un plan pour comprendre si le stress vient du N+1 Danut ou du N+2 Markus. Je prévois des croissants pour que Markus ne se doute de rien (en gros en venant à la réunion avec des croissants, tout le monde a l’impression que ça va bien se passer). Avant la réunion, je vais voir Danut et je lui demande s’il a confiance en moi. Je lui dis que lors de la réunion, je vais dire que j’ai le sentiment qu’il ne nous fait pas confiance. Mon but est de déstabiliser Markus qui utilisait à mon avis Danut comme « machine à presser ». Il lui demandait de nous fliquer et d’être tout le temps sur notre dos. Lors de la réunion, Markus commence comme un chef sûr de lui. Sauf que je ne le reconnais pas du tout, comme s’il jouait un nouveau personnage. J’avais l’impression de voir quelqu’un faire du théâtre devant moi. C’est ensuite mon tour, je commence par dire que tout fonctionnait très bien peu de temps avant et que j’ai beaucoup de respect pour Danut, cependant, qu’aujourd’hui plus rien ne « fonctionne ». Je me souviens très bien avoir éclaté psychologiquement. Dans mon imagination, Danut était un enquêteur en finance qui cherchait à découvrir qui fraudait dans l’entreprise. Comme Markus avait passé son temps à nous dévaloriser et à essayer de démontrer à Danut que l’on ne peut pas nous faire confiance, j’ai cru qu’il voulait nous piéger. J’ai alors imaginé le plan de faire croire qu’il me manipulait comme un enfant (ce qui était mon vrai ressenti dans le fond). J’ai éclaté et dit qu’on me considérait comme un enfant. Ibrahim a enchaîné en disant qu’on le considérait comme un chien mis en laisse à qui on avait raccourci la distance de 10 mètres à 2 mètres. Jana, elle, a dit que quelque chose ne fonctionnait pas et que ce n’était plus comme avant. Ensuite, Markus a éclaté et dit qu’il ne pouvait plus parler avec Efti. J’ai cru que Danut avait enfin vu le vrai visage de Markus et j’étais surtout fier (mon pire péché) d’avoir enfin compris que le problème était bien venu de Markus.

Le monde n’est pas fait d’enfants de chœur. Malheureusement, il faut avoir la peau dure pour survivre. Dieu ne nous a pas créés parfaits. Par contre normalement, il nous offre souvent, je pense, la chance de trouver le bonheur au fond de nous. Ce bonheur passe d’après moi par l’amour pour soi pour commencer et ensuite par l’amour de l’autre. Il faut chercher l’équilibre au fond de soi.

Définition du délire

Type rapide : suite à un stress psychique important, il est possible de quitter la réalité en une semaine pour se retrouver ailleurs. Sans se rendre compte qu’on a progressivement quitté la réalité, on se retrouve perdu dans son esprit, prisonnier d’un système propre à chaque délirant.

Délire de référence : l’individu croit à tort que tout ce qui l’entoure ou ce qui se passe possède une signification personnelle. J’ai vécu ce type de délire, il me semble. J’imaginais que chaque chose que j’entendais ou voyais était une indication sur ce que je devais dire ou faire.

Les délires de persécution sont le type de délire le plus répandu dans lequel le patient se sent suivi, humilié, embarrassé, empoisonné ou drogué, espionné ou attaqué. L’individu croit à tort qu’il est persécuté. Deux éléments centraux sont définis : l’individu pense que quelqu’un lui fait ou lui a fait préjudice ; il pense que son persécuteur va lui porter préjudice.

Pour définir les pensées délirantes d’un patient, il est important de consulter un psychiatre pour diagnostiquer le type de délire en question. Les causes des délires ont été étudiées et de nombreuses théories ont été développées. Une théorie génétique ou biologique explique que les individus souffrant de troubles délirants ont un risque élevé de développer des traits de caractère délirant. Une autre théorie implique un dysfonctionnement cognitif. Une troisième théorie est appelée « délire de défense » ou « de motivation ». Cette condition est répandue chez les individus ayant une faible audition ou une faible vision. Un stress intense peut également causer des délires.

Le délire peut être causé par des abus substantiels, le sevrage à l’alcool ou aux médicaments/drogues, des troubles psychologiques, une intense souffrance, l’inactivité et la privation de sommeil.

Manie

Un besoin important de parler (logorrhée) et une parole abondante, accélérée, impossible à arrêter. Il s’agit du reflet de l’accélération des pensées. Dans les cas extrêmes, les paroles se précipitent si rapidement que l’auditeur à des difficultés à suivre.

Une assurance excessive

Une réduction du besoin de dormir, sans que la personne ne se sente aussi fatiguée qu’elle le devrait en dormant si peu. La réduction du sommeil est souvent un des premiers signes d’un épisode maniaque.

La fatigue nerveuse est associée à un très fort sentiment de culpabilité, à des idées noires, à une perte de l’estime de soi, à une sensation d’impuissance, de renoncement et à une incapacité à se projeter dans l’avenir. Tâtonner dans l´univers des pensées et des croyances.

S’aider à se redonner son sens d’estime personnelle et sa capacité d’éprouver de la fierté pour ses succès. Ce point est essentiel, voire vital. Toute personne a besoin de se réaliser pour se sentir exister. Nous sommes nombreux à avoir la chance de pouvoir remplir nos besoins d’ordre primaire de la pyramide de Maslow. Mais une fois ces besoins assouvis, un gouffre se crée et nous avons besoin de satisfaire l’étape suivante.

C’est difficile de porter un jugement sur soi-même, d’un côté, j’essaie de me rassurer et d’un autre, je sais qu’il y a quand même un réel problème. Mais cela n’influence pas mon travail, enfin en 2014, je n’avais plus du tout de motivation. Avant, j’avais des projets, de l’ambition, je n’ai plus rien eu de tout cela. J’ai souvent des idées délirantes que je me mets dans la tête, souvent fausses, et je me mets dans des états assez incroyables.

« L’espèce humaine tâtonne dans l’obscurité et les souffrances de son inaboutissement, de son inhabileté fatale. » Arthur Rimbaud

La suite de mon délire : après mûre réflexion, il semble que j’ai cherché à m’imaginer une histoire d´empoisonnement, car je ne pouvais pas suffisamment et objectivement accepter d´avoir peut-être une maladie. J´ai extrapolé mes délires. Depuis, je ne consomme plus d’alcool et plus de cannabis. Pour voir si une troisième fois, mon cerveau va être effacé. Je pense faire un test complet peu de temps avant le prochain empoisonnement. Plus un test de mes CPK régulièrement. Il faut que je me renseigne quand il pourrait avoir lieu, il va falloir que j’enquête. La technique, je pense, a lieu à travers la boisson (la plus ancienne méthode connue). Dusan va-t-il m’inviter encore une fois chez lui pour les fêtes de Noël ? J’irai moi-même me jeter dans la gueule du loup pour prouver ce que j’ai à prouver. Ou bien réaliser que tout ça n’est qu’un mensonge que je me suis construit pour ne pas assumer ma maladie.

Autre facteur : je ne suis pas le seul dans l’entreprise. Beaucoup trop de personnes ont le même problème. La dépression ne peut pas toucher autant de personnes en même temps, coïncidence ou réalité ? Une petite voix me dirait : « En ce moment, beaucoup de gens n’ont pas le moral et se posent beaucoup de questions ; nous sommes en période de crise, il y en a déjà eu et on retrouvera un nouvel équilibre : avoir confiance en ce qui doit arriver ».

Sur 250 personnes dans l’entreprise, quelle est la probabilité que 3 meurent à 3 ans d’intervalle ? Norbert, responsable de la production, est mort à 45 ans, Rossi, mort vers 50 ans (cerveau de la technologie dans l’entreprise donc danger pour Dusan) et Evy a eu aussi un problème de cœur. Norbert avait déjà des problèmes au cœur. Il est à l’étage du bas où se trouve Hampi, meilleur ami de Dusan. 2e étage où presque tout s’est déroulé, nous avons Dieter, Norbert, Bruno, Sabina, Evy. Hampi qui va souvent en Thaïlande. Je suis déjà allé chez Dusan, il est sacrément occupé par le temps, horloges de partout, et il a de très bonnes connaissances sur les plantes et leurs vertus. Il vient de Croatie et a une villa là-bas. Quelle drogue peut empêcher de dormir pendant 5 jours et rendre fou par la même occasion ? Suis-je le seul à penser que je suis une victime, ou m’empoisonnerais-je seul ? Nous avons installé des « réanimateurs » cardiaques dans l’entreprise. Ai-je vraiment un problème au cerveau, est-ce naturel ? Il faut faire des tests en clinique pendant que tout va bien. Beaucoup de personnes essayent de dire que j’ai un problème avec la drogue au travail. C’est faux, je ne touche plus à rien à part des cigarettes depuis décembre 2013. Je pense même essayer d’arrêter de fumer.

Existerait-il une bande organisée qui, telle une confrérie de l’ombre, placerait des personnes aux bons postes et en empoisonnerait d’autres qui leur font de l’ombre ? Ai-je tout simplement une maladie ? Je n’arrive pas à me sortir de l’idée que beaucoup de choses sont manipulées de l’extérieur. Je dois faire une clôture financière lundi et livrer des chiffres, il ne faut pas que je sois malade. D’après le médecin, je souffrirais de trouble schizo-affectif. Cette semaine sera décisive. Je dois réussir à prouver que je suis toujours aussi efficace en termes de productivité. Je suis fatigué d’être malade, mon cerveau est ralenti par les psychotropes que je dois prendre. En 2014, j’étais encore très malade et je cherchais des explications à toutes les hallucinations et délires que j’avais. Lorsque je relis le livre, je trouve ça sans jeu de mots hallucinant. J’ai longtemps cherché des explications un peu folles. Toutes ces échappatoires pour ne pas accepter une réalité trop choquante.

Les hallucinations ne sont pas dues à ma maladie, si encore je suis malade, c’est ce que je pensais. Ce qui reste à prouver. Danut m’a parlé de « Working Class Hero », il s’agit sans doute d’un indice. Danut serait-il quelqu’un d’autre ? Je suis totalement dans la paranoïa, mais avec tous les changements qui ont lieu dans mon entreprise, je ne sais plus où donner de la tête. Il semble que beaucoup de choses se jouent en 2014. Sois-je me confirme que je suis fou, soit je vois de la lumière au bout du tunnel. La patience et le silence sont d’or. Je me suis confirmé que j’ai de sérieux problèmes mentaux. Je ne vois pas la vie comme les autres, heureusement, je ne suis pas le seul. Nous aimons classer les êtres humains dans des petites cases pour mieux arriver à les comprendre. La seule chose que je puisse vous certifier est qu’il faut avoir vécu la même chose pour vraiment comprendre la personne. Par exemple, je ne comprenais pas ce qu’était la dépression avant de la vivre vraiment. Je ne me rendais pas compte lorsque l’on me parlait en employant le mot « dépression ». Aujourd’hui, je peux partager ce sentiment avec d’autres. Croyez-moi, si vous pouvez éviter une dépression, faites-le absolument, la vie ne devrait pas « offrir » cette possibilité. Je pense croire en Dieu, mais je n’approuve pas pour autant tout ce qu’il a créé pour nous dans ce bas monde.

Nous sommes fin janvier 2014, on dirait que je vais mieux de jour en jour, je recommence le travail la semaine prochaine, le 3 février 2014, à 50 %. Je pense arriver à garder mes distances sur le stress ambiant au travail. Comment peut-on imaginer que je sois fou ? J’ai tendance à beaucoup analyser et je me trompe rarement, du moins je le pense. Cependant, je suis ouvert à toutes les possibilités, je vais donc rechercher d’où vient le mal que je subis ou que je me fais subir. La société est très complexe, hier la psychologue m’a fait un graphique très instructif concernant le seuil de tolérance de chaque personne. Si le seuil est dépassé, les personnes vont avoir tendance à sortir de leur corps. Certains vont par exemple détruire une chambre d’hôtel, je pense à une personne en particulier, à une histoire concernant un CEO. « Les hommes ne sont pas plus fous que la société l’est ». Tous ces faits marquants, je les note dans un coin de ma tête et j’ai tendance à en faire une suite logique pour moi. Bruno, qui travaille au sein de la même société que moi, a eu besoin d’au moins six mois pour se remettre de sa dépression. J’aimerais bien savoir qui est la prochaine personne à se faire empoisonner sur ma liste imaginaire. Cette période de 2014 fut une année riche en enseignements. Trois ans plus tard, il est évident pour moi que j’étais en pleine phase de maladie aiguë et en plein rejet de la maladie. Certains schizophrènes ne se rendent même pas compte ou ne veulent même pas accepter leur maladie.

Mercredi 19 mars 2014, visite de trois personnes de l´entreprise Satan. Entre midi et deux pendant le repas, Hampi en visite de vérification de ma santé, encore une fois une coïncidence qui me rend parano. Dans l’après-midi, proposition d’un café par Ibrahim. Et le soir, messages bizarres de Markus, images pour enfant et stress lié au travail. Une journée de folie pour me faire des histoires. Je pense que tout le monde est contre moi. J´espère que vous comprenez mes délires, lorsque l’on est schizo-affectif, on a le sentiment d’être persécuté.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Morpheus ZWEISTEIN ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0