6. Les traitements, médicaments

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Depakote : traitement des épisodes maniaques du trouble bipolaire en cas de contre-indication ou d’intolérance au lithium. La poursuite du traitement après l’épisode maniaque peut être envisagée chez les patients ayant répondu au divalproate de sodium lors de l’épisode aigu.

RISPERDAL est indiqué dans le traitement symptomatique de courte durée (jusqu’à 6 semaines) de l’agressivité persistante (je ne suis pas agressif du tout, ceci appartient à la définition, sans doute pour d’autres personnes atteintes par la maladie) dans le trouble des conduites chez les enfants à partir de 5 ans et les adolescents présentant un fonctionnement intellectuel inférieur à la moyenne ou un retard mental diagnostiqués conformément aux critères du DSM-IV, chez lesquels la sévérité des comportements agressifs ou d’autres comportements perturbateurs nécessitent un traitement pharmacologique. Le traitement pharmacologique doit faire partie intégrante d’un programme de traitement plus large, incluant des mesures psychosociales et éducatives. Il est recommandé que la Rispéridone soit prescrite par un spécialiste en neurologie de l’enfant et en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent ou un médecin très familier du traitement du trouble des conduites de l’enfant et de l’adolescent.

Pour mieux comprendre comment j´ai « fonctionné » lors de mon épisode maniaque (épisode euphorique), je vais vous présenter les divers symptômes qu´engendre une maladie mentale telle que la schizophrénie affective ou qui adviennent chez les personnes maniaco-dépressives (bipolaires). Nous verrons un recoupement personnel entre ces maladies diverses qui se recoupent entre elles (nous sommes tous uniques, on ne peut pas nous mettre, ranger, dans une « case »). J´ai certains symptômes de certaines de ces maladies qui forment ma maladie.

Description des maladies mentales proches de la mienne

Tout d’abord, la personne schizophrène expérimente des hallucinations, celles-ci pouvant impliquer l’ensemble des sens. Les plus courantes sont des hallucinations auditives, sous la forme de voix imaginaires, souvent étranges ou persécutrices. Je pense avoir bien entendu des voix et avoir aussi eu des hallucinations visuelles et olfactives. En complément, la personne présente des accès de délire, des erreurs de jugement logique. Elle s’imagine que la personne qui la regarde ou qui la croise dans la rue est là pour l’espionner. Elle se sent surveillée, persécutée, en danger ou croit que la télévision lui envoie des messages. J´ai bien vécu ces passages de délires avec des convictions dans mes croyances. Elle est convaincue d’avoir le pouvoir d’influencer les événements dans le monde, d’être contrôlée par une force extérieure. Les hallucinations sont d’ailleurs couramment en relation et viennent renforcer ces idées délirantes. Ceci est très vrai, je me souviens avoir vu et entendu beaucoup de choses (hallucinations) qui ont renforcé la croyance dans mes délires.

La personne présente, de plus, des troubles cognitifs regroupés sous le terme de « désorganisation » ou troubles du cours de la pensée. Ce dernier point peut aller de la perte du cours de sa pensée ou de ses idées, avec des phrases sans liens évidents, jusqu’à des suites de mots complètement incohérentes dans les cas les plus sévères (symptôme de schizophasie ou phénomène du « coq à l’âne »). Cette désorganisation de la pensée se manifeste par une difficulté à rester concentré sur un raisonnement et/ou sur une conversation, à diriger ses pensées vers un but, par une suggestibilité, une pensée tangentielle (qui veut simplement dire que la personne fuit une conversation ou une réponse à une question posée), de la difficulté à associer des idées entre elles, un discours illogique. Le malade perd le fil de ses idées. La personne atteinte peut dire des phrases sans suite ou incompréhensibles et inventer des mots (je suis souvent triste d´avoir vécu une telle crise, cela détruit ma propre fierté, j’en veux à Dieu s’il existe de m’avoir créé fou, comme les incultes disent).

Le comportement du malade est également très désorganisé, avec une incapacité à prendre des décisions et des initiatives appropriées à la situation. Des agissements bizarres peuvent également être perçus, par exemple fermer les stores de la maison par crainte d’être espionné (effectivement, nous verrons que j´ai vécu le même genre de comportements dans la partie « une machination de téléréalité », collectionner des bouteilles d’eau vides (je ne fais pas ce genre de choses). La pensée du malade manque de fluidité et de flexibilité. Ses discours et ses comportements sont répétitifs, rigides. Le malade a du mal à fournir une pensée abstraite. Il a tendance à interpréter de façon erronée, ou selon des critères personnels des concepts abstraits. Il peut avoir aussi un syndrome d’automatisme mental (vol de pensée ou idées imposées par exemple). Il peut rencontrer de graves difficultés lorsqu’il essaie d’aborder de nouveaux sujets de conversations ou d’adopter de nouveaux comportements auxquels il n’est pas habitué.

Critères d’un épisode de manie (épisode maniaque)

A. Une période nettement délimitée durant laquelle l’humeur est élevée de façon anormale et persistante (euphorie, enthousiasme ou irritabilité) pendant au moins une semaine (ou toute autre durée si une hospitalisation est nécessaire).

B. Au cours de cette période de perturbation de l’humeur, au moins 3 des symptômes suivants (4 si l’humeur est seulement irritable) ont persisté avec une intensité suffisante :

1. Augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur => je me reconnais dans ce sentiment d’avoir pensé être très doué, sans pourtant avoir l´intention de faire de l´ombre aux autres.

2. Réduction du besoin de sommeil (p. ex., le sujet se sent reposé après seulement 3 heures de sommeil). J´ai vécu ce manque de sommeil qui a fait ressortir ma maladie, je n’ai pas réussi à vraiment bien dormir pendant cinq jours.

3. Plus grande communicabilité que d’habitude ou désir de parler constamment : je passais énormément mon temps à discuter avec des inconnus.

4. Fuite des idées ou sensations subjectives que les idées défilent, comme dans un chaudron en ébullition, les idées étaient telles les bulles qui apparaissaient et disparaissaient sans cesse. J’ai eu cette phase où mon cerveau tournait en boucle. Les images défilent dans la tête à une vitesse que je trouvais supérieure à la normale.

5. Distractibilité (p. ex., l’attention est trop facilement attirée par des stimulations extérieures sans importance ou insignifiantes). La musique, la radio, la sonnerie de téléphone n´ont pas cessé de me happer alors que j´étais dans une conversation.

6. Augmentation de l’activité orientée vers un but (social, professionnel, scolaire ou sexuel) ou agitation psychomotrice. Je ne sais pas trop quoi dire, j’étais juste dans ma sphère de délires.

7. Engagement excessif dans des activités agréables, mais à potentiel élevé de conséquences dommageables (p. ex., la personne se lance sans retenue dans des achats inconsidérés, j´ai investi pas mal d´argent dans des noms de domaine internet). Des conduites sexuelles inconséquentes, non plus, des investissements commerciaux : déraisonnables (je donnais et je donne toujours aux pauvres dans la rue). Comme engagement excessif, je me suis lancé dans des quêtes comme aller à Lourdes ou bien le projet « fou » de ce livre. Je suis allé à Lourdes en juillet 2015, c’est déjà un premier pas vers la guérison.

Nous voyons donc bien ensemble que cette maladie est aussi un fléau sur cette planète. Le plus dur est d’accepter que nous soyons encore très loin de la compréhension de l’origine de la maladie. Le seul avantage de cette maladie est de vivre une expérience hors du commun à travers des hallucinations en état d’éveil. En effet, après de longues années de réflexion et de combat, je suis persuadé d’une chose : il faut toujours voir le côté positif dans une situation ou expérience difficile.


Quelques symptômes des troubles maniaco-dépressifs :

Manie

Dépression

Sentiment de bonheur immense, d’euphorie.

Sentiment de tristesse, de vide.

Accélération de la pensée, fuites des idées.

Troubles de la concentration et de la mémorisation.

Distractibilité (l’attention est facilement attirée par des stimulations extérieures).

Fatigue ou perte d’énergie.

Optimisme démesuré, méconnaissance du caractère pathologique des troubles.


Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée.

Augmentation de l’estime de soi.

Pessimisme, mode de pensée négatif.

Irritabilité, voire agressivité.

Insomnie ou augmentation du besoin de sommeil.

Réduction du besoin de sommeil.

Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour presque toutes les activités, y compris dans le domaine sexuel.

Débit de parole accéléré ou continu.

Préoccupations excessives pour « des petits riens », ruminations anxieuses.

Idées suicidaires.

Augmentation de l’activité dans le domaine social, professionnel, scolaire ou sexuel, agitation psychique et motrice.

Engagement excessif dans des activités agréables, mais à potentiel élevé de conséquences dommageables (achats inconsidérés, conduites sexuelles inconséquentes), impulsivité, inhibition, indécision.

Symptômes dits positifs

Les symptômes aigus (positifs) se manifestent habituellement au début de l’âge adulte, entre 17 et 23 ans chez les hommes et entre 21 et 27 ans chez les femmes. Ils sont dits « positifs » parce qu’il s’agit de manifestations qui s’ajoutent aux fonctions mentales normales. C’est leur présence qui est anormale.

Hallucinations

Ce sont des perturbations des perceptions le plus souvent auditives (la personne atteinte entend une voix qui fait des commentaires ou profère des insultes, des menaces), mais parfois aussi visuelles, olfactives ou tactiles.

Délires

Ce sont des erreurs de jugement logique, des croyances non fondées dans la réalité. La personne atteinte s’imagine que l’individu qui la regarde dans l’autobus ou qui la croise dans la rue est là pour l’espionner...

Agissements bizarres

La personne atteinte se promène nue dans la rue, elle peut démontrer un intérêt inhabituel à l’égard des religions et des sciences occultes, etc. J´étais très happé par la religion. J´avais l´impression de communiquer avec Dieu.

Besoin compulsif d’écrire, utilisation d’une calligraphie semblable à celle d’un enfant et textes incohérents. Ce livre est sans doute le résultat de ce besoin compulsif d´écrire, j’espère juste que cela ne sera pas trop incohérent.

Symptômes dits négatifs

Les symptômes déficitaires (négatifs) succèdent habituellement aux symptômes aigus. Ils s’observent par un manque ou une absence de comportements spontanés, attendus. Les symptômes déficitaires sont souvent attribués à tort aux effets de la médication. Isolement, retrait social, indifférence au monde extérieur. La personne atteinte perd plaisir à ses activités de loisirs. Elle délaisse ses amis, se retire dans sa chambre, devient même irritable si on tente de l’approcher. Elle se coupe peu à peu de la réalité. Il y a détérioration des relations interpersonnelles.

Alogie ou difficulté de conversation

La personne atteinte ne trouve plus ses mots, donne des réponses brèves et évasives et ne réussit plus à communiquer ses idées ou ses émotions. Elle utilise des expressions ou des structures de phrases inhabituelles.

Apathie, perte d’énergie

La personne atteinte passe ses journées devant la télé sans vraiment être capable de suivre ce qui s’y passe, elle néglige son hygiène ou son apparence personnelle et manque de persistance ou d’intérêt pour commencer ou achever des tâches routinières (études, travail, ménage). Cette attitude donne une impression d’insouciance, de négligence, de manque de volonté et de paresse.

Diminution de l’expression des émotions

Le visage de la personne atteinte devient inexpressif, ses inflexions vocales diminuent (elle parle toujours sur le même ton), ses mouvements sont moins spontanés, ses gestes moins démonstratifs. Le regard est fixe, accompagné d’une absence de clignements des yeux ou, au contraire, de clignements incessants.

Dysfonctionnement social ou professionnel

Tous ces symptômes amènent un dysfonctionnement dans l’hygiène, les études, le travail et les relations interpersonnelles. Certains de ces symptômes et altérations du fonctionnement persisteront, de façon fluctuante, pendant des années.

Autres symptômes

Troubles du sommeil, périodes d’éveil à des heures inhabituelles, confusion entre le jour et la nuit. Hyperactivité ou inactivité, ou alternance des deux états. Hostilité, méfiance et terreur. Réactions exagérées face à la désapprobation de l’entourage et des membres de la famille, et réactions affectives inhabituelles. Hypersensibilité au bruit et à la lumière. Altération de l’odorat et du goût. Il y a aussi des tendances à l’automutilation.

Causes de la maladie

Cette maladie ne peut s’expliquer par une cause simple. Certains individus ont ce qu’on appelle une vulnérabilité neurophysiologique, c’est-à-dire une prédisposition à développer la schizophrénie quand des facteurs stressants surviennent dans leur vie. Je pense que j´ai cette vulnérabilité. Je suis tombé malade à cause d´une période de vie trop stressante. Bien entendu, je ne savais pas que j´avais cette maladie. Aujourd’hui, j´apprends chaque jour à maîtriser mon stress, je vis comme si j’étais spectateur d’une pièce de théâtre pour ne pas me sentir impliqué ou désigné. On appelle cela le « lâcher-prise ».

Les facteurs stressants de l’environnement

Fréquemment, les drogues (marijuana, PCP, ecstasy, etc.) sont des facteurs déclencheurs de la schizophrénie. Les émotions fortes (hostilité, critiques, relations humaines intenses et intimes), les tensions sociales, les pressions au travail ou pendant les études, les changements de routine (déménagement, changement d’école, etc.) sont également des situations de stress qui peuvent provoquer des rechutes de schizophrénie.

Le risque génétique

L’hérédité est un facteur qui accroît le risque à mesure que le bagage génétique augmente. Ainsi, l’enfant naissant voit son risque augmenter de :

5 % s’il a un parent du deuxième degré (oncle, tante, cousin, cousine) qui souffre de schizophrénie ;

10 % s’il a un parent du premier degré (père, mère, frère, sœur) qui souffre de schizophrénie ;

10 % s’il a un jumeau différent qui souffre de schizophrénie ;

40 % s’il est enfant de deux parents schizophrènes ;

50 % s’il a un jumeau identique qui souffre de schizophrénie.

On estime qu’environ 50 % des cas de schizophrénie résultent d’une anomalie des gènes affectant la croissance du cerveau. Il semblerait que mon grand-père était bipolaire ou du moins avait des symptômes similaires aux miens. D’où l’héritage génétique.

Le développement cérébral

Cependant, d’autres facteurs, comme une grippe, la prise de drogues ou la famine survenue au cours de la grossesse, peuvent altérer le développement cérébral.

Plusieurs régions cérébrales sont affectées par la schizophrénie :

L’hippocampe, la zone du cerveau qui permet notamment de moduler les émotions et d’emmagasiner la mémoire de travail. Les lobes frontaux – constituant le centre de commande des habiletés sociales et de planification, ils fonctionnent au ralenti (hypo frontalité) dans le cerveau d’une personne atteinte. Les lobes temporaux, ils sont activés par l’audition, mais aussi par les hallucinations auditives. Certains neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine, glutamate) qui établissent les connexions entre les cellules nerveuses sont semble-t-il défectueux.

Qui en est atteint ?

La schizophrénie touche 1 % de la population dans le monde.

(Source : Société québécoise de la schizophrénie www.schizophrénie.qc.ca)

En général, la maladie apparaît entre 15 et 30 ans, mais elle peut apparaître plus tardivement, touchant parfois des personnes âgées de plus de 40 ans.

Prévenir et soigner :

Cette maladie complexe, qui affecte le patient et perturbe sa famille, nécessite les efforts d’une équipe multidisciplinaire afin d’offrir les modalités thérapeutiques à plusieurs niveaux.

La pharmacothérapie :

Les antipsychotiques constituent le traitement pharmaceutique moderne. Ces médicaments ont la propriété d’atténuer les symptômes aigus (hallucinations, délires, comportements bizarres, langage incohérent). Les nouveaux antipsychotiques provoquent rarement les tremblements et la sédation qu’on observait avec les anciens médicaments. Par contre, ils entraînent souvent un gain de poids qui peut entraîner des complications telles que le diabète ou une augmentation des lipides.

Un programme de réadaptation :

Le traitement médicamenteux s’accompagne d’une réadaptation (entraînement des habiletés sociales, de communication, de résolution de problèmes, etc.) qui débute pendant l’hospitalisation et qui, par la suite, se prolonge et se diversifie selon le rythme de progression du patient. Un effort commun pour apporter à la personne atteinte de schizophrénie du soutien, des encouragements et de la stimulation graduelle est nécessaire pour l’aider à combattre les symptômes persistants qui la handicapent et minent sa motivation. On aidera la personne à participer régulièrement à son programme de réadaptation afin d’apprendre à s’occuper d’elle-même et à reprendre des occupations valorisantes au travail ou ses études.

La thérapie psycho-éducative :

Il est indispensable d’offrir au patient et à sa famille de l’information actuelle à propos de la maladie, de son évolution et de ses traitements. Il faut apprendre à porter attention aux symptômes annonciateurs de rechute et éviter les stress (drogues, émotions fortes, etc.) qui peuvent aggraver la maladie. Il faut découvrir un nouveau style de vie qui permettra au patient de devenir le plus fonctionnel possible en protégeant sa vulnérabilité, en surmontant ses handicaps et en offrant du soutien à sa famille.

Le soutien social :

Souvent dépourvus devant des situations nouvelles ou complexes, les patients auront besoin d’une aide pour résoudre des problèmes de la vie quotidienne (logement, alimentation, socialisation, travail). Il ne s’agit pas là d’un besoin de dépendance, mais plutôt d’assistance pour planifier et réaliser des activités qui s’inscrivent dans une routine quotidienne.

Kasanin explique que la « psychose schizo-affective » est causée par des « conflits émotionnels ». Une analyse « aiderait à prévenir la récurrence de tels troubles ». Il s’est basé sur l’étude de neuf individus.

Pour le trouble schizo-affectif, les symptômes ne doivent pas être mis sur le compte d’un épisode thymique s’ils résultent clairement de symptômes de schizophrénie (p. ex., difficultés de sommeil à cause d’hallucinations auditives perturbatrices, perte de poids du fait que la nourriture est considérée comme empoisonnée, difficultés de concentration à cause d’une désorganisation psychotique). La perte d’intérêt ou de plaisir est courante dans les troubles psychotiques non affectifs ; de ce fait, pour répondre au « critère A » du trouble schizo-affectif, l’épisode dépressif majeur doit comporter une humeur dépressive envahissante.

J’ai eu un suivi pendant un an chez une psychologue, tout ça pour mon bien, c’est agréable de temps en temps de s’occuper de soi-même. Je suis pourtant le genre de personne qui dit : « plus je suis loin des médecins, mieux je me porte ». J’ai maintenant plus de 30 ans, cela étant dit, pas de quoi se plaindre. Je pense de manière plus « posée » ces derniers temps. Je ne me souviens que par bribes des événements marquants de mars 2012, décembre 2013 et avril 2015 (à lire dans la partie sur les délires).

Voici un témoignage d’une autre personne atteinte de la maladie : « Je suis une thérapie depuis une dizaine d’années ; j’ai appris il y a 3 ans que je souffrais de troubles schizo-affectifs ; cette maladie, je pense, est une psychose chronique aiguë (absence de désir, rapport à la réalité confuse, anxiété, sujet au délire...) à laquelle s’ajoute une profonde tristesse liée à une véritable mélancolie. J’avoue que cette maladie a un effet dévastateur puisqu’elle s’empare de vous progressivement avec une intensité grandissante au fil des années ! Je me trouve aujourd’hui dans une spirale déferlante et je ne trouve pas d’issue ! »

Autre témoignage : « Nous sommes avant tout des êtres humains comme tout le monde, nous sentons, nous percevons. Notre maladie est placée entre deux versants : la bipolarité et la schizophrénie. Nous pouvons avoir une distorsion de la réalité qui est présente chez les schizophrènes et être cyclothymiques. Il est difficile de se faire accepter dans la société lorsque notre pathologie n’est pas stabilisée par les neuroleptiques ou psychotropes. Nous prenons en général des antipsychotiques puissants comme le XEROQUEL, qui est une molécule complexe qui permet d’éviter les phases aiguës de la maladie comme les délires ou les hallucinations. Les antipsychotiques sont globalement associés avec des régulateurs d’humeur (TEGRETOL) et des décontractants musculaires (SERESTA). Bien sûr, chaque personne est différente et présente une médication différente. Dans la vie en société, il est difficile de faire sa place et de suivre le rythme que nous impose la société. Nous sommes généralement incompris et exclus. Les médias véhiculent une image négative de la schizophrénie et des conséquences qu’elle implique. Je peux comprendre la fuite, mais il faut connaître la raison pourquoi on fuit, il faut connaître la cause et la conséquence de cette répulsion. Pour moi, c’est grandir si tu connais la raison pourquoi tu fuis et le jugement de cette fuite ne serait plus une fuite, mais une compréhension face à nos démons, comme Socrate qui avait son démon qui lui dictait sa conduite de pensée ».

Encore un : « Souvent posé, flou et mystérieux, le diagnostic de schizo-affectivité soulève plus de questions qu’il n’en résout, pour le patient. Nos psychiatres devraient être plus prudents, bien plus prudents, infiniment plus, avant de nous charger du poids de cette étiquette, souvent (quasi toujours) collée sans discernement. En effet, il faut en moyenne 15 ans pour savoir, figurez-vous, messieurs nos psychiatres chéris. C’est le professeur Marneros, spécialiste mondial actuel de la question qui vous le dit, si, si, si ! »

Si on vous déclare schizo-affectif, c’est qu’on voudrait bien vous classer schizo, c’est tout ce que ces messieurs connaissent quand on délire, mais certains sont un peu plus aguerris que d’autres et sentent que ça ne ressemble pas tout à fait à de la schizo-schizo. Vous l’aurez compris, les dindons de cette farce sont les bipolaires « type 1 », ceux qui, en épisode maniaque, partent en délire.

Le pôle psychotique du spectre bipolaire :

Avant, on avait l’habitude de parler de « PSYCHOSE UNIQUE », une entité qui englobe les troubles bipolaires et les schizophrénies. Cependant, ces troubles sont bien distingués et séparés depuis Kraepelin.

Toutefois, malgré cette séparation, on constate qu’il n’y a pas d’espace vide entre les 2 troubles. Même au sein de chaque trouble, le tableau clinique n’est pas homogène. Par exemple, il existe des troubles bipolaires avec des éléments psychotiques (manie et dépression délirantes) et des troubles psychotiques avec des épisodes maniaques ou dépressifs.

Ainsi, les frontières entre les troubles psychotiques et bipolaires ne sont pas comme on le souhaite, rigides, claires, « en fer barbelé », mais plutôt malléables, élastiques et perméables (permettant des intrusions bilatérales). Ces chevauchements sont présents à des niveaux divers :

- phénoménologie (présentations cliniques mélangées) ;

- pronostic (impact sur le fonctionnement et l’adaptation sociale) ;

- socio-démographie (sexe, niveau socio-économique, état marital, lieu de vie) ;

- charge génétique (dans la famille, double charge de troubles psychotiques et thymiques) ;

- biologie (anomalies communes de la dopamine) ;

- pharmacologie (réponse aux antipsychotiques et semble-t-il bénéfices de certains thymorégulateurs anticonvulsivants).

À partir de ce cumul de chevauchements, résultent des formes cliniques mixtes où les troubles bipolaires et schizophréniques sont superposés et où il est impossible de déterminer exactement l’appartenance à un trouble ou à un autre. Pour l’instant, on désigne ces formes par les termes de « troubles schizo-affectifs », qui incluent :

- les troubles psychotiques aigus et transitoires (bouffées délirantes) ;

- les troubles bipolaires avec des éléments psychotiques incongruents à l’humeur (délire, persécution, hallucinations qui ne sont pas expliquées par les idées de grandeur et la mégalomanie typiques de l’épisode maniaque) ;

- les troubles schizo-affectifs proprement dits où les épisodes sont typiquement faits de manifestations psychotiques et thymiques sans nette dominance des unes par rapport aux autres.

Les études de suivi au long cours montrent l’instabilité de ces formes cliniques qui, sur une période de 7 à 15 ans, vont progressivement se préciser vers la bipolarité ou la schizophrénie. Néanmoins, il reste une proportion de cas où le mélange bipolarité - schizophrénie est toujours présent et la distinction entre « trouble de l’humeur » et « schizophrénie » est impossible à faire.

Tout cela est pour signifier la présence d’un continuum entre les deux troubles à respecter dans l’approche clinique ainsi que dans la recherche (notamment dans le domaine de la génétique).

Le Professeur Marneros, expert de ce domaine, a l’habitude de dire que ces formes représentent une « nuisance » nosologique, mais toutefois une réalité clinique. Ces patients existent et on doit faire avec. Dans la pratique, il s’agit de suivre ces cas avec une ouverture d’esprit admettant qu’un jour, le diagnostic sera plus précis, et sans précipitation pour enfermer le patient dans une case clinique rigide.

Au niveau du traitement, ces patients ont besoin de suivi assez rapproché, avec des traitements adaptés (souvent association de neuroleptiques nouvelle génération et des thymorégulateurs) et de tentatives de réhabilitation sociale et professionnelle dans la mesure du possible.

Les troubles schizo-affectifs sont caractérisés par une envie cruelle d’affection, de câlins (comme lorsque l’on était gosse) et l’on a des idées, des réflexions un peu hors du temps. Je ne suis pas totalement d’accord, je pense que c’est périodique, pas constant et encore relatif, car tout le monde a besoin, je pense, d’affection.

En quelque sorte, nous sommes soi-disant restés à l’âge enfant (dans les réflexions et le mode de vie). Du coup, lorsque l’on n’a personne qui comble notre manque d’affection, on souffre.

Il paraît que les schizo-affectifs sont plus sociables que les schizophrènes.

Avec le Risperdal (neuroleptique), je dors beaucoup plus, mais c’est son seul effet secondaire. Éventail de symptômes pour cette pathologie assez semblable à la schizophrénie. Hallucinations, délire, trouble de l’humeur, dépression, manque de motivation, incapacité de prendre du plaisir, difficultés de concentration.

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