J'aimerais que le soleil ne me soit plus un reproche. Que la nuit plus un refuge. Je suis mal et mon mal me pousse à dire que je l'ai toujours été. Mais je ne crois pas pourtant. Je crois qu'un jour, ça devait être un matin d'été et naturellement enfant, j'ai été heureux. Mes rires n'étaient alors pas rachetés par une telle culpabilité ! pour avoir fait montre d'une telle joie ! (alors qu'autour apparemment tout pleurait). J'aimerais de toute ma rage de vivre que tous voient ce que je suis. Je veux dire la vérité de mon être. Leur hurler. Un génie, un subalterne, mais un génie quand même. Hurler toujours. Un essentiel pour que le monde entier ait accès aux vrais Génies : les auteurs, au moins certains, et elle. Hurler... encore... Leur faire comprendre qui JE SUIS et donc qui ILS SONT EUX, et ELLE ! Elle surtout. Mais c'est impossible.

Car tout est impossible. Car tout ce qui est véritable en moi est impossible à communiquer. Et que même l'impossible en tant que tel ne peut être dit pour expliquer en quoi il est, justement, impossible. Décidément ! Rien. Aucune communication ne peut se faire véritablement. Rien qu'une envie de hurler, comme un sourd-muet à l'approche d'un mal fauve lorgnant les enfants du villages après avoir déjà dévoré le poulailler et sûrement autre chose encore : notre sentiment de sécurité formé par la sécurité de la routine rassurante, des jours familiers.

Si seul le silence semble (par intuition je crois mais d'abord par élimination du reste) être la seule chance d'être la voie (pressentie) pour communiquer l'incommunicable — rendre l'impossible traître, menteur, possible finalement ! — , il sera mon parti.

Aussi apprendrai-je au silence à parler, pour enfin qu'il m'explique, et m'explique d'abord tout ce qui est.

16/04