Je tousse autant, peut-être pour taire ce qu'autrement je hurlerais avec la folie de jeter des imprécations à n'importe quel inconnu qui se trouverait sur mon passage, puis au ciel. Peut-être, du reste, y trouvé-je, dans mon désespoir, encore le délice de me voir monopoliser une couronne, certes d'épines, mais une couronne tout de même. Je reste ainsi un roi, qui pleure ; mais dans ses larmes, des armes qu'il chérit, de toute évidence !

La mort est au fond de ma gorge. Je la sens qui me gratte. J'y pressens la mauvaise haleine, bientôt (ou peut-être déjà ? Ce qui expliquerait la solitude...). Je suis entouré par elle qui se trouve à l'intérieur de moi. Elle me circonvient du dedans, mais elle se dédouble aussi en se projetant au-dehors. Elle est terrible et elle est mienne. Le ver est dans la pomme. Donc, pour éliminer le ver, il faut éliminer la pomme. Bientôt.

Je suis dieu. Un dieu qui tousse. Ou peut-être, est-ce là la farce du Dieu véritable que de me le faire croire. Ce qui serait terrible. D'autant que j'essaie de toutes mes forces de croire en Lui... S'Il me trompe, alors !... alors je ne croirai plus qu'en moi, moi qui ne suis rien que ce qui est dans chacun des hommes, un autre, pour autant que chacun des hommes me voit encore.

Ce qui me terrifie, ce n'est pas la mort ; mais l'idée de l'instant qui la précède : être abandonné par la vie tout en en ayant conscience. C'est un cri qui sait ou presque. C'est une toux qui s'y refuse. Ça approche quand même. Et ça vous prend, mais au moment même où vous êtes pris, vous ne le savez plus. Je suis terrifié.

17/04

(Réaction d'une amie, la plus chère, à propos de ma toux :

Tu dis : "Un mal qui crie dans le silence et qui alors redouble l'intensité de mon cri par vengeance que personne ne m'entend jamais !". Ça semble correspondre à cette révolte contre le silence, à une volonté de faire surgir de soi quelque chose, des paroles, mais que personne ne sait interpréter.

Peut-être une tentative de ne pas se laisser emmurer, précisément, dans ce silence ?

28/04)