D'un rêve que je fais toutes les nuits

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Ce qui est difficile pour moi, c'est de ne pas céder — je cède toujours — à une pulsion qui consiste à me masturber selon un scénario précis, bien organisé, rôdé : tout se passe généralement sous la douche, après avoir enfin réglé la température de l'eau, naturellement chaude. Je l'imagine alors, elle, prise par un autre sans visage, mais pourvu d'une queue énorme. Non de force, non en train de se débattre, priant pour qu'il cesse !... Mais, au contraire, volontaire. Prise avec l'envie irrésistible, presque secrète, d'être (sur)prise en flagrant délit par un autre — peut-être moi en réalité, qui sait ! D'être dénoncée, condamnée à courir au moins 13 fois autour d'un sanctuaire ou d'une prison ; d'être maudite par tous les saints et par tous les hommes ; d'obtenir alors le statut de folle au sein de sa famille, du monde entier : pour ainsi donner du sens (et ce qui serait une vraie aubaine pour elle ! ce serait une reconnaissance sociale qui lui donnerait enfin une place ! rien qu'à elle). Elle est donc prise, dans mon scénario, sans jamais qu'elle oublie qu'elle-même est toujours en couple avec moi, moi qui suis encore amoureux. Ses yeux enfoncés dans le noir d'une tête elle-même enfoncée dans un oreiller (que je lui avais offert pour son anniversaire !) ; ses yeux... je les vois à présent loucher dans la lumière d'une telle obscurité, s'abîmant dans une jouissance d'où on ne revient pas (ou du moins, si on y revient, c'est en se sentant toute différente pour le reste de sa vie). Pour l'heure, elle s'y abandonne avec rage, avec les palpitations et la sueur de se savoir VUE, JUGÉE dans une forme irrépressible d'un interdit inavouable — avoué cependant par son corps qui subit avec un plaisir mal dissimulé ce que l'homme sans visage lui fait maintenant subir. On aurait vraiment dit un viol. Une scène effroyable. Un massacre nu. Mais cela m'excite tout autant qu'elle (pour des raisons bien différentes...), lors même que je ne souhaite jamais, je dis bien jamais, que CELA se réalise en dehors de mon imaginaire. Voilà ce qui se trouve, bien consciemment, au principe sans aucun doute d'une jalousie en voie de constitution ; se formant à marche forcée ; à petits pas rapides, militaires, pervers.

Ce qui de toute évidence m'effraie et me ravit à la fois !

Puis je me réveille.

19/04

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