De la solitude

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Je roule chaque jour ; sur la départementale en direction de la mer — 150 km à l'heure en moyenne. Le temps est beau aujourd'hui. Si beau que je suis encore plus triste.

Eh ! Un tel soleil, franchement ! une telle disposion de l'univers à mon égard ! Pourquoi, hein ? À quoi ça rime ?! C'est une plaisanterie ?! Si oui, elle est de bien mauvais goût en tout cas.

Ce n'est pas grave, je fais abstraction : tandis que je marche à côté de la mer j'imagine qu'il pleut et que je dois courir pour échapper à un temps qui cadre mieux avec ce qu'il se passe en moi, moi qui aimerais juste hurler d'horreur tout ce qu'il se passe ! Mais les oiseaux me blessent par leur chant et me ramènent aussitôt au printemps et aux fleurs et aux odeurs et aux couples qui, juste devant moi, là, s'embrassent en se murmurant des choses qui mêlent l'éternité, Dieu, l'amour ou je ne sais quoi encore qui me fait tant souffrir à présent. La seule évocation du mot amour est devenue un supplice. Je m'en relève quand même, chaque fois — pas le choix, silencieusement — quand des amis me racontent en me promettant de ne rien répéter ou que le voisinage commère sur l'éventualité d'un nouveau ménage apparemment victime d'un coup de foudre et parlant mariage et enfants dès le deuxième rendez-vous. Ce qui est sûr, c'est qu'ils me narguent, peut-être sans le savoir, me narguent, tous, autant qu'ils sont.

Personne donc semble ne se douter de mon mal ! Personne, vraiment ?... Peut-être aussi parce que je souris beaucoup ; et même quand l'occasion ne s'y prête pas spécialement, je souris et on ne manque jamais de m'en complimenter ("une telle joie de vivre, c'est bien mon garçon !"). Mais ce sont mes yeux qui trompent le plus, surtout à cause des cils longs qui font croire à la beauté d'une âme, dont seul Dieu aurait le secret, comme un écrin à demi-ouvert promet un trésor caché.

Je suis seul, et encore plus lorsque les amis m'entourent et que le soleil est à son maximum pour nous faire du bien.

Hypocrisie tout ça ! Quel sadisme même ! Oui ! Quelle blague de mauvais goût, vraiment.

22/04

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