Sortir Dieu de son silence. Persévérer pour qu'Il parle. Pour ça que je me donne tant de mal dans tout. Lire, écrire, rire ! Chanter, danser, pleurer. Plus encore.
Je suis profondément humain, trop humain, en ce que je refuse ma condition humaine : la mort.

Je ne mourrai pas. Vous m'entendez ?! Je ne mourrai pas.

Et si dois quand même me taire pour toujours, sait-on jamais, je ferai tout alors, dans ma chute, au moins que je ne sois pas seul, tout, pour entraîner le plus de monde possible : ceux que j'aime comme ceux que je méprise et comme le ciel lui-même qui regarde de haut depuis trop longtemps la terre — je leur apprendrai à tous l'humilité, je leur expliquerai, d'un dernier regard, qu'il ne sert à rien de battre des bras comme si l'oiseau allait surgir, que Dieu allait soudain intervenir.
Il pleuvra partout parce que je pleurerai de tout. Et je parlerai tout le temps pour obtenir LE sursis ; tenir en respect LE silence — dernier — qui m'attend.
Nous nous éclaterons, nous nous abattrons tous contre la mort. Nous l'écraserons de notre corps par vengeance, mon bavardage volera en éclats et le soleil ne bronchera pas mais illuminera comme jamais ce qui sera appelé mon Œuvre !... Des lambeaux partout. Une trace au moins de mon passage ! J'espère alors que la mort, sous l'effet d'un tel choc, gémira quelque peu (bruyamment, si possible). C'est vraiment à souhaiter. Qu'on lui fasse mal.
Dans ma chute, je vous le dis, j'entraînerai le monde, entier si je le peux.

Mais avant, je veux que Dieu me révèle : pourquoi. Pourquoi un tel silence. Pourquoi la nature ne répond pas quand je l'interroge. Pourquoi le ciel ou l'oiseau ou la rose sont-ils ce qu'ils sont et pas autre chose ? Et pourquoi, là, alors que je T'écris, ne me donnes-Tu aucun signe ?... Pourquoi. En attendant, je lirai, écrirai, rirai ! Chanterai plus fort, danserai plus vite, pleurerai plus souvent !... J'attends.

25/04