De la perversion

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Pour Albert Camus

Quand je suis sadique

Je veux lui faire du bien tout en lui faisant du mal. Je veux qu'elle crie, et qu'ainsi plus jamais elle ne se ressente tranquille à mes côtés. Que ce souvenir la hante, la poursuive jusqu'aux limbes du désespoir. Je veux encore qu'elle me demande pardon et, tandis que je lui tirerai les cheveux, je ne lui répondrai rien. Elle n'aime plus l'amour car elle sait à présent ce que cela signifie en pratique. Elle fut innocente, elle ne l'est plus ; par ma faute, je l'assume. Trop tard nous sommes mariés : pour le meilleur comme pour le pire !

Quand je suis criminel

Je suis homme et comme tel, je regarde d'un œil inquiet mes mains quand, derrière les volets clos, nous nous retrouvons l'un à côté de l'autre. Déjà plus vraiment innocente, à cause des fois où elle me céda une parcelle de son corps à contempler, elle me fait savoir que nous devons être raisonnables — le mariage n'est plus que dans un mois. Nous devons attendre. Je souris d'un air triste — je ne l'aime pas. Je ne l'ai jamais aimée et je ne la désire pas au point de trouver dans l'union sacrée un juste prix à payer pour profiter de ses dons de nature cachés sous ses beaux atours. Non. Alors, ma main parla pour moi et mon œil n'était déjà plus inquiet. En effet, je n'en avais plus rien à faire, l'envie passait tout ; et la prison me permettrait au moins, me suis-je dit, de faire le tri dans mes idées et surtout de me cultiver davantage, en lisant.

Quand je suis parano

Pour que je sache, il me fallait trouver une stratégie qui soit telle, et quoique j'y répugnais d'abord, que ma fiancée ne pourrait plus me dénoncer sans aussitôt se dénoncer elle-même. Je savais que c'était mal ; mais je devais quand même trouver un moyen de vérifier qu'elle ne s'était jamais offerte à un autre — le mariage était pour bientôt et sa famille ultra-catho y parlait comme d'un évènement à fêter longtemps.
M'avait-elle menti ? Son corps avait-il été visité par un autre ? Il fallait en avoir le cœur net. Ne pas douter. Ne plus douter. Alors, je lui fis croire que j'étais atteint d'un mal physique qui étant de nature très contagieuse avait certainement dû l'atteindre aussi. Le seul moyen de le savoir, donc, c'était de se mettre nu (sans la prise en compte d'une telle naïveté de sa part, je n'aurais évidemment pas même envisagé de la tromper sous aucune forme aussi ridiculement facile). La gêne fut toute sa défense, d'abord ; c'était non ; mais mon regard, aussi bien que mes mots doux, la rassura peu à peu. Enfin, le joli sourcil ne fronçait plus. Nue, elle l'était à présent ; cependant, ses yeux m'avertirent, bien avant sa bouche, qu'elle commençait de se demander si mon histoire n'était pas la pire, la plus honteuse des plaisanteries au moment où je lui dis que : moi aussi, il faut que je me déshabille et que tu sois le plus près de moi afin de comparer et, justement, pour cela, il est essentiel de voir, toucher, pénétrer...

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