Du raffinement persécutoire jusque dans l'horreur

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2 et 2 font 5. Je vous l'assure. Et si vous ne me croyez pas, je vous regarderai d'un œil jamais plus tranquille. Méfiant, je le serai, jusque dans un silence dont il faudra vous-même vous méfier en ma présence, comme en mon absence.
Mais enfin ! Je me sais persécuté, et je tiens ce savoir de moi-même ; ou plus exactement d'un autre qui se trouve en moi. Je sais donc, qu'à l'affirmation que 2 et 2 font 5, il faut tout de même que je relativise — et qu'ainsi rire de l'absolu devient aussitôt une conséquence inévitable. Que l'évidence n'est plus si sûre dès que j'en parle, et qu'alors je ne hurle plus, et que par conséquent encore je doute — c'est que mon cas n'est pas si grave ! Enfin, rien n'est moins sûr. Car j'en viens dans ces moments redoutables à douter du doute lui-même ; jusqu'à me sentir fort d'une conviction qui ne serait qu'à moitié ; une mi-conviction.
Là, parvenu à ce point, je suis dangereux ; plein de rage (comme possédé : ma bouche écume ! Mon corps n'y tient plus ! Tout se brouille — les diables ont peur, eux-mêmes, oui, je vous l'assure aussi).
Mais alors en tant que moitié, et parce que la conviction par définition est totale, de nature absolue, il s'agirait-là que d'un oxymore — occire... mort... — qui en tant que tel anéantirait ce qui est la conviction véritable. Ainsi, dans la plus stricte logique, j'en conclus finalement que mon doute remporte la victoire, dernière ! Et que donc, je suis malade par ce que j'en viens à délirer. L'autre me persécute. Mais dans sa manière de me persécuter, il permet une ambiguïté : qui a pour effet de me faire croire à une conviction dans sa moitié, comme on l'a vu ; dans une illusion supplémentaire en fin de compte. J'en souffre terriblement. Cela me troue. Persécuté par une espèce de carrousel philosophique, tiraillé comme un taré dans l'abstraction logique qui tourne sans cesse et vit de toute éternité ! Je suis foutu — mais j'aime cependant me savoir foutu. Je dois faire avec. Y jouir au maximum tout en oubliant jamais de m'en plaindre : mon château en Espagne à moi ! Et bien véritable celui-là (le mal ne ment pas) ! Rien qu'à moi au moins.


Vivre en cédant chaque fois, et vivre en me convainquant que je ne cède pas, jamais ; ou que je cède, alors qu'il n'en est rien. Telle est ma destinée.

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