D'un coup de fusil et puis voilà

2 minutes de lecture

Chère...,

Ne caresses-tu jamais l'idée de prendre un fusil, après une nuit de trop, après que chaque heure t'a une fois de plus abandonnée à la suivante... prendre un fusil, le tenir difficilement des deux bras. Puis, quand l'équilibre semble enfin trouvé, pénétrer précautionneusement le canon dans notre bouche ; le maintenant par la seule force de nos dents qui mordent de toute leur capacité — et tirer. Jamais ? Jamais n'as-tu envisagé une telle idée ???
Je connais déjà ta réponse. Aussi ne me juge pas trop durement. Je souffre depuis trop longtemps.

Je prie les dieux, et non plus seulement un ; tous ceux que je connais, beaucoup (ma culture) — pour optimiser les chances que l'on me réponde enfin. Je m'apprête à mourir et j'espère qu'une Main, ou plusieurs, m'arrêtera néanmoins.
Rien. Rien ne se passe. Le doigt sur la gâchette attend. Je sens son impatience — il tremble ; ou peut-être est-ce le fusil, en lequel un dieu intervient enfin, qui me supplie. Je suis sourd à toute prière car je suis déjà tout occupé à prier pour mon salut, c'est-à-dire pour ton visage — qu'il demeure à jamais pur ! Alors, je n'espère plus, parce que soulagé, je le suis à présent. Merci.

Je n'entends plus que ma voix qui fait pleurer mes yeux à l'abri sous leurs paupières qui ne s'ouvriront jamais plus. Je suis fini. Et je ne te verrai plus. Le paradis, comme tu sais, n'est pour moi qu'une danse des elfes, qu'une ombre chinoise, qu'une illusion qui permet de croire à une compensation pour tous les sacrifiés sur notre si belle terre ! J'en suis sûr, je l'affirme : nous ne nous verrons plus. Mais nous nous sommes connus et regardés plus d'une fois ; c'est tout ce qui compte.

Il est temps. Sache que rien ne dure et que même alors ta tristesse s'en volera, aussi lentement mais sûrement qu'un chagrin d'enfant.
Et que même ton Amour pour moi disparaîtra. Je te le promets.
Il disparaîtra par Amour pour nous. Toi.
Et moi, moi qui ne veux plus que tu sois à jamais heureuse ! que tu parviennes un jour à sourire en pensant à moi comme en ne pensant à rien ! Vivre au présent. Et pour cela, mon amour, il faut que tu saches oublier.

J'aimerais te dire ma joie, une dernière fois.

Vôtre, éternellement.

Signé :

Un souvenir pour toi, qui se souvient de toi. Je t'aime.

28/04

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 10 versions.

Vous aimez lire Adrien Carpe ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0