De l'amour qui n'existe pas et des relations amoureuses

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Elle commençait d'enlever sa robe avec un extrême soin, quand je voulais lui arracher. Elle se disait romantique et souhaitant l'être jusque dans la pratique, quand je voulais, moi, juste fouler son âme, en hurlant que je ne l'aimais pas et que de la prendre aussi bestialement en serait une preuve !

Quand elle se plongeait dans mes yeux, allongée et prête, je voyais bien qu'elle contemplait des paysages d'avenir où son bonheur eût à se répandre pour toujours. Mais je savais également que si ce n'était pas les miens, les yeux d'un autre auraient tout aussi bien fait l'affaire, de n'importe qui à vrai dire, pourvu seulement qu'il sente bon et qu'il sache l'écouter avec des mots qui plaisent et un visage agréable ou simplement un air qui lui fait penser à sa famille : son père, son frère, ou un autre. Ainsi : le roi est mort, vive le roi ! Quoique son visage ne soit jamais le même, ainsi, le corps de l'amour, comme celui du roi, est immortel !


Déjà sur elle, j'oubliais de parler de préliminaires ou, si vous préférez, de mes intentions de lui faire plaisir, comme elle aurait aimé, avec ma langue.
Silencieux à ses interrogations, et bientôt à ses murmures (dont je n'entendrais plus qu'un sifflement, ou ne serait-ce que le froid à cause de la fenêtre ouverte...), je ne ressentais plus rien qu'une envie d'en finir vite, ne ressentant plus qu'une envie brûlante d'uriner — et à la bonne heure ! trouverais-je de la sorte pleine satisfaction dans et surtout après le plaisir éjaculatoire !, en urinant dans le noir, seul, assis sur le trône. Ce qui serait une joie sans pareille. Un délice des sens.

J'aimais lui faire l'amour ainsi, et son visage, parce que laid à des endroits, tentant dans l'ensemble, apportait une beauté relative qui, si elle avait été absolue, ne m'aurait certainement pas donné l'envie de souiller, simplement plus envie de faire l'"amour". Non. C'est évident.


On ne souille que ce qui est déjà souillé. L'eau du cloaque n'attire que ce qui a déjà son odeur ou sa couleur. Il y a plus de plaisir à cracher sur du laid avec une part de beauté que sur du beau sans aucune laideur, en effet, car on ne jouit à fond qu'en se vengeant de toutes ses forces de ne pas la trouver suffisamment belle — mais, en même temps, si on la trouvait vraiment belle, on n'aurait pas même l'idée de la toucher, ou alors avec toute la peine du monde et une culpabilité à suivre. C'est une règle de marbre, entendez-le bien. Qu'il s'agisse de chair, de relations sexuelles, de tout ce qui concerne le commerce des corps en mouvement (au moins un), et alors il faut bien admettre que c'est une honte absolue de parler d'amour ! Les hommes vraiment amoureux ne font pas l'"amour" — Tenez cela pour vrai ! Je sais de quoi je parle.

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