Avant de consulter le ciel pour connaître notre avenir, et de parler d'étoiles ou de vœux à faire dans l'urgence, nous devons d'abord nous rouler dans la boue.

Entends ma voix, celle-là même qui cette nuit te murmurait des obscénités. Ne m'en veux pas (je ne suis pas méchant au fond, tu sais. Je suis juste un garçon qui cherche à se trouver en se perdant à l'occasion. Car je veux croire en une vérité comme fille du hasard et de la nécessité ; une vérité qui me ferait homme). Entends bien ce que je te dis : tu es d'une beauté qui m'accable ! Elle me juge malgré elle — simplement par ce qu'elle est ; si pure (du moins elle le fut, pendant si longtemps...). J'ai honte.

Brillants, mes yeux sont un crocodile dans la nuit, et tu ne remarques pas, jamais, qu'ils ne le sont qu'en ta présence. Je suis fou de toi (ce qui a pu expliquer parfois ma "maladresse", car j'ai peur, comme cette nuit...). Tu fais semblant de ne pas le voir, ou bien tu es définitivement sotte ! Quand bien même tu le serais, je n'en serais moi que plus amoureux : car je dirais avec bonheur, que tu es encore plus belle dans ton innocence ! Que ne dit-on pas soi-même ce que d'autres sans dévotion appeleraient bêtises par euphémisme et dans leur ignorance, quand on aime de cette manière : perverse, totale, mais encore sans jamais se souvenir de tout ce que tu m'as fait et de tout ce que je t'ai fait !...

À présent roulons ! Suffoquons avec fureur, rage... et longtemps ! Egarons-nous une dernière fois ! Lavons notre corps en le salissant dans ce qui a l'odeur et le couleur de notre Mal ! Eh !... Pourquoi tu t'y refuses maintenant ?! Ne m'oblige pas à t'y jeter ! Je te traînerai par les cheveux s'il le faut ! J'ai fait bien pire, et tu le sais. Nous devons redevenir purs. Abîmons-nous jusque dans l'horreur pour cela. Et voyons. Taisons-nous à présent, et faisons.

01/05