Chapitre 22 : Le survivant
Debbie se rendit à l’aéroport où elle prit un avion pour la Caroline du Nord. Plus elle se remémorait l’entretien avec le détective, plus elle se sentait agacée par ses perpétuelles allusions à « Daddy ».
Elle loua la plus petite voiture disponible et suivit tant bien que mal les instructions d’un GPS à l’accent du Middle-West. Elle arriva à Westerly Hill en milieu d’après-midi, remonta Meredith Avenue, longea un immense terrain vague et se gara près d’une cabine téléphonique aux fils arrachés, « Here you are ! ». Elle regarda d’un œil morne les pelleteuses immobiles environnées de buissons poussiéreux. Des relents d’huile de vidange se mêlaient aux odeurs de poubelles qui bordaient tout un côté de la rue. De l’autre, une maison sur deux était barricadée par des planches et des murs de parpaings.
Des voitures rouillaient doucement dans les arrière-cours livrées aux mauvaises herbes. Elle descendit et se recueillit un instant sur le trottoir orphelin , portant le deuil de son dernier témoin.
— Canna’ help you ?
Un noir efflanqué en costume clair la regardait avec curiosité, debout dans l’encadrement d’une porte fraîchement repeinte. Près de la boîte aux lettres, les branches d’un arbre mort grinçaient. On entendait, par une fenêtre ouverte, la voix nasillarde d’Elmer Fudd poursuivant Buggs Bunny. Elle désigna les terrains vagues en soupirant.
— Je cherchais quelqu’un qui habitait au numéro 28.
Il s’appelait…
Elle consulta son papier froissé.
— ... Sidney Arthur Wilcox mais je vois que tout ce côté de la rue a été démoli.
Le vieil homme la regarda et fronça les sourcils.
— Vous seriez pas Française, des fois, ou Canadienne ?
Elle sourit.
— Française. J’ai tellement l’accent ?
— Pas tant que ça, miss, vous causez même plutôt bien l’américain mais dans mon métier j’ai fréquenté des gens de tous les pays. Ils ont tout cassé pour faire un centre commercial mais le promoteur fricotait avec la mafia…. les « feds » l’ont mis au frais y a six mois. Du coup, on a tout arrêté.
— Et monsieur Wilcox ? Savez-vous où il est parti ? Il est peut-être mort ?
— Mort ? Je crois pas, miss. Je l’saurais. Sydney Arthur Wilcox, c’est moi ! Y a une erreur sur votre papier, j’habite au 23 pas au 28. Qu’est-ce qu’il y a pour votre service ?
— Je suis journaliste et je fais un reportage sur un de vos vieux amis.
— Un vieil ami ? J’en ai plus tellement du train où vont les années. Entrez donc, on sera mieux pour causer !
Sa démarche saccadée rappela à Debbie les films muets de la Keystone. La maison vieillotte et bien tenue sentait l’encaustique et la nourriture pour chat.
— Alors comme ça vous v’nez d’la France ? J’aurais pu y faire un tour autrefois, la guerre ça fait voyager mais je me suis retrouvé marin sur un destroyer dans la mer de Corail.
Ils s’installèrent dans la cuisine.
— Vous vivez seul ?
— J’ai jamais eu de femme ou d’enfant, juste des copains et une flopée de neveux. Croyez- moi, miss y a pire à plaindre que moi. C’est qui donc, cet ami ?
— Mezz « Finger » Wasp.
Le vieil homme s’assit. Sa bonne humeur s’était envolée.
— Ce vieux Mezz ! Ça fait une paie ! Si vous v’nez d’si loin pour me causer de lui, c’est donc qu’il est mort !
— Non, mais je fais un reportage sur lui. Vous êtes le dernier survivant de ceux qui l’ont connu à l’époque du « Blue Star »..
Il lui proposa un cocktail de fruits qu’il confectionna avec des gestes professionnels.
— Le dernier survivant …. Vous pouvez pas mieux dire, miss. Et pourtant, j’ai failli y rester.
Il se tapota l’épaule en grimaçant.
— J’ai gardé un souvenir de cette foutue soirée…, une balle coincée sous l’os. Ils m’ont enlevé toutes les autres mais celle-ci, pas moyen !
Il vida son verre. On pouvait presque suivre la descente du liquide le long de son cou maigre. — Comment vous avez dégoté mon adresse ?
— On peut faire beaucoup de choses avec Internet, de nos jours.
— Je connais. Un de mes neveux m’a offert le haut-débit pour Noël. Ça n’empêche pas que j’aime bien aussi avoir d’la compagnie. Alors comme ça, vous faites une enquête sur le vieux Mezz ? C’était un bon copain, pas causant mais il m’avait à la bonne. J’ai eu d’autres potes blancs mais lui c’était pas pareil… Il traînait quelque chose… Il arrivait pas à s’en débarrasser.
— Pouvez-vous m’en dire davantage ?
— Désolé, miss, mais moi les discours…
— Ce n’est pas grave. J’aimerais vous connaître, Sydney, parlez-moi de vous.
Il se renversa en arrière, montrant ses dents blanches.
— En v’là une drôle d’idée ! La seule fois où on m’a posé ce genre de questions, c’était un flic, sur mon lit d’hôpital. Qui voulez-vous qu’çà intéresse l’histoire d’un nègre qu’a passé sa vie derrière un bar ?
— Ça me fait plaisir. Il alluma une cigarette.
— J’suis né à Kansas City, le paradis des joueurs, des truands et des musiciens. Le maire s’appelait Tom Pendergast. Il dirigeait ses boîtes de nuit et ses hommes de main depuis son bureau. A l’époque, un policier sur trois avait un casier judiciaire. C’étaient pas les bars qui manquaient pour faire mon apprentissage mais ça flinguait un peu trop à mon goût. Je suis parti à New York où j’ai pas mal roulé ma bosse avant d’être embauché au « Blue Star ». J’ai vu débarquer Mezz en 1948, avec ses médailles et son saxo. Des musiciens qui cherchaient du boulot, il en passait tous les jours mais avec monsieur Minelli y’ z’ont tout de suite fait affaire. On est devenus potes, c’est des choses qui se commandent pas. Des fois, quand je suis tout seul, je m’assoie devant la maison avec une bonne bière, je ferme les yeux et je m’revois là-bas… Ça a été la période la plus peinarde de ma vie. J’avais un bon boulot, pas mal payé et pour un noir c’était quelque chose. Vous pouvez pas comprendre, mais à cette époque, la musique, la boxe et le crime, c’était tout ce qu’on avait pour sortir de la misère.
Wilcox sourit, perdu dans ses rêves. Un vieille Ford Torino passa à petite vitesse et la rue retrouva son silence.
— J’aurais pu être gangster mais j’étais plus doué pour fabriquer des cocktails. Un soir, je me souviens, on a vu débarquer Perdido, le sosie de Duke Ellington, un des plus grands salopards que les descendants d’esclaves aient jamais engendré. Quand il est parti, il a laissé des pourboires de milliardaires, autant pour les noirs que pour les blancs. Un vrai grand seigneur ! Cette crevure s’est fait descendre deux mois après.
— J’aimerais savoir à quoi ressemblait le « Blue Star ». Pourriez-vous me le décrire ?
Wilcox prit un shaker de métal cabossé qu’il secoua machinalement.
— Vous êtes une fille sympathique et vous avez fait d’la route pour me voir, alors je vais vous montrer quelque chose.
Il se leva en geignant, ouvrit le tiroir d’un buffet délabré et posa sur la table une photo en noir et blanc. Debbie prit avec précaution la photo craquelée. Le doigt maigre de Wilcox se posa sur un long comptoir de bois surchargé de dorures et d’incrustations.
— J’avais la même veste que les musiciens. Le shaker, c’est celui que vous voyez ici. J’étais plutôt beau gars, vous trouvez pas ?
L’éclair du magnésium accentuait les contrastes. Debbie reconnut Mezz, au milieu de l’orchestre. Le photographe l’avait figé le buste légèrement penché en avant. Elle étudia la silhouette longue et déhanchée de l’homme avec qui elle avait partagé de longues heures.
Plus proche du photographe, le pianiste regardait l’objectif. Un étrange chapeau plat couronnait sa grosse face hilare.
— Lui, c’était Wilson « Lucky » Strowe. Ce pauvre bougre a jamais mérité son surnom et pourtant y avait pas plus brave gars. Il était poissard partout mais devant son clavier, là, c’était quelqu’un. J’vous prie d’le croire, miss, quand il se lançait dans des impros, c’était comme qui dirait les portes du paradis qui s’ouvraient. La mouise l’a poursuivi jusqu’au bout. J’ai reçu neuf balles et j'm’en suis sorti, lui, une seule mais entre les deux yeux. Z’ont sacrément raison les pasteurs ! Quand c’est l’jour de partir, pas la peine de se planquer, même sous un piano.
Il passa la main sur son visage fatigué.
— La vie c’est comme ça, miss, pas la peine de pleurer. Quand j’étais marin, dans la Mer de Corail, j’avais un copain pilote sur le porte-avions Lexington. Un jour, en revenant de mission, il s’est foutu à l’eau juste avant d’apponter. On l’a repêché par miracle. Deux jours après, il était abattu par les japs…. Quand c’est l’heure….
Elle serra les doigts autour de son verre. Il la resservit.
— Vous êtes un sage, Sidney !
— Le bassiste, au fond, c’est Ritchie Hollow, un gars qu’avait commencé chez Count Basie. J’ai vu comme je vous vois sa contrebasse exploser sous les balles Les cordes claquaient comme des élastiques. Il a mis une semaine à mourir. Á côté de lui, c’est Chris Plumley, le batteur un maigrichon plus noir que moi et le péché réunis. Il avait fait de la prison et jouait du couteau dans les bars. Le trompettiste s’appelait Benny Odgerspoon. Il avait la bouche aussi esquintée qu’Armstrong et descendait sa bouteille dans la soirée. Il a pas eu le temps de mourir alcoolique.
Á la table centrale, un groupe était réuni autour d’un seau à champagne. Un gros homme aux cheveux clairsemés plaqués sur un crâne en forme de poire se tournait vers le photographe avec un sourire de propagande électorale.
— C’était l’adjoint au maire. Un sacré fils de pute, sauf votre respect. J’me rappelle plus son nom. M’sieur Minelli lui filait son enveloppe tous les mois et il réglait des tas de problèmes. A côté c’est Madly.
— La sœur de Déborah ?
— J’vois qu’vous connaissez la famille.
— Est-ce qu’elles se ressemblaient ?
— Comme des jumelles, sauf le regard. Miss Déborah avait des yeux, je sais pas comment dire…
— Des yeux de chat…
La jeune femme brandissait une coupe de champagne qui masquait en partie son visage. Pas assez cependant pour cacher son expression de surprise joyeuse, son œil gai et insolent. Le nez droit était peut-être un peu trop fin, le menton volontaire. Debbie observait, étudiait le reflet de Déborah. Une boule désagréable commençait à peser sur son estomac. La voix apaisante de Wilcox la ramena à la réalité.
— Madly, était plutôt bonne fille et pas fière. Elle causait avec nous. Elle avait une façon de marcher… Quand elle traversait la salle tout le monde la suivait des yeux. Elle avait même demandé à « Lucky » de lui apprendre le piano.
Frankie Minelli était au centre de la photo. La lumière crue soulignait son visage aux angles durs, sa bouche mince et tombante, son regard froid qui semblait chercher celui de Debbie. Il avait de longues mains faites pour caresser les femmes.
— C’est à ça que ressemblait le « Blue Star ». Sur les panneaux du fond, y avait des étoiles et de drôles de dessins. M’sieur Minelli disait qu’ça faisait Art Moderne.
— Et ces portes ?
— C’étaient les salons privés. Les clients qui avaient les moyens pouvaient passer un moment tranquille en compagnie. Vous voyez ce que j’veux dire ? Sauf le p’tit salon rouge, bien sûr, qu’était réservé à miss Déborah.
Elle regarda le vieil homme, le menton posé au creux de sa main.
— Sydney, j’aime bien être avec vous. Quand vous parlez, je crois entendre Mezz. Je suis sûre que vous avez encore des choses à me dire sur Déborah.
— Décidément, miss, on peut pas vous cacher grand-chose. C’est vrai que je l’aimais bien cette petite ! Elle était comme ça à cause d’un accident. J’ai jamais su exactement ce qui s’est passé. C’est pas des trucs qu’on raconte à un barman. Elle pouvait pas s’évader avec ses jambes alors elle imaginait. Mezz allait lui chercher des bouquins à la bibliothèque de la 42eme rue. Une fois, je suis allé avec lui. Je saurais plus vous dire les titres, vu que lire c’était pas trop mon truc mais j’me souviens des auteurs : Hemingway, Ezra Pound, Faulkner, Sinclair Lewis. Ils sont connus en France ?
— On en a entendu parler.
Il lui resservit un jus de fruit et regarda la vieille photo.
— Y a une chose de sûre, c’est que m’sieur Minelli refusait rien à miss Déborah et à sa sœur. Il était comme qui dirait aux p’tits soins. C’était quand même drôle pour un gars qui butait son prochain comme s’il allumait une cigarette, vous trouvez pas ?
Debbie approuva distraitement, elle gravait dans sa mémoire les moindres détails. Sur la photo, la porte entrouverte, à peine visible derrière le contrebassiste restituait la présence-absence de Déborah.
—Je la vois encore, allongée, sur son divan. Le soir, on avait nos habitudes. Je lui portais un Bloody Mary. Elle buvait sec et souvent je doublais la mise, mais j’l’ai jamais vue saoule. On causait … Je lui racontais c’qui s’passait dehors. Ça lui faisait une distraction. Ces moments-là, ça avait de la valeur, je sais pas si vous comprenez parce que je suis pas doué pour les grandes phrases
. — Je vous comprends Sidney.
— Quand j’étais avec elle, m’sieur Minnelli ou son frère passaient derrière le bar pour me remplacer. C'était pas banal pour un patron, vous trouvez pas ?
— Oui, je trouve.
Ils restèrent un moment à se regarder.
— Alors on pense pareil, miss.
— Mezz n’était pas jaloux de ces moments d’intimité ?
— On était copains et je crois que dans sa tête, je pouvais pas vraiment être un rival.
— Savez-vous ce que sont devenus les panneaux qu’on voit derrière vous?
Sydney Wilcox reposa sur l’évier le verre qu’il venait d’essuyer.
— Pendant la fusillade, j’imagine qu’ils ont pris leur ration de balles et qu’on les jeté. Y en a deux qu’ont cabossé mon shaker et on en a même trouvé au plafond
Adossé à la fenêtre, il la regardait. Derrière sa silhouette maigre, l’après-midi se teintait de pourpre.
— Dites-moi, miss, c’est à Mezz ou à Déborah que vous vous intéressez ?
— Aux deux.
— Alors je vais vous dire une bonne chose. Ils en pinçaient vraiment l’un pour l’autre. Ils sont toujours ensemble ?
— Déborah est morte.
Sidney Wilcox se rassit lentement et croisa les doigts.
— C’est pas que je sois bien croyant, mais j’irai dire une prière.
Debbie tourna un page de son carnet. — Est-ce que le nom de « Fatty » Atwood vous dit quelque chose ?
— Je crois que c’était un gars du gang des irlandais mais c’est si loin tout ça…
L’arbre mort étirait son ombre par la fenêtre.
— Vous n’avez jamais revu Mezz?
— Non. je suis allé me retaper chez ma sœur. Pendant ce temps, il s’était embarqué pour l’Europe. Après, j’ai travaillé dans d’autres boîtes, je me suis associé à un gars qui tenait un bar et quand j’ai assez mis de côté, je suis revenu ici, dans la maison que mes parents avaient achetée pour finir leurs jours. Depuis, j’habite avec mes souvenirs.
— Vous êtes heureux ?
— J’en sais trop rien… Je suis juste un vieux bonhomme qui attend son heure. On est tous pareils, miss. On trimballe des trucs dont on voudrait se débarrasser. Y a des années de ça, je suis allé faire un tour sur la tombe de m’sieur Minnelli. Il est peinard, sous de grands arbres avec Madly, son frère et sa famille. C’est c’qui nous attend tous, sauf qu’on n’aura pas droit au marbre noir.
Debbie notait toujours. Elle repensa à un ami, écrivain méconnu et cadre bancaire à ses heures perdues, qui ne jurait que par les détails pris sur le vif.
« Tu comprends, moi, la matière première c’est le décor, le vécu le plus basique : les courses du samedi, le café au comptoir, le petit déjeuner à la cuisine avec les miettes sur la table, le déodorant des chiottes. Je mélange et je lâche les personnages. Ils doivent refléter à la fois le mystère et le quotidien ».
Il était très fier de cette formule qu’il replaçait souvent dans la conversation. La dernière fois qu’elle avait eue de ses nouvelles, il surfait sur le web à la recherche d’un éditeur. Il aurait adoré la maison de Sydney Wilcox.
Le soleil descendait derrière les pelleteuses endormies. Ils restèrent debout face à face sur le trottoir. Elle chercha maladroitement ses clés.
— Il y a une dernière chose que je voudrais vous demander, Sydney. A l’époque, lorsque vous entendiez jouer Mezz, auriez-vous imaginé qu’il puisse un jour mener une carrière internationale ?
— Il jouait bien, pour sûr, mais si j’avais dû miser sur un gars de l’orchestre, j’aurais choisi ce pauvre « Lucky » Strowe.
— C’est la dernière chose que je voulais savoir. Merci pour tout.
— C’était un plaisir, miss. J’vous ai appris des trucs intéressants ?
— Très…
Il s’appuya à l’arbre mort
— Si j’vous disais que dans le temps mes neveux montaient dans ses branches, maintenant, lui et moi, on fait un concours à qui restera debout le plus longtemps.
Elle lui tendit sa carte qu’il glissa avec respect dans sa poche.
— Je vous écrirai et je vous enverrai mon article.
— Avec plaisir… Je lis pas le français mais j’ai un neveu qui l’a étudié à l’université.
Elle l’embrassa sur la joue comme elle aurait aimé le faire avec le grand-père qu’elle n’avait jamais connu.
— Je vous aime bien, Sidney.
— Moi aussi, miss Debbie. C’est pas prévu qu’on s’revoie mais j’me rappellerai de vous. Donnez à Mezz le bon souv’nir de son pote.
— Je reviens chaque été à New York.
— Chaque été ça fait loin !
Immobile sur le trottoir, Sidney Wilcox le regarda partir. Debbie aperçut une dernière fois la silhouette de film en noir et blanc qui disparut, avalée par un coin de palissade.
Elle s’offrit quelques jours de détente chez une copine journaliste de mode qu’elle avait connu à Paris. Entre deux séances de bavardages et quelques rencontres avec des créatures invraisemblables « Debbiiiiiie, my dear… Nice to meet you !!! », elle envoya un bel article sur Charlie Parker et s’assura qu’aucun message important ne s’était égaré dans sa boîte mail.
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