Après avoir convoqué un guérisseur d’urgence, tous écoutèrent son diagnostic. Sans appel, celui-ci disait que le commandant n’avait pas perdu que son bras. Une partie de ses pouvoirs magiques avait été aspirés par une magie ancestrale. De plus, en examinant Jeff et Zèrth de plus près, il raconta aussi que ramener un homme sans avoir la caractéristique magique d’un nécromant, pourrait provoquer des troubles fusionnels. Un sentiment d’effroi s’imposait entre eux. Un autre point interpella le soignant. Il frappa l’épaule de Jeff.

– Aïe… doucement, toi !

L’équipe le toisa, hagarde.

– B’ah quoi, vous n’avez jamais eu mal ?

Jeff ne s’était même pas rendu compte que sa voix lui avait été rendue.

– Pt’ain, Jeff, tu parles ! s’exclama Fine.

Malgré la douleur de son bras, le commandant décrocha un sourire.

– Alors, ça fait quoi de mourir, Jeff ? questionna Ethan.

Sur le coup, il ne répondit pas et un silence s’installa.

– Pour moi, j’étais pas mort… c’était comme un rêve. Un rêve d’un réalisme inégalé. J’ai… j’ai vu…

Intéressés, tous attendaient la suite.

– J’étais allongé sur un lit immense, nu. Et soudain une forme spectrale aux éclats cristallins a voulu m’engloutir… et je me suis rév…

L’architecte s’affola et chercha dans ses parchemins.

– Re… re, regardez. Dans ce genre-là, bégaya-t-il en montrant une vieille illustration.

Assis, Jeff se rapprocha de l’esquisse.

– C’était plus coloré dans mon souvenir, mais oui, c’est bien ce truc !

L’homme n’en revenait pas, enroula son archive, silencieux et se tourna vers Zèrth. Les deux hommes s’observèrent.

– Il est temps ! annonça le second.

L’architecte les invita à le suivre. L’escouade se dirigea vers le fond du temple. Il se retrouvèrent devant une antichambre protégée par d’immenses statues de nacres qui se mirent en position défensive. L’architecte murmura une formule incantatoire et les gardes nacrés se retirèrent.

– Fantastique ! N’est-ce pas ? J’ai appris ça sur un vieux parchemin, se vanta-t-il.

Ils pénétrèrent dans une salle sombre où s’exposaient en cercle cinq statuettes vêtues d’antiques armures lustrées. Les voilà, enfin ! s’émerveilla Zèrth en les voyant.

– Quoi ? Toute une garde rapprochée pour ces vieilleries ! railla Neeves.

L’architecte indigné de son propos s’emporta.

— Que dites-vous, inculte ! Ces vieilleries, comme vous le dites si bien, sont faites d’un alliage rarissime. Et elles ne répondent qu’à des sangs purs… et je pense que vous en êtes indi…

— Taisez-vous, coupa Zèrth.

Lorsque Jeff s’approcha des cinq antiquités, l’une vibra.

— Imp… impossible, bafouilla l’architecte sous le choc.

Le soldat était comme appelé par cette relique. Hypnotisé. Les morceaux de l’armure se détachèrent et disparurent. Un flash incandescent les éblouit. Lorsque tous recouvrèrent la vue, Jeff lévitait et brillait comme une étoile. L’architecte tomba des nues, lâcha son parchemin ânonnant de vieilles prières. Neeves, en retrait depuis le début, fronça les sourcils, s’approcha et fut soudain projeté contre le mur par une force inconnue provenant de l’armure.

Le choc fut violent, Neeves toussota du sang, Ethan le rejoignit aussitôt. Il s’accroupit lui tendit la main que Neeves empoigna, tous deux se levèrent. La lumière cessa et Jeff s’écroula sous la stupéfaction de l’équipe. Fine n’en revenait pas tout allait trop vite pour son esprit, il questionna le commandant, il voulait des réponses. Tous en voulaient. Le doute s’immisçait, l’escouade ne se sentait pas prête à combattre les forces du mal…