Chapitre 2

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Hyana n’avait que vaguement écouté les informations que lui donnait son hôte. Elle savait déjà tout ce qu’il avait raconté et elle n’avait pas jugé utile de lui apprendre que les dragons de sa classe se transmettaient leurs souvenirs mentalement. Elle avait en elle plusieurs milliers d’années de vécu qui s’effaceraient progressivement pour laisser place à ses propres souvenirs.

-Je peux rester une nuit ?

Le dragon ne répondit pas, se contentant de hocher la tête silencieusement pour donner son accord. Il lui demanda de le suivre et Hyana obtempéra en montant avec précaution les marches qui grinçaient. La pièce sur laquelle elle déboucha était poussiéreuse. La plus part des meubles présents étaient recouvert d’un linge grisâtre, poussiéreux et tâché de sang.

-Au fait, comment t’appelles-tu ? demanda Hyana en balayant la salle du regard.

-Flave.

La draque sentait que son hôte n’en dirait pas plus sur lui et elle se décida à engager un nouveau sujet.

-Pourquoi es-tu venu me chercher ?

Flave s’étonna de sa question et se retourna, surpris, vers elle.

-Tu as bien su que j’étais un dragon quand je suis arrivé,. Alors pourquoi je ne serais pas venu aider quelqu’un de mon espèce ?

Devant l’air dubitatif de Hyana, il ajouta :

-Un dragon qui se transforme en plein milieu d’un village et qui a peur de se faire voir par un humain, ne peut qu’être sorti du nid depuis peu.

- « Peur de se faire voir par un humain », répéta dans un murmure la draque qui fixait un angle de la pièce. Elle tourna son regard vers le dragon avant reprendre d’un ton calme et détaché : Serais-tu, par hasard, en train d’insinuer que moi, ai peur d’un vulgaire humain ?

Sa calme froideur fit frissonner Flave qui ne répondit pas. Jouer avec elle n’était pas une bonne idée.

-Un dragon qui se respecte n’a pas peur d’un humain.

-Un dragon qui se respecte protège son espèce avant de prouver au monde que rien de lui fait peur. Un humain n’est pas à craindre, mais tout un groupe, si. Quand tu auras le monde à dos, ne vient pas pleurer sur le mien.

En un éclaire Hyana s’était rapprochée du dragon, l’attrapant par le col. Le dos de Flave fut collé au mur le plus proche dans un bruit sourd. Les yeux de la draque, pourtant bleus à l’origine, avaient tourné au rouge sanglant, laissant leurs pupilles s’étrécirent sur deux fentes noires. Tenter de la mettre en garde contre les humains était peine perdue. A peine avait-elle bougé un pied que Flave avait déjà abandonné tout espoir de discussion. Elle ne se rendrait compte de la bêtise humaine que lorsqu’elle en aura fait l’expérience.

Flave leva ses mains au dessus de sa tête, montrant ainsi sa défaite. Lorsque la draque le lâcha, il soupira devant son impossibilité à l’écouter. Elle aurait quand même pu essayer de comprendre !

-Qu’il y a t’il ici ?

Hyana avait reprit un ton indifférent, comme si aucune altercation n’avait eu lieu. Elle soulevait curieusement quelques draps poussiéreux mais ne trouvait rien qui puisse l’intéresser. Il n’y avait que des vieux fauteuils ou des tables en bois fissuré, rongé par les termites. Dans un rayon de lumière venu d’un trou au plafond, la poussière entamait une danse silencieuse et pailletée. Hyana voulu se glisser dessous pour profiter de la moindre source de chaleur possible mais ne bougea pas. Le froid qui lui mordait la moelle finirait bien par partir. N’est-ce pas ?

Flave ne répondit immédiatement à la question de la draque et alla se poster devant un vielle armoire.

-Rien de particulier. Je vais seulement te donner quelques vêtements et reprendre ma veste.

Les portes s’ouvrirent en grinçant et Hyana croisa son reflet dans l’un des miroirs fixés aux battants. Sa peau pâle s’adaptaient correctement à la couleur rouge de ses cheveux. Ils lui arrivaient au niveau de la taille, bouclant sur les pointes. Le dégradé qui partait sur sa droite ne cachait que partiellement l’un de ses yeux pourvus d’un bleu océanique.

Flave sorti de l’armoire un slim noir décoré de fleurs rouges montant du côté de la cuisse jusqu’aux hanche. Le top, blanc et à manches courtes, se nouait d’un lacet dans la nuque. Hyana soupira.

-Tu n’as pas plus simple ? Un sweat me suffit et il fait froid, demanda-t-elle en posant ses mains sur ses bras glacés.

-Tu m’a l’air bien frileuse, remarque Flave donnant tout de même les vêtements à la draque.

-Depuis que j’ai quitté les montagnes j’ai froid, avoua-t-elle presque honteuse.

Le dragon ne répondit pas et se contenta de lui fournir un sweat à capuche en plus. Les manches trop longues de se dernier plaisaient à Hyana qui pourrait ainsi se couvrir les mains plus facilement pour les protéger du froid. Quand Flave lui sortit des sous-vêtements féminins, la draque lâcha d’un ton sarcastique :

-Je t’imagines mal porter ça.

-Jamais je n’enfilerai un truc pareil ! se rebiffa Flave en froissant les vêtements entre ses mains.

-D’où le sors-tu alors ? le mit-elle au défit.

Il parût hésiter un instant avant de répondre :

-C’est à ma copine. De même que pour le pantalon et le haut.

-Parce que quelqu’un a voulu de toi ?! s’exclama Hyana sur un ton faussement étonné.

Flave, quant à lui, ne réagit pas. La draque plissa les yeux devant son impassibilité. Elle n’arrivait pas à le cerner. Il venait à peine de s’emporter que déjà, il ne répondait plus à ses provocations.

Puis, comme pour retourner le couteau dans la plaie, Flave lui demanda le plus gentiment du monde de lui rendre sa veste qu’elle portait toujours sur les épaules. Consciente qu’elle n’arriverait plus à l’énerver avec de simples broutilles et la lui rendit sans faire d’histoire. Le sourire en coin du dragon montra qu’il avait comprit qu’elle avouait sa défaite mais Hyana se retint de réagir, gardant pour elle-même ses remarques.

-Mais ça va m’aller au moins ?

Flave referma les portes de l’armoire en haussant les épaules.

-Qui sait ? Vous avez peut être un lien de parenté.

Hyana était déjà partie se changer, n’attendant pas la réponse à sa question. Le dragon soupira. Non, ce n’était définitivement pas elle. Il avait espérer. Longtemps. On lui avait dit, un jour, que l'espoir faisait vivre. Dans son cas, il était mortel. Une larme coula le long de sa joue. L’eau salée lui brûlait les yeux. En l’essuyant, elle lui brûla la main.

Que cela pouvait être douloureux de pleurer un amour perdu.

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