Prologue
Ils étaient une vingtaine de soldats, entrainés et prêts à combattre. Ils ne portaient pas l'uniforme réglementaire, mais une tenue bien plus décontractée pour faciliter les mouvements les plus élaborés : un bas kaki, aux motifs militaires, assez large et léger pour ne pas être encombré ; un haut noir, bretelles pour les femmes, manches courtes pour les hommes, surmonté par un gilet pare-balle. Et rien d’autre. Rien d’autre que leurs armes, comme un couteau de chasse édenté, attaché à leur ceinture, et un magnifique fusil d’assaut, le M16A4.
Dans cette unité, on ne comptait que trois filles, mais on disait d’elles les plus fortes dans leur domaine de par leur agilité, mais surtout leur facilité à travailler en équipe. Ces femmes avaient, depuis leur première année de formation, travaillées ensemble et les résultats étant plus que satisfaisant, il avait été décidé de ne pas couper leur si bonne fusion.
Les bottes de cuirs noirs martelaient la terre et écrasaient le moindre déchet, brin d’herbe ou même feuille morte qu’elles croisaient. Une petite plaine, entre les champs et l’immense centre commercial, la cible. Les cheveux attachés en une queue de cheval haute, une blonde au visage dur, froid, mais confiant, avançait vers son supérieur. Elle avait fait le tour du bâtiment, à une distance plus que raisonnable, en compagnie de son collègue Ramirez, et s’apprêtait à faire un premier rapport.
- Colonel, rien n’est visible de l’extérieur. Rien en apparence suspect, tout semble calme et normal.
- Bien. Merci, Starker, répondit-il sans quitter des yeux l’horizon ensoleillé.
La femme marqua un silence, hésitante dans son esprit.
- Si je puis me permettre, êtes-vous certain qu’il s’agit de cet endroit ?
Celui-ci la regarda, visiblement vexé.
- Mademoiselle, êtes-vous en train de douter de mes capacités, ainsi que celles de nos informateurs ?
- Non, mon colonel ! s’exclama-t-elle immédiatement. Mais il n’y…
- Mademoiselle, répéta-t-il déjà impatient. Cette intervention n’est pas votre première, vous savez tout aussi bien que moi que tout parait calme, jusqu’au moment de leur premier mouvement ! Alors cessez de poser des questions aussi idiotes, et finissez votre préparation.
Elle ravala sa salive s’interdisant toute réplique ; elle s’était déjà trop attirée les foudres du grand gaillard lui faisant face.
- Bien, mon colonel.
Un salut, et elle fit demi-tour afin de rejoindre ses collègues, assis à même le sol, discutant pour certain, inspectant leurs armes pour d’autre. Elle prit place face à Natanielle, une rousse, aux cheveux bouclés et aux taches de rousseurs parsemant son visage.
Cette dernière lui lança un regard rapide, avant de reporter son attention sur son fusil. Plus pour s’occuper, que pour s’assurer de son bon entretien et de son chargement, puisse qu’à l’évidence, tous étaient prêt.
- Déjà qu’il ne te voit pas d’un bon œil, il faut en plus que tu en rajoutes, s’exclama-t-elle, riant de la scène s’étant passé sous ses yeux. Camille, tu es folle !
- Je prends ça comme un compliment ! répondit cette dernière. Mais pour s’être engagés là-dedans, nous le sommes un peu tous, non ?
- Bien sûr ! Je pense que beaucoup de chose ne tourne pas rond dans nos têtes. Et Dieu seul sait ce que peuvent bien vouloir ces camés, murmura-t-elle pour elle-même.
Mais Camille ayant entendue, ne put s’empêcher d’ajouter un mot en inspectant ses munitions :
- J’ai plus de facilité à les voir comme des sujets d’expériences ratés. Ces choses ne sont pas, ou du moins plus humaine. Ces déformations physiques – et peut-être bien mentales – n’ont rien de maladif ou dû à la drogue, c’est forcément autre chose…
- Ouais, certains disent qu’ils viennent d’une autre planète, rajouta Parks, un grand brun ayant perdu son grand sourire habituel.
- Aucune gêne pour s’inviter dans les conversations ! nota Camille.
Parks se contenta d’hausser les épaules.
- P’t-être. Mais c’est ce que certains civils pensent. Et quelques-uns d’entre nous.
- Mon dieu, des extra-terrestres maintenant ! On aura tout vu, se moqua un blond près de l’autre.
- Garrett, ce ne sont que des hypothèses. Tu as d’autres explications ? Ces choses sont effrayantes… grimaça Camille.
- Nan, mais je ne crois pas à la vie extérieure à notre chère petite planète bleue. De toute manière, ils ont une forme bien humaine avant leur modification corporelle.
- Ça ne change rien. Même après, ils gardent un côté humain. Physiquement. Mentalement, je n’en suis pas si sûre, compléta Natanielle.
Chacun se tût suite à ces mots. Chacun savait que quoi qu’il était dit, il fallait abattre ces monstres. Oui, « monstre » était le mot le plus approprié pour désigner leurs ennemis, pensait Camille.
Son regard dériva vers le second groupe qui s’était formé, quelques pas plus loin, un cercle de personne bien plus grand puisse qu’il comptait tous les soldats n’ayant pas pris part à leur conversation. Certain riait, mais tous semblaient en grande discussion.
Enfin, après quelques secondes, le colonel campé un peu plus loin, les appelèrent tous.
- Tout le monde debout ! hurla-t-il sans gentillesse. Nous intervenons !
Il n’en fallu pas plus pour que chaque soldat soit sur leurs pieds, armes chargées et prêtes à l’emploi.
Camille, regardant au loin le bâtiment à prendre d’assaut, reconnue par ses longs cheveux noirs de jais, eux aussi attachés en queue de cheval, et ses yeux en amande marron, Joe Mendez, la troisième et dernière femme de cette unité spéciale.
- Allez, c’est la même que d’habitude ! On va réussir, dit-elle plus pour se rassurer elle-même.
- Je n’en doute pas, rigola Starker. Notre trio les abattra, Joe.
En effet, seules Natanielle et Joe étaient appelées par leur prénom auprès de Camille. Mais surtout, même s’il s’agissait d’un travail d’équipe, le leur était de loin – et tous le savaient – le plus efficace.
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