45.Pièce par pièce
Note de vocabulaire :
Carl Friedrich Gauss : fondateur de l'arithmétique modulaire
Bonne lecture !
Joyce
Houston
18 Novembre 2023
Alec va être inculpé pour meurtre ?
J’avais cessé de respirer, et la brûlure dans mes poumons m’obligea à prendre une grande goulée d’air.
— Alec, tuer quelqu’un ? s’insurgea Angie. Bon, OK, il est un peu flippant quand il est mécontent mais, ce n’est pas un meurtrier ! Jamais on ne témoignera contre lui !
Mais Noah ne l’observait plus. Il jaugeait ma réaction. Je déglutis une fois, m’éclairci la voix avant de lui renvoyer son regard, plein de défiance.
— Qui ? interrogeai-je avec une assurance feinte. Quand ?
— Thomas Dickens. Durant la soirée d’hier, lors de son droit de visite.
Un silence amer plomba l’espace qui nous séparait avant que mon binôme ne le rompe d’un murmure.
— L’un des tireurs incarcérés.
— Exactement, confirma notre kidnappeur, un soupçon de frénésie dans la voix. Le mobile est de notoriété publique.
Je cillai à ses allégations, mais relevai la tête avec opiniâtreté en tapotant l’un des barreaux entre mes doigts.
— Dans un Etat comme le Texas où la peine de mort est toujours en vigueur, les centres de détention sont excessivement bien encadrés, sous surveillance constante. Vous allez nous faire croire qu’aucun garde n’aurait su l’empêcher ?
Un rictus déforma le coin de sa bouche tandis que je raisonnais encore.
— Le meurtrier de Thomas Dickens a reçu de l’aide en interne, c’est évident. Les mercenaires comme vous et Duncan ont certainement bien plus d’appui au sein du centre pénitencier de Houston qu’un simple rédacteur de journal, admettez-le. Si Alec avait réellement voulu se venger, il n’aurait pas attendu treize ans pour le faire, et vous le savez. Thomas est devenu gênant…comme nous avant que vous ne nous fassiez disparaître, n’est-ce pas ? Mais il était inutile. Que faisiez-vous hier soir, Bret…enfin Noah ?
Il éclata d’un rire un peu dément et, toujours hilare, m’applaudit.
— Je savais que vous engager dans l’A.J. avait été ma meilleure, mais aussi ma pire idée. Vous êtes intelligente, Joyce. Trop pour votre salut.
— Et vous, un opportuniste, Bret…enfin Noah ? Qui est Brett ? Qui êtes-vous vraiment ? Et pourquoi voulez-vous faire endosser à Alec vos propres crimes ? N’était-il pas votre ami ?
Ma dernière phrase mit fin à son alacrité. Le masque de glace, ou plutôt son véritable visage refit surface, me communiquant un frisson qui grimpa le long de mon échine comme un éclair.
— Brett était mon frère, Joyce. Toutes ces années où j’ai emprunté son nom m’a donné le sentiment de le faire exister un peu plus longtemps.
Angie et moi partageâmes un regard bref avant de s’accrocher à son récit, qui promettait d’être aussi sombre que son expression.
— J’ai aimé l’entendre de vos bouches. Parfois, j’avais l’étrange impression qu’il était moi, d’être lui. Non, je ne souffre pas d’un quelconque genre de schizonévrose ou TDI, railla-t-il en nous dévisageant, l’une après l’autre. Brett était brillant, tout comme moi. Tout le monde appréciait les fils Peterson. Nous formions un binôme foncièrement complémentaire et prometteur. L’avenir nous souriait et nous tendait les bras. Jusqu’à cet accident.
Il se tut un instant, comme happé par la pellicule de ses souvenirs qui semblait se dérouler sous ses yeux.
— Brett entretenait une amitié forte avec Riley depuis un forum. Ils se confiaient beaucoup l’un à l’autre. Mais lorsqu’il a eut vent du projet de ses amis, Thomas et Joshua, dans lequel Ril’ semblait se retrouver engagé malgré lui, Brett n’a pas attendu que ça dégénère. Son permis en poche depuis peu, ni une ni deux, il a traversé tout l’Etat pour empêcher son meilleur ami de commettre l’irréparable. Mais il n’est jamais arrivé à destination. Un poids lourd a percuté l’arrière de sa caisse… il ne lui restait même pas une demi-heure de route…
Les doigts de sa mains droite paraissaient s’enfoncer dans sa cuisse au fil de ses mots, mais ce ne fut pas la douleur physique qui l’interrompit. A la recherche de son souffle, il clôt les paupières, sensiblement trop affecté.
— Qu-quel est le rapport a…avec Alec ? Ce n’est pas Riley, le p-p-problème ?
Noah rouvrit des billes d’un bleu noircit de haine, et je reculai légèrement. Bien m’en prit, car mon geôlier se leva brusquement et fonça droit vers ma cage, sur laquelle il cogna brutalement, m’extorquant un cri de surprise et de terreur mêlées.
— Le rapport ?
Des trémolos de rage déchiraient son timbre bien trop grave. Il satisfit néanmoins ma curiosité, levant le voile d’incompréhension qui m’empêchait de faire la corrélation.
— Si le meilleur chirurgien avait choisi Brett, il serait encore en vie. Mais il était trop occupé avec la blessure par balle d’un des « survivants de Houston ». Tu vois bien duquel je parle, n’est-ce pas ? Et tu ne devineras jamais la meilleure… Alec et Brett étaient voisin de chambre !
Il repartit d’un rire guttural et se mit à faire les cents pas entre nous.
— Notre père avait roulé comme un taré ce jour-là. On a passé la journée à attendre dans le couloir, car l’état de mon frangin était critique. Nos parents n’avaient pas les moyens de le faire transférer dans un meilleur hôpital. Mais Paxton, lui, le pouvait. Il n’a d’ailleurs pas hésité. Touché par notre histoire, alors qu’il venait s’inquiéter pour les rescapés de la tragique fusillade, il a proposé de s’en charger. Mais il y a eu des complications. Un manque de temps.
Noah s’arrêta devant moi et s’accroupit pour demeurer à ma hauteur.
— Si Al’ avait crevé comme les autres, Brett aurait eu les soins nécessaires à sa survie. Mais non. Il tenace cet enfoiré, et bien vivant !
Se redressant, il reprit ses allers-venues dans la pièce assombrie par le clignotement inopiné des néons.
— Mes parents ont été dévastés par le chagrin, inconsolables. Ils n’ont pas fait l’année. Paxton m’a pris sous son aile les deux ans qui ont suivi. Et quand j’ai appris par Ril’ la raison qui avait conduit Alec à être interné… c’est à ce moment précis que l’idée m’est apparue clairement. Avec l’aide des Hart, le certificat de décès de mon jumeau disparut, remplacé par celui de Noah Peterson.
— Et le premier jour de votre rentrée universitaire…, compris-je.
— Je portais le patronyme de jeune fille de ma mère, confirma-t-il. Je suis devenu Brett Samson. Un nom qu’Alec n’aurait pas pu entendre depuis son lit d’hôpital, même s’il avait connu une phase d’éveil lors de notre passage. J’allais devenir son meilleur ami, son atout, son indispensable. Il était impératif qu’il m’ait à la bonne pour avoir un œil sur lui. Paxton savait qu’il finirait par poser des problèmes. Et moi, j’attendais le moment où j’allais le voir tout perdre.
Il se tourna vers moi, ayant retrouvé une façade impeccablement contrôlée et me sourit.
— Ce moment est enfin arrivé.
— Votre histoire est atroce, intervint Angie. Je compatie pour l’adolescent que vous avez été. Mais le monstre que je vois aujourd’hui a fait pire ! Vous avez tué un prisonnier ! Vous nous avez enfermées comme des bêtes ! Vous n’avez aucun scrupule…
— Détrompe-toi Angie, j’en ai.
Il tourna son visage dur vers elle, et je cru distinguer une lueur de regrets dans son regard.
— Envers vous deux. J’aurais préféré que vous ne fassiez pas parti de nos plans. Mais au lieu de lâcher prise, comme je vous l’ai à plusieurs reprises ordonné, vous vous êtes obstinées à mettre les pieds dans la boue de votre propre chef ! Si toi et…
Son téléphone concurrença son élocution et il s’en saisit pour répondre immédiatement. Il écoutait avec un mélange de calme et de concentration. Ses prunelles se détournèrent dans ma direction pour m’étudier intensément. Son examen, accompagné d’une validation orale à un propos que je ne pus entendre, me dérangea profondément. Parle-t-il avec Duncan ? Riley ? Paxton ? Qui me voulait quoi ? Seule une certitude, j’étais concernée.
— Bien, répéta-t-il avant de mettre fin à la communication. Comme je le disais un peu plus tôt, vous allez chacune tour-à-tour témoigner contre Alec pour gagner votre liberté une fois que cette histoire sera du passé. Vous changerez d’identité, d’Etat, de vie, et croyez-moi, si vous faites machine arrière, je le saurai. Ne m’obligez pas à vous abattre de ma main.
Sa menace me glaça le sang. Témoigner contre Alec ? Et puis quoi encore ? Notre geôlier me tourna le dos et s’adressa à Angie sans plus émotion.
— C’est toi qui vas ouvrir le bal et tu seras escortée par Duncan. Il s’assureras que tu fasses exactement ce qui est prévu. Une fois au poste, tu déposeras plainte contre Monsieur le PDG d’A.J. Investigation pour diffamation. Toi et Joyce n’avez jamais disparues. Vous êtes simplement parties en vacances. Des billets compostés, quelques factures de restaurants locaux ainsi des clichés touristiques attesterons de votre séjour en Louisiane.
— Et si je refuse ? grinça mon binôme, dont l’irritation transparaissait à chaque syllabe. Qu’est-ce qui vous fait croire qu’on va se plier à vos injonctions ? V…
— Deanna Fritberg, souffla Noah. Née le 29 Juin 1970, professeur de mathématique, passionnée par les travaux de Carl Friedrich Gauss[1] et par le jardinage. Mariée depuis 2002 à Julian. Julian Daniel Fritzberg, ingénieur en génie civil, un homme très loquace qui…
— STOP ! s’exclama Angélina avec raideur.
— … et tous deux domiciliés à Clarksville dans le Tennessee, souligna clairement Noah de ses prunelles écrasantes. Ce serait dommage de les impliquer, tu ne crois pas ? Et… si vous vous obstinez à refuser…
Il s’écarta d’un pas et, sortant une arme dont il fit sauter le cran de sécurité, il me tint en joue.
Je me figeai encore davantage dans ma cage, le souffle coupé.
— C’est le binôme qui servira de cible immédiate. Je n’ai pas besoin de vous vivante. Le cadavre de Joyce ou le tien me suffira amplement pour faire vriller Alec. Il s’est attaché à vous, cet imbécile…il vous aime bien.
Un sanglot. Elle est véritablement effrayée, cette fois.
Noah abaissa son canon.
Je mis un long moment avant de comprendre qu’Angie, sous ses paupières closes et palpitantes, n’était pas la seule dont les yeux coulaient. Des gouttes s’échouaient sur mes propres genoux tandis que l’air pénétrait de nouveau dans mes poumons.
— On va te refaire une beauté. Après-demain, tu iras avec mon collaborateur faire une déposition à charge contre Alec. A la fin, toujours accompagnée, tu reviendras, et tout cela de ton plein gré. Aucune alerte, aucune tentative pour communiquer. Sommes-nous en accord ?
Sans un mot, ma collègue hocha doucement la tête.
***
Alec
22H, Centre pénitencier d’Houston, Texas
18 Novembre 2023
Etouffé dans son sommeil, par son propre oreiller. Des ecchymoses violacées, presque noires, colorant son visage blafard. Un vide abyssal dans ses yeux ternis injectés de sang.
Les clichés post-mortem de Thomas Dickens s’étalaient sans délicatesse sur la table d’interrogatoire, entre moi et l’inspecteur chargé de mon cas. Un châtain brun d’une trentaine d’année à tout casser, pas super courtois, et doté d’une fâcheuse tendance à l’emportement. Mon avocat ne serait présent qu’au petit matin, mais je m’en foutais. Il s’est fait buter. En plus des photographies macabres, seuls un stylo relié à une chaînette et un bloc nous séparait. Les seuls mots que j’y avais inscrits avait été « Comment est-il mort ? » et « Quand ? ». Depuis lors, je n’avais pas écrit une seule lettre au cours des trois heures trente que j’avais passé assis, près de ces images morbides.
Il a crevé.
Jusqu’à la semaine dernière, ça ne m’aurait même pas ébranlé. Une part de moi criait justice, au nom de toutes les familles des victimes qu’il avait perpétré. Seulement maintenant… maintenant qu’il allait enfin pouvoir…
Un coup poing cahota rudement la surface, faisant à peine frémir les pages, mais ce ne fut pas le mien.
— ON A PAS LE TEMPS DE JOUER AVEC TOI, JONES, hurla l’inspecteur. TU VAS ME DIRE…
De faire correctement ton boulot ? J’aimerais bien.
Se redressant, le brun pinça l’arrête de son nez avec un agacement plus que manifeste avant de se rattraper.
— Tu vas m’écrire de façon très précise comment tu t’y es pris pour passer la surveillance, t’es introduit dans la cellule du prisonnier et de quelle manière tu l’as assassiné. Qui t’as rencardé, de qui as-tu obtenu l’appui ?
Je ne bronchai pas, fixant le bloc et le stylo tout en sentant son regard cuisant sur mon crâne.
— Si on doit y passer la nuit, pas de problème, assura-t-il. J’ai tout mon temps.
Devant mon mutisme persistant, il grogna d’exaspération, puis pris une profonde inspiration, comme pour s’exhorter à un calme qu’il ne possédait déjà plus. Contre toute attente, ses mots suivants furent moins provocants, à l’instar d’une main tendue.
— Tes motivations relèvent du compréhensible. Pas de l’acceptable, mais de l’ordre de la compréhension.
Evidemment, je suis le coupable idéal, avec un motif en béton armé. L’inspecteur sans nom, ayant préféré la citation express et réitérée de mes droits au détriment des présentations, se réinstalla sur le siège. Il se pencha vers moi, tentant d’instaurer une certaine connivence entre nous.
— Le juge saura se montrer clément si tu coopères de ton plein gré plutôt qu’avec un passage à table sous contraintes.
Parce que tu veux m’extorquer des infos ? C’est mon taff, ça. Vas-y je te regarde. C’est con, j’ai pas de pop-corn.
Nos visages ne furent plus qu’à quelques centimètres alors que les pieds de sa chaise grinçaient sur le dallage inégal.
— Ecoute, Jones…une taupe se promène tranquillement dans mon service. C’est donnant-donnant, j’y gagne autant que toi à te convaincre de te rendre. Les preuves sont accablantes. Alors si tu plaide coupable, et mieux, si tu avoues avant ton procès, ta peine sera réduite.
Cette fois, je tiquai. Des preuves ? Quelles preuves ? Toi et ton équipe de branquignoles, vous vous fondez sur des raccourcis qui vous arrangent bien. Y as eu aucune enquête ! Relevant mon expression à la fois furax et incrédule, le flic sortit son atout, sous forme d’une page manuscrite. Celle-ci attira promptement mon attention.
— T’es cuit de toute façon. Tu es la dernière personne à l’avoir vu en vie.
Dans un cliquetis de métal, je m’emparai vivement du document et le parcourus. Un frisson glacé rampa le long de ma colonne et ma gorge se dessécha. Comment ça, un droit de visite ? J’étais à Denver, jusqu’à pas plus tard que cette aprèm ! C’est quoi ce merdier ?
L’unique issue de la salle d’interrogatoire s’ouvrit, et un autre policier, s’engouffra dans la pièce avant de murmurer quelques mots à l’inspecteur qui acquiesça en se levant.
— Tu es veinard, Jones. Ton avocat a pu se libérer plus tôt.
Le flic ressortit tandis qu’un homme chargé d’un attaché-case le croisa et s’approcha. Et la réponse à ma question interne trouva instantanément sa résolution lorsque nos regards se croisèrent. C’est pas vrai !
— J’aimerai m’entretenir avec mon client en tête-à-tête.
L’agent contourna la table, déverrouilla l’un de mes poignets et accrocha la menotte au pieds de la table, ne me laissant que l’usage unique de ma main droite.
— Vous avez quinze minutes, lança-t-il au nouvel arrivant avant de suivre son collègue en claquant la porte dans son dos.
Je n’avais pas lâché des yeux le présumé avocat. Ce dernier prit tout son temps pour s’installer, un sourire accroché au visage que j’avais envie de fracasser. Je lui ai donné tant d’infos. Autant de poignards qu’il me retourne dans le dos, cet enfoiré ! Il me rendit mon regard, un tantinet provocateur.
— D’habitude, on s’voit plutôt dans ton bureau, ricana-t-il. Le vendredi soir. C’était presque devenu mon jour préféré.
D’un geste sec, je m’emparai du stylo. Bien qu’il parût totalement décontracté, dans son élément, il suivit néanmoins mes actions avec attention.
« C’est quoi ton vrai nom ? Celui du détective privé, Sebastian Harper ? ou Thirston ? Lequel as-tu usurpé ? »
— J’ai une tête à m’appeler Sébastian, d’après toi ? se moqua-t-il. Allez, va pour un petit question réponse, ça me plait. Qu’est-ce que ça fait de se retrouver menotté, considéré comme un assassin ?
Je refermai le poing sur mon ustensile, et mon mouvement parut l’amuser.
— Je vais prendre ça pour un « ça m’emmerde ».
Le grattement du papier sous mes doigts me sembla strident à mon oreille et je manquai de passer à travers la feuille. Vont-elles bien ? Sont-elles en vie ? Dans quel état ?
« Où son retenu les filles ? »
Il examina le bloc que je lui retournais, puis ma tête.
— ça, tu l’sauras jamais, mon gars. Mais je suis magnanime, j’vais pas te laisser te faire du mouron. Elles mangent, elles dorment, elles respirent. Et l’une des deux rouspète beaucoup trop. En plus, tu vas les revoir dans pas longtemps.
Mon palpitant s’emballa. Elles sont vivantes, toutes les deux. Face à mon froncement de sourcil méfiant, il apporta une précision.
— Elles vont assister à ton procès. Même la p’tite poupée effarouchée, ouais. Sur le banc des témoins. T’as buté un mec, après tout. Elles auront de quoi être choquées et larmoyantes.
Un goût de rouille envahit ma bouche et je tirai involontairement sur ma main entravée, réflexe vain.
— Tu veux p’t’être que j’leur passe un p’tit message de ta part ? Un genre d’adieu ?
Elles vont bien pour l’instant. Le reste je m’en cogne, me serinai-je avant que la colère ne me submerge de nouveau. Il va les forcer à authentifier le droit de visite, pour me faire porter le chapeau. Un expert saurait reconnaitre l’usurpation de ma signature, mais, en mandaterait-il un, ou suis-je le coupable tout trouvé ?
« Même si Noah parvient à les y contraindre, même s’il m’envoi en taule. Ce ne sera pas terminé. »
Un nouveau rictus d’allégresse se plaqua sur les traits de Thirston. Il se leva, tendit le bras et arracha la page du bloc avec sécheresse, avant d’esquisser un mouvement vers la sortie. Je frappai du poing puis me remis à écrire frénétiquement. Ses yeux parcoururent la ligne qu’il lut à voix intelligible.
— Dis-leur qu’elles n’ont rien à se reprocher…mmh, touchant.
***
Les dernières heures qui suivirent cet entretien, me séparant de l’aube, je les passais à pourrir en cellule avec mes réflexions. Impuissant. Incapable de passer l’unique coup de fil auquel j’avais droit. J’étais scié de constater avec quelle facilité mon soi-disant droit de visite avait constitué à lui seul une preuve accablante et blindé leur dossier. Y a que toi qui puisse me sortir de là Weaton…
***
— …onsieur Jones…Alec Jones, réveillez-vous bon sang !
La voix dérangeante qui cherchait à m’extirper des bras de Morphée eut un visage. Celui de l’équipier de Marc Weaton. Ex-équipier, c’est vrai.
J’avalai le peu de salive que j’avais en réserve, la bouche pâteuse, et me frottai le visage des deux mains pour me secouer. A demi-assis, je m’étais écroulé d’épuisement, le dos en appui sur le rebord de ma modeste couchette. De l’autre côté des barreaux, Grayson, soucieux de son environnement, n’avait de cesse de tourner et retourner le regard de gauche à droite.
— Monsieur Jones, nous n’avons pas énormément de temps. Nous n’avons pas accès au rapport concernant votre détention semblablement hâtive, voire abusive. Il nous faut de quoi le démontrer. S’il vous plaît, écrivez au plus vite ce que vous savez.
L’adrénaline me propulsa sur mes pieds. Je m’emparai du stylo qu’il me fis passer ainsi que du bloc sur lequel je gravai mes dernières entrevues. Sur les circonstances douteuses de la mort de Dickens, trop bien tombée. Des faits. Sur ce maudit droit de visite monté de toutes pièces qui me liait à lui. Sur Thirston. Sur le poids qu’il comptait faire poser sur les épaules de filles.
Je lui tendis mes mots qu’il prit le soin de vérifier en haussant un sourcil.
— C’est quoi cette mascarade, souffla-t-il pour lui-même avant de s’adresser à moi. On va vous faire sortir avant votre passage en procès préliminaire, monsieur Jones, comptez sur nous. Est-ce que Thirston a donné une quelconque indication au sujet du lieu de séquestration de vos employées ?
Devant mon hochement négatif, Grayson grinça des mâchoires.
— Agent Grayson, vous n’avez rien à faire en cellule alors que des dossiers s’empilent sur votre bureau !
Il accorda un bref regard à l’inspecteur qui le hélait virulemment avant de m’accorder un dernier moment d’attention.
— Tenez le coup.
Ses pas l’éloignèrent tandis que je le suivais des yeux. Trouvez-avant. Suivez-les. Par pitié, bouclez les bons salopards…
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Bonjour tous le monde !!!
Votre auteur semble dormir mais non xD
Noah semble avoir bien mené sa barque et le piège qu'il tend à Alec fonctionne. Pour combien de temps ?
Comment cette histoire va-t-elle se terminer ? Je vous avoue que l'inculpation d'Alec n'était pas prévue au programme!
Une chose est certaine, Weaton va jouer un role clé dans le prochain chapitre...à bientôt !

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