Chapitre 3
Justice me tire par le bras pour que je m’incline avec le reste des citoyens, épelant de nouveau en silence « bouleverser » quand je croise son regard. Je n’ai pas l’habitude de faire des révérences devant mon meilleur ami mais même en tant qu’Heritiers ont doit le respect à nos Maître. Seule Emélia reste droite.
Je me redresse, les joues toute rouges et les gens commence à s’approcher pour se réincliner et pouvoir lui serrer la main.
S’il n’avait pas été annoncé, je ne suis pas sûr que je l’aurais reconnu tout de suite. Il a tellement changé en 9 mois : il a laissé pousser ses cheveux, son visage est encore plus anguleux et je ne suis pas sûr en ne le voyant que d’ici, mais j’ai l’impression qu’il a encore grandit.
Je vois de l’autre côté de la salle Olivia derrière la chaise où est assise la Tante Ilda serrer fort le dossier dans ses mains, agacé. Olivia est une Première Dame de la Dynastie du a son alliance matrimoniale avec le Maître des Eléments mais cela ne l’empêche pas non plus de devoir s’incliner devant son fils.
-On ne m’a pas annoncé moi, dit Emélia amèrement.
Justice fronce les sourcils.
-Je croyais que tu ne voulais pas te faire remarquer ? dit-il.
Elle se contente de hausser les épaules. Mon regard retombe sur Elio et je me surprends à être impatiente pour qu’il vienne nous voir. Pourquoi est-ce que ces inconnus ont le droit de le saluer avant sa plus proche famille ? Tous les Héritiers sont poussés par leurs parents pour aller saluer leur Maître, les parents voyant Elio et Emélia comme des monarques, les enfants ne les voyant que comme des camarades de classe. Je bois dans mon verre de champagne. Il sourit, hoche la tête, sert des mains et cela lui prend un moment pour nous voir. Son sourire s’étend quand ses yeux se bloquent dans les miens. Puis il cri le nom d’Emélia.
Son visage se décompose quand les gens la voient mais elle se ressaisit vite, plaque un faux sourire sur son visage et avance vers Elio, nous à sa suite.
Quand elle arrive à sa hauteur, les gens lui ayant créé un couloir pour la laisser passer en se baissant, il la prend dans ses bras.
-Comment va ma sœur ! dit-il.
Même sa voix a changé. Ou alors cela fait trop longtemps que je ne l’ai pas entendu. La foule les applaudit et quand il la relâche, elle s’occupe de sourire, hocher la tête et serrer des mains avec lui.
-Tu va le regretter, murmure-t-elle derrière son sourire à Elio pour l’avoir fait remarquer.
-Tu m’aimes trop pour ça, répond-t-il.
Ils continuent leurs mascarades jusqu’à ce que la foule se disperse et retourne à leurs activités, laissant enfin une place pour nous. Mes deux frères s’avancent en premier, lui serrant la main avant de lui taper dans le dos, puis Marjolaine et Hélénie le salue à leur tour, beaucoup plus formellement et je reste un peu en retrait, sirotant dans mon verre, ne sachant pas que faire de mes bras, de mes mains, de mon corps. Comment est-ce que je suis censé le saluer ? En l’embrassant ? En lui serrant la main comme Marjolaine ? Comme mes frères ? Chaque seconde qui passe je sens mon anxiété grandir pour rien.
Mais quand il a fini d’échanger des banalités avec Marjolaine, il se tourne vers moi, traverse les trois pas qui nous sépare et me prend dans ses bras grands ouvert avant que je ne puisse m’avancer, me sert fort, me décollant du sol pour me faire tourner. J’étouffe un cri et laisse tomber mon verre dans la surprise, mais immédiatement le sert en retour, enfouissant ma tête dans sa nuque humide de la neige, son manteau trempant ma robe.
-Pi, Pi, Pi ! s’écrit-il en me posant par terre. Tu m’as manqué ! ajoute-il en me frappant le bras.
-Toi aussi, je dis en le reprenant dans mes bras, ma tête arrivant contre son épaule cette fois, la sensation de sa présence remplissant le vide qu’avait créé son absence. C’est la dernière fois que tu pars comme ça aussi longtemps ! je le préviens.
-Tu ne peux pas vivre sans moi ? Répond-t-il en me lançant un clin d’œil.
Je lève les yeux au ciel.
-Où est maman ? Demande-t-il alors, regardant autour de lui.
Quand il la voit enfin avec papa et Ilda, il s’en va à grande enjamber vers eux, saluant quelque retardataire qui essaie de l’accaparer sur le chemin. Nous le suivons, Hélénie et Marjolaine nous laissant pour aller danser.
-Maman, s’exclame-t-il quand il s’avance vers elle.
Il la prend dans ses bras, Olivia étant bien plus petite.
-Comment va mon grand garçon ? dit-elle.
Il se contente de rire, puis va serrer la main de papa.
-Bien rentré ? Pas trop problème à part la neige ?
-Non, les premières classes des trains sont vraiment sympa.
Puis il s’avance vers la Tante Ilda.
-Qui est-ce ? demande-t-elle sur la défensive quand Elio lui attrape la main.
-C’est votre neveu, Ilda, dit alors Olivia. Elio, il vient d’arriver.
Elle a vraiment des problèmes de vu et d’ouïe quand ça l’arrange. Elio se baisse et lui fait un baise-main. Quand il se relève il retire son manteau et le pose sur un siège à côté d’Ilda, puis se frotte les mains.
-Alors, qu’y a-t-il à manger ? Je meurs de faim.
Et juste comme ça, il s’en va vers le buffet, accoster par plusieurs citoyens qui veulent lui rendre hommage. Vérité le suis, surement pour lui donner ses conseils sur les meilleurs plats. Et juste comme ça, je redeviens l’invisible indigne héritière que j’étais ses 9 dernier mois.
Ce qui n’est pas tout à fait vrai, quand cela fait plutôt 18 ans que je le suis.
J’avais imaginé la scène du retour d’Elio dans ma tête un millier de fois mais dans aucun des scenarios il ne me disait même pas deux mots avant de partir. Ne lui ai-je donc pas autant manqué qu’il m’a manqué ? Je veux passer chaque seconde des prochains jours avec lui et lui s’en va pour aller chercher à manger alors que je suis juste devant lui. Est-ce que j’ai inventer nos 15 ans d’amitié et de complicité ?
Je suis peut-être un peu paranoïaque aussi.
-Je n’arrive pas à croire qu’ils ne viennent pas, dit alors Olivia derrière moi.
Je me retourne et je vois papa lui caresser le dos.
-Cela fait neuf mois et il trouve le moyen de ne pas se montrer à la soirée qu’il a organiser pour son fils. J’aurais dû m’en douter, ajoute-elle, les bras croisés, son visage dans sa main.
-Il a surement une raison, dit papa.
-C’est ça, le problème, il a toujours une bonne raison. Et toi, Emélia, ajoute-elle en lui tendant la main. Je suis désolé que tu ne puisses pas voir tes parents pour Yule.
Emélia s’approche d’elle et la prend dans ses bras.
-Je vous ai vous et ça me suffit largement.
-Je n’arrive pas à croire que tu arrives encore à être déçu par mon frère, Olivia, dit alors Ilda de sa chaise. Depuis le temps tu devrais avoir l’habitude.
-Vas donc profité de ton fils, Olivia, dit alors papa.
Il la pousse gentiment par le dos en l’accompagnant jusqu’au buffet où Elio essaye de faire tenir le plus de nourriture possible dans sa main. Il y a un valet qui est en train de nettoyer là où j’ai fait tomber mon verre tout a l’heure. Quand je regarde à ma gauche, je vois Justice tendre sa main à Emélia. Elle sourit, enchanté, puis la prend et le laisse l’emmener sur la piste.
-Est-ce que je peux vous laisser, Tantine ? je lui demande dans l’optique d’aller voir Vérité - et par association Elio puisqu’il sont ensemble.
-Abandonnez-moi donc tous, peu importe.
Je lève les yeux au ciel, n’étant pas sûr a ce stade si elle le verra ou pas mais elle ne regarde même pas dans ma direction, alors je m’en vais vers le buffet où il y a toujours Vérité et Elio, rejoins par papa et Olivia. Quand j’arrive, je pose ma main sur l’épaule de Vérité pour le retourner vers moi. Il me regarde surpris et je lui tends la main.
-Tu danses ?
Il ne réagit pas, ne me tend même pas la main alors je prends l’initiative et me penche pour la lui attraper quand Elio s’interpose.
-Alors cela neuf mois qu’on ne s’est pas vu, je viens de rentrer et tu préfères proposer de danser à ton frère plutôt qu’à ton partenaire préféré ?
-J’espérais que tu proposes mais tu n’as pas l’air de m’avoir dans tes priorités, je le taquine en lui montrant la nourriture dans sa main.
Je prends la main de Vérité qui ne l’as toujours pas levé et l’emmène avec moi sur la piste en lançant un clin d’œil à Elio.
Je le force à mettre sa main sur ma taille, puis un nouveau morceau reprend alors je le force à danser. Il n’en a pas l’air ravis mais ce laisse faire, me laissant guider la valse.
-Tu pourrais faire un effort, je lui dis alors que nous tournons en harmonie avec les autres danseurs.
-Je n’aime pas danser et encore moins la valse, me répond-t-il en connaissant malgré tous les pas, du a ses quelques années à l’Académie. Je suis ton frère, si tu veux rendre Elio jaloux va plutôt danser avec Dispacus.
Je lui frappe le bras.
-Je voulais juste danser, je réponds.
-C’est ça, et moi j’aime les filles.
-Je parie que tu es tout aussi excité qu’Elio revienne que moi, n’est-ce pas ? je demande en faisant gigoté mes sourcils.
Il me frappe le bras.
-C’était il y a des années !
-Et aujourd’hui, tu as quelqu’un en tête ? C’est fou on ne parle jamais de ça.
-Non, pour une raison. Et non je n’ai personne en tête, juste les études.
-Je pense que t’en pincera un peu toujours pour El… ouch !
-Arrête ça, Pi.
Voyant que je ne le fais pas autant rire que moi j’arrête, incapable en revanche d’arrêter de sourire devant sa mine embarrasser.
Je continus de le faire tournoyer même si lui-même est dans la position du meneur, mais jamais il n’accepterait que je le prenne par la taille. Inquiète, je jette quand même un coup d’œil à Ilda. Il y a un homme debout à côté d’elle et ils ont l’air de parler. A part ça, elle a l’air d’aller très bien.
Tant mieux, je n’ai pas l’envie de m’occuper d’elle ce soir. Elle saura très bien faire dégager cet inconnu si elle le veut.
Je fais tourner Vérité en carré jusqu’à ce quelqu’un m’attrape le bras et me tire hors de ses bras a lui. Je me retrouve plaquer contre un torse que j’identifie comme celui d’Elio par sa taille et son odeur.
-Je te la vole un instant, dit-il à mon frère.
-Pas besoin d’être violent, je marmonne en m’écartant.
Je me recule un peu alors qu’Elio glisse ses mains vers les mienne et je vois Vérité ravi de repartir vers là où se trouve son meilleur ami, un camarade Héritier. Puis mon regard remonte à celui d’Elio. Il porte une chemise et un gilet ce soir, ce qui n’est pas habituel chez lui mais j’imagine qu’il s’est changé dans le train pour l’occasion.
Je relisse le tissu sur son épaule avant de le regarder dans les yeux.
-La chemise te va bien, je lui dis en le taquinant.
Il se met alors à me guider dans une valse tendre mais bien plus agréable que celle avec Vérité.
-La robe te va bien. Je n’ai pas l’habitude de te voir dans de tel accoutrement.
Je lève les yeux au ciel.
-Tu es parti pendant neuf mois, forcément tu en a loupé les choses.
Un éclat de rire lui traverse le visage.
-Parce que tu portais plus de robe quand je n’étais pas là ?
On virevolte parmi tous les danseurs, la valse que j’ai entamé avec Vérité ce terminant petit à petit. Ma robe s’agite autour de nous mais c’est loin d’être la plus extravagante. Elle est mignonne mais elle ne met rien en valeur de mon corps – non pas que j’en ai envie. Celle d’Hortensia qui s’agrippe aux jambes de Dispacus quelques mètres plus loin est bien plus belle, tombant au sol, sculptant son buste dans un corset pailleté, faisant ressortir sa poitrine comme il faut…
-J’aimerais pouvoir porter des robes comme ça, je dis plus pour moi-même que pour lui.
Je regarde les deux Héritiers qui me méprise le plus continué la danse que je fais mieux qu’eux. Je n’aime pas bien les robes, j’ai l’impression qu’à n’importe quel moment on peut voir dessous, cela ne me fait pas me sentir en sécurité. Mais c’est vrai que c’est quand même magnifique.
Elio penche la tête pour se retrouver dans mon champ de vision et capté mon attention, continuant de tourner avec lui. Mes yeux lâche Hortensia.
-Je préfère la tienne, il dit en souriant.
Je le fixe, encaissant ce qu’il vient de dire. Voilà qui me va mieux que les trois mots qu’on a à peine échanger au début.
-Emélia l’as choisi, je réponds.
-Oui j’ai vu que vous aviez la même.
Je le laisse m’entrainer dans la valse.
-Je ne savais pas que les garçons pouvaient faire la différence.
Pour se venger de ma pique, il me lâche un instant, me faisant perdre mon équilibre mon corps tombant dans son bras. Mon cœur fait un bon et je gémis de surprise mais il me tient fort parallèle au sol. Ce mouvement clos la valse sur ses dernières notes, un final accompagner des applaudissements de la foule qui regardait leur Maître danser – avec moi.
Je rougis malgré moi quand il me relève, un tonnerre d’applaudissement retentissant tout autour de la pièce pour lui. Personne ici à part les autres Héritiers ne sait qui je suis.
Une femme enroulée dans une robe jaunes trop serrer s’approche alors de nous. Quand elle se met à parler, des boucles blondes artificiel lui tombe presque dans la bouche.
-Ma fille adorerait avoir l’honneur de faire cette danse avec vous, Maître de Pracontal.
Elle rajoute des gestes saccadés comme si elle était sous pilule d’hyperactivité. Puis elle pousse sa fille devant elle et je crois reconnaitre une Prodige de l’Académie.
-J’en serais ravi mais je n’en ai pas fini avec ma partenaire pour le moment.
Il répond ça avec un tel sourire comme s’il venait d’accepter.
-Prête ? ajoute-il en me tendant la main.
Je la prends et il m’emmène entre deux autres duos pour la prochaine danse.
-Qui est-elle ? me demande-t-il alors qu’on est hors de portée d’écoute.
L’orchestre reprend une nouvelle valse de Yule que nous connaissons très bien. C’est une danse qu’on nous a appris à l’Académie qu’on a dû faire des milliers de fois depuis qu’on sait marcher. Tous les danseurs se prépare et se mettant en ligne en face de leur partenaire. Il ne faut surtout pas se tromper de pas car tout le monde danse de manière symétrique avec les autres mais avec Elio, nous ne nous trompons jamais. Du moins quand ça ne fait pas neuf mois qu’on ne l’a pas dansé.
Elio me sourit, les notes du début de la danse commence et je lui prends la main tendue. Je sais que Papa et Olivia nous regarde, probablement Ilda aussi, jugeant de l’exactitude de mes pas sur le rythme de la musique comme elle l’as souvent fait quand elle m’apprenait.
-C’est Dafina et sa mère, je lui glisse, commençant la valse avec les autres danseurs. Elles viennent de Suzaris et sont arrivé dans le courant de l’été. Sa fille a intégré l’Académie au début de l’année. Emélia en saura surement plus.
Sa main m’agrippe la taille et il commence à me déplacer dans l’espace comme si j’étais une poupée, l’autre mains tenant la mienne bien haut. Je garde le menton haut, le regard bloquer dans le sien, laissant mes pieds qui connaissent les pas évoluer à côté des siens.
-Lady ? Elles sont de la noblesse a Suzaris ?
Il me fait tourner en même temps que les autres participants de la valse. J’étouffe un éclat de rire, la main au-dessus de ma tête, dos a Elio. Je tourne la tête vers lui.
-Pourquoi ? Tu serais intéressé par un mariage ?
-Non, loin de là, il répond comme si c’était une évidence.
Il lâche ma main et en tirant sur celles qui était sur ma taille me refait tourner face à lui.
-Elle faisait peut-être partie de la noblesse là-bas, mais ici… Dafina n’est rien de plus qu’une Prodige. Et puis, tu es un peu promis à Emélia, je lui glisse.
Nous tournons tous les deux face à face, nos main se frôlant, légèrement perturbé par la grimace qui tord son visage.
-C’est si stupide. C’est ma sœur !
-Les citoyens s’en fiche de comment vous avez été élever.
Je fais une pause car il se retrouve loin de moi le temps de se croiser avec un autre couple. Puis nous nous retrouvons alors j’ajoute :
-Vous n’avez pas le même sang et êtes tous les deux des Maîtres. C’est ce qu’ils attendent. Non pas que je cautionne.
Je me retrouve le dos collé contre son torse une nouvelle fois alors que nous avançons à l’unisson avec les autres danseurs, mes bras croisés.
-Et pourtant, ils essayent tous de me marier à leurs enfants, il ajoute.
Il me fait tourner en rythme et la musique descend d’un coup quand je me retrouve face à lui, les yeux dans les yeux. Mes lèvres s’étirent sur le côté quand je lui dis pendant le moment de flottement pour le taquiner :
-Mais vous êtes le meilleur parti de Parthénia, Maître de Pracontal.
La musique reprend et nos pas aussi. On tourne, il me lâche et me fait tourner seule, me rattrape dos à lui, me fait voler de sa droite a sa gauche comme tout le reste des danseurs font. La musique est tout ce qui m’importe avec lui. Les robes des autres femmes me caressent les chevilles quand on tourne trop prêt des autres couples.
-Je ne compte me marier avec personne pour l’instant, quoi qu’il advienne, et encore moins enduré des danses avec des filles qui ne savent pas faire.
Mon cœur se serre mais mon corps continue les pas appris par cœur. Nous tournons en rond l’un avec l’autre, mais aussi avec le reste des danseurs, comme la terre autour du soleil. Les notes des cloches sont comme de la neige qui se déposes sur nous.
-C’est pour ça que tu es venu me voir ? je demande en me retournant vers lui. Pour ne pas avoir a dansé avec d’autre filles ?
C’est pour ça qu’il m’aurait reproposé de danser ensuite ?
Il laisse échapper un éclat de rire.
-Bien sûr que non ! J’adore danser avec toi. Mais si ça peut m’éviter de danser avec la moitié des filles en âge d’être marié à Parthénia, alors oui, je danse avec toi. Et puis, je ne crois pas que tu souhaites te marier non plus, si ? Je te sauve le mal d’être proposé à danser avec des danseurs aussi mauvais que ton frère.
J’anticipe chaque mouvement, chaque endroit où il va poser sa main comme nous l’avons déjà fait un million de fois.
-Je ne suis personne Elio, je dis dans un éclat de rire embarrasser. Personne ne va me demander de danser dans l’optique d’un mariage.
-Tu es une Héritière, il me chuchote alors que le refrain monte. C’est plus de valeur que la plupart des filles de cette salle. Et s’ils te connaissaient, ils sauraient que tu es loin d’être personne.
Puis la musique s’accélère et il me fait tourner de plus en plus vite, m’empêchant de répondre. Les violons s’emballent, mes pas avec, jusqu’à ce qu’il me lâche, me laissant évoluer seule comme toutes les femmes. Je me sens mal de changer de partenaire, c’est la seule partie de cette valse que je n’aime pas. La tension monte dans l’orchestre jusqu’à ce qu’au moment où la musique s’arrête, je me retrouve dans les bras ferme de mon nouveau partenaire.
Je ne regrette plus le moins du monde.
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