Le vide. Absolu.

Pas le vide de l’espace. Celui-là, Kael le connaissait. Il l’aimait presque.
Mais ici, c’était différent. Ce vide-là n’avait ni direction, ni fin. Il n’était pas silence, il était absence.

Il ouvrit les yeux.

Blanc.

Pas un mur. Pas un plafond. Pas un sol. Seulement lui, flottant dans une lumière sans source, sans ombre.

"Alisra ?"

Sa voix ne produisit aucun son.

Il porta une main à sa tête. Elle était intacte. Son corps aussi. Mais ses pensées… non. Tout était flou. Troublé. Comme s’il rêvait avec lucidité. Il n’arrivait pas à se souvenir exactement ce qu’il faisait avant. Quelque chose… dans le vaisseau… une lumière… Alisra.

Oui. Alisra.

"Où est-elle ?"

Aucune réponse.

Puis une vibration. Douce. Presque agréable.
La lumière changea. Elle devint chaude. Enveloppante. Tentante.

Une voix s’insinua. Pas à travers ses oreilles. Mais dans sa tête.

"Kael Arvan. Origine humaine. Mission compromise."

"État psychique : instable. Lien affectif détecté avec Sujet : Alisra Veyra."

Il recula — ou du moins il crut reculer, mais rien ne bougea.
Il serra les poings. Il n’aimait pas se sentir observé. Jugé.

– "Montrez-vous."

"Tu veux voir ? Tu veux comprendre ?"

La lumière se replia. S’assombrit. Une silhouette apparut.
Alisra. Ou du moins, ce qui ressemblait à elle.

Elle s’approcha. Sa voix était douce. Son regard brillant.

– "Tu m’as trahi, Kael."

Il recula, secoué.

– "Non… ce n’est pas elle."

Mais elle continua d’avancer.

– "Tu n’étais là que pour me surveiller. Tout ce que tu m’as dit, tout ce qu’on a partagé… tu jouais un rôle. Et tu crois que je ne le savais pas ?"

– "Tais-toi."

– "Tu aurais pu m’aimer. Tu aurais pu choisir. Mais tu as choisi le Conseil. Tu as choisi ton père."

Il cria. Un cri qui n’émettait toujours aucun son.
La lumière vibra. La fausse Alisra disparut comme de la fumée.

Kael tomba à genoux. Haletant. Brisé.

Puis la voix revint. Moins mécanique. Plus douce.

"Tu refuses de voir ta vérité. Nous allons t’aider à la faire émerger. Nous allons t’ouvrir."

Une dernière image apparut.
Un souvenir.
Kael, petit garçon, dans un laboratoire. Son père. Une seringue. Une promesse.

"Tu n’es pas ici par hasard, Kael."
"Tu as été conçu pour ce moment."