livre 4 - 4

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Le lendemain matin, je me réveille. Dans la chambre surchauffée, il est étendu nu sur le lit. Dans sa gracilité, il est beau. Son sexe est gonflé, affichant ainsi un érotisme délicat. Ce mélange d'enfant, de jeunesse exprime si bien la vie dans sa puissance. Je contemple, sans envie, sans désir, juste pour la perfection de la scène.

Devant le miroir, je vois sur mon cou ces deux immenses taches bleues, impossible à dissimuler. Mes yeux se mouillent. Oui, je suis fier de porter ses marques. Oui, je lui appartiens. Je n'ai pas eu de frère ou de sœur. Je ne sais pas si j'aurais des enfants. Alex, il est un peu tout ça !

Je vois Mabula sortir de la chambre de Charles. Je mets ma main sur son épaule et nous descendons. Sa peau est toujours aussi douce, son sourire toujours aussi accueillant. Je ne regrette pas ce que nous avons vécu. Il est d'une gentillesse extraordinaire.

Pendant que nous mettons en place le petit déjeuner, je lui demande comment il va, comment il se trouve ici.

Il est heureux ! C'est vrai que sa nature le comble avec un rien, mais le voir le dire est un plaisir. Après le rush de l'été et de la rentrée, le calme lui va bien. Il m'a vu sortir de la chambre d'Alex et me demande si c'est mon petit ami. Mon regard doit suffire à lui faire comprendre sa bourde, car il s’excuse. Il me redit qu'il ne s'est rien passé entre eux de sérieux. Maintenant, il en prend soin comme de son petit frère et ils s'entendent bien. Alex l'embrasse tous les matins, ce qu'il ne fait pas avec son père, précise-t-il dans sa simplicité. Je lui envoie un grand sourire, le remerciant de prendre soin de mon garçon. Il est heureux de mon appréciation. Je sais que je compte pour lui.

Après un silence prandial, je lui demande où il en est avec Charles. La réponse est confuse, comme la situation. Ils dorment ensemble, mais c'est tout. Au début, Charles se laissait faire. Puis il a connu une femme. Mabula s'est retrouvé dans une chambre minuscule sous les toits. Il oublie de se plaindre ! Heureusement, pour se divertir, il avait été associé à des mecs qui utilisaient les installations de la cave. Il adorait ! Ils ne viennent pas souvent, mais ces jours-là, il laisse tout tomber pour aller s'amuser. Une fois, Charles l'avait engueulé sévère ! Mabula lui avait répondu qu'il n'avait qu'à le payer ! J'imaginais la scène : mettre Mabula en colère !

Dans la foulée, il me propose une visite de ces installations. Cette proposition réveille en moi un intérêt que je sais malsain. Autant accepter ! Nous descendons et Mabula m'explique les pratiques avec tous ces instruments. Pour m'en rendre compte, je chevauche un chevalet. Sans me demander, Mabula m'attache. Je ne réagis pas. Ou plutôt, ma réaction est inattendue. Il se saisit d'une sorte de raquette en bois et me fesse durement. Douloureux et délicieux. Je me sens prêt à partir, à dériver. Trop dangereux. Il me libère, sans commentaire. Dans une autre salle, ce sont des liens et une poulie. Devant mon regard interrogateur, devinant mon envie refoulée, il me déshabille et attache mes pieds et mes mains. Je me retrouve bientôt en X, légèrement écartelé, à la limite de la souffrance. Il me regarde. Je ne dis rien. Il force, la douleur germe. Par une opération que je ne comprends pas, je me retrouve la tête en bas. La réalité s'efface, concentré que je suis sur ces élancements et une angoisse qui monte. Une lanière frappe mon ventre et mon sexe, laissant une brulure. J'ai envie d'aller au bout, de ressentir plus intensément. Une sirène hurle dans ma tête. Mabula me détache à nouveau dès ma demande.

Nous remontons en silence. Je me jure de ne plus jamais redescendre. Je viens de frôler mon enfer. Ne plus jamais y repenser. Je repousse des images qui surgissent, je vois Pierri, Doron avec ces instruments. Vite, autre chose.

Je tombe sur un paquet de clopes. Une éternité que je n'ai pas fumé. Je sors en boxer et t-shirt. Une brume épaisse étouffe la lumière et les sons. Étrange atmosphère d'hiver, quand tout est au repos. Je fume en frissonnant de froid dans cette ambiance. La tension disparaît avec la deuxième cigarette. Ça va me valoir une gueule de bois ! Tant pis.

Je rentre. Charles est en train de manger. Mabula me sert un café chaud, un peu inquiet. Sa sollicitude me fait du bien. Charles est dans ses pensées, dans le vide de ses pensées.

Je lui propose de l'aider à réfléchir à l'avenir de l'hôtel. Enfin un sourire !

Je monte m'habiller. Une belle balafre orne mon corps. J’en suis heureux. Alex est toujours dans la même position, offert à mon admiration. Il n’émergera sans doute qu’en fin de matinée, autant le laisser se reposer. Avant de quitter la chambre, je ne peux me retenir d'effleurer ses lèvres. Je sens la douce odeur de son souffle. J'aime ce garçon !

Ce petit baiser volé a effacé tout le reste. Avec Charles, tout se passe parfaitement. Je ne suis en rien concerné par son affaire, mais il est prêt à m'écouter. Je ne sais pas bien ce que je représente pour lui et je n'y connais rien en hôtellerie. Nous faisons un tour et je lui montre ce qui me choque, une saleté, un truc branlant, une peinture écaillée, tout ce qui montre le manque d'entretien et la déclassification qui se profile. Il me dit que je suis comme sa femme, à l'affût du moindre défaut. Lui, il ne sait pas voir. Je l'avais compris depuis longtemps ! Pour entreprendre les travaux, il sait faire. Tout se passe agréablement. J’en profite pour lui dire de déclarer et de payer Mabula.

Sa réponse me laisse pantois :

— Mais nous couchons ensemble !

— Alors, épouse-le !

J’ai du mal à retenir mon rire, tellement cette réponse le désarçonne. Il finit par comprendre et me dire :

— Bien sûr ! Je vais le faire.

Je comprends qu’il va le salarier correctement, certainement pas le marier !

— Dis-moi, qu’est-ce qu’il y a entre vous ?

— Je ne sais pas ! J’aime le sentir auprès de moi. Il est doux et câlin, gentil. Il n’y a que rarement du sexe. Je le laisse faire, comme il veut, car il en a besoin. Pour moi, c’est fini. Tu as bien vu quand nous…

Charles me dévoile une de ses qualités. J’en suis heureux pour Mabula, sans savoir si cela le contente entièrement.

— Je croyais que tu avais rencontré quelqu’un ?

— Oui et non. Elle vient de temps en temps et nous couchons ensemble, mais il n’y a rien entre nous, juste de l’estime et de l’attention.

Je n’ai pas envie d’avoir à le soutenir psychologiquement. J’arrête les questions.

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